Céline... vous connaissez ?... Les trois petits points, c'est lui... Aurait réinventé l'art d'écrire le zigue... Plus grand écrivain du XXe siècle qu'ils disent !... Mais aussi : charogne ! pourriture ! assassin ! Académicien ? Jamais !... Polémisticien qu'on aurait dû l'appeler... Lui... Auteur de Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit... Qu'est-ce qu'il écrit après ?.. Des horreurs ! Surtout pendant la guerre... Après la guerre, y a la période "après-guerre"... Pas une réhabilitation — faut pas déconner quand même... Mais ses bouquins seraient redevenus meilleurs y paraît... Moi, ce que je dis, c'est que j'aurais jamais dû lire autre chose que ses deux premiers...
N'est pas Céline qui veut...
Pour continuer mon propos, je dirais que si je n'ai pas tout lui de lui, j'aurais dû me limiter aux deux premiers écrits. Je n'ai pas lu les pamphlets — qui ne m'intéressent pas beaucoup d'ailleurs —mais j'ai lu : D'un château l'autre, Entretiens avec le professeur Y, Casse-pipe et maintenant Rigodon.
Tous ces ouvrages donnent une autre image de Céline qui se plaint, rouspète, pleurniche, crie au scandale à propos de la non reconnaissance de son génie, se prétend être ce qu'il n'est plus, etc. Ils mettent en lumière que l'écrivain n'avait pas forcément beaucoup de noblesse en se victimisant sans cesse. Bref, ne le grandissent pas.
Rigodon doit être la dernière œuvre de Céline et décrit le "voyage" de ce dernier, accompagné de sa compagne Lucette, de leur chat Bébert, et, pendant un temps, de l'acteur Robert Le Vigan. Il y raconte son périple en train traversant l'Allemagne afin de retrouver son or enterré au Danemark. Le récit est entrecoupé de considérations personnelles de l'auteur sur des sujets divers : son génie incompris, la venue de visiteurs en tous genres le dérangeant sans cesse — j'y crois pas beaucoup à ça —, la peur du "péril jaune", son incarcération "injuste" au Danemark, etc.
Malgré tous ses côtés détestables, le livre contient une grande puissance littéraire, grâce à ses descriptions notamment et à son rythme qui entraîne le lecteur dans une danse folle. Entre les bombardements, les incendies, les villes dévastées, les enfants abandonnés, les massacres orchestrés par les nazis pour se débarrasser de "témoins gênants", les rencontre de collaborationnistes, etc. Céline et sa troupe, tentent vaille que vaille de progresser dans une Allemagne à feux et à sang...
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
Histoire secrète du sire de Musashi de Junichirô Tanizaki (1886-1965).
Roman racontant plusieurs épisodes de la vie d'un seigneur de la guerre japonais du XVIe siècle autour d'un même thème : la sexualité. À tous ceux qui se diraient "chic ! un truc cochon !", passez votre chemin. Les "choses" évoquées sont particulièrement dégoutantes, pour ne pas dire dégueulasses. Ne soyez pourtant pas effrayés non plus car mêmes les scènes les plus fortes du livres sont tout à fait supportables même si c'est vrai qu'il y a pas mal de trucs assez violents.
En gros, un jeune garçon, retenu en otage par un seigneur japonais en raison de son rang, assiste de l'intérieur à un siège par une armée en surnombre. Malgré son jeune âge, il souhaite ardemment participer aux combats, ou, tout du moins, voir enfin quelque tête coupée. Il s'arrange pour observer une pratique spéciale qui le troublera à jamais et orientera sa sexualité par la suite :
Citation:
Jusque-là, maître de ses sentiments, Hôshimaru avait toujours pu régler à sa guise les mouvements de son âme ; mais voici qu'au tréfonds de lui-même s'était creusé, indépendamment du reste et n'offrant aucune prise à sa volonté, une sorte de puits d'une insondable profondeur. Il ressentait la même chose qu'un homme en bonne santé qui se découvrirait soudain un mal pernicieux. Où se trouvait la source de ce mal ? C'est ce qu'il ne discernait pas très bien ; néanmoins, il se rendait compte, encore que de façon imprécise, que la jouissance qui avait jailli à flots du puits secret de son âme fait d'une nature pour le moins morbide.
Je fais une pause dans mes lectures Star Wars pour le 8ème tome (ou 2ème tome de la seconde série consacrée aux mésaventures de FitzChevalerie). J'adore vraiment le travail de Robin Hobb même si elle a parfois tendance à trop en mettre sur la gueule de ses personnages principaux. Pour cet épisode, le héros un vieillissant part avec un ancien allié sur la trace du prince en fugue ou kidnappé.
Ce nouvel épisode fait voyager notre héros dans des lieux inconnus où l'on plonge dans les intrigues politiques "de province" mais aussi dans le monde des vifiers, c'est à dire ceux pouvant partager la conscience d'un animal. Le souffle d'aventure façon fantasy voulue comme mature et assez réaliste dans son approche de l'aspect "médiéval" à la GRR Martin fonctionne bien avec des excellents personnages, une lore captivant et aussi le talent de l'auteur qui n'a pas son pareil pour nous donner faim et nous plonger dans les tracas de son personnage principal.
J'ai lu que 150 pages (sur 450) donc j'ai encore beaucoup à découvrir !
L'histoire se déroule en Chine, à la fin de la dynastie Qing. Sun Bing, chanteur d'opéra reconverti en tenancier d'une maison de thé est condamné à subir le supplice du santal — c'est-à-dire à se faire empaler — pour rébellion.
Après s'être fait humilier par le sous-préfet Qian Ding, amant de la belle Meiniang, elle-même fille de Sun Bing, ce dernier se reconvertit en tenancier d'une maison de thé en compagnie de sa deuxième femme et de ses deux nouveaux enfants. Le bonheur sera de courte durée car une série d'événements tragiques aux conséquences de plus en plus désastreuses vont entraîner le pauvre Sun Bing à devenir le chef d'une révolte visant à châtier les soldats allemands chargés de surveiller la construction de la nouvelle ligne de chemin de fer devant relier Qingdao — eh oui, comme la bière — à Jinan dans la province du Shandong.
Suite à sa capture, Yuan Shikai — militaire et homme politique ayant vraiment existé, — soucieux de plaire au commandant allemand Kleist — personnage fictif — ordonne de trouver un bourreau capable de produire un supplice suffisamment horrible pour punir le rebelle tout en offrant un exemple à la population locale. Après quelques recherches, l'ancien bourreau de la Cour Zhao Jia est assigné à cette tâche. Zhao Jia, désireux de se faire aider dans cet ultime travail, demande alors à son fils Petit-Jia de l'aider ; Petit-Jia qui n'est autre que le mari de la belle Meiniang...
Le roman est vraiment dur et est fortement à déconseiller aux âmes sensibles. Il est, en effet, rempli de descriptions sur les moyens de tortures utilisés en Chine à cette époque et dans les temps précédents. J'ai en tête notamment le passage sur le Lingchi — supplice consistant à dépecer vivant le condamné à mort — dans lequel rien ne nous est épargné. J'ai lu ce chapitre d'une traite et n'ai pas pu dormir après tellement il était horrible pour moi d'imaginer cette scène. Le plus effrayant n'est pas le côté gore — parce que des bouts de viandes, il en vole tout au long du roman — mais plutôt de se dire que jusqu'à il n'y a pas très longtemps, il était possible de subir un sort pareil. Je n'ai pas peur de faire le brave mais là, je sais d'avance que c'est au-dessus de mes forces.
Après avoir dit ça, le livre a-t-il un intérêt à être lu ? Je pense que oui car la structure du roman — construit non pas sur un plan chronologique mais faisant des allers-retours entre les différents personnages, leurs ressentis, leur histoire, les actions plus concrètes et le dénouement, — l'écriture de l'auteur — Mo Yan est prix nobel de littérature 2012 — les références nombreuses à la culture chinoise, en dehors des scènes abominables de torture, permettent un regard sur la Chine de cette époque ainsi que des siècles précédents. Les questions relatives à l'Empire, au poids de la tradition, à l'ouverture du pays aux puissances étrangères qui n'hésiterons pas à le mettre à genoux, au mélange entre fiction et références historiques véritables, etc. sont abordées dans ce long roman qui ne peut laisser indifférent.
Je conseille donc aux gens qui voudraient en savoir un peu plus sur la Chine même si je répète qu'il n'est vraiment pas pour tout le monde..
À ceux qui souhaiteraient tout de même lire du Mo Yan sans toutes ces horreurs, je conseillerais plutôt Beaux seins, Belles fesses du même auteur, qui n'est pas un livre cochon et que je présenterai une prochaine fois.
L'insoutenable légèreté de l'être de Milan Kundera (1984).
Résumer ce livre relève de la gageure. On peut toutefois dire que l'action se déroule aux alentours du printemps de Prague et l'invasion de la Tchécoslovaquie par l'URSS en 1968 où on retrouve plusieurs personnages dont Tomas, Tereza, Sabina et Franz.
Ces personnages incarnent des idées qui permettent à Kundera de s'interroger sur le sens de ces mêmes idées. L'amour pur, le "libertinage" — je reviendrai sur cette question, — la notion de "Kitsch" dont l'écrivain propose une définition intéressante, les notions de légèreté et de lourdeur, etc.
À mon sens, le livre ne doit pas se livre comme un roman "classique" dans lequel le lecteur suivrait les aventures et les déboires d'un ou d'une série de personnages mais doit s'aborder avec un peu plus de recul. J'aimerais dire que c'est un roman qui pense, un roman philosophique où justement les éléments romanesque et philosophique s'appellent, se répondent, se croisent et se complètent. Pourtant, le livre ne doit pas rebuter les lecteurs peu habitués à penser pendant une lecture et ce dernier est tout à fait abordable si l'on accepte les formes quelque peu élargie du roman que propose Kundera.
Ce qui caractérise sans doute le plus ce "roman" c'est l'oxymore qui se retrouve quasi à toutes les pages, à toutes les strates du livre. Que ce soit entre les personnages, les réflexions, les allers-retours entre les idées philosophiques et leurs exemples romanesques, le titre lui-même, le rapprochement d'idées qui semblent devoir par essence s'opposer constitue l'édifice conçu par Kundera. Ainsi, Tomas, présenté comme un libertin, se retrouve en couple avec Tereza, adepte d'un amour pur. Bien que cette association puisse paraître un oxymore en elle-même, elle fonctionne et est une part de l'interrogation que propose justement l'auteur.
J'ai lu que les personnages étaient parfois perçus comme caricaturaux. À mon sens, c'est une erreur de les considérer comme tels car Tomas, Tereza et les autres sont en réalité des idées qui se questionnent, s'opposent, s'unissent ou se séparent. Ce moyen est une manière pour Kundera de proposer son interrogation sur le monde.
Enfin, j'aimerais terminer sur un extrait expliquant les raisons du libertinage de Tomas qui lui donnent une certaine profondeur, une certaine complexité et qui l'auréole de génie et le drape d'une certaine folie :
Citation:
Que cherchait-il chez toutes ces femmes ? Qu'est-ce qui l'attirait chez elles ? L'amour physique n'est-il pas l'éternelle répétition du même ?
Nullement. Il reste toujours un petit pourcentage d'inimaginable. Quand il voyait une femme tout habillée, il pouvait évidemment s'imaginer plus ou moins comment elle serait une fois nue (ici son expérience de médecin complétait l'expérience de l'amant), mais entre l'approximation de l'idée et la précision de la réalité subsistait une petite lacune d'inimaginable, et c'était cette lacune qui ne le laissait pas en repos. Et puis, la poursuite de l'inimaginable ne s'achève pas avec la découverte de la nudité, elle va plus loin : quelles mines ferait-elle en se déshabillant ? que dirait-elle quand il lui ferait l'amour ? sur quelles notes seraient ses soupirs ? quels rictus viendrait se graver sur son visage dans l'instant de la jouissance ?
L'unicité du "moi" se cache justement dans ce que l'être humain a d'inimaginable. On ne peut imaginer que ce qui est identique chez tous les êtres, que ce qui leur est commun. Le "moi" individuel, c'est ce qui distingue du général, donc ce qui ne se laisse ni deviner ni calculer d'avance, ce qu'il faut d'abord dévoiler, découvrir, conquérir chez l'autre.
(...)
Tomas est obsédé du désir de découvrir ce millionième et de s'en emparer et c'est cela, à ses yeux, le sens de son obsession des femmes. Il n'est pas obsédé par les femmes, il est obsédé par ce que chacune d'elles a d'inimaginable, autrement dit, par ce millionième de dissemblable qui distingue une femme des autres.
J'aimerais vous encourager à lire Les Thibault de Roger Martin du Gard.
C'est rare que je fasse ça pour un livre que je n'ai pas fini mais pour le coup c'est une œuvre majeure qui est d'une incroyable densité et d'une justesse terrible.
Quand j'aurai fini le premier tome, je ferai un petit compte-rendu. Mais n'attendez pas ! Foncez dès maintenant ;-)
EDIT :
J'ai fini il y a quelques jours le premier tome des Thibault. Que dire, si ce n'est que le livre est toujours aussi génial.
Le roman raconte l'histoire de deux familles : les Thibault et les Fontanin.
Chez les Thibault, famille catholique : Antoine, l'aîné, docteur en médecine ; et Jacques, encore à l'école secondaire au début du roman et se sentant très à l'étroit dans son cadre familial. La mère est morte en mettant Jacques au monde et le père commande d'une poigne de fer sa petite troupe terminée par "Mademoiselle" — la vieille gouvernante — et "Gise", la nièce orpheline de la gouvernante.
Chez les Fontanin, famille protestante : Thérèse, la mère très religieuse mais ayant éduqué ses enfants dans une liberté" totale" — plus pour le fils que pour la fille ; — Jérome, le père absent car trop préoccupé à courir d'autres femmes ; Jacques, l'aîné, ressemblant au père et ami — du moins au début — de Jacques ; et Jenny, taillée d'une seule pièce, intransigeante, pure, frigide et fermée au monde extérieur.
Je ne peux pas raconter ce qu'il se passe dans ce premier tome car c'est énorme et ça part dans tous les sens, ce qui n'est pas un défaut dans ma bouche. Outre la fenêtre que cette saga ouvre sur la Belle Époque, en offrant de belles images sur : la société — principalement bourgeoise, — l'état de la médecine, les mœurs, la jeunesse, etc., c'est surtout la psychologie des personnages — travaillée jusque dans les détails — qui m'a impressionné.
J'ai beaucoup d'exemples mais n'en donnerai qu'un seul car j'ai peur de spoiler ^^ :
En gros, le contexte c'est Antoine qui va retrouver son petit frère Jacques — encore adolescent — envoyé dans une "pension-prison" parce qu'il avait fugué avec son ami Daniel au début du roman. Le grand frère, ayant l'intuition que son petit frère est malheureux, voudrait en avoir le cœur net...
Citation:
Les deux mains de Jacques tremblaient en prenant l'assiette qu'Antoine lui tendit. Ils s'installèrent au fond de la boutique, devant une pyramide de gâteaux choisis. Des bouffées de vanille, de pâte chaude, venaient d'une porte de service entrouverte. Jacques, sans un mot, tassé sur sa chaise, les yeux congestionnés comme s'il allait pleurer, mangeait vite, s'arrêtant après chaque gâteau, attendant qu'Antoine le servît, et aussitôt se remettant à manger. Antoine fit verser deux portos. Jacques prit le verre entre ses doigts qui tremblaient toujours ; il y trempa les lèvres, se brûla au vin alcoolisé, et toussa. Antoine buvait à petits coups, sans paraître faire attention à son frère. Jacques s'enhardit, reprit une gorgée, la laissa descendre en lui comme une boule de feu, puis une autre, puis tout le contenu du verre, jusqu'au fond. Et lorsque Antoine lui remplit une seconde fois son verre, il feignit de ne pas s'en apercevoir, et fit, trop tard, un geste pour l'en empêcher.
Bon c'est la troisième version de l'histoire que je lis et c'est apparemment la version longue ici^^ Je suis toujours autant fan de l'univers de Tolkien même quand il s'agit de brouillons très développés remis en forme par son fils. On a une très grande puissance de son univers avec une histoire assez proche des contes mais qui est très forte dramatiquement. Bref, il y a de quoi se perdre (dans tous les sens du terme^^) dans cette sublime histoire du génie de l'héroïc-fantasy
Pour ma part the handmaid's tale de Margaret Atwood
Ce roman de science-fiction décrit un futur dystopique, peut-être proche, où la religion domine la politique dans une coalition totalitaire et où les femmes sont considérées comme « en voie de disparition ».
Elles sont divisées en quatre classes : les Épouses, seules femmes ayant du pouvoir, elles dominent la Maison, les Marthas qui entretiennent la maison et aussi s'occupent de la cuisine, les tantes qui forment les Servantes, les Ouvrières (pauvres) et enfin les Servantes écarlates dont le rôle est la reproduction humaine. Toutes les autres femmes (trop âgées, infertiles, etc.) sont déportées dans les Colonies où elles manipulent des déchets toxiques. Dans ce futur, le taux de natalité est très bas à cause de la pollution et des déchets toxiques de l'atmosphère. Les rares nouveau-nés sont souvent « inaptes ».
L'héroïne du roman, rebaptisée Defred, est une Servante écarlate. Elle ne peut pas séduire, son rôle est la reproduction. Elle raconte peu à peu son histoire, se remémore sa famille : Luke, son mari ; sa fille ; Moira, sa meilleure amie de la vie « d'avant » ; sa mère... Son unique raison de vivre, ce à quoi elle se raccroche pour ne pas sombrer, ce sont ses souvenirs.
Il en ont fait d'ailleurs une série actuellement deux saison ! Mais le livre se rapproche plus de la saison une .
Green, ça se situe où par rapport à la somme du Silma, chronologiquement..? (oui c'est plusieurs âges le Silma, mais surtout le premier, donc j'imagine que ça se situe dans le 2e, voire début 3e)
S’il y a quelqu’un qui doit tout à Bach, c’est bien Dieu.
Rigodon de Céline (1969).
Céline... vous connaissez ?... Les trois petits points, c'est lui... Aurait réinventé l'art d'écrire le zigue... Plus grand écrivain du XXe siècle qu'ils disent !... Mais aussi : charogne ! pourriture ! assassin ! Académicien ? Jamais !... Polémisticien qu'on aurait dû l'appeler... Lui... Auteur de Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit... Qu'est-ce qu'il écrit après ?.. Des horreurs ! Surtout pendant la guerre... Après la guerre, y a la période "après-guerre"... Pas une réhabilitation — faut pas déconner quand même... Mais ses bouquins seraient redevenus meilleurs y paraît... Moi, ce que je dis, c'est que j'aurais jamais dû lire autre chose que ses deux premiers...
N'est pas Céline qui veut...
Pour continuer mon propos, je dirais que si je n'ai pas tout lui de lui, j'aurais dû me limiter aux deux premiers écrits. Je n'ai pas lu les pamphlets — qui ne m'intéressent pas beaucoup d'ailleurs —mais j'ai lu : D'un château l'autre, Entretiens avec le professeur Y, Casse-pipe et maintenant Rigodon.
Tous ces ouvrages donnent une autre image de Céline qui se plaint, rouspète, pleurniche, crie au scandale à propos de la non reconnaissance de son génie, se prétend être ce qu'il n'est plus, etc. Ils mettent en lumière que l'écrivain n'avait pas forcément beaucoup de noblesse en se victimisant sans cesse. Bref, ne le grandissent pas.
Rigodon doit être la dernière œuvre de Céline et décrit le "voyage" de ce dernier, accompagné de sa compagne Lucette, de leur chat Bébert, et, pendant un temps, de l'acteur Robert Le Vigan. Il y raconte son périple en train traversant l'Allemagne afin de retrouver son or enterré au Danemark. Le récit est entrecoupé de considérations personnelles de l'auteur sur des sujets divers : son génie incompris, la venue de visiteurs en tous genres le dérangeant sans cesse — j'y crois pas beaucoup à ça —, la peur du "péril jaune", son incarcération "injuste" au Danemark, etc.
Malgré tous ses côtés détestables, le livre contient une grande puissance littéraire, grâce à ses descriptions notamment et à son rythme qui entraîne le lecteur dans une danse folle. Entre les bombardements, les incendies, les villes dévastées, les enfants abandonnés, les massacres orchestrés par les nazis pour se débarrasser de "témoins gênants", les rencontre de collaborationnistes, etc. Céline et sa troupe, tentent vaille que vaille de progresser dans une Allemagne à feux et à sang...
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
Histoire secrète du sire de Musashi de Junichirô Tanizaki (1886-1965).
Roman racontant plusieurs épisodes de la vie d'un seigneur de la guerre japonais du XVIe siècle autour d'un même thème : la sexualité. À tous ceux qui se diraient "chic ! un truc cochon !", passez votre chemin. Les "choses" évoquées sont particulièrement dégoutantes, pour ne pas dire dégueulasses. Ne soyez pourtant pas effrayés non plus car mêmes les scènes les plus fortes du livres sont tout à fait supportables même si c'est vrai qu'il y a pas mal de trucs assez violents.
En gros, un jeune garçon, retenu en otage par un seigneur japonais en raison de son rang, assiste de l'intérieur à un siège par une armée en surnombre. Malgré son jeune âge, il souhaite ardemment participer aux combats, ou, tout du moins, voir enfin quelque tête coupée. Il s'arrange pour observer une pratique spéciale qui le troublera à jamais et orientera sa sexualité par la suite :
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
Je fais une pause dans mes lectures Star Wars pour le 8ème tome (ou 2ème tome de la seconde série consacrée aux mésaventures de FitzChevalerie). J'adore vraiment le travail de Robin Hobb même si elle a parfois tendance à trop en mettre sur la gueule de ses personnages principaux. Pour cet épisode, le héros un vieillissant part avec un ancien allié sur la trace du prince en fugue ou kidnappé.
Ce nouvel épisode fait voyager notre héros dans des lieux inconnus où l'on plonge dans les intrigues politiques "de province" mais aussi dans le monde des vifiers, c'est à dire ceux pouvant partager la conscience d'un animal. Le souffle d'aventure façon fantasy voulue comme mature et assez réaliste dans son approche de l'aspect "médiéval" à la GRR Martin fonctionne bien avec des excellents personnages, une lore captivant et aussi le talent de l'auteur qui n'a pas son pareil pour nous donner faim et nous plonger dans les tracas de son personnage principal.
J'ai lu que 150 pages (sur 450) donc j'ai encore beaucoup à découvrir !
Sell kids for food
Les affinités électives, le premier Goethe que je lis, c'est très psychologisant et c'est ce que j'aime.
S’il y a quelqu’un qui doit tout à Bach, c’est bien Dieu.
Le supplice du santal de Mo Yan (2001).
L'histoire se déroule en Chine, à la fin de la dynastie Qing. Sun Bing, chanteur d'opéra reconverti en tenancier d'une maison de thé est condamné à subir le supplice du santal — c'est-à-dire à se faire empaler — pour rébellion.
Après s'être fait humilier par le sous-préfet Qian Ding, amant de la belle Meiniang, elle-même fille de Sun Bing, ce dernier se reconvertit en tenancier d'une maison de thé en compagnie de sa deuxième femme et de ses deux nouveaux enfants. Le bonheur sera de courte durée car une série d'événements tragiques aux conséquences de plus en plus désastreuses vont entraîner le pauvre Sun Bing à devenir le chef d'une révolte visant à châtier les soldats allemands chargés de surveiller la construction de la nouvelle ligne de chemin de fer devant relier Qingdao — eh oui, comme la bière — à Jinan dans la province du Shandong.
Suite à sa capture, Yuan Shikai — militaire et homme politique ayant vraiment existé, — soucieux de plaire au commandant allemand Kleist — personnage fictif — ordonne de trouver un bourreau capable de produire un supplice suffisamment horrible pour punir le rebelle tout en offrant un exemple à la population locale. Après quelques recherches, l'ancien bourreau de la Cour Zhao Jia est assigné à cette tâche. Zhao Jia, désireux de se faire aider dans cet ultime travail, demande alors à son fils Petit-Jia de l'aider ; Petit-Jia qui n'est autre que le mari de la belle Meiniang...
Le roman est vraiment dur et est fortement à déconseiller aux âmes sensibles. Il est, en effet, rempli de descriptions sur les moyens de tortures utilisés en Chine à cette époque et dans les temps précédents. J'ai en tête notamment le passage sur le Lingchi — supplice consistant à dépecer vivant le condamné à mort — dans lequel rien ne nous est épargné. J'ai lu ce chapitre d'une traite et n'ai pas pu dormir après tellement il était horrible pour moi d'imaginer cette scène. Le plus effrayant n'est pas le côté gore — parce que des bouts de viandes, il en vole tout au long du roman — mais plutôt de se dire que jusqu'à il n'y a pas très longtemps, il était possible de subir un sort pareil. Je n'ai pas peur de faire le brave mais là, je sais d'avance que c'est au-dessus de mes forces.
Après avoir dit ça, le livre a-t-il un intérêt à être lu ? Je pense que oui car la structure du roman — construit non pas sur un plan chronologique mais faisant des allers-retours entre les différents personnages, leurs ressentis, leur histoire, les actions plus concrètes et le dénouement, — l'écriture de l'auteur — Mo Yan est prix nobel de littérature 2012 — les références nombreuses à la culture chinoise, en dehors des scènes abominables de torture, permettent un regard sur la Chine de cette époque ainsi que des siècles précédents. Les questions relatives à l'Empire, au poids de la tradition, à l'ouverture du pays aux puissances étrangères qui n'hésiterons pas à le mettre à genoux, au mélange entre fiction et références historiques véritables, etc. sont abordées dans ce long roman qui ne peut laisser indifférent.
Je conseille donc aux gens qui voudraient en savoir un peu plus sur la Chine même si je répète qu'il n'est vraiment pas pour tout le monde..
À ceux qui souhaiteraient tout de même lire du Mo Yan sans toutes ces horreurs, je conseillerais plutôt Beaux seins, Belles fesses du même auteur, qui n'est pas un livre cochon et que je présenterai une prochaine fois.
Bonne lecture !
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
L'insoutenable légèreté de l'être de Milan Kundera (1984).
Résumer ce livre relève de la gageure. On peut toutefois dire que l'action se déroule aux alentours du printemps de Prague et l'invasion de la Tchécoslovaquie par l'URSS en 1968 où on retrouve plusieurs personnages dont Tomas, Tereza, Sabina et Franz.
Ces personnages incarnent des idées qui permettent à Kundera de s'interroger sur le sens de ces mêmes idées. L'amour pur, le "libertinage" — je reviendrai sur cette question, — la notion de "Kitsch" dont l'écrivain propose une définition intéressante, les notions de légèreté et de lourdeur, etc.
À mon sens, le livre ne doit pas se livre comme un roman "classique" dans lequel le lecteur suivrait les aventures et les déboires d'un ou d'une série de personnages mais doit s'aborder avec un peu plus de recul. J'aimerais dire que c'est un roman qui pense, un roman philosophique où justement les éléments romanesque et philosophique s'appellent, se répondent, se croisent et se complètent. Pourtant, le livre ne doit pas rebuter les lecteurs peu habitués à penser pendant une lecture et ce dernier est tout à fait abordable si l'on accepte les formes quelque peu élargie du roman que propose Kundera.
Ce qui caractérise sans doute le plus ce "roman" c'est l'oxymore qui se retrouve quasi à toutes les pages, à toutes les strates du livre. Que ce soit entre les personnages, les réflexions, les allers-retours entre les idées philosophiques et leurs exemples romanesques, le titre lui-même, le rapprochement d'idées qui semblent devoir par essence s'opposer constitue l'édifice conçu par Kundera. Ainsi, Tomas, présenté comme un libertin, se retrouve en couple avec Tereza, adepte d'un amour pur. Bien que cette association puisse paraître un oxymore en elle-même, elle fonctionne et est une part de l'interrogation que propose justement l'auteur.
J'ai lu que les personnages étaient parfois perçus comme caricaturaux. À mon sens, c'est une erreur de les considérer comme tels car Tomas, Tereza et les autres sont en réalité des idées qui se questionnent, s'opposent, s'unissent ou se séparent. Ce moyen est une manière pour Kundera de proposer son interrogation sur le monde.
Enfin, j'aimerais terminer sur un extrait expliquant les raisons du libertinage de Tomas qui lui donnent une certaine profondeur, une certaine complexité et qui l'auréole de génie et le drape d'une certaine folie :
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
J'aimerais vous encourager à lire Les Thibault de Roger Martin du Gard.
C'est rare que je fasse ça pour un livre que je n'ai pas fini mais pour le coup c'est une œuvre majeure qui est d'une incroyable densité et d'une justesse terrible.
Quand j'aurai fini le premier tome, je ferai un petit compte-rendu. Mais n'attendez pas ! Foncez dès maintenant ;-)
EDIT :
J'ai fini il y a quelques jours le premier tome des Thibault. Que dire, si ce n'est que le livre est toujours aussi génial.
Le roman raconte l'histoire de deux familles : les Thibault et les Fontanin.
Chez les Thibault, famille catholique : Antoine, l'aîné, docteur en médecine ; et Jacques, encore à l'école secondaire au début du roman et se sentant très à l'étroit dans son cadre familial. La mère est morte en mettant Jacques au monde et le père commande d'une poigne de fer sa petite troupe terminée par "Mademoiselle" — la vieille gouvernante — et "Gise", la nièce orpheline de la gouvernante.
Chez les Fontanin, famille protestante : Thérèse, la mère très religieuse mais ayant éduqué ses enfants dans une liberté" totale" — plus pour le fils que pour la fille ; — Jérome, le père absent car trop préoccupé à courir d'autres femmes ; Jacques, l'aîné, ressemblant au père et ami — du moins au début — de Jacques ; et Jenny, taillée d'une seule pièce, intransigeante, pure, frigide et fermée au monde extérieur.
Je ne peux pas raconter ce qu'il se passe dans ce premier tome car c'est énorme et ça part dans tous les sens, ce qui n'est pas un défaut dans ma bouche. Outre la fenêtre que cette saga ouvre sur la Belle Époque, en offrant de belles images sur : la société — principalement bourgeoise, — l'état de la médecine, les mœurs, la jeunesse, etc., c'est surtout la psychologie des personnages — travaillée jusque dans les détails — qui m'a impressionné.
J'ai beaucoup d'exemples mais n'en donnerai qu'un seul car j'ai peur de spoiler ^^ :
En gros, le contexte c'est Antoine qui va retrouver son petit frère Jacques — encore adolescent — envoyé dans une "pension-prison" parce qu'il avait fugué avec son ami Daniel au début du roman. Le grand frère, ayant l'intuition que son petit frère est malheureux, voudrait en avoir le cœur net...
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
Bon c'est la troisième version de l'histoire que je lis et c'est apparemment la version longue ici^^ Je suis toujours autant fan de l'univers de Tolkien même quand il s'agit de brouillons très développés remis en forme par son fils. On a une très grande puissance de son univers avec une histoire assez proche des contes mais qui est très forte dramatiquement. Bref, il y a de quoi se perdre (dans tous les sens du terme^^) dans cette sublime histoire du génie de l'héroïc-fantasy
Sell kids for food
Pour ma part the handmaid's tale de Margaret Atwood
Ce roman de science-fiction décrit un futur dystopique, peut-être proche, où la religion domine la politique dans une coalition totalitaire et où les femmes sont considérées comme « en voie de disparition ».
Elles sont divisées en quatre classes : les Épouses, seules femmes ayant du pouvoir, elles dominent la Maison, les Marthas qui entretiennent la maison et aussi s'occupent de la cuisine, les tantes qui forment les Servantes, les Ouvrières (pauvres) et enfin les Servantes écarlates dont le rôle est la reproduction humaine. Toutes les autres femmes (trop âgées, infertiles, etc.) sont déportées dans les Colonies où elles manipulent des déchets toxiques. Dans ce futur, le taux de natalité est très bas à cause de la pollution et des déchets toxiques de l'atmosphère. Les rares nouveau-nés sont souvent « inaptes ».
L'héroïne du roman, rebaptisée Defred, est une Servante écarlate. Elle ne peut pas séduire, son rôle est la reproduction. Elle raconte peu à peu son histoire, se remémore sa famille : Luke, son mari ; sa fille ; Moira, sa meilleure amie de la vie « d'avant » ; sa mère... Son unique raison de vivre, ce à quoi elle se raccroche pour ne pas sombrer, ce sont ses souvenirs.
Il en ont fait d'ailleurs une série actuellement deux saison ! Mais le livre se rapproche plus de la saison une .
Green, ça se situe où par rapport à la somme du Silma, chronologiquement..? (oui c'est plusieurs âges le Silma, mais surtout le premier, donc j'imagine que ça se situe dans le 2e, voire début 3e)
S’il y a quelqu’un qui doit tout à Bach, c’est bien Dieu.