Assez court, c'est facile à lire et il s'y passe tout le temps quelque chose. Un roman policier très sympa pour les amateurs du genre. Plus qu'à voir l'adaptation cinématographique Les trois jours du Condor
Albert Cohen est un écrivain majeur de langue française. Son œuvre la plus connue est, sans doute, Belle du Seigneur.
Il a écrit peu de livres mais à chaque fois de grande qualité que ce soit du point de vue de la langue ou du contenu.
Mangeclous est le deuxième livre d'une tétralogie : Solal, Mangeclous, Belle du Seigneur et Les Valeureux.
Ces romans racontent l'histoire d'un jeune garçon, Solal — dont la graphie ressemble à Soleil, — et des fameux oncles qui l'entourent de près ou de loin — Les "Valeureux". Ils abordent énormément de points de vue différents mais regorgent de drôleries ; en particulier Mangeclous et Les Valeureux.
À tous, je ne saurais que conseiller de lire cet auteur qui, outre sa saga, a écrit encore Le livre sur ma mère et O vous frères humains. Jamais je n'ai vu un écrivain si humain et si tendre à la fois. Albert Cohen est la gentillesse incarnée. Pas une gentillesse feinte ou mièvre ; non, c'est un vrai gentil, et qui écrit bien en plus le bougre.
Je ne dévoile rien pour vous laisser la surprise de tout ceci mais, si vous voulez rigoler encore plus que dans un Rabelais, choisissez Les Valeureux ou Mangeclous en premiers ;-)
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
J'ai commencé Le maître du haut château de Philip K. Dick il y a deux jours.
Je n'ai lu que les 50 premières pages donc c'est difficile de me prononcer, mais pour l'instant je peux au moins dire que j'aime beaucoup le style d'écriture (à noter que c'est mon premier K. Dick).
Je me dis que c'est peut être parceque je sors de la lecture du premier tome des Princes d'Ambre, que j'ai trouvé assez plat et mal écrit, que ce classique de la SF me tape dans l’œil. A voir quand je l'aurais fini ;)
J'avais bien aimé Le maître du haut château, mais si tu aimes le style K. Dick, il faut que tu lises UBIK, sa meilleure oeuvre selon moi et le meilleur roman que j'ai pu lire à ce jour !
Romain Gary c'est l'écrivain à la classe absolue. Il est par exemple à l'origine d'une des plus grande supercherie littéraire du XXe siècle en gagnant à deux reprises le Prix Goncourt : une fois sous son propre nom, une deuxième fois sous le nom d'Émile Ajar. Ce n'est qu'à sa mort que le pot aux roses est découvert et que tout le gratin de la critique littéraire s'est rendu compte qu'ils se sont tous fait berner.
En ce qui me concerne, j'ai toujours trouvé ça vachement impressionnant et, encore aujourd'hui, je ne vois pas le problème dans ce qu'a fait Romain Gary. Car, il ne suffit pas de prendre un pseudonyme pour ne pas être reconnu, en tout cas, pas au niveau de Romain Gary qui a un style à lui, des sujets de prédilections, des expressions, etc. Ce qu'il a fait tient du génie car il a réussi a changer totalement de style et renaître une seconde fois sous le pseudonyme d'Émile Ajar. Et quand on connaît sa peur de la vieillesse — il s'est suicidé à l'âge de 66 ans pour ne pas devenir vieux — on comprend encore plus pourquoi il a ressenti le besoin de monter ce "coup littéraire".
Le livre dont j'aimerais parler est sans doute son chef-d'œuvre : La promesse de l'aube.
C'est un roman "inspiré d'éléments autobiographiques mais non autobiographique" dans lequel il raconte son enfance, son adolescence et sa vie de jeune adulte durant la Deuxième Guerre mondiale alors qu'il s'engage dans les Forces aériennes françaises libres. Il y raconte également ses rapports avec l'écriture et surtout il nous décrit sa mère, une femme d'un caractère quasi surhumain qui fera tout, et plus encore, pour que son fils devienne un grand homme, un grand écrivain, un ambassadeur. C'est un roman sur l'amour maternel dans lequel Romain Gary développe des sentiments contradictoires envers sa mère : de la gêne, de l'agacement mais également beaucoup de tendresse. La mère est une question qui obsède Gary tout le long du roman. Il y explique par exemple qu'à cause de l'amour inconditionnel qu'il reçut de sa mère, il ne put jamais trouver, tout au long de sa vie, une femme capable de l'aimer à ce point. Il en ressentira un manque qu'il ne pourra jamais combler.
Comme un petit exemple vaut toujours mieux qu'un long discours, voici un petit extrait pour vous donner un aperçu des deux personnages :
"Ma mère adorait les orchestres tziganes ; avec les officiers de la Garde, la mort de Pouchkine dans le duel, et la champagne bu dans les souliers, ils étaient pour elle ce qu'il y avait de plus romantiquement dépravé au monde. Elle me mettait toujours en garde contre les filles tziganes, lesquelles, à l'entendre, étaient une des plus grandes menaces qui allaient peser sur moi, me ruinant physiquement, moralement et matériellement, si je n'y prenais garde, et me menant tout droit à la tuberculose. J'étais agréablement chatouillé par ces perspectives, lesquelles ne se sont jamais réalisées. La seule fille tzigane à laquelle je me sois intéressé dans ma jeunesse, en raison, précisément, des descriptions si tentantes que ma mère m'avait faites quelques années auparavant, s'était contentée de voler mon porte-feuille, mon foulard et mon bracelet-montre, et elle ne m'avait même pas laissé le temps de me retourner, encore moins d'attraper la tuberculose.
J'ai toujours rêvé d'être ruiné par une femme moralement, physiquement et matériellement : ça doit être merveilleux de pouvoir faire tout de même quelque chose de sa vie. Je peux évidemment encore attraper la tuberculose, mais à mon âge, je ne crois plus que ça puisse encore être de cette façon-là. La nature a de ces limites. Quelque chose me dit, du reste, que les filles tziganes ni même les officiers de la Garde ne sont plus ce qu'ils étaient autrefois."
Wu Cheng En, 西游记 (xiyouji) ou Le pèlerinage vers l'Ouest.
Roman chinois de la fin du XVIe siècle dont les personnages — du moins certains d'entre eux — sont connus de tous.
Le livre raconte les pérégrinations d'un moine — Tang Seng — parti chercher les écrits bouddhiques en Inde. En chemin, il rencontre plusieurs immortels déchus qui seront chargés de le protéger et de l'aider dans sa tâche.
Ainsi, il rencontre dans l'ordre : Sun Wukong, Bai Long Ma, Zhu Bajie et Sha Heshang. Peut-être que les noms ne vous disent rien comme ça mais si vous avez regardé Dragon Ball vous les connaissez forcément.
Sha Heshang est le quatrième et dernier disciple du maître. Il est chargé de porter les affaires tout au long de l'aventure. De plus, étant à l'origine une créature marine, il est chargé, avec Zhu Bajie, de s'occuper des monstres aquatiques.
Ju Bajie c'est le cochon de la bande. Troisième disciple de Tang Seng, il est connu pour son appétit féroce envers la nourriture et les femmes et sa grande paresse. À l'origine, c'est un amiral céleste qui fut banni pour avoir été inconvenant avec l'impératrice céleste — #balancetonporc. Il possède des pouvoirs surnaturels et est capable par exemple de manier le sort des 36 transformations. Doué au combat, il aide le maître et assiste Sun Wukong à l'aide de son râteau à neuf dents. Il est quand même l'élément comique de l'histoire et ses différents appétits peuvent parfois conduire le groupe à des moments quelque peu tendus...
Bai Long Ma, comme son nom l'indique, est le cheval blanc du maître qui, à l'origine, était un dragon, puni lui aussi pour ses fautes passées.
Sun Wukong, dont le nom signifie "Conscient de la Vacuité" est le singe que tout le monde connaît. Né à partir d'un rocher frappé par la foudre, il se lie très vite d'amitié avec un groupe de singes dont il devient le "roi". Son histoire est extrêmement complexe mais dans les grandes lignes on peut dire les choses suivantes : il part se former au Taoïsme et devient capable, une fois sa formation finie, de maîtriser les 72 transformations, de créer des sortes de doublons de lui-même en s'arrachant des poils et de voyager sur son fameux nuage ; il retrouve ses sujets et les délivre d'un démon qui s'était installé dans leur demeure ; il part chercher, dans le but de les protéger, son fameux bâton et raye leur nom du registre des morts ; il est convoqué par l'Empereur de Jade, se rebelle contre lui et est, après plusieurs longs combats contre toute une série d'Immortels, finalement puni par Bouddha qui l'emprisonne sous une montagne durant 500 ans. Il rencontre alors le moine Tang Seng qui en fera son premier disciple. Les six premier chapitres raconte son histoire et valent à eux seuls le coup de lire le bouquin.
Le roman n'est pas forcément difficile d'accès mais possède plusieurs niveaux de lectures dont certains me dépassent totalement, je dois bien le confesser. Il est possible de trouver une version française complète dans la collection La pléiade mais elle douille pas mal. Sinon, je connais une autre édition qui reproduit une sorte de "résumé" du roman. Ledit résumé reprend 30 des 100 chapitres et peut être intéressant pour qui veut tenter une première approche (Wou Tcheng-en, Le singe pèlerin ou le pèlerinage d'Occident (Si-yeou-ki), Paris, Éditions Payot & Rivages, 2003). Je rajoute quand même que cette édition est une traduction française de la traduction anglaise d'Arthur Waley. Enfin, il existe encore une version bande dessinée en format chinois qui peut être intéressante mais qui coute 80 boules...
Roman historique basé sur la vie de Joseph Süss Oppenheimer (1698-1738), le livre se veut une dénonciation de l'antisémitisme.
Joseph Süss Oppenheimer est ce qu'on appelle à l'époque un "Juif de cour", sorte de conseiller et d'intermédiaire en affaires que les princes et nobles allemands utilisent allègrement à cette époque. Présenté comme un homme hors du commun, à l'intelligence exceptionnelle et aux facultés économiques et financières plus que remarquables, lui permettant une très rapide ascension, Süss voit sa vie mise sur le papier à partir du moment où il se lie avec le futur duc du Wurtemberg : Charles-Alexandre, petit prince allemand sans importance qui, par un concours de circonstance, verra son nom associé au Wurtemberg pour devenir progressivement, grâce aux efforts de Süss notamment, un des personnages les plus puissants d'Europe.
Le livre est divisé en 5 parties : les princes, le peuple, les Juifs, le duc et l'Autre, chaque division étant une étape de l'ascension et de la déchéance de Süss. Cette déchéance est causée d'une part par l'impopularité de Süss dont les mesures financières ruinent le pays et d'autre part par sa judéité elle-même — ce qui se ressent de manière générale dans tout le livre même si c'est plus flagrant encore dans la dernière partie du roman au cours de son "procès".
La traduction française, si elle est parfois l'occasion de constructions de phrases un peu biscornues faisant parfois penser à de l'allemand — il m'est arrivé plusieurs fois de devoir relire certains passages pour bien les comprendre, — offre un ton adapté au discours et le lyrisme de l'auteur se ressent bien.
Voici un petit extrait de la pensée du duc à propos de Süss qui donne un exemple de sa perspicacité et qui peut nous donner à réfléchir sur nous-même :
"C'était une horreur impensable que d'avoir toute sa vie près de soi un homme qui connaissait de façon si mystérieuse ce que charriaient votre sang, vos pensées les plus intimes, les plus profondément enfouies. On sait à peine soi-même tout ce que l'on porte de trouble et de venimeux au fond du cœur, on le refoule quand cela tente de se faire jour, on ne se l'avoue pas. Alors comment penser qu'existe, que vive à la lumière du jour, un autre en qui s'est glissée une telle part de vos propres ténèbres ?"
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
Un mâle de Camille Lemonnier (1844-1913), un des plus grands critiques d'art et écrivains belges de son temps.
Le roman raconte l'histoire banale et tragique du braconnier Cachaprès, sorte "d'homme des bois à moitié sauvage", qui rencontre la belle et jeune fermière Germaine. Sans doute pour la première fois, Cachaprès ressent de l'amour — même si ce dernier est on ne peut plus fruste — alors que Germaine se laisse approcher par ce mâle bestial et finit par céder à ses avances. Au fur et à mesure pourtant, une certaine lassitude gagne la fermière qui s'interroge quant à savoir comment rompre avec un pareil zig. Entre-temps, elle rencontre par inadvertance le beau fils cultivé d'un fermier du village voisin qui commettra l'impair de la raccompagner un soir. Cachaprès, ne pouvant supporter qu'un autre approche sa Germaine, se ruera sur le pauvre gars pour lui péter tout simplement la gueule. Scandale dans la famille, tout ça tout ça, les événements se précipitent, des fermiers se foutent sur la gueule pour l'honneur de leurs familles respectives, Cachaprès se frite avec les gardes forestiers et les gendarmes, et puis.... et puis c'est à vous de lire le livre si ça vous intéresse ;-)
J'ai beaucoup apprécié le traitement accordé à la description des paysages et de la campagne wallonne — pour vous dire la vérité, je me suis retrouvé chez moi — et surtout le travail fourni par Lemonnier concernant la psychologie de ses personnages et du monde paysan plus largement. Ici, ce n'est plus le sucre candi qu'on peut trouver chez George Sand et d'autres mais des êtres pouvant être bons, mauvais, petits, grands, calculateurs, etc. En bref, ce sont des Hommes comme vous et moi et vous ne pouvez pas savoir le bien fou que ça m'a fait, moi qui ai vécu tout le temps à la campagne, d'enfin trouver un écrivain qui ne fantasme pas sur le monde paysan et campagnard.
Par contre, je dois vous prévenir que le style de l'auteur pourra peut-être en rebuter plus d'un. Je pense notamment aux premières pages qui sont d'un lyrisme assez soutenu si j'ose m'exprimer ainsi :
"Subitement, le soleil creva le ciel. Une bousculade sembla refouler l'ombre. La clarté s'épandit par gerbes, par torrents, bouchant tous les trous, débordant à travers les taillis, éclaboussant l'espace de ses ondées magnifiques. Le ras du sol scintilla dans un ensoleillement de rosées. La lumière, se haussant par-dessus les cimes, gagna les vergers, les fermes, couvrit d'une blondeur vermeille une large étendue du pays."
Ce n'est pas forcément désagréable mais c'est peut-être un peu difficile si on n'a pas l'habitude de lire ce genre de bouquins.
Bonne lecture !
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
Les Valeureux de l'écrivain suisse Albert Cohen (1895-1981) est un roman à insérer dans l'œuvre plus globale du littérateur, dont l'œuvre la plus connue est sans nul doute Belle du Seigneur.
Les Valeureux débute en Céphalonie au réveil de Mangeclous qui, après avoir fait son petit tour habituelle en profitant de l'incrédulité de ses coreligionnaires, est traversé par des idées noires l'amenant à penser à la futilité de la vie et à sa mort "prochaine". Il se remet cependant bien vite, illuminé qu'il est par une idée devant lui permettre d'acquérir renom et fortune : fonder une université dans son île ! Cette idée nécessitant certains fonds de départ, il décide de présenter son projet à ses cousins : Saltiel, Mathattias, Michael et le petit Salomon. Menant à bien son projet, il devient recteur de son université et dispense quelques cours — dont un cours de séduction selon une interprétation assez singulière du roman Anna Karénine de Tolstoï.
Les Valeureux reçoivent alors une lettre du neveu de Saltiel, Solal, qui leur envoie de une somme rondelette et ls enjoint à le rejoindre en Suisse. Ceux-ci prennent donc la décision de partir et entame un petit tour d'Europe qui les conduira finalement jusqu'en Angleterre. Mangeclous, préférant rester seul à Londres alors que ses cousins partent pour une petite visite de l'Écosse, rédige une lettre à la reine d'Angleterre afin que celle-ci... on ne sait pas trop ce qu'il veut au final car le moins qu'on puisse dire c'est que cette "lettre" — qui fait à peu près 40 pages — est pour le moins confuse.
Le roman est d'une drôlerie absolue, particulièrement dans sa première moitié. Dans le même temps, le roman est empli de thèmes plus "sérieux", voire plus noirs et, chose que j'aime beaucoup dans un roman, l'auteur intervient à plusieurs moments directement pour donner quelques considérations personnelles directement au lecteur.
Un exemple qui illustre ceci à la fin de la description du petit Salomon :
"Encore ceci. Ayant une fois loué ses services à un paysan chrétien de Gastouri, un des villages de l'île, Salomon s'était interrompu un matin de sa cueillette d'olives pour peindre de jolies fleurs sur les murs de l'étable. C'est pour faire plaisir aux vaches qui s'ennuient, les pauvres, toujours attachées, expliqua cet ange. Encore ceci, et puis fini. Il était la chasteté même. Les gaillardises de Michaël le faisaient frémir, pauvre mignon, et il se bouchait les oreilles pour ne pas entendre les récits galants du janissaire que pourtant il admirait follement. D'une manière générale, d'ailleurs, Salomon admirait. Tout l'éblouissait, le transportait. Ce cœur pur était doué d'un grand appétit de respect. Salomon, mon petit ami intime, les jours de nausées."
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
J'ai fini Les six jours du Condor de James Grady
Assez court, c'est facile à lire et il s'y passe tout le temps quelque chose. Un roman policier très sympa pour les amateurs du genre. Plus qu'à voir l'adaptation cinématographique Les trois jours du Condor
Si je ne suis pas de retour dans 5 minutes... Attendez plus longtemps !
Twitch : https://www.twitch.tv/zemouchman
Discord : https://discord.gg/Wyt4wsqrum
Albert Cohen, Mangeclous
Albert Cohen est un écrivain majeur de langue française. Son œuvre la plus connue est, sans doute, Belle du Seigneur.
Il a écrit peu de livres mais à chaque fois de grande qualité que ce soit du point de vue de la langue ou du contenu.
Mangeclous est le deuxième livre d'une tétralogie : Solal, Mangeclous, Belle du Seigneur et Les Valeureux.
Ces romans racontent l'histoire d'un jeune garçon, Solal — dont la graphie ressemble à Soleil, — et des fameux oncles qui l'entourent de près ou de loin — Les "Valeureux". Ils abordent énormément de points de vue différents mais regorgent de drôleries ; en particulier Mangeclous et Les Valeureux.
À tous, je ne saurais que conseiller de lire cet auteur qui, outre sa saga, a écrit encore Le livre sur ma mère et O vous frères humains. Jamais je n'ai vu un écrivain si humain et si tendre à la fois. Albert Cohen est la gentillesse incarnée. Pas une gentillesse feinte ou mièvre ; non, c'est un vrai gentil, et qui écrit bien en plus le bougre.
Je ne dévoile rien pour vous laisser la surprise de tout ceci mais, si vous voulez rigoler encore plus que dans un Rabelais, choisissez Les Valeureux ou Mangeclous en premiers ;-)
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
J'ai commencé Le maître du haut château de Philip K. Dick il y a deux jours.
Je n'ai lu que les 50 premières pages donc c'est difficile de me prononcer, mais pour l'instant je peux au moins dire que j'aime beaucoup le style d'écriture (à noter que c'est mon premier K. Dick).
Je me dis que c'est peut être parceque je sors de la lecture du premier tome des Princes d'Ambre, que j'ai trouvé assez plat et mal écrit, que ce classique de la SF me tape dans l’œil. A voir quand je l'aurais fini ;)
J'avais bien aimé Le maître du haut château, mais si tu aimes le style K. Dick, il faut que tu lises UBIK, sa meilleure oeuvre selon moi et le meilleur roman que j'ai pu lire à ce jour !
Si je ne suis pas de retour dans 5 minutes... Attendez plus longtemps !
Twitch : https://www.twitch.tv/zemouchman
Discord : https://discord.gg/Wyt4wsqrum
Romain Gary c'est l'écrivain à la classe absolue. Il est par exemple à l'origine d'une des plus grande supercherie littéraire du XXe siècle en gagnant à deux reprises le Prix Goncourt : une fois sous son propre nom, une deuxième fois sous le nom d'Émile Ajar. Ce n'est qu'à sa mort que le pot aux roses est découvert et que tout le gratin de la critique littéraire s'est rendu compte qu'ils se sont tous fait berner.
En ce qui me concerne, j'ai toujours trouvé ça vachement impressionnant et, encore aujourd'hui, je ne vois pas le problème dans ce qu'a fait Romain Gary. Car, il ne suffit pas de prendre un pseudonyme pour ne pas être reconnu, en tout cas, pas au niveau de Romain Gary qui a un style à lui, des sujets de prédilections, des expressions, etc. Ce qu'il a fait tient du génie car il a réussi a changer totalement de style et renaître une seconde fois sous le pseudonyme d'Émile Ajar. Et quand on connaît sa peur de la vieillesse — il s'est suicidé à l'âge de 66 ans pour ne pas devenir vieux — on comprend encore plus pourquoi il a ressenti le besoin de monter ce "coup littéraire".
Le livre dont j'aimerais parler est sans doute son chef-d'œuvre : La promesse de l'aube.
C'est un roman "inspiré d'éléments autobiographiques mais non autobiographique" dans lequel il raconte son enfance, son adolescence et sa vie de jeune adulte durant la Deuxième Guerre mondiale alors qu'il s'engage dans les Forces aériennes françaises libres. Il y raconte également ses rapports avec l'écriture et surtout il nous décrit sa mère, une femme d'un caractère quasi surhumain qui fera tout, et plus encore, pour que son fils devienne un grand homme, un grand écrivain, un ambassadeur. C'est un roman sur l'amour maternel dans lequel Romain Gary développe des sentiments contradictoires envers sa mère : de la gêne, de l'agacement mais également beaucoup de tendresse. La mère est une question qui obsède Gary tout le long du roman. Il y explique par exemple qu'à cause de l'amour inconditionnel qu'il reçut de sa mère, il ne put jamais trouver, tout au long de sa vie, une femme capable de l'aimer à ce point. Il en ressentira un manque qu'il ne pourra jamais combler.
Comme un petit exemple vaut toujours mieux qu'un long discours, voici un petit extrait pour vous donner un aperçu des deux personnages :
"Ma mère adorait les orchestres tziganes ; avec les officiers de la Garde, la mort de Pouchkine dans le duel, et la champagne bu dans les souliers, ils étaient pour elle ce qu'il y avait de plus romantiquement dépravé au monde. Elle me mettait toujours en garde contre les filles tziganes, lesquelles, à l'entendre, étaient une des plus grandes menaces qui allaient peser sur moi, me ruinant physiquement, moralement et matériellement, si je n'y prenais garde, et me menant tout droit à la tuberculose. J'étais agréablement chatouillé par ces perspectives, lesquelles ne se sont jamais réalisées. La seule fille tzigane à laquelle je me sois intéressé dans ma jeunesse, en raison, précisément, des descriptions si tentantes que ma mère m'avait faites quelques années auparavant, s'était contentée de voler mon porte-feuille, mon foulard et mon bracelet-montre, et elle ne m'avait même pas laissé le temps de me retourner, encore moins d'attraper la tuberculose.
J'ai toujours rêvé d'être ruiné par une femme moralement, physiquement et matériellement : ça doit être merveilleux de pouvoir faire tout de même quelque chose de sa vie. Je peux évidemment encore attraper la tuberculose, mais à mon âge, je ne crois plus que ça puisse encore être de cette façon-là. La nature a de ces limites. Quelque chose me dit, du reste, que les filles tziganes ni même les officiers de la Garde ne sont plus ce qu'ils étaient autrefois."
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
Excellent choix que Romain Gary en lecture. Je recommande la découverte de La tête coupable , rien de moins qu'un voyage offert sur du papier.
Team Mimic en bois
Genesis : " Je peux demander un vélo rail mais va falloir pédaler jusqu'a Perigueux "
Wu Cheng En, 西游记 (xiyouji) ou Le pèlerinage vers l'Ouest.
Roman chinois de la fin du XVIe siècle dont les personnages — du moins certains d'entre eux — sont connus de tous.
Le livre raconte les pérégrinations d'un moine — Tang Seng — parti chercher les écrits bouddhiques en Inde. En chemin, il rencontre plusieurs immortels déchus qui seront chargés de le protéger et de l'aider dans sa tâche.
Ainsi, il rencontre dans l'ordre : Sun Wukong, Bai Long Ma, Zhu Bajie et Sha Heshang. Peut-être que les noms ne vous disent rien comme ça mais si vous avez regardé Dragon Ball vous les connaissez forcément.
Sha Heshang est le quatrième et dernier disciple du maître. Il est chargé de porter les affaires tout au long de l'aventure. De plus, étant à l'origine une créature marine, il est chargé, avec Zhu Bajie, de s'occuper des monstres aquatiques.
Ju Bajie c'est le cochon de la bande. Troisième disciple de Tang Seng, il est connu pour son appétit féroce envers la nourriture et les femmes et sa grande paresse. À l'origine, c'est un amiral céleste qui fut banni pour avoir été inconvenant avec l'impératrice céleste — #balancetonporc. Il possède des pouvoirs surnaturels et est capable par exemple de manier le sort des 36 transformations. Doué au combat, il aide le maître et assiste Sun Wukong à l'aide de son râteau à neuf dents. Il est quand même l'élément comique de l'histoire et ses différents appétits peuvent parfois conduire le groupe à des moments quelque peu tendus...
Bai Long Ma, comme son nom l'indique, est le cheval blanc du maître qui, à l'origine, était un dragon, puni lui aussi pour ses fautes passées.
Sun Wukong, dont le nom signifie "Conscient de la Vacuité" est le singe que tout le monde connaît. Né à partir d'un rocher frappé par la foudre, il se lie très vite d'amitié avec un groupe de singes dont il devient le "roi". Son histoire est extrêmement complexe mais dans les grandes lignes on peut dire les choses suivantes : il part se former au Taoïsme et devient capable, une fois sa formation finie, de maîtriser les 72 transformations, de créer des sortes de doublons de lui-même en s'arrachant des poils et de voyager sur son fameux nuage ; il retrouve ses sujets et les délivre d'un démon qui s'était installé dans leur demeure ; il part chercher, dans le but de les protéger, son fameux bâton et raye leur nom du registre des morts ; il est convoqué par l'Empereur de Jade, se rebelle contre lui et est, après plusieurs longs combats contre toute une série d'Immortels, finalement puni par Bouddha qui l'emprisonne sous une montagne durant 500 ans. Il rencontre alors le moine Tang Seng qui en fera son premier disciple. Les six premier chapitres raconte son histoire et valent à eux seuls le coup de lire le bouquin.
Le roman n'est pas forcément difficile d'accès mais possède plusieurs niveaux de lectures dont certains me dépassent totalement, je dois bien le confesser. Il est possible de trouver une version française complète dans la collection La pléiade mais elle douille pas mal. Sinon, je connais une autre édition qui reproduit une sorte de "résumé" du roman. Ledit résumé reprend 30 des 100 chapitres et peut être intéressant pour qui veut tenter une première approche (Wou Tcheng-en, Le singe pèlerin ou le pèlerinage d'Occident (Si-yeou-ki), Paris, Éditions Payot & Rivages, 2003). Je rajoute quand même que cette édition est une traduction française de la traduction anglaise d'Arthur Waley. Enfin, il existe encore une version bande dessinée en format chinois qui peut être intéressante mais qui coute 80 boules...
Avis aux amateurs.
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
Lion Feuchtwanger, Le Juif Süss (1925).
Roman historique basé sur la vie de Joseph Süss Oppenheimer (1698-1738), le livre se veut une dénonciation de l'antisémitisme.
Joseph Süss Oppenheimer est ce qu'on appelle à l'époque un "Juif de cour", sorte de conseiller et d'intermédiaire en affaires que les princes et nobles allemands utilisent allègrement à cette époque. Présenté comme un homme hors du commun, à l'intelligence exceptionnelle et aux facultés économiques et financières plus que remarquables, lui permettant une très rapide ascension, Süss voit sa vie mise sur le papier à partir du moment où il se lie avec le futur duc du Wurtemberg : Charles-Alexandre, petit prince allemand sans importance qui, par un concours de circonstance, verra son nom associé au Wurtemberg pour devenir progressivement, grâce aux efforts de Süss notamment, un des personnages les plus puissants d'Europe.
Le livre est divisé en 5 parties : les princes, le peuple, les Juifs, le duc et l'Autre, chaque division étant une étape de l'ascension et de la déchéance de Süss. Cette déchéance est causée d'une part par l'impopularité de Süss dont les mesures financières ruinent le pays et d'autre part par sa judéité elle-même — ce qui se ressent de manière générale dans tout le livre même si c'est plus flagrant encore dans la dernière partie du roman au cours de son "procès".
La traduction française, si elle est parfois l'occasion de constructions de phrases un peu biscornues faisant parfois penser à de l'allemand — il m'est arrivé plusieurs fois de devoir relire certains passages pour bien les comprendre, — offre un ton adapté au discours et le lyrisme de l'auteur se ressent bien.
Voici un petit extrait de la pensée du duc à propos de Süss qui donne un exemple de sa perspicacité et qui peut nous donner à réfléchir sur nous-même :
"C'était une horreur impensable que d'avoir toute sa vie près de soi un homme qui connaissait de façon si mystérieuse ce que charriaient votre sang, vos pensées les plus intimes, les plus profondément enfouies. On sait à peine soi-même tout ce que l'on porte de trouble et de venimeux au fond du cœur, on le refoule quand cela tente de se faire jour, on ne se l'avoue pas. Alors comment penser qu'existe, que vive à la lumière du jour, un autre en qui s'est glissée une telle part de vos propres ténèbres ?"
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
Un mâle de Camille Lemonnier (1844-1913), un des plus grands critiques d'art et écrivains belges de son temps.
Le roman raconte l'histoire banale et tragique du braconnier Cachaprès, sorte "d'homme des bois à moitié sauvage", qui rencontre la belle et jeune fermière Germaine. Sans doute pour la première fois, Cachaprès ressent de l'amour — même si ce dernier est on ne peut plus fruste — alors que Germaine se laisse approcher par ce mâle bestial et finit par céder à ses avances. Au fur et à mesure pourtant, une certaine lassitude gagne la fermière qui s'interroge quant à savoir comment rompre avec un pareil zig. Entre-temps, elle rencontre par inadvertance le beau fils cultivé d'un fermier du village voisin qui commettra l'impair de la raccompagner un soir. Cachaprès, ne pouvant supporter qu'un autre approche sa Germaine, se ruera sur le pauvre gars pour lui péter tout simplement la gueule. Scandale dans la famille, tout ça tout ça, les événements se précipitent, des fermiers se foutent sur la gueule pour l'honneur de leurs familles respectives, Cachaprès se frite avec les gardes forestiers et les gendarmes, et puis.... et puis c'est à vous de lire le livre si ça vous intéresse ;-)
J'ai beaucoup apprécié le traitement accordé à la description des paysages et de la campagne wallonne — pour vous dire la vérité, je me suis retrouvé chez moi — et surtout le travail fourni par Lemonnier concernant la psychologie de ses personnages et du monde paysan plus largement. Ici, ce n'est plus le sucre candi qu'on peut trouver chez George Sand et d'autres mais des êtres pouvant être bons, mauvais, petits, grands, calculateurs, etc. En bref, ce sont des Hommes comme vous et moi et vous ne pouvez pas savoir le bien fou que ça m'a fait, moi qui ai vécu tout le temps à la campagne, d'enfin trouver un écrivain qui ne fantasme pas sur le monde paysan et campagnard.
Par contre, je dois vous prévenir que le style de l'auteur pourra peut-être en rebuter plus d'un. Je pense notamment aux premières pages qui sont d'un lyrisme assez soutenu si j'ose m'exprimer ainsi :
"Subitement, le soleil creva le ciel. Une bousculade sembla refouler l'ombre. La clarté s'épandit par gerbes, par torrents, bouchant tous les trous, débordant à travers les taillis, éclaboussant l'espace de ses ondées magnifiques. Le ras du sol scintilla dans un ensoleillement de rosées. La lumière, se haussant par-dessus les cimes, gagna les vergers, les fermes, couvrit d'une blondeur vermeille une large étendue du pays."
Ce n'est pas forcément désagréable mais c'est peut-être un peu difficile si on n'a pas l'habitude de lire ce genre de bouquins.
Bonne lecture !
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
Les Valeureux de l'écrivain suisse Albert Cohen (1895-1981) est un roman à insérer dans l'œuvre plus globale du littérateur, dont l'œuvre la plus connue est sans nul doute Belle du Seigneur.
Les Valeureux débute en Céphalonie au réveil de Mangeclous qui, après avoir fait son petit tour habituelle en profitant de l'incrédulité de ses coreligionnaires, est traversé par des idées noires l'amenant à penser à la futilité de la vie et à sa mort "prochaine". Il se remet cependant bien vite, illuminé qu'il est par une idée devant lui permettre d'acquérir renom et fortune : fonder une université dans son île ! Cette idée nécessitant certains fonds de départ, il décide de présenter son projet à ses cousins : Saltiel, Mathattias, Michael et le petit Salomon. Menant à bien son projet, il devient recteur de son université et dispense quelques cours — dont un cours de séduction selon une interprétation assez singulière du roman Anna Karénine de Tolstoï.
Les Valeureux reçoivent alors une lettre du neveu de Saltiel, Solal, qui leur envoie de une somme rondelette et ls enjoint à le rejoindre en Suisse. Ceux-ci prennent donc la décision de partir et entame un petit tour d'Europe qui les conduira finalement jusqu'en Angleterre. Mangeclous, préférant rester seul à Londres alors que ses cousins partent pour une petite visite de l'Écosse, rédige une lettre à la reine d'Angleterre afin que celle-ci... on ne sait pas trop ce qu'il veut au final car le moins qu'on puisse dire c'est que cette "lettre" — qui fait à peu près 40 pages — est pour le moins confuse.
Le roman est d'une drôlerie absolue, particulièrement dans sa première moitié. Dans le même temps, le roman est empli de thèmes plus "sérieux", voire plus noirs et, chose que j'aime beaucoup dans un roman, l'auteur intervient à plusieurs moments directement pour donner quelques considérations personnelles directement au lecteur.
Un exemple qui illustre ceci à la fin de la description du petit Salomon :
"Encore ceci. Ayant une fois loué ses services à un paysan chrétien de Gastouri, un des villages de l'île, Salomon s'était interrompu un matin de sa cueillette d'olives pour peindre de jolies fleurs sur les murs de l'étable. C'est pour faire plaisir aux vaches qui s'ennuient, les pauvres, toujours attachées, expliqua cet ange. Encore ceci, et puis fini. Il était la chasteté même. Les gaillardises de Michaël le faisaient frémir, pauvre mignon, et il se bouchait les oreilles pour ne pas entendre les récits galants du janissaire que pourtant il admirait follement. D'une manière générale, d'ailleurs, Salomon admirait. Tout l'éblouissait, le transportait. Ce cœur pur était doué d'un grand appétit de respect. Salomon, mon petit ami intime, les jours de nausées."
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)