Fini le troisième volume de La Jeunesse de Thorgal.
Si cela fait plaisir de retrouver un Thorgal fougueux comme au début de la série, une petite déception demeure avec ce tome.
Les us et coutumes des vikings sont parfaitement retranscris et la narration pour cet épisode mettant en avant les célèbres berserkers est très bonne; mais il manque à mon avis quelque chose d'essentiel: la dimension fantastique.
Thorgal rime pour moi à un savant mélange des genres. La mythologie nordique se confond avec la science fiction et le quotidien viking. Rien de tout ça ici. Cela reste plaisant à suivre, les caractères des personnages sont bien respectés, les dessins à la hauteur du trait de Rosinski mais il manque ce "truc" qui a rendu à travers les années cette saga de Thorgal unique. Dommage.
Lu le tome 8 de Spirou et Fantasio dans la collection "Le Spirou de...": La grosse tête
Mouais... Bof. La collection "Le Spirou de..." permet à des auteurs (ici Makyo et Téhem) de s'approprier des célèbres personnages de façon très personnelle. L'ouvrage se veut un hommage appuyé à deux très bons albums de Franquin: "La mauvaise tête" et "QRN sur Bretzelburg".
Le pitch: Fantasio écrit un roman sur l'histoire de la mauvaise tête qui est adapté au cinéma. Spirou devient une star de l'écran tandis que Fantasio reste perclus dans l'anonymat. Parallèlement, un coup d'Etat militaire a lieu à Bretzelburg.
Les personnages de Spirou et Fantasio sont à la limite du supportable et paraissent presque antipathique. Les auteurs s'approprient en effet leur univers, mais s'éloigne complètement des caractères des personnages. Cela peut paraître heureux pour certains, mais moi cela m'a agacé plus qu'autre chose. Les dessins ne sont pas désagréables, même si plutôt caricaturaux, à la croisée entre Titeuf et Andy et Gina.
Si vous ne connaissez pas cette collection "Le Spirou de...", foncez plutôt sur le tome 4 Le journal d'un ingénu d'Emile Bravo qui reste un des meilleurs albums de Spirou et Fantasio jamais écrit.
Lu Le paradis perdu de Pablo Auladell d'après l'oeuvre poétique de John Milton.
Alors là, c'est du lourd. L'adaptation de l'oeuvre phare de l'auteur anglais du XVIIeme est incroyable.
D'inspiration biblique, le livre traîte de la chute aux enfers de Lucifer et d'une grande partie des anges parties en rébellion contre Dieu. Par vengeance, Lucifer, devenu Satan, va sous la forme d'un serpent attirer Adam et Eve dans sa malédiction.
L'auteur a travaillé sur cette adaptation pendant plusieurs années et cela se sent. Il illustre à merveille le texte de Milton avec un trait sobre mais élégant dégageant une grande force et noirceur. On dirait une fresque, une peinture d'inspiration expressionniste. Magnifique.
Des courtes histoires mettant en scène des personnages anthropomorphes dans les favelas brésiliennes.
Pour ces personnages pathétiques mais attachants, la survie dans un monde où régit la loi du plus fort passe par de petites combines et par l'apprentissage de certaines règles. La plus importante de toutes: ne pas chercher d'emmerdes avec les gars du gang. Beaucoup d'humour dans cette BD, mais aussi une satyre sociale et la dure réalité d'un monde en proie à la violence. L'auteur est d'ailleurs habitué à mettre en scène la rue: c'est également l'auteur de la série "Les lascars" (adapté en animation). Les personnages mi-hommes mi-bêtes fonctionnent à merveille et le décor des favelas est admirablement bien rendu par le dessinateur aux références hip-hop assumées. Une bonne petite découverte.
Au milieu des années 70, Constance, 10 ans, est élevée comme une petite fille modèle par son grand-père et sa grand-mère, qui sont rentiers, dans un manoir du côté de Brie. Le problème est que Constance est en réalité un garçon et que le traitement que lui réserve ses grands-parents ressemble à s'y méprendre à de la maltraitance. Sa grand-mère la bat et l'enferme, et son grand-père alcoolique est trop lâche pour s'interposer. La situation évolue quand Constance se retrouve au contact de "vrais" enfants: ceux du gardien que la grand-mère engage lorsque des gitans s'installent en ville.
Superbe. Avec un talent éclatant, l'auteur nous claque en pleine figure, avec son trait au stylo plume, les ressorts d'une enfance perturbée. Mais, là où d'autres pourraient tomber dans le piège du pathétique, il imprime une certaine légèreté et un humour grinçant sur cette mécanique déréglée de construction de l'enfance. C'est acerbe et dérangeant sans jamais être malsain pour le lecteur, et ce petit garçon élevé dans la solitude comme une fille, à la sexualité en éveil et au trouble identitaire compréhensible, arrive à nous faire sourire et à nous être profondément attachant. Une réussite d'intelligence, d'audace et de subtilité.
Zapatistas, c'est l'histoire de Jorge et Carmen, soldats de l'armée de révolution de Zapata dans le Mexique du début du 20eme Siècle. Carmen est une femme psychopathe et sanguinaire qui ne peut trouver l'orgasme que dans la boucherie; Jorge est un homme sensible à qui la vue du sang provoque irrémédiablement la nausée. Leur couple va forcément faire des étincelles... Leur histoire est entrecoupée de plusieurs portraits de révolutionnaires, au caractère humoristique et iconoclaste, qui prennent place sur une ou deux pages.
Avec un dessin subtil, à l'encrage marqué, donnant ainsi plus de relief, Pierre Place met en scène une fresque à l'humour noir ravageur et original. Une bande dessinée historique et humoristique, c'est assez rare pour être souligné. Viva Zapata!
Cette fois, les choses ont l'air irrémédiablement fichue à Carson City, et la ville est entièrement envahie par les zombies et autres créatures tentaculaires. L'armée n'a plus le choix, il faut lancer le plan top-secret "Jiminy". De leur côté, les rares survivants encore présents dans la ville tentent de survivre encore un peu plus.
Toujours aussi incroyablement fun! Apocalypse sur Carson City, c'est un croisement entre Romero et Tarantino, une bonne dose d'humour en plus. Les évènements s'imbriquent les uns dans les autres et la destruction de la ville paraît de plus en plus irrémédiable. Les références et les hommages aux films de série B sont appuyés et le trait de Griffon, détaillés et à l'encrage noir appuyé, offre aux personnages et aux créatures des traits déformés et caricaturaux collants parfaitement avec cet univers décalé. Le prochain volume est annoncé comme le dernier de la série.
L'action se passe dans un village de montagne, situé sur la frontière allemande, juste après la seconde guerre mondiale. Brodeck est chargé par les villageois de rédiger un rapport sur le meurtre d'un étranger ayant séjourné dans le village. Tout le village a participé à son exécution. Tous sauf Brodeck...
Avec cette adaptation du roman de Philippe Claudel, Larcenet (Bill Baroud, Le combat ordinaire, Blast...) prouve encore une fois qu'il fait parti aujourd'hui des grands noms de la bande dessinée. Loin de l'humour qui l'a fait connaître à ses débuts aux éditions Fluide Glacial, Larcenet adapte avec brio l'oeuvre de Claudel abordant le crime, la lâcheté, la mauvaise conscience et la xenophobie. L'ambiance est oppressante, noire, et ce village au premier abord paradisiaque de par sa situation, cache de lourds non-dits et une paranoïa ambiante. On pourrait facilement le rapprocher du village de Dogville de Lars Von Trier. Le rapport de Brodeck nous dira tout, mais quel sera le prix à payer pour celui qui le rédige?
Déjà un incontournable de la bd.
J'aime beaucoup le dessin de Manu Larcenet, quand je l'ai découvert avec Blast c'était un peu dur mais avec le temps on finit par apprécier tout ces petits détails. J'ai lu celui-ci mais je suis pas totalement convaincu, j'attends la suite.
Pour moi le dernier gros coup de cœur de cette année qu'il faut lire absolument c'est le Sculpteur de Scott MCCloud,
David Smith consacre sa vie à l'art – jusqu'à l'extrême. Grâce à un pacte avec le diable, le jeune artiste voit son rêve d'enfance réalisé : pouvoir sculpter tout ce qu'il souhaite, à mains nues. Mais ce pouvoir hors norme ne vient pas sans prix... il ne lui reste que 200 jours à vivre, pendant lesquels décider quoi créer d'inoubliable est loin d'être simple. D'autant que rencontrer l'amour de sa vie le 11e jour ne vient rien faciliter !
Ah tiens! Je n'avais pas vu que tu avais posté sur le topic!
Je m'y sentais bien seul ces derniers temps...
Pour Le Sculpteur, je l'ai pris aussi mais je ne l'ai pas encore lu. Tu confirmes les très bons échos que j'ai déjà pu lire à son sujet.
De ce que j'ai cru comprendre, il faut absolument lire L'art invisible du même auteur. Si j'apprécie Le Sculpteur, je me le prendrais sûrement.
Fini le troisième volume de La Jeunesse de Thorgal.
Si cela fait plaisir de retrouver un Thorgal fougueux comme au début de la série, une petite déception demeure avec ce tome.
Les us et coutumes des vikings sont parfaitement retranscris et la narration pour cet épisode mettant en avant les célèbres berserkers est très bonne; mais il manque à mon avis quelque chose d'essentiel: la dimension fantastique.
Thorgal rime pour moi à un savant mélange des genres. La mythologie nordique se confond avec la science fiction et le quotidien viking. Rien de tout ça ici. Cela reste plaisant à suivre, les caractères des personnages sont bien respectés, les dessins à la hauteur du trait de Rosinski mais il manque ce "truc" qui a rendu à travers les années cette saga de Thorgal unique. Dommage.
Lu le tome 8 de Spirou et Fantasio dans la collection "Le Spirou de...": La grosse tête
Mouais... Bof. La collection "Le Spirou de..." permet à des auteurs (ici Makyo et Téhem) de s'approprier des célèbres personnages de façon très personnelle. L'ouvrage se veut un hommage appuyé à deux très bons albums de Franquin: "La mauvaise tête" et "QRN sur Bretzelburg".
Le pitch: Fantasio écrit un roman sur l'histoire de la mauvaise tête qui est adapté au cinéma. Spirou devient une star de l'écran tandis que Fantasio reste perclus dans l'anonymat. Parallèlement, un coup d'Etat militaire a lieu à Bretzelburg.
Les personnages de Spirou et Fantasio sont à la limite du supportable et paraissent presque antipathique. Les auteurs s'approprient en effet leur univers, mais s'éloigne complètement des caractères des personnages. Cela peut paraître heureux pour certains, mais moi cela m'a agacé plus qu'autre chose. Les dessins ne sont pas désagréables, même si plutôt caricaturaux, à la croisée entre Titeuf et Andy et Gina.
Si vous ne connaissez pas cette collection "Le Spirou de...", foncez plutôt sur le tome 4 Le journal d'un ingénu d'Emile Bravo qui reste un des meilleurs albums de Spirou et Fantasio jamais écrit.
Lu Le paradis perdu de Pablo Auladell d'après l'oeuvre poétique de John Milton.
Alors là, c'est du lourd. L'adaptation de l'oeuvre phare de l'auteur anglais du XVIIeme est incroyable.
D'inspiration biblique, le livre traîte de la chute aux enfers de Lucifer et d'une grande partie des anges parties en rébellion contre Dieu. Par vengeance, Lucifer, devenu Satan, va sous la forme d'un serpent attirer Adam et Eve dans sa malédiction.
L'auteur a travaillé sur cette adaptation pendant plusieurs années et cela se sent. Il illustre à merveille le texte de Milton avec un trait sobre mais élégant dégageant une grande force et noirceur. On dirait une fresque, une peinture d'inspiration expressionniste. Magnifique.
Lu Rua Viva! de Eldiablo et Julien Loïs.
Des courtes histoires mettant en scène des personnages anthropomorphes dans les favelas brésiliennes.
Pour ces personnages pathétiques mais attachants, la survie dans un monde où régit la loi du plus fort passe par de petites combines et par l'apprentissage de certaines règles. La plus importante de toutes: ne pas chercher d'emmerdes avec les gars du gang. Beaucoup d'humour dans cette BD, mais aussi une satyre sociale et la dure réalité d'un monde en proie à la violence. L'auteur est d'ailleurs habitué à mettre en scène la rue: c'est également l'auteur de la série "Les lascars" (adapté en animation). Les personnages mi-hommes mi-bêtes fonctionnent à merveille et le décor des favelas est admirablement bien rendu par le dessinateur aux références hip-hop assumées. Une bonne petite découverte.
Lu La Favorite de Matthias Lehmann.
Au milieu des années 70, Constance, 10 ans, est élevée comme une petite fille modèle par son grand-père et sa grand-mère, qui sont rentiers, dans un manoir du côté de Brie. Le problème est que Constance est en réalité un garçon et que le traitement que lui réserve ses grands-parents ressemble à s'y méprendre à de la maltraitance. Sa grand-mère la bat et l'enferme, et son grand-père alcoolique est trop lâche pour s'interposer. La situation évolue quand Constance se retrouve au contact de "vrais" enfants: ceux du gardien que la grand-mère engage lorsque des gitans s'installent en ville.
Superbe. Avec un talent éclatant, l'auteur nous claque en pleine figure, avec son trait au stylo plume, les ressorts d'une enfance perturbée. Mais, là où d'autres pourraient tomber dans le piège du pathétique, il imprime une certaine légèreté et un humour grinçant sur cette mécanique déréglée de construction de l'enfance. C'est acerbe et dérangeant sans jamais être malsain pour le lecteur, et ce petit garçon élevé dans la solitude comme une fille, à la sexualité en éveil et au trouble identitaire compréhensible, arrive à nous faire sourire et à nous être profondément attachant. Une réussite d'intelligence, d'audace et de subtilité.
Zapatistas de Pierre Place.
Zapatistas, c'est l'histoire de Jorge et Carmen, soldats de l'armée de révolution de Zapata dans le Mexique du début du 20eme Siècle. Carmen est une femme psychopathe et sanguinaire qui ne peut trouver l'orgasme que dans la boucherie; Jorge est un homme sensible à qui la vue du sang provoque irrémédiablement la nausée. Leur couple va forcément faire des étincelles... Leur histoire est entrecoupée de plusieurs portraits de révolutionnaires, au caractère humoristique et iconoclaste, qui prennent place sur une ou deux pages.
Avec un dessin subtil, à l'encrage marqué, donnant ainsi plus de relief, Pierre Place met en scène une fresque à l'humour noir ravageur et original. Une bande dessinée historique et humoristique, c'est assez rare pour être souligné. Viva Zapata!
Apocalypse sur Carson City, tome 5 de Griffon.
Cette fois, les choses ont l'air irrémédiablement fichue à Carson City, et la ville est entièrement envahie par les zombies et autres créatures tentaculaires. L'armée n'a plus le choix, il faut lancer le plan top-secret "Jiminy". De leur côté, les rares survivants encore présents dans la ville tentent de survivre encore un peu plus.
Toujours aussi incroyablement fun! Apocalypse sur Carson City, c'est un croisement entre Romero et Tarantino, une bonne dose d'humour en plus. Les évènements s'imbriquent les uns dans les autres et la destruction de la ville paraît de plus en plus irrémédiable. Les références et les hommages aux films de série B sont appuyés et le trait de Griffon, détaillés et à l'encrage noir appuyé, offre aux personnages et aux créatures des traits déformés et caricaturaux collants parfaitement avec cet univers décalé. Le prochain volume est annoncé comme le dernier de la série.
Le rapport de Brodeck tome 1/2 de Manu Larcenet.
L'action se passe dans un village de montagne, situé sur la frontière allemande, juste après la seconde guerre mondiale. Brodeck est chargé par les villageois de rédiger un rapport sur le meurtre d'un étranger ayant séjourné dans le village. Tout le village a participé à son exécution. Tous sauf Brodeck...
Avec cette adaptation du roman de Philippe Claudel, Larcenet (Bill Baroud, Le combat ordinaire, Blast...) prouve encore une fois qu'il fait parti aujourd'hui des grands noms de la bande dessinée. Loin de l'humour qui l'a fait connaître à ses débuts aux éditions Fluide Glacial, Larcenet adapte avec brio l'oeuvre de Claudel abordant le crime, la lâcheté, la mauvaise conscience et la xenophobie. L'ambiance est oppressante, noire, et ce village au premier abord paradisiaque de par sa situation, cache de lourds non-dits et une paranoïa ambiante. On pourrait facilement le rapprocher du village de Dogville de Lars Von Trier. Le rapport de Brodeck nous dira tout, mais quel sera le prix à payer pour celui qui le rédige?
Déjà un incontournable de la bd.
J'aime beaucoup le dessin de Manu Larcenet, quand je l'ai découvert avec Blast c'était un peu dur mais avec le temps on finit par apprécier tout ces petits détails. J'ai lu celui-ci mais je suis pas totalement convaincu, j'attends la suite.
Pour moi le dernier gros coup de cœur de cette année qu'il faut lire absolument c'est le Sculpteur de Scott MCCloud,
David Smith consacre sa vie à l'art – jusqu'à l'extrême. Grâce à un pacte avec le diable, le jeune artiste voit son rêve d'enfance réalisé : pouvoir sculpter tout ce qu'il souhaite, à mains nues. Mais ce pouvoir hors norme ne vient pas sans prix... il ne lui reste que 200 jours à vivre, pendant lesquels décider quoi créer d'inoubliable est loin d'être simple. D'autant que rencontrer l'amour de sa vie le 11e jour ne vient rien faciliter !
Un mastodonte du genre !
Ah tiens! Je n'avais pas vu que tu avais posté sur le topic!
Je m'y sentais bien seul ces derniers temps...
Pour Le Sculpteur, je l'ai pris aussi mais je ne l'ai pas encore lu. Tu confirmes les très bons échos que j'ai déjà pu lire à son sujet.
De ce que j'ai cru comprendre, il faut absolument lire L'art invisible du même auteur. Si j'apprécie Le Sculpteur, je me le prendrais sûrement.