Si tu as en effet l'occasion de le voir sur grand écran, je pense que tu ne dois pas hésiter ;-)
Autrement, je viens de sortir du cinéma où j'ai vu Blade Runner 2049. Je n'ai vraiment pas été déçu et je n'ai, moi non plus, pas vu le temps passer malgré la longueur du film !
Je vais pas rajouter grand-chose à ce qui a déjà été dit car je suis globalement d'accord. Notamment sur le travail effectué sur l'ambiance et sur la ville qui provoque une nouvelle fois un déséquilibre entre la super-technologie et la misère humaine. À ce propos, j'ai eu l'impression de me retrouver dans Midgar de FF VII.
Bref, un très bon moment de cinéma.
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
J'ai l'intégrale de Tarko en DVD, Stalker est évidemment un chef-d'oeuvre :)
J'ai aussi vu le Sacrifice (qui au passage aurait dû avoir la palme hein, à chaque fois que je parle à un cinéphile, on est d'accord sur ce fait, ou plutôt ce non fait), qui sublime chaque plan et se sublime à tous les instants.
Et j'ai très hâte de regarder Nostalghia !
S’il y a quelqu’un qui doit tout à Bach, c’est bien Dieu.
Un film assez puissant qui a été apparemment très fort pour les spectateurs de l'époque (allant jusqu'à être censuré) mais qui fonctionne évidemment moins bien sur un public de 2017. En tout cas Vivien Leight et Marlon Brando sont excellents dans cet affrontement qui pousse la première à la folie. Bref, un film intéressant qui a quand même vieilli. C'est quand même une histoire incroyablement puissante sur la folie féminine.
Duel, 1971, Spielberg.
Je l'avais déjà vu une ou deux fois, il m'avait laissé une très bonne impression, et maintenant que je l'ai revu je peux confirmer qu'en effet j'adore ce film. Pour être plus précis, j'adore les 3 premiers quarts. Le dernier quart par contre, où le camion devient clairement BEAUCOUP plus aggressif, j'ai moins aimé. Je trouve que le film perd petit à petit sa tension, pour tomber dans le spectacle de plus en plus convenus. D'ailleurs je trouve extrèmement dommage que le camionneur meurt à la fin. Je pense qu'une fin style "le camionneur cesse finalement de poursuivre David, qui finit par rentrer chez lui, transpirant et tremblant" aurait renforcée le mystère autour de ce chauffeur de camion je pense. En tous cas j'aurai préféré, mais j'ai quand même vraiment aimé le film.
"[...] Tutu chapeau pointu !
C'était le petit Gavroche qui s'en allait en guerre."
Je me suis maté hier Les Contes de la lune vague après la pluie du réalisateur japonais Kenji Mizoguchi.
Le film raconte l'histoire de deux couples de paysans dont les maris respectifs ont : pour l'un soif d'argent ; pour l'autre soif de gloire. Le titre m'est paru assez trompeur car il ne faut pas s'attendre à une série de petits contes mais bien à une seule trame, même si elle se divise en plusieurs ramifications dans la deuxième moitié du film. En nommant son titre de cette manière, Mizoguchi fait référence aux Contes de pluie et de lune rédigés par Ueda Akinari sous la forme de 9 histoires indépendantes traitant de fantômes et de surnaturel.— Je ne reviens pas sur le livre ici car j'en ai déjà donné une petite description dans le topique réservé à la lecture. Une chose tout de même, si vous aimez ce genre de littérature, foncez ;-) —Cependant, Mizoguchi ne se contente pas de faire une simple référence au titre mais s'inspire de l'essence de deux des contes dudit recueil.
L'histoire se passe dans le Japon du XVIe siècle. La guerre civile fait rage .Deux paysans, Kenjuro et Tobeï, partent en ville et se rendent compte qu'ils peuvent faire fortune grâce aux soldats — nombreux — de passage dans la région. Après une première vente fructueuse, Kenjuro, potier de son état, rentre chez lui et raconte à sa femme son plan pour devenir riche. En gros, il désire retourner en ville une dernière fois pour vendre ses poteries vu le grand nombre de personnes si trouvant pour le moment. Sa femme et lui se mettent donc à fabriquer le plus de poteries possible. Tobeï, — dont la femme n'est autre que la sœur de Kenjuro — parti en ville avec Kenjuro mais l'ayant quitté pour tenter sa chance dans la guerre revient au village après avoir essayé de manière infructueuse de s'enrôler dans l'armée pour devenir un fameux samouraï au motif qu'il ne possède aucun équipement pour la guerre. Il revient tout penaud au village mais reprend espoir lorsqu'il apprend le plan de son beau-frère. Dès lors, ils vont travailler de concert jour et nuit pour préparer le tout dans les temps... Car oui, le facteur temps est très important en raison de l'avancée des troupes ennemies se rapprochant dangereusement de la région.
Après bien des péripéties, Kenjuro, sa sœur et son beau-frère se rendent tous les trois en ville — la femme de Kenjuro rentre au village avec son fils car la route est trop dangereuse — pour enfin vendre la marchandise. Là, les choses vont se gâter. Les trois compères vont se retrouver séparés et suivront désormais des voies différentes...
Je ne continue pas plus loin car je risquerais de spoiler le film si je continue. Sachez seulement qu'il y a bien du surnaturel dans le film mais qu'il n'en n'est pas la part prédominante. C'est-à-dire que le réalisateur va se servir du surnaturel pour faire passer un message plus universel et pas cantonné au seul monde des morts. Et c'est peut-être justement dans ça qu'il est très proche du recueil de contes d'Ueda Akinari : se servir des morts pour dire quelque chose aux vivants...
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
Un très bon film qui n'a pas pris une ride je trouve. Un incontournable du cinéma !
Sinon voici en vrac mes derniers visionnages:
Demain et tous les autres jours: Petit film français mettant en scène une mère, qui est dans un état proche de la démence, et sa fille qui fait tout pour vivre normalement et en famille. Le thème de la folie est abordé avec une certaine justesse et ne joue pas la carte de la surenchère. Malheureusement le rythme est affreusement lent et le film ne raconte pas grand-chose au final. En tout cas l'actrice jouant la petite fille (Luce Rodriguez) est extra ! 5/10
Bande-annonce ▼▲
Hippocrate: Tout d'abord merci à Greensnake pour sa récente critique de ce film, et qui m'a refait penser à le regarder ! ^^ Avec le talentueux Vincent Lacoste dans le rôle d'un interne d'un grand hôpital parisien, le film met en scène le difficile quotidien des médecins et infirmiers; entre urgences, imprévus et vie avec les collègues. Dommage que vers la fin le film se donne des airs de revendicateur anti-patronat car j'ai trouvé que cela enlevait toute crédibilité à la portée du film. 6/10
Bande-annonce ▼▲
Black Book: Mettant en scène la résistance hollandaise, et plus précisément une juive dont la famille a été massacré, durant la fin de la Seconde Guerre Mondiale, le film est une véritable réussite ! On y retrouve la patte Verhoeven avec cette violence cru, parfois très sanglante, et cette pointe d’érotisme. Une vraie réussite pour l'un des meilleur film du cinéaste ! 8/10
D'ailleurs je recherche des films sur la Seconde Guerre Mondiale mais traitant surtout du sort des civiles lambdas. S'il y en a qui connaitrait, je suis preneur ! ^^
@ quenthi : Déjà de rien pour Hippocrate ! Ensuite je suis d'accord que la fin est gâchée mais pas pour les mêmes raisons. C'est pas une charge contre le patronat à la fin, c'est une charge contre l'administration française qui est gangrénée par deux choses :
1- La mise en place à la tête des hôpitaux de managers chargés avant tout de faire des économies et qui expliquent aux gens de métiers comment ils doivent travailler
2- Les inégalités de traitement entre les personnels étrangers et ceux issus des écoles françaises comme évidemment le népotisme.
Pour le coup j'ai trouvé la critique vraiment juste.
Sinon :
Carbone d'Olivier Marchal
J'ai pas tout vu du bonhomme mais j'avais vraiment apprécié 36 Quai des Orfèvres et surtout MR73 donc j'étais de de bonnes dispositions pour Carbone qui s'inspire (sans adapter) une escroquerie à la taxe carbone au niveau européen entre 2008 et 2009. J'ai vraiment bien aimé même si Marchal a voulu faire son film de gangsters à la Scarface avec une inspiration plus que visible puisque plusieurs fois citée. On pense aussi aux Affranchis et toute cette matrice du rise & fall criminel. Alors c'est extrêmement classique avec pas mal de clichés mais c'est tellement bien fait qu'on pense un bon moment devant le film emmené par un bon casting et une réalisation très léchée. Après je trouve ça dommage que l'aspect social du début (le patron obligé de faire de mauvaises choses pour sauver son entreprise) soit complètement lâché pour devenir aussi classique.
Under the Dome de Chai Jing
Un documentaire/conférence façon Une Vérité qui Dérange d'Al Gore dont on sent l'influence. La journaliste chinoise nous prouve l'importance de la pollution en Chine et comment cela peut être facilement éviter en montrant les dérives d'un monstre économique ne sachant pas se réguler et incapable d'appliquer ses propres lois sans oublier la trop grande importance des industries dans cette régulation anti-pollution. Le documentaire est didactique, émouvant et passionnant de bout en bout. Chai Jing remet vraiment l'humain au coeur des solutions comme du problème. Salvateur. Je crois d'ailleurs qu'il avait été conseillé sur ce forum mais je suis pas sur. Il est disponible sur youtube avec sous-titres français malheureusement pas pendant toute la vidéo où il faut parfois se contenter de soust-titres anglais.
Après avoir regardé Stalker, je me suis attaqué à Andreï Roublev, du même réalisateur, Andréï Tarkosvski.
L'histoire se situe dans la Russie du XVe siècle dans laquelle un moine artiste, Andréï Roublev, vit et exerce son métier de peintre d'icônes. Cependant, la violence et la cruauté de son temps mettent sa foi et ses croyances à rude épreuve. Il est invité par le peintre Théophane le Grec, autre artiste très célèbre de son époque, à l'accompagner à Moscou pour l'aider à décorer la cathédrale. S'il accepte, dans un premier temps, sa mission et sa condition d'artiste, la barbarie, l'injustice, la misère et l'horreur de son temps vont peu à peu le faire douter jusqu'à le pousser à cesser de peindre et à s'enfermer dans le silence.
Le film est divisé en huit chapitres auxquels il convient de rajouter un prologue et un épilogue. Il débute en été 1400 et se termine au printemps 1424.
Chaque chapitre est l'occasion pour Tarkovski de montrer une facette, une interrogation différente de l'Homme artiste face à son temps. Quel est son rôle ? Doit-il se mettre au service des puissants ? Ou au contraire privilégier le peuple ? Quelle est la fonction de l'art ? Peut-on s'occuper d'art lorsque tout le monde meurt autour de soi ? Sommes-nous tous des artistes ou ce don est-il transmis par Dieu à quelques privilégiés ? etc. etc.
Ces questions demeurent d'une certaine manière sans réponse car le spectateur est invité lui aussi à se poser ses questions. D'ailleurs, on pourrait faire un parallèle entre la figure d'Andreï Roublev et d'Andreï Tarkovski. Celui-ci pourrait se servir de celui-là dans le but de poser toutes ces questions et leur contextualisation dans la Russie du XVe sicècle pourrait être une façon d'éviter la censure.
Le film est une nouvelle fois très long — 3 heures — et n'est pas un film d'action même si il y a des scènes plus remuantes que dans Stalker : l'attaque des Tatares notamment mais pas seulement.
La scène qui, selon moi, est la mieux réussie de tout le film est le chapitre intitulé "La Cloche (printemps 1423 - printemps 1424)". On y voit toute une région sous les ordres d'un jeune fondeur, Boriska, fils de l'ancien maître-fondeur décédé de la peste, occupée à fondre une cloche gigantesque selon le souhait du prince régnant. Le jeune garçon se montre intraitable et n'hésite pas à faire punir par le fouet tous ceux qui le contredirait. Faisant part d'un aplomb impressionnant, il dirige toute la manœuvre en n'hésitant pas à prendre des risques sans savoir si tout pourra fonctionner parfaitement. Les risques sont d'autant plus grands lorsqu'on sait que le jeune garçon risque la mort en cas d'échec... Le moment où l'on fait sonner la cloche est toujours un moment délicat car on ne sait jamais quel son elle va produire ; c'est le moment de vérité et parfois un moment cruel lorsqu'on se rend compte que tous les efforts fournis n'ont servi à rien. Ce moment est remarquablement reproduit dans le film et on ressent viscéralement cette peur qui monte jusqu'au moment fatidique où...
Spoiler ▼▲
Et bien non, je ne vous dirai rien.
À la toute fin de la scène, après l'événement de la cloche, survient un dernier élément qui occupe peut-être la place la plus importante dans le film, qui en est peut-être la clef...
Survient alors l'épilogue, en couleur, contrastant avec le reste du film en noir et blanc.
Je vous le conseille vraiment car il fait partie de ce genre de films qui laissent des traces, des images, des impressions tout en favorisant notre réflexion sur lui-même et et sur des questions plus générales et plus philosophiques par la suite.
Andreï Roublev, j'ai eu la chance de le voir au cinéma (quand il avait été rediffusé dans le cinéma d'art et d'essai de Marseille où je vivais à l'époque) et ça m'avait beaucoup marqué : une fresque humaine qui montre aussi bien les atrocités que les merveilles que l'humanité est capable de faire.
C'est le seul film de Tarkovski que j'ai vu jusqu'à maintenant.
Sinon, Les Contes de la Lune Vague après la Pluie, je l'ai vu aussi mais il y a longtemps, j'en ai assez peu de souvenirs, à part que j'avais bien aimé sur le coup. Ce que tu dis sur le fantastique me fait penser à la manière dont c'est traité dans le cinéma japonais : le fantastique est presque vu comme quelque chose de "normal" qui fait partie de la vie des personnages, c'est traité de manière complètement "ordinaire" pour parler de la vie réelle. Je me souviens dans Rashomon d'Akira Kurosawa, où il y a une sorte d'enquête en faisant interroger des témoins d'une scène de crime :
Spoiler ▼▲
l'un des témoins, c'est simplement le mort qu'on fait parler : rien de plus normal, quoi, c'est comme ça, ça n'a rien d'extraordinaire pour les personnages du film.
@ marius55 :
Si tu as en effet l'occasion de le voir sur grand écran, je pense que tu ne dois pas hésiter ;-)
Autrement, je viens de sortir du cinéma où j'ai vu Blade Runner 2049. Je n'ai vraiment pas été déçu et je n'ai, moi non plus, pas vu le temps passer malgré la longueur du film !
Je vais pas rajouter grand-chose à ce qui a déjà été dit car je suis globalement d'accord. Notamment sur le travail effectué sur l'ambiance et sur la ville qui provoque une nouvelle fois un déséquilibre entre la super-technologie et la misère humaine. À ce propos, j'ai eu l'impression de me retrouver dans Midgar de FF VII.
Bref, un très bon moment de cinéma.
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
J'ai l'intégrale de Tarko en DVD, Stalker est évidemment un chef-d'oeuvre :)
J'ai aussi vu le Sacrifice (qui au passage aurait dû avoir la palme hein, à chaque fois que je parle à un cinéphile, on est d'accord sur ce fait, ou plutôt ce non fait), qui sublime chaque plan et se sublime à tous les instants.
Et j'ai très hâte de regarder Nostalghia !
S’il y a quelqu’un qui doit tout à Bach, c’est bien Dieu.
Un Tramway nommé Désir de Elia Kazan
Un film assez puissant qui a été apparemment très fort pour les spectateurs de l'époque (allant jusqu'à être censuré) mais qui fonctionne évidemment moins bien sur un public de 2017. En tout cas Vivien Leight et Marlon Brando sont excellents dans cet affrontement qui pousse la première à la folie. Bref, un film intéressant qui a quand même vieilli. C'est quand même une histoire incroyablement puissante sur la folie féminine.
Sell kids for food
Duel, 1971, Spielberg.
Je l'avais déjà vu une ou deux fois, il m'avait laissé une très bonne impression, et maintenant que je l'ai revu je peux confirmer qu'en effet j'adore ce film. Pour être plus précis, j'adore les 3 premiers quarts. Le dernier quart par contre, où le camion devient clairement BEAUCOUP plus aggressif, j'ai moins aimé. Je trouve que le film perd petit à petit sa tension, pour tomber dans le spectacle de plus en plus convenus. D'ailleurs je trouve extrèmement dommage que le camionneur meurt à la fin. Je pense qu'une fin style "le camionneur cesse finalement de poursuivre David, qui finit par rentrer chez lui, transpirant et tremblant" aurait renforcée le mystère autour de ce chauffeur de camion je pense. En tous cas j'aurai préféré, mais j'ai quand même vraiment aimé le film.
"[...] Tutu chapeau pointu !
C'était le petit Gavroche qui s'en allait en guerre."
Je me suis maté hier Les Contes de la lune vague après la pluie du réalisateur japonais Kenji Mizoguchi.
Le film raconte l'histoire de deux couples de paysans dont les maris respectifs ont : pour l'un soif d'argent ; pour l'autre soif de gloire. Le titre m'est paru assez trompeur car il ne faut pas s'attendre à une série de petits contes mais bien à une seule trame, même si elle se divise en plusieurs ramifications dans la deuxième moitié du film. En nommant son titre de cette manière, Mizoguchi fait référence aux Contes de pluie et de lune rédigés par Ueda Akinari sous la forme de 9 histoires indépendantes traitant de fantômes et de surnaturel.— Je ne reviens pas sur le livre ici car j'en ai déjà donné une petite description dans le topique réservé à la lecture. Une chose tout de même, si vous aimez ce genre de littérature, foncez ;-) —Cependant, Mizoguchi ne se contente pas de faire une simple référence au titre mais s'inspire de l'essence de deux des contes dudit recueil.
L'histoire se passe dans le Japon du XVIe siècle. La guerre civile fait rage .Deux paysans, Kenjuro et Tobeï, partent en ville et se rendent compte qu'ils peuvent faire fortune grâce aux soldats — nombreux — de passage dans la région. Après une première vente fructueuse, Kenjuro, potier de son état, rentre chez lui et raconte à sa femme son plan pour devenir riche. En gros, il désire retourner en ville une dernière fois pour vendre ses poteries vu le grand nombre de personnes si trouvant pour le moment. Sa femme et lui se mettent donc à fabriquer le plus de poteries possible. Tobeï, — dont la femme n'est autre que la sœur de Kenjuro — parti en ville avec Kenjuro mais l'ayant quitté pour tenter sa chance dans la guerre revient au village après avoir essayé de manière infructueuse de s'enrôler dans l'armée pour devenir un fameux samouraï au motif qu'il ne possède aucun équipement pour la guerre. Il revient tout penaud au village mais reprend espoir lorsqu'il apprend le plan de son beau-frère. Dès lors, ils vont travailler de concert jour et nuit pour préparer le tout dans les temps... Car oui, le facteur temps est très important en raison de l'avancée des troupes ennemies se rapprochant dangereusement de la région.
Après bien des péripéties, Kenjuro, sa sœur et son beau-frère se rendent tous les trois en ville — la femme de Kenjuro rentre au village avec son fils car la route est trop dangereuse — pour enfin vendre la marchandise. Là, les choses vont se gâter. Les trois compères vont se retrouver séparés et suivront désormais des voies différentes...
Je ne continue pas plus loin car je risquerais de spoiler le film si je continue. Sachez seulement qu'il y a bien du surnaturel dans le film mais qu'il n'en n'est pas la part prédominante. C'est-à-dire que le réalisateur va se servir du surnaturel pour faire passer un message plus universel et pas cantonné au seul monde des morts. Et c'est peut-être justement dans ça qu'il est très proche du recueil de contes d'Ueda Akinari : se servir des morts pour dire quelque chose aux vivants...
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
Hum, tu n'as pas vu la portière du camion qui s'ouvre juste avant le crash ? C'est ça qui en fait tout le sel..
S’il y a quelqu’un qui doit tout à Bach, c’est bien Dieu.
Sinon voici en vrac mes derniers visionnages:
Demain et tous les autres jours: Petit film français mettant en scène une mère, qui est dans un état proche de la démence, et sa fille qui fait tout pour vivre normalement et en famille. Le thème de la folie est abordé avec une certaine justesse et ne joue pas la carte de la surenchère. Malheureusement le rythme est affreusement lent et le film ne raconte pas grand-chose au final. En tout cas l'actrice jouant la petite fille (Luce Rodriguez) est extra ! 5/10
Hippocrate: Tout d'abord merci à Greensnake pour sa récente critique de ce film, et qui m'a refait penser à le regarder ! ^^ Avec le talentueux Vincent Lacoste dans le rôle d'un interne d'un grand hôpital parisien, le film met en scène le difficile quotidien des médecins et infirmiers; entre urgences, imprévus et vie avec les collègues. Dommage que vers la fin le film se donne des airs de revendicateur anti-patronat car j'ai trouvé que cela enlevait toute crédibilité à la portée du film. 6/10
Black Book: Mettant en scène la résistance hollandaise, et plus précisément une juive dont la famille a été massacré, durant la fin de la Seconde Guerre Mondiale, le film est une véritable réussite ! On y retrouve la patte Verhoeven avec cette violence cru, parfois très sanglante, et cette pointe d’érotisme. Une vraie réussite pour l'un des meilleur film du cinéaste ! 8/10
D'ailleurs je recherche des films sur la Seconde Guerre Mondiale mais traitant surtout du sort des civiles lambdas. S'il y en a qui connaitrait, je suis preneur ! ^^
Signé: Clone Tr'Hooper Quenthi
DuelsCiné recherche un repreneur. Faites-vous connaitre pour la reprise !
@ quenthi : Déjà de rien pour Hippocrate ! Ensuite je suis d'accord que la fin est gâchée mais pas pour les mêmes raisons. C'est pas une charge contre le patronat à la fin, c'est une charge contre l'administration française qui est gangrénée par deux choses :
1- La mise en place à la tête des hôpitaux de managers chargés avant tout de faire des économies et qui expliquent aux gens de métiers comment ils doivent travailler
2- Les inégalités de traitement entre les personnels étrangers et ceux issus des écoles françaises comme évidemment le népotisme.
Pour le coup j'ai trouvé la critique vraiment juste.
Sinon :
Carbone d'Olivier Marchal
J'ai pas tout vu du bonhomme mais j'avais vraiment apprécié 36 Quai des Orfèvres et surtout MR73 donc j'étais de de bonnes dispositions pour Carbone qui s'inspire (sans adapter) une escroquerie à la taxe carbone au niveau européen entre 2008 et 2009. J'ai vraiment bien aimé même si Marchal a voulu faire son film de gangsters à la Scarface avec une inspiration plus que visible puisque plusieurs fois citée. On pense aussi aux Affranchis et toute cette matrice du rise & fall criminel. Alors c'est extrêmement classique avec pas mal de clichés mais c'est tellement bien fait qu'on pense un bon moment devant le film emmené par un bon casting et une réalisation très léchée. Après je trouve ça dommage que l'aspect social du début (le patron obligé de faire de mauvaises choses pour sauver son entreprise) soit complètement lâché pour devenir aussi classique.
Under the Dome de Chai Jing
Un documentaire/conférence façon Une Vérité qui Dérange d'Al Gore dont on sent l'influence. La journaliste chinoise nous prouve l'importance de la pollution en Chine et comment cela peut être facilement éviter en montrant les dérives d'un monstre économique ne sachant pas se réguler et incapable d'appliquer ses propres lois sans oublier la trop grande importance des industries dans cette régulation anti-pollution. Le documentaire est didactique, émouvant et passionnant de bout en bout. Chai Jing remet vraiment l'humain au coeur des solutions comme du problème. Salvateur. Je crois d'ailleurs qu'il avait été conseillé sur ce forum mais je suis pas sur. Il est disponible sur youtube avec sous-titres français malheureusement pas pendant toute la vidéo où il faut parfois se contenter de soust-titres anglais.
Sell kids for food
Après avoir regardé Stalker, je me suis attaqué à Andreï Roublev, du même réalisateur, Andréï Tarkosvski.
L'histoire se situe dans la Russie du XVe siècle dans laquelle un moine artiste, Andréï Roublev, vit et exerce son métier de peintre d'icônes. Cependant, la violence et la cruauté de son temps mettent sa foi et ses croyances à rude épreuve. Il est invité par le peintre Théophane le Grec, autre artiste très célèbre de son époque, à l'accompagner à Moscou pour l'aider à décorer la cathédrale. S'il accepte, dans un premier temps, sa mission et sa condition d'artiste, la barbarie, l'injustice, la misère et l'horreur de son temps vont peu à peu le faire douter jusqu'à le pousser à cesser de peindre et à s'enfermer dans le silence.
Le film est divisé en huit chapitres auxquels il convient de rajouter un prologue et un épilogue. Il débute en été 1400 et se termine au printemps 1424.
Chaque chapitre est l'occasion pour Tarkovski de montrer une facette, une interrogation différente de l'Homme artiste face à son temps. Quel est son rôle ? Doit-il se mettre au service des puissants ? Ou au contraire privilégier le peuple ? Quelle est la fonction de l'art ? Peut-on s'occuper d'art lorsque tout le monde meurt autour de soi ? Sommes-nous tous des artistes ou ce don est-il transmis par Dieu à quelques privilégiés ? etc. etc.
Ces questions demeurent d'une certaine manière sans réponse car le spectateur est invité lui aussi à se poser ses questions. D'ailleurs, on pourrait faire un parallèle entre la figure d'Andreï Roublev et d'Andreï Tarkovski. Celui-ci pourrait se servir de celui-là dans le but de poser toutes ces questions et leur contextualisation dans la Russie du XVe sicècle pourrait être une façon d'éviter la censure.
Le film est une nouvelle fois très long — 3 heures — et n'est pas un film d'action même si il y a des scènes plus remuantes que dans Stalker : l'attaque des Tatares notamment mais pas seulement.
La scène qui, selon moi, est la mieux réussie de tout le film est le chapitre intitulé "La Cloche (printemps 1423 - printemps 1424)". On y voit toute une région sous les ordres d'un jeune fondeur, Boriska, fils de l'ancien maître-fondeur décédé de la peste, occupée à fondre une cloche gigantesque selon le souhait du prince régnant. Le jeune garçon se montre intraitable et n'hésite pas à faire punir par le fouet tous ceux qui le contredirait. Faisant part d'un aplomb impressionnant, il dirige toute la manœuvre en n'hésitant pas à prendre des risques sans savoir si tout pourra fonctionner parfaitement. Les risques sont d'autant plus grands lorsqu'on sait que le jeune garçon risque la mort en cas d'échec... Le moment où l'on fait sonner la cloche est toujours un moment délicat car on ne sait jamais quel son elle va produire ; c'est le moment de vérité et parfois un moment cruel lorsqu'on se rend compte que tous les efforts fournis n'ont servi à rien. Ce moment est remarquablement reproduit dans le film et on ressent viscéralement cette peur qui monte jusqu'au moment fatidique où...
À la toute fin de la scène, après l'événement de la cloche, survient un dernier élément qui occupe peut-être la place la plus importante dans le film, qui en est peut-être la clef...
Survient alors l'épilogue, en couleur, contrastant avec le reste du film en noir et blanc.
Je vous le conseille vraiment car il fait partie de ce genre de films qui laissent des traces, des images, des impressions tout en favorisant notre réflexion sur lui-même et et sur des questions plus générales et plus philosophiques par la suite.
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
Andreï Roublev, j'ai eu la chance de le voir au cinéma (quand il avait été rediffusé dans le cinéma d'art et d'essai de Marseille où je vivais à l'époque) et ça m'avait beaucoup marqué : une fresque humaine qui montre aussi bien les atrocités que les merveilles que l'humanité est capable de faire.
C'est le seul film de Tarkovski que j'ai vu jusqu'à maintenant.
Sinon, Les Contes de la Lune Vague après la Pluie, je l'ai vu aussi mais il y a longtemps, j'en ai assez peu de souvenirs, à part que j'avais bien aimé sur le coup. Ce que tu dis sur le fantastique me fait penser à la manière dont c'est traité dans le cinéma japonais : le fantastique est presque vu comme quelque chose de "normal" qui fait partie de la vie des personnages, c'est traité de manière complètement "ordinaire" pour parler de la vie réelle. Je me souviens dans Rashomon d'Akira Kurosawa, où il y a une sorte d'enquête en faisant interroger des témoins d'une scène de crime :