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Ensuite, on a les acteurs. Bon, on a un Sam Jackson qui s'amuse et cabotine à mort (faut faire gaffe au syndrome Nicolas Cage quand même).
On a ensuite un méchant incarné de manière assez caricaturale, avec crises de colère subites, rire diabolique et gestuelle outrancière (avec petit doigt en l'air et tout) afin d'essayer de lui donner un air élégant, mais, au final, ça ne fonctionne pas trop, et ça donne un côté un peu cartoonesque au personnage.
Et puis Josh Brolin. Alors, je ne sais pas, autant des fois je l'ai trouvé bien comme il faut, autant des fois, il est complètement à côté.
En fait, j'ai l'impression que c'est le même problème que pour Spike Lee: on a l'impression que Brolin et Lee ne font que reproduire les passages marquants du film original, mais qu'ils ne savent pas quoi faire en dehors de ça, comme si, au final, le projet ne les intéressait pas plus que ça. C'est d'ailleurs assez flagrant lors des séquences plus physiques, et particulièrement lors du fameux plan séquence. Si Choi Min-sik courait, vociférait, transpirait, tombait, se relevait et, au final, donnait vraiment de sa personne, ici, on a un Josh Brolin qui semble se promener mollement au milieu de tout ce petit monde, un peu comme s'il se disait "alors, là, je fais ça, ensuite ça, ensuite, ça..."
Je ne sais pas, j'ai juste cette étrange impression que Brolin était, par moment, très peu concerné par ce qu'il tournait.

Ensuite, je parlerais vite fait de la violence du film. L'original ne faisait pas dans la dentelle, on est d'accord, mais cette violence me paraissait, malgré tout, justifiée, dans un sens. C'était le moyen d'expression primaire et bestial des protagonistes, l'expression même de leur inhumanité, car chaque protagoniste était devenu inhumain par la force des choses (notre héros, parce qu'on lui avait retiré son humanité, l'antagoniste car son obsession l'avait coupé du reste du monde - pas pour rien qu'il vit dans un penthouse isolé - etc...)
Mais là, non. La violence est assez complaisante et même grotesque. Le pire étant la musique qui lui donne même par moment un côté fun (lorsque Joe tabasse les joueurs de foot, on entend une chanson rock au rythme accrocheur!). Je ne sais pas, j'ai eu un gros problème avec la violence du film qui m'a semblé totalement gratuite.

Bref, enfin l'autre grosse différence est que le scénario a été modifié. Et là encore, je ne suis pas convaincu. J'avais entendu dire que l'idée était bonne, voire même meilleure que l'originale, mais je ne suis pas d'accord. Comme le reste, c'est outrancier et caricatural, et, surtout ça brise totalement le moindre soupçon d'empathie qu'on aurait pu avoir pour les personnages.

Dans l'original, le personnage de Choi Min-sik nous était présenté comme un type banal, buvant un coup de temps en temps, mais sans plus, aimant sa femme et sa fille et la révélation du pourquoi on l'avait enfermé nous paraissait, au final, très exagérée. Certes, il avait démarré la rumeur, mais c'était bien malgré lui : il avait juste raconté ce qu'il avait vu à un ami, en demandant de ne rien dire, mais ce dernier répéta la chose alors même que notre héros déménageait et, donc, n'était pas au courant de ce qu'il avait causé. Du coup, la punition semblait démesurée, et on ne pouvait s'empêcher d'éprouver de la sympathie pour le personnage.
Même chose pour son adversaire. Rien que la scène avec sa soeur possédait déjà une certaine ambiguïté. Certes, les deux adolescents faisaient des choses inavouables, mais la façon dont elles étaient montrées nous laissait plus l'impression d'un jeu ayant mal tourné à cause d'une curiosité adolescente mal placée, plutôt que d'une véritable déviance. Les conséquences semblaient alors dramatiques et, malgré tout, le spectateur arrivait à éprouver une certaine sympathie pour le personnage (toute proportion gardée, of course^^). Le mec n'était pas un malade, il avait fait quelque chose de mal, le savait, et s'en voulait autant qu'il en voulait à Choi Min-sik d'avoir lancé la rumeur.

Dans le film de Spike Lee, non. Petit précision, l'inceste est différent: ce n'est pas le frère et la soeur, mais le père et ses deux enfants (dont notre antagoniste).
Le personnage de Joe nous est présenté comme un gros con à l'alcoolisme tellement prononcé qu'il en devient risible (non mais sérieux, si le mec s'enfile des flasques de vodka entières à longueur de journée depuis l'adolescence, il devrait être mort depuis longtemps :P) et la rumeur qu'il répand n'est absolument pas le fruit du hasard, mais bien l'oeuvre d'un sale type qui cherche à nuire à autrui.
Quant à son némésis, point de salut non plus, puisque l'inceste est bel et bien avéré (montré de manière frontale), mais, qui plus est, il est assumé jusqu'au ridicule (le mec accueille son père avec un sourire béat tout en déboutonnant son pantalon!)
Nos deux personnages principaux ne trouvent donc jamais grâce aux yeux du spectateur: l'un est un connard fini et l'autre un grand malade à la déviance répugnante. Aucune sympathie ne se dégage d'eux et on en vient presque à se dire qu'ils ont bien mérité ce qui leur arrive!

Quant à la toute fin et au fait que Joe retourne vivre dans sa cellule avec un sourire aux lèvres, elle tient plus d'une idée choc de la part du scénariste que d'autre chose.