Sekiro (1/8)

Il est particulièrement étrange et courageux de voir s'opérer un changement aussi radical au sein d'une recette qui fonctionnait à la perfection. La prise de risque de FromSoftware est gigantesque, le mythe Soulsien tellement bien huilé pourrait très bien sortir écorné de l'entreprise Sekiro. À tel point qu'on se demande ce qui a pu motiver cette décision puisque les mécanismes de ces jeux n'étaient pas à bout de souffle, mais nécessitaient peut-être une simple variation d'ambiance voir d'univers.
D'après ce qui a été aperçu dans ce premier live, quelques scories ont une fâcheuse tendance à oblitérer l'œuvre de son plein potentiel. C'est le cas du pathfinding des mobs pour l'instant assez décevant (et leur IA accessoirement) ainsi que le système de backstab (frontal :p) ultra létal favorisé par la "désaggro" des adversaire (mais tout de même intelligemment palliée par la régénération totale des plus gros). Il faut dire que c'était le prix logique à payer pour repenser la combine vieille d'une dizaine d'années. La nervosité des combats et la vivacité des déplacements s'imputent sur les traditionnelles zones-arènes bien délimitées d'antan. Ici, plus possible de s'appuyer sur la linéarité pour imposer des affrontements ardus puisque le style de jeu et bien plus souple. Et c'est bien ce qui détonne le plus. La possibilité offerte par le grappin tranche les derniers liens avec le passé pour laisser place à une jouabilité bien plus légère. Dénuée du corset de jadis, l'étrange symbiose mêlant l'ancien système et le nouveau, plus beat them all, prend son envol et il faut souligner sa réussite formelle. L'écrin n'est techniquement pas un soufflet mais toute sa dimension artistique semble faire foi dans cette merveille nippone de la Renaissance. Le renvoi aux origines du studio fait feu de tout bois comme l'avait déjà expérimenté Nintendo dans le cachet esthétique de plusieurs grosses productions. Que de magnifiques temples enflammés, haies de bambous ou environnements enneigés, qui font oublier les quelques imperfections techniques et cimentent le tout dans une atmosphère retentissante, jusqu'aux sonorités instrumentales parfaitement choisies.
Il sera surtout intriguant d'analyser si le rouage hardcore assumé du jeu va prendre jusqu'au bout (ce qui serait brillant), notamment en ce qui concerne les boss.
Pour l'instant plein de promesses, Sekiro marque principalement par la volonté de renouvellement flagrante de son cadre ludique, voir même par sa vocation de bousculer ses propres codes tout en restant fidèle à son ADN.
Et il faut dire que voir le Hooper aux commandes de ce mystérieux jeu pourrait bien nous faire pousser des ailes. Il a, en effet, tellement maîtrisé les anciens projets de FromSoftware qu'il est parfaitement légitime d'exprimer que sa gestion des œuvre Soulsiennes et Bloodbornales comptent parmi ses plus grandes réussites de skill pur. Le savoir se frotter à une bête sophistiquée réputée pour piquer encore plus promet un combat de titan proprement délectable.