Resident Evil Revelations 2 (9/9)

Le RER 2 en direction vers léthargie land est arrivé en gare de loul ouest.
Bon, le verdict est en effet en deçà de ce que l'on aurait pu espérer à première vue, pendant les premières heures de jeu. Mais ce n'est certainement pas un mauvais jeu de manière purement objective. On est dans du moyen moins.
Ce qui étonne le plus avec ce titre semble être la prise de conscience de Gagcom que le non sens nanardesquo-WTF arrive peu à peu à son gros terme après près de 20 ans. Et c'est ce qui fait toute la différence avec le RER 1, qui paraissait être dissimulé par la réputation de la 3DS qui offre traditionnellement évidemment de moins "gros" jeux que sur la PS par exemple.
Tout le côté, rythme de ouf avec des cinématiques WTF est annihilé, tout comme les personnages bidons et leurs dialogues ridicules (presque !), l'ambiance quasi "chaleureuse" d'un scénario incompréhensible et ses décors un peu bon enfant et classiques (le manoir, c'est ça ? :p). Ici, table rase de tout cela et réalise en ce sens, LE vrai reboot de la saga, caché derrière RE7, qui ne fait que continuer cette lancée.
Quelque chose de très intéressant à noter (on l'avait déjà tous relevé mais bon !), c'est l'exécration qu'a le Gros Ours pour les environnements dégueus, rouillés, moisis, pourris, style l'usine désaffectée, la mine, la grotte, le sous-sol, la station d'épuration, et finalement la nuit oppressante... En effet, ça ne flatte pas la rétine tout ça ! Mais quand même, conditionner la qualité d'un jeu pour son ambiance souhaitée est un poil fort de café. Certes, le JV est bien plus beau et sympa à jouer quand il s'insère dans une logique conventionnelle de paysages bucoliques et fantastiques (à la Trine tiens !). Mais ici, le jeu proposé est bien plus brut, organique, où l'on cerne de près le dernier degré de planète. C'est loin d'être mauvais, bien au contraire, l'ambiance de malaise est circonscrite exprès par les dèvs pour que les joueurs ressentent presque une sorte de mal être ! Enfin, voyons, on ne joue pas à Flower quand on lance un survival horror, à moins qu'un nouveau concept à la Bioshock émane d'on ne sait où, mais ça doit rester très rare. Cette atmosphère est réussie ! Pas de doute là-dessus. Quand il est question de jeux plus originaux, oui, ça aurait pu devenir un défaut, mais ici, c'est presque l'inverse. Instaurer une atmosphère immonde en sachant que les gens vont d'emblée être débectés, reste un tour de force (le jeu est "strict"), il faut personnellement faire abstraction de tout cela et l'analyser comme catalyseur horrifique bien emmené même si, revers de la médaille oblige, c'est d'une non originalité à toute épreuve ! Dans la sphère cinématographique, c'est comme si l'on taxait un certain Prisoners (monumental Denis Villeneuve) de mauvais parce que l'ambiance est triste, poisseuse et désolée alors qu'on est proche de la perfection. Avec ledit jeu, on est dans l'antithèse étonnante de RER 1 (la combine est radicalement changée mais reste similaire dans les grandes lignes). Du coup, il est moins facile de se réfugier derrières des personnages volontairement grotesques pour se "protéger" d'une horreur intestine et malsaine. Ce n'est donc pas si étonnant que l'Ours ai préféré comme par académisme le RER premier du nom (bien qu'au même niveau que le RER 2, en gros, avec tous ses défauts évacués bien que d'autres inhérents au niveau type de gameplay aient popé). Évidemment, ne comparons pas ce métrage avec ce jeu peu inspiré ! Du coup, ce direct live a été un peu moins hilarant que les autres ! En espérant que Hooper se soit remis de cette mauvaise passe ! Le Gros Ours attrape la crève en live et fout sa doudoune, ça tourne mal + explications :p
La petite catastrophe vient du rythme du jeu. En temps normal, le rythme est un critère vraiment simpliste pour critiquer une oeuvre, mais là, et le Hoopy a bien vu juste, il s'agit d'un type de jeu dont le sel est relatif à l'angoisse (qui existe pas mal ici, c'est globalement réussi) et à un gameplay au service des nombreuses énigmes et combats tendus du fion. Bah là c'est raté ! Du coup, on a la drôle d'impression, non content de ne pas jouer à un RE, de jouer au tout venant du style horrifique (un TLOU du pauvre), mais pas que (ça a un faux air d'Uncharted 4, oui, oui !). Du coup, ce jeu est le fils caché de The Last of Us et de The Evil Within qui semblent être les principales sources de pompage... Euh, d'inspiration pardon ! Et ce, avec tous leurs défauts (surtout) et leurs qualités. C'est infiniment dommage car il y a des séquences vachement réussies, tout le chapitre 3 avec Claire et ses énigmes à la chaîne combiné à des séquences rythmées et stressantes et le meilleur combat du jeu Bien que Notre Gourou ai zappé une "grande" énigme sur des tombes pour on ne sait pas quoi ! Le problème vient surtout des phases de Barry quoi sont un peu maladroites. Ses niveaux concernent ainsi, plus de désoudage de mobs (le gameplay est ainsi ici, bien réussi) que des énigmes bien trouvées, et pas sûr que ce soit la bonne manipulation pour un RE mais bon. Donc pas de gros problèmes, à part que le gameplay continue d'accumuler les poncifs tragiques du genre à coup de caisses à bouger et de générateurs à allumer. Le coup de l'inventaire relou à gérer est chiant mais est confondu avec ce genre de jeux, c'est en principe un moyen de conditionner le réalisme et les choix, mais ici en effet, peu justifié car on finit tôt ou tard par tout chopper ! Les "mini jeux" pour ouvrir les coffres ont l'air relou, mais ne sont pas si nazouille que ça. Ils créent un nouveau système efficace et tendu, ça passe encore. La coop entre les binômes est assez sympa avec le bourrin et ses armes d'un côté et le plus modéré et "furtif" de l'autre. De ce fait, des petits et sympathiques embryons d'énigmettes émergent. Dans la continuité de ce "renouveau" mortifère du genre, la quasi absence de musique ne perturbe absolument pas les phases de jeu et est même assez pertinente. Mais quand on entend les thèmes du jeu, on en vient à les regretter amèrement. Par exemple celles des boss et surtout celle de la phase avec
Ce jeu est loin d'être une bouse, mais ce virage léthargique à 360° pour la saga, inattendu de part son caractère épuré (il y a peu de boss, de décors, de musiques, de cinématiques, de verbiage, de combats, de joie...) est loin d'être pertinent et on préférera l'idée du RE7 qui en plus de la simplicité de rester fidèle aux racines de la saga, propose un contenu plus en adéquation avec ce genre de jeux. On déplore aussi le manque de challenge, même si certaines phases et mobs sont bien corsés et est bien plus admirable que pour RER 1 (au niveau des munitions surtout), ainsi qu'un bestiaire peu varié (mais ça devient habituel) quoi que coriace et avec un chara design évolutif (on passe de zombies lambda à des monstres Aranéides intéressants, car chauds à viser et à combattre). Rappelons quand même que ce titre comportant 4 épisodes est assez long dans l'ensemble et ne coûtait à la base qu'une vingtaine de boules. C'est très peu cher payé, on peut le dire, pour un jeu dont le leitmotiv est une trouvaille : traverser deux fois les mêmes environnements avec des changements temporels, atmosphériques, dans le level design autant que dans la façon d'appréhender le niveau tout comme ceux effectués par le joueur lui même. Le problème c'est que cet effet papillon n'est qu'en partie un succès, la faute venant de l'incurie avec laquelle Capcom a retravaillé les niveaux et le peu de choses qui changent au final, même si, en somme, on ne retrace quand même pas l'intégralité du même niveau une seconde fois, mais juste partiellement. Dommage, c'était une vraie bonne idée. Mais bon, est-il nécessaire de mettre en exergue le prix du jeu qui est celui d'un DLC, tout comme le Monster of the Deep (répétitivité du bordel ?) d'un certain FF15 dont le Hooper a acquis ce "survival" pour un prix 3 fois moindre au DLC mercantile de Square Enix ?
Il n'est, il me semble, pas nécessaire de caractériser de fondamentalement puéril, les comportements, du Chaton et autres, qui consistent à critiquer le Hooper parce qu'il ose dire ce qu'il pense. Il a toujours été l'un des rare à transcender la liberté d'expression et pas que dans l'art vidéo-ludique. Ce n'est pas parce que l'on aime ou pas cet Ours qu'on doit l'accabler d'être honnête. On semble enfoncer des portes ouvertes avec ce genre d'affirmations, mais on se rend compte malheureusement que le formatage aseptisé d'une très grande partie de l'opinion publique s'en répandu à une vitesse hallucinante, condamnant aux bisounours énormément de critiques. Ce que le Hooper fait (et est le seul à ma connaissance à faire) est, non pas de vouloir simplement et avec facilité critiquer les jeux qui ne lui plaisent pas, mais d'exprimer avec spontanéité ce QU'IL ressent et c'est juste magistral. Là est toute la nuance si aisément obscurcie par les discours ô combien malavisés de certains. S'il reste des non convaincus, l’article 10 de la Convention européenne de sauvegarde des Droits de l'homme et des libertés fondamentales, n'attend qu'à être imprimé et intégré par tous les citoyens d'une démocratie. En se comportant de la sorte (on en est à justifier le droit de communiquer. Ubu, Ionesco et Kafka sont fier de nous, n'en doûtez pas.), Hooper rend justice à l'art du jeu vidéo que nous aimons tant (il ne critique pas pour le plaisir hein ?) et à nous tous, seulement pour ceux qui savent où regarder.
Enfin, pour une fois, le scénario est relativement "compréhensible" et, en parlant de ce bon vieux Franz, est artistiquement basé sur la totalité de l'oeuvre de Kafka (cité très justement à de nombreuses reprises dans, comme hors des séquences jouables), et plus particulièrement, de sa "Métamorphose" (et un gros poil "Le Verdict" ou encore "Le Procès"), belle allégorie et métaphore, filée par Ceci parachève avec justesse la prophétie de ce jeu, réussir à développer un scénario tragi-comique, soit disant ridicule, mais avec, en filigrane, une réelle réflexion sur cette saga, vecteur artistique enfin sincère de ces jeux éternellement superflus, qui, grâce à leur ADN, ont su contaminer et faire muter les genres.