Bien qu'ardent lecteur, je viens de lire et terminer Le Comte de Monte-Cristo pour la première fois (oui oui ^^), et c'était absolument dingue. Il ne démérite pas son titre de classique.
J'ai rarement lu un roman aussi bien rythmé (malgré l'épaisseur), construit, mené et intelligent. Bravo M. Dumas !
Bon maintenant, je m'attaque à la triligie des mousquetaires ! :)
Effectivement Le Comte de Monte-Cristo c'est vraiment très chouette à lire. Pour tous ceux qui veulent lire de la qualité mais qui ne savent pas par où commencer vous pouvez vous diriger sur Dumas. C'est en général des gros pavés mais c'est tellement bien construit et si joliment écrit que vous tournez les pages sans vous en rendre compte.
Pour la trilogie des mousquetaires, mon préféré c'est Vingt ans après. Pour moi, c'est le meilleur de la série. Avec des images absolument magnifiques, une tension de dingue même quand on connait la réalité historique, des scènes du très grande intensité, de la bagarre, de l'amour, des complots, des personnages plus fous les uns que les autres, de la vraie camaraderie, le cardinal de Richelieu, le style de Dumas qui arrivent à magnifier tout ce qu'il décrit... bref, que du bon.
Si vous hésitez encore, n'hésitez plus !
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
Je relis les Essais de Montaigne, j'en avais lu un petit tiers mais en discontinu et pas dans cette belle traduction (dite "bordelaise"). Eh bien, c'est passionnant, tous ces avis de l'auteur sur bien des aspects de la vie. Il en réfère très souvent aux antiques, ce qui est logique, puisque c'est le premier grand auteur Français (on oublie Rabelais, la vache...) et que le Moyen-Age fut plutôt pauvre pour la littérature d'Europe de l'Ouest. Le tout a 450 ans et ne se démodera jamais.
J'ai fini il y a une semaine de cela Le Chevalier de Maison-Rouge d'Alexandre Dumas.
L'histoire se consacre aux derniers mois de Marie-Antoinette. Louis XVI a déjà été exécuté ; Marie-Antoinette attend son tour... C'est sans compter sur la persévérance du chevalier de Maison-Rouge qui tentera par tous les moyens de faire évader sa reine. Dans cette entreprise, il ne sera pas seul puisque le bourgeois Dixmer, en apparence inoffensif, prêtera son assistance. Sa femme, la pure Geneviève Dixmer, sera également de la partie.
Mais, parce qu'il y a un grand mais dans cette histoire, Geneviève tombera amoureuse de Maurice Lindey, l'un des plus fervents républicains héroïques ayant pour charge de garder la reine. Cet amour, impossible, vous le comprenez bien, amènera des situations de plus en plus inconfortables pour la belle dame qui se verra encouragée par son mari à séduire le jeune homme afin d'avoir accès à la reine. L'Histoire étant l'Histoire, vous savez qu'elle sera l'avenir de Marie-Antoinette, amenée à la guillotine. Mais, et c'est le génie de Dumas, le lecteur, en connaissant la réalité historique, est tout de même saisi par le déroulement de l'action. Il tourne les pages sans s'en rendre compte et, lorsqu'il finit un chapitre, commence sans plus tarder le suivant, et ainsi jusqu'à la fin.
J'ai, je dois bien le reconnaître, eu un peu de mal avec la première partie. Cela fut sans doute causé par plusieurs facteurs : je n'aime pas trop le contexte révolutionnaire, je n'aime pas trop les histoires d'aaaamour impossible qui sont, en ce qui me concerne, des fadaises ridicules. Comme il paraît que je n'ai pas de cœur (dixit ma femme), il ne faut pas en tenir rigueur au roman. Dont acte !
La deuxième partie est à mon sens bien plus représentative du meilleur de Dumas. L'action et le suspense sont au rendez-vous. Tout s'enchaîne à un rythme effréné. Le lecteur n'a pas le temps de s'interroger ; il ne peut que suivre l'action et prier pour les héros afin qu'ils s'en sortent. Les images sont également poignantes. Lorsque la reine est dans son cachot, nous y sommes également ; lorsqu'elle monte sur l'échafaud, nous montons avec elle et nous ne pouvons nous empêcher de frissonner lorsque le couperet tombe... De très belles peintures donc que celles que nous expose Dumas.
Concernant la fin, je ne sais que penser en vérité. Je dirais qu'elle vire quasi au burlesque même si elle se veut tragique. Trop de mise en scène, trop d'acteurs héroïques, trop de caricatures (qui n'en sont pas toujours malheureusement). Mais je ne peux dire si j'aime ou je n'aime pas. Je trouve que c'est aussi raté que cela se veut réussi.
Il reste tout de même un élément qui m'a de temps en temps fait souffler : la manie qu'à l'auteur d'asséner des phrases se voulant forte et grande alors qu'elles ne sont que des affirmations gratuites et vides de sens. Un exemple parmi d'autres lorsqu'il parle de Marie-Antoinette : "Reine, c'est une grande coupable ; femme, c'est une âme digne et grande". Ce n'est que du détail au fond et cela n'embêtera certainement pas la majorité.
Un petit extrait pour finir :
Citation:
La reine descendit avec précaution les trois degrés du marchepied ; elle était soutenue par Sanson qui, jusqu'au dernier moment, tout en accomplissant la tâche à laquelle il semblait lui-même condamné, lui témoigna les plus grands intérêts.
Pendant qu'elle marchait vers les degrés de l'échafaud, quelques chevaux se cabrèrent, quelques gardes à pied, quelques soldats, semblèrent osciller et perdre l'équilibre ; puis, on vit comme un ombre se glisser sous l'échafaud, mais le calme se rétablit presque à l'instant même, personne ne voulait quitter sa place dans ce moment solennel, personne ne voulait perdre le moindre détail du grand drame qui allait s'accomplir ; tous les yeux se reportèrent vers la condamnée.
La reine était déjà sur la plate-forme de l'échafaud. Le prêtre lui parlait toujours ; un aide la poussait doucement par derrière ; un autre dénouait le fichu qui couvrait ses épaules.
Marie-Antoinette sentit cette main infâme qui effleurait son cou, elle fit un brusque mouvement et marcha sur le pied de Sanson, qui, sans qu'elle le vît, était occupé à l'attacher à la planche fatale.
Sanson retira son pied.
— Excusez-moi, monsieur, dit la reine, je ne l'ai point fait exprès.
Ce furent les dernières paroles que prononça la fille des Césars, la reine de France, la veuve de Louis XVI.
Le quart après midi sonna à l'horloge des Tuileries ; en même temps que lui Marie-Antoinette tombait dans l'éternité.
Bonne lecture !
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
J'avais posté ça il y a très longtemps sur le topic de littérature japonaise. Deux livres que j'avais pas mal appréciés je dois dire. Je mets le tout ici pour ceux qui seraient intéressés.
Le premier :
Le Maître ou le Tournoi de Go de Yasunari Kawabata raconte l'histoire d'un journaliste japonais — qui n'est autre que Kawabata lui-même —couvrant le dernier tournoi (1938) d'un des plus grands maîtres japonais du jeu de Go : Hon'inbo Shusai.
Par ce court roman, Kawabata mets face à face deux mondes : le Japon féodal et le Japon moderne ; celui-ci détruisant celui-là. Le maître, présenté comme un vieillard malade et grincheux joue face à un jeune maître représentant le monde nouveau censé remplacer l'ancien. Plus qu'un simple récit autour du jeu de Go, le livre raconte l'histoire d'un vieux lion invaincu menant son dernier combat...
Même si le tournoi se veut cordial, la tension qui y règne est bien palpable. Les personnes assistant à ce fameux tournois sont les témoins de la fin d'un monde et de la chute d'un de ses derniers géants.
La méconnaissance du Go n'est pas un problème pour comprendre le roman car Kawabata, amateur lui-même du jeu, explique les coups et les tactiques échangées. Il réussit de même à transformer ce simple jeu en une lutte à mort entre un titan et un dieu.
Le deuxième :
La déchéance d'un homme, de Dazai Osamu, raconte la vie d'un homme un peu étrange du nom de Yôzô.
Le narrateur, en voyage dans le département Chiba, rencontre une tenancière d'un bistrot qu'il avait côtoyée pas moins de 10 ans plus tôt à Tokyo. Cette dernière lui remet le journal intime d'un jeune homme — le fameux Yôzô — en lui proposant d'en faire un roman.
Yôzô est fils de bonne famille mais d'une certaine originalité psychologique. Tout petit déjà, le garçon souffre de troubles psychiques. S'il fait montre de bouffonneries à l'extérieur pour tromper son monde, il est en réalité neurasthénique et peu conscient des réalités qui l'entourent.
Arrivé à l'âge adulte, son état empire. Il se complaît dans la débauche et le stupre, fréquentant prostituées et sombrant dans l'alcoolisme. Ayant eu un temps l'espoir de pouvoir devenir un grand artiste, l'homme ne parviendra pas même à vivre une vie normale ou encore équilibrée.
La seule fin possible est la mort, seule solution acceptable pour ce raté...
Ce que Dazai propose est une entrée dans le cerveau d'un homme malade et déséquilibré — Dazai lui-même — qui ne trouve aucun remède au mal qui le ronge à petit feu. L'œuvre oscille entre les délires et les quelques moments de clairvoyance de l'auteur tentant vainement de trouver une explication à son état d'esprit morbide et quasi suicidaire. Si le héros tente à plusieurs reprises de se séparer de ses compagnons d'infortune, il est toujours rattrapé par ceux-ci et, faute de volonté, se laisse entraîner de plus en plus profondément dans les bas-fonds de la société japonaise.
Ce ne sont pas des romans alors je ne sais pas si ça compte, mais je me bouffe des bouquins sur l'architecture médiévale en ce moment, en vue de mon entrée en master. Architecture castrale, par ailleurs, le bâti religieux j'ai assez donné pendant ma licence ^^.
"[...] Tutu chapeau pointu !
C'était le petit Gavroche qui s'en allait en guerre."
C'est marrant, durant mes années de Bachelor (votre licence en France), j'ai eu quelques cours d'histoire de l'architecture. Le prof' avait pas bonne réputation ; je peux même dire qu'il s'amusait à "torturer" les étudiants pendant les examens. Quand j'étais assistant, pendant ma thèse, je me suis aperçu que sa réputation n'était pas meilleure auprès de ses collègues XD
Mais malgré cette réputation justifiée, ses cours étaient intéressants. Il arrivait à bien mélanger les différentes parties (architecture castrale et religieuse justement). En lisant ton poste, je me suis demandé ce que je préférais... Eh ben je peux pas répondre. Je ne suis pas spécialement féru d'architecture mais j'ai bien aimé ses cours que je trouvais très intéressants. Y a juste pendant les examens qu'il pouvait effectivement se conduire comme un connard.
D'ailleurs, pourquoi ne pas faire un topic sur l'architecture ? Ça pourrait sans doute intéresser des gens...
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
J'ai moi aussi eu un professeur particulièrement exigeant en architecture médiévale, bon il se comportait pas comme un connard mais il pouvait être très dur. Mais néanmoins c'est lui qui m'a donné envie de poursuivre dans cette voix.
Tiens moi en terme de préférence je dirais que je trouve le bâti religieux globalement plus majestueux et au final plus "wouahou" mais je ressens plus le poids de l'histoire dans un château..bon allez, bâti religieux, les cathédrales ça me fait vraiment trop vibrer x)
Par ailleurs, en terme de parti architectural je suis bien plus sensible à l'art roman que gothique.
Citation:
D'ailleurs, pourquoi ne pas faire un topic sur l'architecture ? Ça pourrait sans doute intéresser des gens...
Oui en effet, j'ai jamais créer de topic je pourrais m'y coller un de ces quatre, sauf si quelqu'un d'autre veut s'en occuper bien sûr, à voir :)
"[...] Tutu chapeau pointu !
C'était le petit Gavroche qui s'en allait en guerre."
Tiens moi en terme de préférence je dirais que je trouve le bâti religieux globalement plus majestueux et au final plus "wouahou" mais je ressens plus le poids de l'histoire dans un château..bon allez, bâti religieux, les cathédrales ça me fait vraiment trop vibrer x)
Par ailleurs, en terme de parti architectural je suis bien plus sensible à l'art roman que gothique.
Ce que j'ai bien aimé dans la partie castrale, c'est tout le contexte autour. Les explications comme quoi on a l'esprit pollué par tout l'imaginaire romantique. En gros, c'est le fait de démystifier le tout que j'ai vraiment aimé. C'est bête à dire mais la réalité est plus belle pour moi que toutes les images fantasmées qu'on peut avoir.
Niveau architecture religieuse, ce que j'aime dans le gothique c'est la démesure. J'aime voir jusqu'où on a été pour pousser les limites, les solutions qu'on a mises en place, les tours de passe-passe parfois. Aussi, savoir que les églises étaient colorées, rien que ça, c'est génial. Je donnerais n'importe quoi pour pouvoir revenir dans le passé et voir ça. Je me souviens qu'il y a quelques années à Strasbourg, la ville avait organisé un spectacle son et lumière pour rendre ses couleurs à la cathédrale justement.
Baggy_le_clown a écrit:
J'ai moi aussi eu un professeur particulièrement exigeant en architecture médiévale, bon il se comportait pas comme un connard mais il pouvait être très dur. Mais néanmoins c'est lui qui m'a donné envie de poursuivre dans cette voix.
À la fin de mes bacs, pour le master donc, j'ai eu quelques profs qui ont tenté de me séduire ^^ Chacun me voulait dans sa filière. De mémoire, y avait : archéologie grecque ; préhistoire ; peinture Pays-Bas méridionaux et Musique évidemment. Le prof' de préhistoire a été à deux doigts de me convaincre. Faut dire qu'il avait des arguments. C'était pendant mon examen (examen oral), après avoir vérifié que je connaissais le cours, il a commencé à me poser des questions sur le coup de l'année précédente. Je m'en suis bien sorti et à la fin de l'examen, il a commencé à me démarcher. Tous les profs savaient que je voulais faire de la musico (en gros on était deux en histoire de l'art à vouloir basculer en musicologie. L'idée est que de mon temps, on n'avait pas de majeur en licence pour la musico. Pour en faire en master, on passait par les cours à option qui étaient nombreux tout de même). Bref, le prof a essayé de me convaincre en me vendant les fouilles qu'il allait faire à l'île de Pâques et sur le fait qu'il avait lui aussi hésité entre la préhistoire et la musicologie quand il était étudiant. J'ai réfléchi deux-trois minutes puis je lui ai répondu que je ne pouvais pas accepter sa proposition car si je choisissais la préhistoire, je le ferais pour une mauvaise raison : seulement pour sa personne ^^
Ce que j'ai bien aimé dans la partie castrale, c'est tout le contexte autour. Les explications comme quoi on a l'esprit pollué par tout l'imaginaire romantique. En gros, c'est le fait de démystifier le tout que j'ai vraiment aimé. C'est bête à dire mais la réalité est plus belle pour moi que toutes les images fantasmées qu'on peut avoir.
Exactement, je me régale à lire les sources écrites sur le quotidiens des châtelains, le contexte et le déroulé de la construction, comment se passait les sièges des châteaux, etc. Il y a beaucoup de clichés à briser en ce qui concerne les châteaux et plus globalement le Moyen Âge, et la vérité (en tous cas ce que l'on peut tirer des sources) est vraiment passionnante.
Citation:
Niveau architecture religieuse, ce que j'aime dans le gothique c'est la démesure. J'aime voir jusqu'où on a été pour pousser les limites, les solutions qu'on a mises en place, les tours de passe-passe parfois. Aussi, savoir que les églises étaient colorées, rien que ça, c'est génial. Je donnerais n'importe quoi pour pouvoir revenir dans le passé et voir ça. Je me souviens qu'il y a quelques années à Strasbourg, la ville avait organisé un spectacle son et lumière pour rendre ses couleurs à la cathédrale justement.
Le gothique est spectaculaire par sa démesure en effet, et puis par cette multiplication des éléments de détails, tantôt purement décoratifs, tantôt fonctionnels. Le gothique, c'est du "toujours plus près des cieux" et ça c'est impressionnant. Mais je trouve en l'art Roman une sorte d'ambiance très pieuse, très apaisante, parfois faussement sobre et épurée comme chez les Cisterciens par exemple. Le gothique a tendance à m'overdoser de stimuli visuels x)
En ce qui concerne les édifices colorés, ça m'a toujours semblé tellement fou de se dire que des cathédrales pouvaient être couvertes de rouge, de vert, etc. C'est dingue quand même, de véritables édifices clownesques xD
Citation:
J'ai réfléchi deux-trois minutes puis je lui ai répondu que je ne pouvais pas accepter sa proposition car si je choisissais la préhistoire, je le ferais pour une mauvaise raison : seulement pour sa personne ^^
Une anecdote sympa, les fouilles sur l'Île de Pâques c'est un argument très costaud par ailleurs ^^
Bien qu'ardent lecteur, je viens de lire et terminer Le Comte de Monte-Cristo pour la première fois (oui oui ^^), et c'était absolument dingue. Il ne démérite pas son titre de classique.
J'ai rarement lu un roman aussi bien rythmé (malgré l'épaisseur), construit, mené et intelligent. Bravo M. Dumas !
Bon maintenant, je m'attaque à la triligie des mousquetaires ! :)
Effectivement Le Comte de Monte-Cristo c'est vraiment très chouette à lire. Pour tous ceux qui veulent lire de la qualité mais qui ne savent pas par où commencer vous pouvez vous diriger sur Dumas. C'est en général des gros pavés mais c'est tellement bien construit et si joliment écrit que vous tournez les pages sans vous en rendre compte.
Pour la trilogie des mousquetaires, mon préféré c'est Vingt ans après. Pour moi, c'est le meilleur de la série. Avec des images absolument magnifiques, une tension de dingue même quand on connait la réalité historique, des scènes du très grande intensité, de la bagarre, de l'amour, des complots, des personnages plus fous les uns que les autres, de la vraie camaraderie, le cardinal de Richelieu, le style de Dumas qui arrivent à magnifier tout ce qu'il décrit... bref, que du bon.
Si vous hésitez encore, n'hésitez plus !
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
Je relis les Essais de Montaigne, j'en avais lu un petit tiers mais en discontinu et pas dans cette belle traduction (dite "bordelaise"). Eh bien, c'est passionnant, tous ces avis de l'auteur sur bien des aspects de la vie. Il en réfère très souvent aux antiques, ce qui est logique, puisque c'est le premier grand auteur Français (on oublie Rabelais, la vache...) et que le Moyen-Age fut plutôt pauvre pour la littérature d'Europe de l'Ouest. Le tout a 450 ans et ne se démodera jamais.
J'ai fini il y a une semaine de cela Le Chevalier de Maison-Rouge d'Alexandre Dumas.
L'histoire se consacre aux derniers mois de Marie-Antoinette. Louis XVI a déjà été exécuté ; Marie-Antoinette attend son tour... C'est sans compter sur la persévérance du chevalier de Maison-Rouge qui tentera par tous les moyens de faire évader sa reine. Dans cette entreprise, il ne sera pas seul puisque le bourgeois Dixmer, en apparence inoffensif, prêtera son assistance. Sa femme, la pure Geneviève Dixmer, sera également de la partie.
Mais, parce qu'il y a un grand mais dans cette histoire, Geneviève tombera amoureuse de Maurice Lindey, l'un des plus fervents républicains héroïques ayant pour charge de garder la reine. Cet amour, impossible, vous le comprenez bien, amènera des situations de plus en plus inconfortables pour la belle dame qui se verra encouragée par son mari à séduire le jeune homme afin d'avoir accès à la reine. L'Histoire étant l'Histoire, vous savez qu'elle sera l'avenir de Marie-Antoinette, amenée à la guillotine. Mais, et c'est le génie de Dumas, le lecteur, en connaissant la réalité historique, est tout de même saisi par le déroulement de l'action. Il tourne les pages sans s'en rendre compte et, lorsqu'il finit un chapitre, commence sans plus tarder le suivant, et ainsi jusqu'à la fin.
J'ai, je dois bien le reconnaître, eu un peu de mal avec la première partie. Cela fut sans doute causé par plusieurs facteurs : je n'aime pas trop le contexte révolutionnaire, je n'aime pas trop les histoires d'aaaamour impossible qui sont, en ce qui me concerne, des fadaises ridicules. Comme il paraît que je n'ai pas de cœur (dixit ma femme), il ne faut pas en tenir rigueur au roman. Dont acte !
La deuxième partie est à mon sens bien plus représentative du meilleur de Dumas. L'action et le suspense sont au rendez-vous. Tout s'enchaîne à un rythme effréné. Le lecteur n'a pas le temps de s'interroger ; il ne peut que suivre l'action et prier pour les héros afin qu'ils s'en sortent. Les images sont également poignantes. Lorsque la reine est dans son cachot, nous y sommes également ; lorsqu'elle monte sur l'échafaud, nous montons avec elle et nous ne pouvons nous empêcher de frissonner lorsque le couperet tombe... De très belles peintures donc que celles que nous expose Dumas.
Concernant la fin, je ne sais que penser en vérité. Je dirais qu'elle vire quasi au burlesque même si elle se veut tragique. Trop de mise en scène, trop d'acteurs héroïques, trop de caricatures (qui n'en sont pas toujours malheureusement). Mais je ne peux dire si j'aime ou je n'aime pas. Je trouve que c'est aussi raté que cela se veut réussi.
Il reste tout de même un élément qui m'a de temps en temps fait souffler : la manie qu'à l'auteur d'asséner des phrases se voulant forte et grande alors qu'elles ne sont que des affirmations gratuites et vides de sens. Un exemple parmi d'autres lorsqu'il parle de Marie-Antoinette : "Reine, c'est une grande coupable ; femme, c'est une âme digne et grande". Ce n'est que du détail au fond et cela n'embêtera certainement pas la majorité.
Un petit extrait pour finir :
Bonne lecture !
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
J'avais posté ça il y a très longtemps sur le topic de littérature japonaise. Deux livres que j'avais pas mal appréciés je dois dire. Je mets le tout ici pour ceux qui seraient intéressés.
Le premier :
Le Maître ou le Tournoi de Go de Yasunari Kawabata raconte l'histoire d'un journaliste japonais — qui n'est autre que Kawabata lui-même —couvrant le dernier tournoi (1938) d'un des plus grands maîtres japonais du jeu de Go : Hon'inbo Shusai.
Par ce court roman, Kawabata mets face à face deux mondes : le Japon féodal et le Japon moderne ; celui-ci détruisant celui-là. Le maître, présenté comme un vieillard malade et grincheux joue face à un jeune maître représentant le monde nouveau censé remplacer l'ancien. Plus qu'un simple récit autour du jeu de Go, le livre raconte l'histoire d'un vieux lion invaincu menant son dernier combat...
Même si le tournoi se veut cordial, la tension qui y règne est bien palpable. Les personnes assistant à ce fameux tournois sont les témoins de la fin d'un monde et de la chute d'un de ses derniers géants.
La méconnaissance du Go n'est pas un problème pour comprendre le roman car Kawabata, amateur lui-même du jeu, explique les coups et les tactiques échangées. Il réussit de même à transformer ce simple jeu en une lutte à mort entre un titan et un dieu.
Le deuxième :
La déchéance d'un homme, de Dazai Osamu, raconte la vie d'un homme un peu étrange du nom de Yôzô.
Le narrateur, en voyage dans le département Chiba, rencontre une tenancière d'un bistrot qu'il avait côtoyée pas moins de 10 ans plus tôt à Tokyo. Cette dernière lui remet le journal intime d'un jeune homme — le fameux Yôzô — en lui proposant d'en faire un roman.
Yôzô est fils de bonne famille mais d'une certaine originalité psychologique. Tout petit déjà, le garçon souffre de troubles psychiques. S'il fait montre de bouffonneries à l'extérieur pour tromper son monde, il est en réalité neurasthénique et peu conscient des réalités qui l'entourent.
Arrivé à l'âge adulte, son état empire. Il se complaît dans la débauche et le stupre, fréquentant prostituées et sombrant dans l'alcoolisme. Ayant eu un temps l'espoir de pouvoir devenir un grand artiste, l'homme ne parviendra pas même à vivre une vie normale ou encore équilibrée.
La seule fin possible est la mort, seule solution acceptable pour ce raté...
Ce que Dazai propose est une entrée dans le cerveau d'un homme malade et déséquilibré — Dazai lui-même — qui ne trouve aucun remède au mal qui le ronge à petit feu. L'œuvre oscille entre les délires et les quelques moments de clairvoyance de l'auteur tentant vainement de trouver une explication à son état d'esprit morbide et quasi suicidaire. Si le héros tente à plusieurs reprises de se séparer de ses compagnons d'infortune, il est toujours rattrapé par ceux-ci et, faute de volonté, se laisse entraîner de plus en plus profondément dans les bas-fonds de la société japonaise.
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
Ce ne sont pas des romans alors je ne sais pas si ça compte, mais je me bouffe des bouquins sur l'architecture médiévale en ce moment, en vue de mon entrée en master. Architecture castrale, par ailleurs, le bâti religieux j'ai assez donné pendant ma licence ^^.
"[...] Tutu chapeau pointu !
C'était le petit Gavroche qui s'en allait en guerre."
Ça compte évidemment ^^
C'est marrant, durant mes années de Bachelor (votre licence en France), j'ai eu quelques cours d'histoire de l'architecture. Le prof' avait pas bonne réputation ; je peux même dire qu'il s'amusait à "torturer" les étudiants pendant les examens. Quand j'étais assistant, pendant ma thèse, je me suis aperçu que sa réputation n'était pas meilleure auprès de ses collègues XD
Mais malgré cette réputation justifiée, ses cours étaient intéressants. Il arrivait à bien mélanger les différentes parties (architecture castrale et religieuse justement). En lisant ton poste, je me suis demandé ce que je préférais... Eh ben je peux pas répondre. Je ne suis pas spécialement féru d'architecture mais j'ai bien aimé ses cours que je trouvais très intéressants. Y a juste pendant les examens qu'il pouvait effectivement se conduire comme un connard.
D'ailleurs, pourquoi ne pas faire un topic sur l'architecture ? Ça pourrait sans doute intéresser des gens...
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
J'ai moi aussi eu un professeur particulièrement exigeant en architecture médiévale, bon il se comportait pas comme un connard mais il pouvait être très dur. Mais néanmoins c'est lui qui m'a donné envie de poursuivre dans cette voix.
Tiens moi en terme de préférence je dirais que je trouve le bâti religieux globalement plus majestueux et au final plus "wouahou" mais je ressens plus le poids de l'histoire dans un château..bon allez, bâti religieux, les cathédrales ça me fait vraiment trop vibrer x)
Par ailleurs, en terme de parti architectural je suis bien plus sensible à l'art roman que gothique.
Oui en effet, j'ai jamais créer de topic je pourrais m'y coller un de ces quatre, sauf si quelqu'un d'autre veut s'en occuper bien sûr, à voir :)
"[...] Tutu chapeau pointu !
C'était le petit Gavroche qui s'en allait en guerre."
Ce que j'ai bien aimé dans la partie castrale, c'est tout le contexte autour. Les explications comme quoi on a l'esprit pollué par tout l'imaginaire romantique. En gros, c'est le fait de démystifier le tout que j'ai vraiment aimé. C'est bête à dire mais la réalité est plus belle pour moi que toutes les images fantasmées qu'on peut avoir.
Niveau architecture religieuse, ce que j'aime dans le gothique c'est la démesure. J'aime voir jusqu'où on a été pour pousser les limites, les solutions qu'on a mises en place, les tours de passe-passe parfois. Aussi, savoir que les églises étaient colorées, rien que ça, c'est génial. Je donnerais n'importe quoi pour pouvoir revenir dans le passé et voir ça. Je me souviens qu'il y a quelques années à Strasbourg, la ville avait organisé un spectacle son et lumière pour rendre ses couleurs à la cathédrale justement.
À la fin de mes bacs, pour le master donc, j'ai eu quelques profs qui ont tenté de me séduire ^^ Chacun me voulait dans sa filière. De mémoire, y avait : archéologie grecque ; préhistoire ; peinture Pays-Bas méridionaux et Musique évidemment. Le prof' de préhistoire a été à deux doigts de me convaincre. Faut dire qu'il avait des arguments. C'était pendant mon examen (examen oral), après avoir vérifié que je connaissais le cours, il a commencé à me poser des questions sur le coup de l'année précédente. Je m'en suis bien sorti et à la fin de l'examen, il a commencé à me démarcher. Tous les profs savaient que je voulais faire de la musico (en gros on était deux en histoire de l'art à vouloir basculer en musicologie. L'idée est que de mon temps, on n'avait pas de majeur en licence pour la musico. Pour en faire en master, on passait par les cours à option qui étaient nombreux tout de même). Bref, le prof a essayé de me convaincre en me vendant les fouilles qu'il allait faire à l'île de Pâques et sur le fait qu'il avait lui aussi hésité entre la préhistoire et la musicologie quand il était étudiant. J'ai réfléchi deux-trois minutes puis je lui ai répondu que je ne pouvais pas accepter sa proposition car si je choisissais la préhistoire, je le ferais pour une mauvaise raison : seulement pour sa personne ^^
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
Exactement, je me régale à lire les sources écrites sur le quotidiens des châtelains, le contexte et le déroulé de la construction, comment se passait les sièges des châteaux, etc. Il y a beaucoup de clichés à briser en ce qui concerne les châteaux et plus globalement le Moyen Âge, et la vérité (en tous cas ce que l'on peut tirer des sources) est vraiment passionnante.
Le gothique est spectaculaire par sa démesure en effet, et puis par cette multiplication des éléments de détails, tantôt purement décoratifs, tantôt fonctionnels. Le gothique, c'est du "toujours plus près des cieux" et ça c'est impressionnant. Mais je trouve en l'art Roman une sorte d'ambiance très pieuse, très apaisante, parfois faussement sobre et épurée comme chez les Cisterciens par exemple. Le gothique a tendance à m'overdoser de stimuli visuels x)
En ce qui concerne les édifices colorés, ça m'a toujours semblé tellement fou de se dire que des cathédrales pouvaient être couvertes de rouge, de vert, etc. C'est dingue quand même, de véritables édifices clownesques xD
Une anecdote sympa, les fouilles sur l'Île de Pâques c'est un argument très costaud par ailleurs ^^
"[...] Tutu chapeau pointu !
C'était le petit Gavroche qui s'en allait en guerre."