Je lis en ce moment l'Intégrale 1 des Annales de la Compagnie noire, de Glenn Cook. Il réunit les trois premiers volumes d'un cycle de 9 tomes.
La Compagnie noire est un groupe de mercenaires qui remplit des contrats de çi de-là, comme mater des rébellions. Un jour, ils se retrouvent employés par Volesprit, un Asservi au service de la Dame. Celle-ci mène une guerre contre les fidèles de son ex-époux, le Dominateur, qui tente de revenir d'entre les morts.
Les Annales sont tenues par Toubib, qui est le personnage principal de l'histoire. La majeure partie du temps, c'est donc à travers lui que nous assistons aux événements (de là où en j'en suis pour le moment).
Alors comment dire... C'est un peu long. D'autant plus que les chapitres du premier tome sont interminables. Heureusement l'auteur corrige le tir dès le second tome avec un rythme beaucoup plus digeste.
Ça ne commence vraiment à m'intéresser qu'au milieu de l'intégrale (c'est-à-dire au milieu du second tome). Les portraits des personnages restent volontairement vagues (très peu de descriptions), et je trouve que ça ne contribue pas à s'y attacher. Par contre l'ambiance est travaillée, c'est sombre à souhait. Le lore est intéressant mais encore trop peu développé je trouve, ça va certainement s'étoffer par la suite.
Depuis combien de temps n'ai-je plus rien posté ici ? Trop longtemps.
Pour pallier ce problème, je vous propose un petit bijou de littérature allemande : Le buveur de Hans Fallada (1893-1947).
Tout est dans le titre !
Erwin Sommer est un citoyen modèle ; il est propriétaire d'un magasin de produits agricoles prospère et est marié sans enfant à la belle Magda. Son couple traversant l'épreuve ultime de la banalité plus une série d'échecs sur le plan professionnel, l'amèneront à boire. Faisant connaissance avec l'ivresse et l'oubli trompeurs, il devient progressivement esclave de ce même alcool qui l'emplissait de joie au commencement.
S'enfonçant de plus en plus profondément dans le stupre, Sommer y rencontre des personnages de moins en moins recommandables qui le pousseront, avec l'alcool, à tenter l'irréparable. Son geste le conduira en prison, puis à l'asile... C'est dans cet enfer que Fallada nous livre ses plus belles pages dont voici les dernières qui sont tout simplement sublimes par leur vérité, leur profondeur et leur justesse :
Citation:
Non, je ne veux pas devenir vieux comme les pierres de cette maison des morts, et crever à petit feux, je veux mourir d'une mort comme celle que tous ceux qui sont dehors peuvent avoir : choisir librement. Je suis certain d'être déjà tuberculeux aujourd'hui. J'ai constamment des pointes dans la poitrine et je tousse beaucoup. Mais je ne vais pas consulter le médecin, je dissimule ma maladie ; je veux d'abord être assez malade pour ne plus pouvoir être sauvé. Et puis, lorsque je serai moi aussi allongé dans l'annexe, quand ma dernière heure sera proche, je ferai venir le directeur médical auprès de moi, et je lui dirai : “Monsieur le directeur médical, je vous ai causé beaucoup de soucis et d'embêtements, et vous n'avez jamais pu me pardonner d'avoir dû revenir sur l'expertise que vous aviez déjà rédigée, à cause de moi, suite à quoi votre réputation de psychiatre a beaucoup souffert auprès des tribunaux. Mais maintenant, puisque ma mort est très proche, pardonnez-moi et faites-moi encore une dernière faveur.” Et il fera la paix avec moi parce que je suis un mourant, et il me demandera quelle est la faveur que je lui demande. Et je lui dirai encore : “ Monsieur le directeur médical, allez à l'infirmerie et mélangez-moi de votre main un schnaps avec de l'alcool et de l'eau, juste un verre plein. Non pas un mélange qui me rendrait tout de suite inconscient, et dont je ne profiterais pas, comme à l'époque, mais un qui me rendra heureux.” Et il exaucera mon souhait, et il reviendra à mon chevet, un verre à la main, et je le boirai, après tant d'années d'abstinence je boirai de nouveau, gorgée après gorgée, longuement espacées, savourant pleinement mon infini bonheur. Et je deviendrai à nouveau jeune, et je verrai à nouveau fleurir le monde avec tous ses printemps et toutes ses roses et les jeunes filles de toujours. Une d'entre elles pourtant se présentera à moi, et elle penchera son visage blême au-dessus de moi et je tomberai à genoux devant elle, et ses cheveux sombres m'envelopperont complètement. Son parfum sera tout autour de moi et ses lèvres seront posées sur les miennes, et je ne serai plus vieux et estropié mais jeune et beau, et ma reine de l'alcool me tirera à elle, vers le haut, et nous nous envolerons dans l'ivresse et l'oubli dont on ne se réveille jamais !
Et s'il en est ainsi à l'heure de ma mort, je bénirai ma vie et je n'aurai pas souffert pour rien.
Car en vérité, le destin tragique que n'arrive pas à soutenir ce pauvre Erwin, c'est le nôtre...
Un très beau livre que je vous présente aujourd'hui. Il s'agit de Martin Eden de Jack London.
Martin Eden est un jeune marin qui décide un jour de se cultiver pour plaire à une jolie demoiselle issue de la bourgeoisie : Ruth Morse. Au fur et à mesure de son apprentissage, il se prend de l'idée d'écrire à son tour. Pour réussir dans la vie, il se tue presque littéralement à la tâche en vain... Écrivant texte sur texte, les envoyant à tous les journaux pour publication et rémunération, il se les voit refuser à tour de rôle. Il finira cependant par faire accepter ses textes et connaîtra un énorme succès. Désabusé, il partira pour les îles du Pacifique.
J'ai beaucoup aimé ce roman car, s'il n'est pas exempt de défauts, il a le mérite d'aborder franchement la question de la littérature et du monde littéraire qui ne sont pas forcément liés... On y trouve l'amour de la littérature donc mais pas seulement. En effet, London s'intéresse à la question de la Vérité et à ce que peut ressentir un homme lorsqu'il s'en approche. Martin Eden, au fur et à mesure de son apprentissage, s'éloigne de ses pairs et de ses contemporains à tel point qu'il finit par ne plus pouvoir accepter la médiocrité du monde.
Je vous retranscris ici un des plus beaux passages du livre. Il s'agit de la description que Martin donne à Ruth, sa fiancée, du professeur Caldwell qu'il a rencontré à une soirée organisée dans la maison des parents de sa fiancée et des impressions qui lui restent après cette fameuse soirée :
Citation:
"Oh ! non, non, s'empressa-t-il d'ajouter. Rien de vil ou de vulgaire. Je veux dire qu'il m'apparaît comme un homme qui est allé au fond des choses et qui a eu si peur de ce qu'il a vu qu'il se persuade qu'il n'a jamais rien vu. Ce que je dis là n'est sans doute pas très clair ; je vais le redire autrement. Un homme qui a trouvé le chemin du temple caché, mais ne s'y est pas engagé ; qui a peut-être entr'aperçu le temple et s'est par la suite efforcé de se convaincre que ce n'était qu'un mirage suscité par la végétation. Ou autrement encore : un homme qui aurait pu faire de grandes choses, mais qui n'y trouvait pas d'intérêt, et qui passe son temps à regretter au plus profond de lui-même de ne pas les avoir faites. Un homme qui méprisait secrètement les récompenses qui accompagnent le travail bien fait, et, plus secrètement encore, ne cesse de les désirer, ainsi que la joie qu'on retire de ce labeur."
(...)
Martin retira de cette soirée chez Ruth des idées confuses, des sentiments mêlés. Les personnes qu'il rêvait de rejoindre sur les hautes cimes l'avaient déçu. D'un autre côté, son succès lui était un encouragement. L'ascension avait été plus facile qu'il ne s'y attendait. Il valait mieux que cette ascension, et s'avouait, sans fausse modestie, qu'il était meilleur grimpeur que ceux avec lesquels il avait fait l'escalade, à l'exception, bien sûr, du professeur Caldwell. Il en savait plus qu'eux sur la vie et les livres, et il se demandait sans quelles niches minuscules ils avaient caché leur culture. Il ignorait qu'il était lui-même doté d'une vigueur intellectuelle exceptionnelle, et que les esprits capables de sonder jusqu'à leurs plus extrêmes limites les profondeurs de la pensée ne se rencontrent pas dans les salons du monde des Morse ; il n'imaginait pas non plus que ces esprits-là sont semblables aux aigles solitaires qui planent haut dans l'azur, très loin de la terre où grouillent les foules grégaires.
À tous ceux qui sont des inconditionnels d'Alexandre Dumas et qui se désespèrent d'avoir déjà tout lu de la saga des Mousquetaires, je ne saurais que vous conseiller le D'Artagnan amoureux de Roger Nimier (1925-1962). Écrivain talentueux, chef de file du mouvement des "Hussards", Nimier s'interroge sur le devenir de d'Artagnan suite à ses aventures dans Les Trois Mousquetaires. Cinq ans avant Vingt ans après — qui est, selon moi, le meilleur épisode de la saga —, d'Artagnan serait amoureux d'une jeune fille de 17 ans : Marie Chantal, future marquise de Sévignié. Elle l'aime, mais pas assez. Julie, quant à elle, l'aime trop mais pas bien. Enfin, la dernière, Madeleine, l'aime comme il faut mais ne le dit pas...
Pauvre d'Artagnan qui souhaite en finir une fois pour toute à la bataille de Rocroy. Est-ce un roman d'amour ? Pas seulement. S'il est question d'amour, on retrouve également des pirates, des demoiselles en détresse, des missions secrètes et dangereuses, des duels à l'épée, une machine volante ainsi que des personnages truculents : nos chers mousquetaires — bien que de manière effacée —, le cardinal de Richelieu, Pélisson de Pélissart ou encore Blaise Pascal ; bref, que du beau monde.
C'est un très bon pastiche qui peut faire illusion un certain moment. Mais bon, qu'on ne s'y trompe pas, il n'y a que Dumas qui puisse faire du Dumas ^^
Un petit dialogue entre le cardinal de Richelieu et d'Artagnan pour vous donner le ton :
Citation:
— Avez-vous des attaches à Paris ?
— Son Éminence connaît les relations d'un soldat de fortune : quelques soldats, qui le voient partir comme ils le verraient mourir.
— Pas de femme ?
— Aucune.
— Aucune, c'est beaucoup.
— Aucune signifie des mortes.
Il y eut, entre le ministre et le mousquetaire, comme un frisson. L'ombre cruelle de Milady venait de se glisser dans la pièce.
Le mousquetaire secoua la tête. Le ministre ferma les yeux.
— Quelle force, Monsieur, de vivre sans femmes. Comme vous devez être léger à cheval !
Et le cardinal fit entendre un rire si curieux que d'Artagnan ne put repousser l'image qui se présentait à son esprit : les familiers de Richelieu prétendaient qu'il lui arrivait, dans les heures d'angoisse, de courir autour de son billard en hennissant comme un cheval.
— Considérez-vous comme en congé illimité. Ce congé vient du roi.
— Un congé ?
— Déjà une objection ?
— Pardon, Monseigneur. Mais j'avais cru respirer une assez bonne odeur de poudre du côté de Perpignan.
— Vous aviez cru Perpignan digne de vous, peut-être ?
Et comme s'il avait prévu un mouvement d'intérêt après ce pansement d'amour-propre, il poursuivit :
—Un siège ! Vous aimez encore les blessures à votre âge ? Moi, si vous revenez avec ce que je désire de vous, monsieur le chevalier, je vous ferai comte, je vous marierai avec une femme riche et qui se taira. Avec l'argent de cette femme vous achèterez un régiment et vous serez marchera de camp à la première campagne. Vous avez trente-cinq ans, vous finirez au moins lieutenant général. Que voulez-vous mourir de plus ?
— C'est trop, Monseigneur, ou trop peu, car alors c'est que la mission est impossible.
— Vous ne prononciez pas ces mots-là un certain jour où, accompagné de trois de vos amis, vous preniez la route de Calais.
Cette allusion aux ferrets de la reine, prononcée par celui qui était alors son plus féroce ennemi et qui lui demandait aujourd'hui son appui, fit rougir notre Gascon.
— Ce que vous avez accompli pour la reine, vous pouvez le faire pour une personne d'aussi grande noblesse et de plus grande durée.
— Pour la France, murmura d'Artagnan.
— Peut-être mieux encore, dit le cardinal d'une voix douce.
Puis il reprit :
—Vous avez le choix des moyens, le choix de vos besoins. Voici mes instructions. Et ma signature pour vous servir d'armure. Je crains qu'elle soit insuffisante. Il vous faudra ne jamais dormir. Voyager comme l'éclair, quand il le conviendra. Et, le plus difficile, attendre comme la mort, quand il le faudra. Voici les ordres.
Il lui tendi une lourde enveloppe cachetée.
— Et voici les moyens.
Il désigna un sac, posé au pied de son lit.
— Adieu, Monsieur.
D'Artagnan s'inclina devant cette ombre pâle, qui semblait planer sur l'avenir, et sortit.
Le sac contenait cinq mille écus.
Je viens de terminer l'Idiot de Dostoïevski et là, je lis Misery de Stephen King.
C'est une des premières fois où je lis un livre après avoir vu le film (que j'adore).
Un moment à Pékin, de l'auteur chinois Lin Yutang (1895-1976), est un roman, en deux tomes, que tout amoureux de la littérature qui se respecte se doit de lire. Considérée comme la meilleure production du maître, cette large fresque romanesque restitue tant l'Histoire troublée de la Chine, de la révolte des Boxers en 1900 jusqu'à l'invasion japonaise (1937-1945), que l'histoire plus intimiste, mais non moins intéressante, des plusieurs familles dont les destins sont étroitement liés.
Lin Yutang, célèbre pour avoir tenté d'expliquer la Chine à l'Occident, nous livre, à travers les yeux principalement de Moulane, une histoire tragique remplie d'optimisme et de bonheur de vivre. Malgré les malheurs, qu'ils soient privés ou d'ordre public, l'héroïne ne flanche jamais. Malgré les heurts de la révolution, la corruption du pouvoir, les répressions sanglantes, les trafics liés à l'opium, malgré ses déboires amoureux, elle reste digne, courageuse et volontaire ; en un mot : vivante ! Ne le dites pas à ma femme, mais je crois que je suis tombé amoureux ^^
En écrivant ces quelques lignes, des larmes me reviennent. Ce roman très dense m'a énormément touché car j'ai cru y reconnaître certains traits de caractères de ma belle-famille. Certaines situations m'étaient tellement familières que j'en ai été très troublé. Lin Yutang voulait expliquer la Chine aux occidentaux, le pari est réussi. Il parvient à faire comprendre la psychologie raffinée, subtile et complexe de ses personnages qui, s'ils sont loin d'être parfaits, n'en demeurent pas moins très attachants car profondément humains. Mais plus que ça, cette histoire m'a fait ressentir des émotions rares : l'amusement, la joie, l'agacement, la peur aussi, la tristesse, puis, le soulagement et la confiance en l'avenir.
Au-delà des différences, c'est bien une part d'humanité que nous avons sous les yeux. À tous ceux qui préfèrent voir l'étranger comme un des leurs, ce roman est fait pour vous.
Je vous propose un petit extrait pour vous décider définitivement :
Citation:
Chose étrange, le fait de s'être à demi enivrée et de ne pas s'être tout à fait correctement conduite ce soir-là, procura à Moulane un sentiment d'individualité qu'elle n'avait jamais éprouvé. Elle avait été causante, étincelante, heureuse. Lorsqu'elle se mit au lit, elle se sentit comme délivrée, ce qui, sans aucun doute, était dû au vin. Pour la première fois elle se rendit compte, pendant qu'elle était couchée, qu'elle vivait dans un monde particulier, qu'il existait même un monde qui était entièrement à elle. Il lui était difficile de s'expliquer ce sentiment mais, par-derrière ce monde nouveau, ou au-dedans de lui, il se trouvait aussi — elle le discernait de façon confuse — Lifou.
Le Perce-oreille du Luxembourg de l'écrivain belge André Baillon (1875-1932) est le carnet d'un fou qui s'est retrouvé à l'asile où il n'arrête pas de se fourrer le doigt dans l'œil au risque de s'éborgner. Marcel, puisque c'est son nom, va alors nous raconter comment il en est arrivé là. La faute en revient essentiellement à son ami Dupéché — nom intéressant — qui conduit notre héros, contre sa volonté, au vice.
Livre pas si facile à lire que ça car sont mêlés les doutes, le souvenir de la jeunesse et les angoisses du héros. La place de la religion y est prépondérante. C'est ce qui m'a le plus intéressé puisqu'on y voit un enfant tétanisé par les promesses de l'enfer. Obsédé par cette question, le jeune Marcel, enfant timide et introverti, se laisse submerger par ces questions qui le dépassent totalement. Cela le marquera au point qu'il n'en sortira pas indemne arrivé à l'âge adulte.
Le livre raconte aussi, et j'ai trouvé ça très intéressant, les premiers émois amoureux du jeune enfant qui s'éprend pour une femme plus âgée et s'imagine tout un tas de choses :
Citation:
La chose arriva au petit jour. Une pointe de soleil forçait le volet. Tante n'était plus là. Tout à coup :
— Le diable, mes enfants... Le péché... L'œuvre de la chair... Faire pleurer les anges.
J'entendis ces mots aussi nettement que si on me les eût criés la bouche contre l'oreille. Je ne sais si je devins blanc ou rouge. Je me cachais sous mes couvertures. La voix m'y suivit :
— Le diable !... Le péché... L'œuvre de la chair...
Ah ! oui, l'œuvre de la chair ! J'avais commis le grand péché. Et pas moyen cette fois de douter. Je l'avais commis de mon plein gré, avec complaisance. Mes autres fautes, le confesseur avait peut-être raison : pas d'importance. Mais avant-hier, hier, cette nuit, j'avait provoqué tout, accepté tout, j'avais fait pleurer les anges, souillé mon âme, souillé ah ! souillé l'âme de Varia ?
Ceci me tourmenta plus que le reste. Je n'osais rien dire. Dans le courant de la journée, Varia s'occupa comme si de rien n'était. L'après-midi on n'alla plus sous l'arbre. Je la regardais : “A-t-elle des remords ?” Quand ses yeux étaient noirs, elle m'en voulait. Bleus, elle était triste. Mais non ! Je ne voulais pas qu'elle fut triste. J'étais seul coupable, moi qui l'avais touchée, moi qui l'avais tentée. Et si la mort nous envoyait dans cet état devant le Juge ! Je pensais à la confession : pour elle, pour moi...
La journée se passa. Malgré mes craintes, le soir, quand on se fut couché, j'attendis quelque chose. Si Varia remuait les allumettes. Si Varia m'appelait... Si... Au réveil, je ne m'en sentis que plus coupable. Je repensai à la confession. Sans en avoir l'air, je parlai de l'oncle, des bobards, des isbas, puis tout naturellement de mon âme, de la première communion.
— À propos, je voudrais bien me confesser un de ces jours. Et vous, Varia ?
Elle eut, me parut-il, un regard irrité :
— Te confesser ? Pourquoi ?
Elle ne voulait pas. Cela me suffit. Je m'efforçai de sourire :
— Oh ! dis-je, après tout...
Cela n'a l'air de rien. J'en eus la condition totale : pour elle, je sacrifiai mon âme. Je l'acceptais de tout mon cœur.
Ce doit être très fatiguant à vivre...
Bonne lecture !
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
Un livre qui intéressera peut-être un peu plus de monde est Le village aux Huit tombes de Seishi Yokomizo (1902-1981).
Vous ne connaissez pas l'écrivain mais, si vous êtes fans de manga, vous connaissez sûrement le nom de Kosuke Kindaichi. Le personnage, un détective privé, fut créé par l'écrivain. Une petite précision, il est assez différent du Kindaichi du manga.
Quoi qu'il en soit, le roman se déroule dans un village à la dénomination morbide : le village des Huit tombes. Une légende raconte que 8 samouraïs, désireux d'échapper à un seigneur ennemi s'y réfugièrent. Au bout d'un temps, les villageois décidèrent de les assassiner, assassinat à l'origine d'une prétendue malédiction : la folie prendrait les héritiers mâles de la famille Tajimi. Quelques siècles plus tard, au lendemain de la deuxième guerre mondiale, le jeune Tatsuya arrive au village. Ce jeune homme, identifié comme un héritier légitime du riche clan Tajimi arrive au village, accompagné d'une nouvelle vague de morts par empoisonnement. Nouvelle car, quelque vingt-six années plus tôt, un massacre s'est déroulé dans le village où le prétendu père du jeune garçon, Yozo, devenu "fou", massacra plusieurs dizaines de personnes sans raison aucune. Et c'est la fuite de la mère du jeune Tastuya avec son jeune bébé qui fut en quelque sorte la cause de ce massacre. ne supportant plus les coups et les mauvais traitements qu'il leur prodiguait à eux deux, la mère eut le corrige de s'enfuir ce qui renforça encore la folie de Yozo.
Le livre, s'il n'évite pas certains poncifs du genre n'est pas désagréable à lire. Je dirais même plus, les pages se laissent tourner très facilement. Je trouve qu'il pose de bonnes questions, qu'il met une bonne ambiance et que les réponses apportées sont acceptables même si forcément quelque peu décevantes. Les chapitres sont courts, ce qui favorise encore la lecture. J'ai beaucoup aimé l'ambiance et le décor du roman. Est-ce parce que j'aime assez le Japon ? Je ne sais pas. Ce que je peux dire toutefois c'est que des images très claires me sont apparues dans la première moitié du roman. Dans la seconde moitié c'est un peu plus compliqué même si l'histoire légitime cette situation.
Les seules réserves que j'aurais concernent le style qui n'est pas forcément toujours d'une grande richesse. En effet, beaucoup de répétitions dans l'emploi de certaines images ou expressions. C'est dommage à mon sens mais je ne pense pas que cela gêne tout le monde. La deuxième réserve concerne le genre en lui-même. J'ai toujours trouvé que la plupart des romans policiers — pas tous — trichaient avec le lecteur. Je n'aime pas trop ça et je ne considère pas l'emploi de "trucs" pour maintenir une tension comme de la littérature car cela me semble tout à fait artificiel lorsqu'on voit les ficelles. C'est un jugement tout à fait personnel mais je ne pense pas, une nouvelle fois, que cela gêne profondément la lecture si elle se veut divertissement. Une troisième réserve est plus problématique à mon sens : c'est le besoin constant de s'assurer que le lecteur puisse bien comprendre ce qui se passe et de le garder éveiller en disant sans arrêt qu'il va se passer quelque chose et que ce quelque chose aura un lien avec le héros et aura une influence sur sa vie. Ça, pour moi c'est quasi rédhibitoire ! Ceci étant, le livre propose un très bon divertissement et l'écrivain a fait, en ce sens, un travail plus qu'honnête. C'est pourquoi, je le recommande à tous les amoureux du genre.
Un petit extrait pour vous donner une idée :
Citation:
C'était une nuit de la fin avril, quand la fraîcheur des montagnes obligeait encore, malgré la venue du printemps, à user de la chaufferette. Un coup de fusil et des hurlements terrifiants arrachèrent soudain les villageois à leur sommeil. Quelques instants plus tard, un deuxième coup, puis un troisième retentirent. Des pleurs, des cris, des appels à l'aide se mêlèrent en s'amplifiant. Ceux qui se précipitèrent à l'extérieur pour voir aperçurent un homme dont l'apparence avait quelque chose d'inouï.
Il portait une veste à col officier, des guêtres et des espadrilles de paille, et, au front, un bandeau blanc, qu'il avait garni de deux torches électriques comme des cornes. Il arborait sur la poitrine une autre lampe portative pareille au miroir que l'on utilise dans les prières nocturnes de malédiction. Il s'était entouré d'une ceinture de soldat où il avait glissé une épée et il tenait un fusil à la main. À cette vision, les villageois tombèrent à la renverse. Ils ne s'étaient pas encore ressaisis que le fusil partit et les abattit sur-le-champ.
C'était Yozo.
Bonne lecture !
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
Tu as lu Kawabata sinon ? Un des deux Japonais à avoir eu le Nobel. Très émouvant et concis son style. Je recommande "le lac" et "pays de neige" !
Extrait du lac :
"Le bonheur, pour le jeune Gimpei,
c'était de suivre le chemin qui longe
la rive, leurs deux silhouettes confondues
reflétées dans le lac.
Il marchait, regardait l'eau et songeait
que les deux reflets iraient jusqu'au bout du monde,
embrassés pour l'éternité.
Mais il fut bref, ce bonheur-là."
Kawabata ? Oui oui, j'ai déjà lu. De mémoire, Pays de neige, que j'ai beaucoup aimé, — avec de très très belles images, — et Les Belles Endormies.
C'est un très bel auteur qui n'est pourtant pas toujours facile à lire je trouve. J'ai toujours trouvé que la littérature japonaise avait un quelque chose de différent qui faisait qu'elle n'était pas toujours "compréhensible" pour un non insulaire. C'est aussi pour ça que je l'aime beaucoup d'ailleurs.
Salut les moussaillons,
Je lis en ce moment l'Intégrale 1 des Annales de la Compagnie noire, de Glenn Cook. Il réunit les trois premiers volumes d'un cycle de 9 tomes.
La Compagnie noire est un groupe de mercenaires qui remplit des contrats de çi de-là, comme mater des rébellions. Un jour, ils se retrouvent employés par Volesprit, un Asservi au service de la Dame. Celle-ci mène une guerre contre les fidèles de son ex-époux, le Dominateur, qui tente de revenir d'entre les morts.
Les Annales sont tenues par Toubib, qui est le personnage principal de l'histoire. La majeure partie du temps, c'est donc à travers lui que nous assistons aux événements (de là où en j'en suis pour le moment).
Alors comment dire... C'est un peu long. D'autant plus que les chapitres du premier tome sont interminables. Heureusement l'auteur corrige le tir dès le second tome avec un rythme beaucoup plus digeste.
Ça ne commence vraiment à m'intéresser qu'au milieu de l'intégrale (c'est-à-dire au milieu du second tome). Les portraits des personnages restent volontairement vagues (très peu de descriptions), et je trouve que ça ne contribue pas à s'y attacher. Par contre l'ambiance est travaillée, c'est sombre à souhait. Le lore est intéressant mais encore trop peu développé je trouve, ça va certainement s'étoffer par la suite.
À plus les moussaillons,
Youtube : www.youtube.com/channel/UC88bF5onr_psUMdHGEhBXug
Twitch : www.twitch.tv/Capitaine_Pat
Depuis combien de temps n'ai-je plus rien posté ici ? Trop longtemps.
Pour pallier ce problème, je vous propose un petit bijou de littérature allemande : Le buveur de Hans Fallada (1893-1947).
Tout est dans le titre !
Erwin Sommer est un citoyen modèle ; il est propriétaire d'un magasin de produits agricoles prospère et est marié sans enfant à la belle Magda. Son couple traversant l'épreuve ultime de la banalité plus une série d'échecs sur le plan professionnel, l'amèneront à boire. Faisant connaissance avec l'ivresse et l'oubli trompeurs, il devient progressivement esclave de ce même alcool qui l'emplissait de joie au commencement.
S'enfonçant de plus en plus profondément dans le stupre, Sommer y rencontre des personnages de moins en moins recommandables qui le pousseront, avec l'alcool, à tenter l'irréparable. Son geste le conduira en prison, puis à l'asile... C'est dans cet enfer que Fallada nous livre ses plus belles pages dont voici les dernières qui sont tout simplement sublimes par leur vérité, leur profondeur et leur justesse :
Car en vérité, le destin tragique que n'arrive pas à soutenir ce pauvre Erwin, c'est le nôtre...
Bonne lecture !
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
Un très beau livre que je vous présente aujourd'hui. Il s'agit de Martin Eden de Jack London.
Martin Eden est un jeune marin qui décide un jour de se cultiver pour plaire à une jolie demoiselle issue de la bourgeoisie : Ruth Morse. Au fur et à mesure de son apprentissage, il se prend de l'idée d'écrire à son tour. Pour réussir dans la vie, il se tue presque littéralement à la tâche en vain... Écrivant texte sur texte, les envoyant à tous les journaux pour publication et rémunération, il se les voit refuser à tour de rôle. Il finira cependant par faire accepter ses textes et connaîtra un énorme succès. Désabusé, il partira pour les îles du Pacifique.
J'ai beaucoup aimé ce roman car, s'il n'est pas exempt de défauts, il a le mérite d'aborder franchement la question de la littérature et du monde littéraire qui ne sont pas forcément liés... On y trouve l'amour de la littérature donc mais pas seulement. En effet, London s'intéresse à la question de la Vérité et à ce que peut ressentir un homme lorsqu'il s'en approche. Martin Eden, au fur et à mesure de son apprentissage, s'éloigne de ses pairs et de ses contemporains à tel point qu'il finit par ne plus pouvoir accepter la médiocrité du monde.
Je vous retranscris ici un des plus beaux passages du livre. Il s'agit de la description que Martin donne à Ruth, sa fiancée, du professeur Caldwell qu'il a rencontré à une soirée organisée dans la maison des parents de sa fiancée et des impressions qui lui restent après cette fameuse soirée :
Bonne lecture !
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
À tous ceux qui sont des inconditionnels d'Alexandre Dumas et qui se désespèrent d'avoir déjà tout lu de la saga des Mousquetaires, je ne saurais que vous conseiller le D'Artagnan amoureux de Roger Nimier (1925-1962). Écrivain talentueux, chef de file du mouvement des "Hussards", Nimier s'interroge sur le devenir de d'Artagnan suite à ses aventures dans Les Trois Mousquetaires. Cinq ans avant Vingt ans après — qui est, selon moi, le meilleur épisode de la saga —, d'Artagnan serait amoureux d'une jeune fille de 17 ans : Marie Chantal, future marquise de Sévignié. Elle l'aime, mais pas assez. Julie, quant à elle, l'aime trop mais pas bien. Enfin, la dernière, Madeleine, l'aime comme il faut mais ne le dit pas...
Pauvre d'Artagnan qui souhaite en finir une fois pour toute à la bataille de Rocroy. Est-ce un roman d'amour ? Pas seulement. S'il est question d'amour, on retrouve également des pirates, des demoiselles en détresse, des missions secrètes et dangereuses, des duels à l'épée, une machine volante ainsi que des personnages truculents : nos chers mousquetaires — bien que de manière effacée —, le cardinal de Richelieu, Pélisson de Pélissart ou encore Blaise Pascal ; bref, que du beau monde.
C'est un très bon pastiche qui peut faire illusion un certain moment. Mais bon, qu'on ne s'y trompe pas, il n'y a que Dumas qui puisse faire du Dumas ^^
Un petit dialogue entre le cardinal de Richelieu et d'Artagnan pour vous donner le ton :
Le ton est donné.
Bonne lecture !
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
Je viens de terminer l'Idiot de Dostoïevski et là, je lis Misery de Stephen King.
C'est une des premières fois où je lis un livre après avoir vu le film (que j'adore).
Dernière critique : Le comte de Monte-Cristo
Mon Twitch
Un moment à Pékin, de l'auteur chinois Lin Yutang (1895-1976), est un roman, en deux tomes, que tout amoureux de la littérature qui se respecte se doit de lire. Considérée comme la meilleure production du maître, cette large fresque romanesque restitue tant l'Histoire troublée de la Chine, de la révolte des Boxers en 1900 jusqu'à l'invasion japonaise (1937-1945), que l'histoire plus intimiste, mais non moins intéressante, des plusieurs familles dont les destins sont étroitement liés.
Lin Yutang, célèbre pour avoir tenté d'expliquer la Chine à l'Occident, nous livre, à travers les yeux principalement de Moulane, une histoire tragique remplie d'optimisme et de bonheur de vivre. Malgré les malheurs, qu'ils soient privés ou d'ordre public, l'héroïne ne flanche jamais. Malgré les heurts de la révolution, la corruption du pouvoir, les répressions sanglantes, les trafics liés à l'opium, malgré ses déboires amoureux, elle reste digne, courageuse et volontaire ; en un mot : vivante ! Ne le dites pas à ma femme, mais je crois que je suis tombé amoureux ^^
En écrivant ces quelques lignes, des larmes me reviennent. Ce roman très dense m'a énormément touché car j'ai cru y reconnaître certains traits de caractères de ma belle-famille. Certaines situations m'étaient tellement familières que j'en ai été très troublé. Lin Yutang voulait expliquer la Chine aux occidentaux, le pari est réussi. Il parvient à faire comprendre la psychologie raffinée, subtile et complexe de ses personnages qui, s'ils sont loin d'être parfaits, n'en demeurent pas moins très attachants car profondément humains. Mais plus que ça, cette histoire m'a fait ressentir des émotions rares : l'amusement, la joie, l'agacement, la peur aussi, la tristesse, puis, le soulagement et la confiance en l'avenir.
Au-delà des différences, c'est bien une part d'humanité que nous avons sous les yeux. À tous ceux qui préfèrent voir l'étranger comme un des leurs, ce roman est fait pour vous.
Je vous propose un petit extrait pour vous décider définitivement :
Bonne lecture !
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
Le Perce-oreille du Luxembourg de l'écrivain belge André Baillon (1875-1932) est le carnet d'un fou qui s'est retrouvé à l'asile où il n'arrête pas de se fourrer le doigt dans l'œil au risque de s'éborgner. Marcel, puisque c'est son nom, va alors nous raconter comment il en est arrivé là. La faute en revient essentiellement à son ami Dupéché — nom intéressant — qui conduit notre héros, contre sa volonté, au vice.
Livre pas si facile à lire que ça car sont mêlés les doutes, le souvenir de la jeunesse et les angoisses du héros. La place de la religion y est prépondérante. C'est ce qui m'a le plus intéressé puisqu'on y voit un enfant tétanisé par les promesses de l'enfer. Obsédé par cette question, le jeune Marcel, enfant timide et introverti, se laisse submerger par ces questions qui le dépassent totalement. Cela le marquera au point qu'il n'en sortira pas indemne arrivé à l'âge adulte.
Le livre raconte aussi, et j'ai trouvé ça très intéressant, les premiers émois amoureux du jeune enfant qui s'éprend pour une femme plus âgée et s'imagine tout un tas de choses :
Ce doit être très fatiguant à vivre...
Bonne lecture !
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
Un livre qui intéressera peut-être un peu plus de monde est Le village aux Huit tombes de Seishi Yokomizo (1902-1981).
Vous ne connaissez pas l'écrivain mais, si vous êtes fans de manga, vous connaissez sûrement le nom de Kosuke Kindaichi. Le personnage, un détective privé, fut créé par l'écrivain. Une petite précision, il est assez différent du Kindaichi du manga.
Quoi qu'il en soit, le roman se déroule dans un village à la dénomination morbide : le village des Huit tombes. Une légende raconte que 8 samouraïs, désireux d'échapper à un seigneur ennemi s'y réfugièrent. Au bout d'un temps, les villageois décidèrent de les assassiner, assassinat à l'origine d'une prétendue malédiction : la folie prendrait les héritiers mâles de la famille Tajimi. Quelques siècles plus tard, au lendemain de la deuxième guerre mondiale, le jeune Tatsuya arrive au village. Ce jeune homme, identifié comme un héritier légitime du riche clan Tajimi arrive au village, accompagné d'une nouvelle vague de morts par empoisonnement. Nouvelle car, quelque vingt-six années plus tôt, un massacre s'est déroulé dans le village où le prétendu père du jeune garçon, Yozo, devenu "fou", massacra plusieurs dizaines de personnes sans raison aucune. Et c'est la fuite de la mère du jeune Tastuya avec son jeune bébé qui fut en quelque sorte la cause de ce massacre. ne supportant plus les coups et les mauvais traitements qu'il leur prodiguait à eux deux, la mère eut le corrige de s'enfuir ce qui renforça encore la folie de Yozo.
Le livre, s'il n'évite pas certains poncifs du genre n'est pas désagréable à lire. Je dirais même plus, les pages se laissent tourner très facilement. Je trouve qu'il pose de bonnes questions, qu'il met une bonne ambiance et que les réponses apportées sont acceptables même si forcément quelque peu décevantes. Les chapitres sont courts, ce qui favorise encore la lecture. J'ai beaucoup aimé l'ambiance et le décor du roman. Est-ce parce que j'aime assez le Japon ? Je ne sais pas. Ce que je peux dire toutefois c'est que des images très claires me sont apparues dans la première moitié du roman. Dans la seconde moitié c'est un peu plus compliqué même si l'histoire légitime cette situation.
Les seules réserves que j'aurais concernent le style qui n'est pas forcément toujours d'une grande richesse. En effet, beaucoup de répétitions dans l'emploi de certaines images ou expressions. C'est dommage à mon sens mais je ne pense pas que cela gêne tout le monde. La deuxième réserve concerne le genre en lui-même. J'ai toujours trouvé que la plupart des romans policiers — pas tous — trichaient avec le lecteur. Je n'aime pas trop ça et je ne considère pas l'emploi de "trucs" pour maintenir une tension comme de la littérature car cela me semble tout à fait artificiel lorsqu'on voit les ficelles. C'est un jugement tout à fait personnel mais je ne pense pas, une nouvelle fois, que cela gêne profondément la lecture si elle se veut divertissement. Une troisième réserve est plus problématique à mon sens : c'est le besoin constant de s'assurer que le lecteur puisse bien comprendre ce qui se passe et de le garder éveiller en disant sans arrêt qu'il va se passer quelque chose et que ce quelque chose aura un lien avec le héros et aura une influence sur sa vie. Ça, pour moi c'est quasi rédhibitoire ! Ceci étant, le livre propose un très bon divertissement et l'écrivain a fait, en ce sens, un travail plus qu'honnête. C'est pourquoi, je le recommande à tous les amoureux du genre.
Un petit extrait pour vous donner une idée :
Bonne lecture !
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
Tu as lu Kawabata sinon ? Un des deux Japonais à avoir eu le Nobel. Très émouvant et concis son style. Je recommande "le lac" et "pays de neige" !
Extrait du lac :
"Le bonheur, pour le jeune Gimpei,
c'était de suivre le chemin qui longe
la rive, leurs deux silhouettes confondues
reflétées dans le lac.
Il marchait, regardait l'eau et songeait
que les deux reflets iraient jusqu'au bout du monde,
embrassés pour l'éternité.
Mais il fut bref, ce bonheur-là."
S’il y a quelqu’un qui doit tout à Bach, c’est bien Dieu.
Kawabata ? Oui oui, j'ai déjà lu. De mémoire, Pays de neige, que j'ai beaucoup aimé, — avec de très très belles images, — et Les Belles Endormies.
C'est un très bel auteur qui n'est pourtant pas toujours facile à lire je trouve. J'ai toujours trouvé que la littérature japonaise avait un quelque chose de différent qui faisait qu'elle n'était pas toujours "compréhensible" pour un non insulaire. C'est aussi pour ça que je l'aime beaucoup d'ailleurs.
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)