Lu Batman: Amère Victoire de Jeph Loeb et Tim Sale.
Un an après l'affaire "Holiday", les internés de l'asile Arkham s'évadent en masse sous la direction de Double Face, anciennement procureur Harvey Dent. Un règlement de compte violent entre ce qui reste de la mafia de Gotham City et les "patients" de l'asile Arkham prend place. Pour couronner le tout, des meurtres de policier prennent place chaque jour de fête, à la manière du tueur Holiday, mais suivant un modus opérandi différent. Qui est ce nouveau tueur? Comment sécuriser à nouveau les rues de Gotham? Batman et le commissaire Gordon sont complètement dépassés et vont devoir faire de nouvelles alliances.
Si vous avez aimé Un long Halloween, alors il y a de grandes chances que Amère Victoire soit fait pour vous. Le même duo d'auteur récidive et pousse encore un peu plus le mythe Batman. Le récit reprend exactement les même codes que le volume précédent et plus qu'une suite, paraît comme un prolongement de l'histoire, plaçant ainsi les deux volumes dans une incroyable homogénéité. On pourrait croire, que ce volume ferait redite, il n'en est rien. On prend un plaisir évident, tout comme les auteurs, à replonger dans les rues de Gotham City pendant une nouvelle année de criminalité rythmée par ces meurtres de policiers qui prennent place les jours de fête. La blessure et le traumatisme causés par la perte d'Harvey Dent pour le Batman et le commissaire Gordon sont encore bien présents et peinent à cicatriser. Et le visage de Gotham continue de se transformer pour laisser place à une nouvelle forme de criminalité encore plus dangereuse.
Tout comme son grand frère Un long Halloween, Amère Victoire est un indispensable de l'univers Batman qui a fait date dans l'histoire du chevalier noir.
Barbara emménage au 141 Rottin Road dans le but d’intégrer une école d’esthétisme. Mais dans cette maison victorienne divisée en six appartements rigoureusement identique, chaque locataire est un cas psychiatrique. Janet, ex-obèse, organise des groupes de soutien pour des personnes en surcharge pondérale et se retrouve harcelée chaque nuit au téléphone par un mystérieux interlocuteur; Brian est obsédé par les femmes malades, anorexiques ou obèses; Matt retouche des photos de top model mais ne peut avoir aucun contact physique avec les femmes; Madame Durbach se fond discrètement avec l’environnement dans lequel elle évolue tel un caméléon et Marion voue ses soirées à des réceptions ressemblant à des orgies romaines. Dans cette maison presque insalubre, les voix, les gémissements et bien d’autres choses se mêlent aux craquements et aux grincements forçant ainsi les habitants de la maison à rentrer en contact avec l’intimité de l’autre.
La première chose qui frappe lorsqu’on tient La maison qui grince entre les mains, c’est sa couverture découpée. Les fenêtres de la maison laissent glisser l’oeil du lecteur à l’intérieur de l’ouvrage, qui souhaite en savoir plus, regarder ce qui se passe à l’intérieur des appartements. Et c’est ainsi, en tournant avec avidité la première page, que nous devenons d’emblée voyeur, cherchant à pénétrer l’intimité des personnages, à découvrir ce que la bâtisse cache sous sa robe. Karrie Fransman nous entraîne alors dans un huit-clos à l’atmosphère insolite, rempli de personnages atypiques, étranges et vaguement inquiétants. Elle réussit cependant le pari fou de les rendre attachants et parfois même poétiques. La maison, centrale dans le récit, est une entité propre par laquelle tout transite et que nous suivons jusqu’à sa destruction. L’auteure aborde ainsi par cette galerie de personnages une foule de thématiques de manière brillante: la solitude, la sexualité, l’obsession de l’image, le rapport avec autrui. Le visuel adopté par Karrie Frensman, quant à lui, déroute au premier abord. Cette artiste de la scène comics underground (également connue pour son autobiographie en bande dessinée My world aise mais aussi pour ses nombreuses expositions sur la scène internationale) nous dépeint son univers de façon cartoonesque, presque enfantine. Les personnages sont dessinés de façon caricaturale avec des grosses joues leur donnant une bonhomie rassurante. Une bichromie bleue et blanche, moins triste et agressive qu’un noir et blanc classique, donne à l’histoire une dimension chatoyante et onirique. Mais ne nous y trompons pas: c’est bien à un public adulte que cette bande dessinée s’adresse. Cette édulcoration permet au lecteur de prendre du recul, de mettre en lumière le côté grotesque et pathétique des personnages sans trop s’attacher à leurs côtés morbides et inquiétants. En jouant sans cesse avec l’ambivalence de nos sentiments, ce va-et-vient d’attirances et de répulsions, l’auteure réussit son pari: ne plus nous faire lâcher ce roman graphique avant la dernière page.
Ira Rath est le descendant d'une famille ayant plongée malgré elle dans le meurtre depuis des générations. Un cycle de violence a alors secoué chaque héritier mâle de la famille. Loin de vouloir échapper à cette "tradition", Ira en a fait sa philosophie de vie et est devenu un tueur à gage impitoyable. Eliminer femmes, enfants, vieillards ne lui fait pas peur. Mais le petit monde rouge sang de Ira bascule le jour où il apprend qu'il n'a plus que quelques mois à vivre en raison d'un cancer. Et le nouveau contrat placé sur la tête de son propre fils qu'il n'a pas vu depuis des années et dont la femme est enceinte vient compliquer encore un peu plus le peu de temps qui lui reste. Le choix est simple: honorer son contrat et en finir une bonne fois pour toute avec cette malédiction familiale, ou chercher une rédemption qu'il sait perdue d'avance.
L'auteur de Scalped et Southern Bastard signe un album one-shot noir et violent. Le lien familial et l'héritage du sang sont abordés ici comme une fatalité difficile a enrayer. L'histoire est menée tambour battant et le dessin, s'il n'est pas transcendant pour du comics, est suffisamment réaliste et efficace pour entraîner le lecteur dans son sillon. Mais l'histoire est au final beaucoup trop convenue et l'attachement aux personnages proche du néant. On se sent malheureusement trop peu impliqué par les choix de l'anti-héros et l'histoire aurait mérité plus de développement. Ce manque d'ambition dans le récit l'enfonce malheureusement dans un classicisme trop prononcé rendant le tout un peu fade. A lire uniquement si vous n'avez rien d'autre à vous mettre sous la dent.
Dans les années 1980, un tueur en série tuant des prostituées à Seattle est devenu l'ennemi numéro 1 de la police. Dix ans plus tard, faute de preuves et de nouveaux corps, seul un détective, Tom Jensen, continue la traque. Au début des années 2000, vingt ans après le début de l'enquête et grâce à des analyses ADN, le tueur est enfin appréhendé. Gary Ridgway est interrogé pendant 180 jours par quatre inspecteurs, dont Jensen, dans le but de compléter les blancs de l'enquête. 49 meurtres sont aujourd'hui officiellement attribués à Ridgway, mais il a avoué en avoir tu 71. La plupart des corps n'ont jamais été retrouvés.
Le tueur de la Green River présente la confrontation avec un des tueurs en série les plus troubles et les plus prolifiques des Etats-Unis. Bien avant d'être un document historique, Jeff Jensen rend surtout un hommage vibrant à son père, l'inspecteur Tom Jensen qui aura traqué le tueur pratiquement pendant toute sa carrière. Chaque nouveau corps découvert est une nouvelle souffrance pour l'inspecteur et le marquera durablement. La confrontation entre Jensen et Ridgway, incarnation moderne du Mal, est historique et troublante. Le tueur tergiverse, ne montre aucun remord et ne se souvient que difficilement des endroits où il a enterré les corps, comme on oublierait où on a rangé ses clefs, leur conférant ainsi une atroce banalité. Certains aveux, comme celui des pulsions sexuelles sur les cadavres, glacent le sang du lecteur. Le trait en noir et blanc de Jonathan Case, très réaliste et précis, est plutôt sobre et délicat et permet de faire passer l'atrocité des faits. Une bande dessinée effrayante, prouvant encore une fois que l'incarnation de l'horreur peut facilement prendre les traits d'un homme.
Et pour aller plus loin, un reportage sur le tueur de Green River:
Lu Saga tome 5 de Brian K.Vaughan et Fiona Staples.
Continent et Couronne sont deux planètes se livrant une bataille impliquant pratiquement tous les autres peuples de la galaxie depuis la nuit des temps. Mais lorsque Hazel, un bébé né de l'union entre deux soldats ennemis nait, la galaxie se retrouve sans dessus-dessous. Ce bébé, symbole de paix et de fraternité entre les peuples, ne peut exister pour les puissants. Va s'ensuivre une véritable course contre la mort pour les jeunes parents qui cherchent à vivre une vie ordinaire avec leur enfant. Dans ce tome, la rébellion, lasse de cette guerre, cherche à s'emparer de l'enfant. Mais leurs intentions ne sont peut-être pas aussi pures qu'il n'y paraît...
Saga est une grande série. Aucun doute là-dessus. K.Vaughan, auteur également de l'excellente série que je ne saurai trop vous conseiller Y, le dernier homme, réinvente les codes de la space fantasy. De nombreux peuples, de nombreuses créatures jalonnent les pages de Saga. On peut croiser des princes robots avec des têtes de téléviseur, des chats détecteurs de mensonges, des mercenaires arachnides, des vaisseaux végétaux, des baby-sitters fantômes... Bref, un univers riche et dense qui peut paraître être un galimatias et un empilement de créatures diverses et variées, mais qui est étonnamment d'une incroyable cohérence. Les héros sont attachants, les rebondissements nombreux et les dialogues sont plutôt savoureux. Car la série, si elle aborde des termes sérieux, peut être très drôle. Un mélange des genres parfaitement négocié par K.Vaughan qui démontre une nouvelle fois toute l'étendue de son talent de scénariste. La dessinatrice Fiona Staples n'est pas en reste et offre à l'épopée spatiale psychédélique un dessin audacieux d'une classe folle où elle retranscrit la palette d'expression des personnages, même non humanoïdes, à la perfection. A lire.
Derrière ce titre et cette couverture peu accrocheurs se cache un véritable petit bijou. Super Spy raconte l'histoire de plusieurs espions venus de tout horizon pendant la seconde guerre mondiale. Certains vont être amenés à se croiser, à échanger des informations, voire s'entretuer.
Présenté sous la forme de dossiers numérotés pouvant aller de 4 pages à une vingtaine, ce long récit de 335 pages raconte les missions d'espionnage et de contre-espionnage d'agents plus ou moins qualifiés oeuvrant pour leur patrie, par idéal ou pour eux-même. Le fait de voir leurs histoires s'imbriquer les unes dans les autres, sans pour autant avoir un réel suivi chronologique démontrent un réel talent de l'auteur pour la narration qu'il maîtrise de bout en bout. Résumer l'ensemble de l'oeuvre est impossible, mais ces hommes et femmes qui ont été des acteurs sous-marins principaux de la guerre redoublent d'ingéniosité pour faire passer des messages, des codes secrets, des plans d'armements, les positions de l'ennemi ou encore pour démasquer les agents ennemis et les tuer. On retrouvera ainsi une mère de famille faisant passer des messages avec son linge à la fenêtre, un dessinateur transmettant des codes dans ses livres pour enfants, des tueurs à gages impitoyables, une danseuse transmettant des messages durant son show, ect...Le dessin est simple mais très efficace, allant à l'essentiel, et le choix des couleurs sépias ancre le récit dans ces années 40, leur donnant un caractère d'authenticité saisissant.
Un roman graphique ingénieux dont on ne décroche pas. Foncez!
Dans le milieu des années 1970, Paul a tout de l'adolescent typique québecois. Boutonneux aux cheveux longs, il rêve de s'offrir une mobylette pour échapper à des parents qu'il juge trop envahissant. En rencontrant à la polyvalente, un établissement d'enseignement secondaire au fonctionnement propre au Canada, Ti-Marc, Paul va découvrir les liens solides de l'amitié. Le jeune garçon se dévergonde et connaît ses premières fêtes, son premier joint, le rock, ses premières virées en auto-stop et surtout les premiers émois de l'amour. Qui a dit que l'adolescence était forcément une mauvaise chose?
Après plusieurs albums dont le titre peut faire sourire tant ils évoquent les albums de Martine, Michel Rabagliati offre encore une fois le devant de la scène à son jeune héros Paul. Chaque album s'attache à une période de la vie de Paul, personnage autobiographique et romancé de Rabagliati, et compte déjà presque dix albums. Après Paul à la campagne, Paul a un travail d'été, Paul dans le métro et surtout Paul à Québec dont une adaptation en film, réalisée par François Bouvier est sortie en Septembre 2015 au Canada, c'est sur la période de l'adolescence que l'auteur a décidé de s'attacher. Sous la toile de fond des Jeux Olympique de Montréal, avec un soin et une tendresse infinie, Rabagliati présente par tranches de vie le quotidien d'un adolescent tout ce qu'il y a de plus banal. Mais la prouesse de l'auteur est de transcender cette banalité pour offrir à son lecteur un portrait sans jugement, à la fois doux et sans concession sur l'adolescence, cette période de mal-être et de changements vécue par tous. Le petit monde intérieur de Paul bouge, se repositionne face à un monde qu'il perçoit comme agressif et connaît des émotions nouvelles. Le tout est véhiculé par un trait sobre, sensible et émouvant ainsi que par des dialogues québecois truculents et imagés admirablement bien écrits et empreints d'un certain exotisme pour nous autres, français. Bref, Paul dans le Nord est une réussite prouvant que le succès du personnage de Michel Rabagliati outre-atlantique n'est pas galvaudé.
Lu Batman Tome 7: Mascarade de Snyder, Tynion IV et Capullo.
Quatre ans après l'an zéro qui a profondément marqué les habitants de Gotham City, une nouvelle menace intervient sous les traits déformés du Joker. Le super-vilain a mis au point un virus mortel et compte bien le répandre sur la ville. Batman compte bien éradiquer encore une fois la menace, mais le Joker est méconnaissable. Il semble immortel, partout à la fois et réfléchit avec trois coups d'avance. Est-ce la fin pour Gotham?
L'album est composé de trois mini-séries, dont la première, prenant les deux tiers du volume est finalement très décevante. Dans un soucis de surenchère très hollywoodien, l'histoire se perd dans un conjoncture d'évènements et de coups de théâtre rocambolesques et invraisemblables. Résultat: on n'y croit pas, et la série, qui est pourtant marquée par le retour de l'un des méchants les plus charismatiques de la bande dessinée, se perd et ne dégage aucune finesse. Le fan service est de mise, l'auteur se permettant de faire intervenir une pléthore de personnages de l'univers DC venant prêter main-forte à Batman ou lui mettre des bâtons dans les roues. Seul le trait de Capullo sauve l'histoire du naufrage... Reste les deux autres mini-séries, centrées elles aussi sur le Joker, qui tirent leurs épingles du jeu. La dernière notamment, est particulièrement passionnante et glaçante. Dommage qu'elle ne prenne que quelques pages de l'album... Bref, un album très moyen dont les quelques qualités ne suffisent malheureusement pas à rattraper les défauts.
Lu Walking Dead tome 24: Opportunités de Kirkman et Adlard.
Les survivants de la terrible guerre contre Negan se sont réorganisés et ont remis sur pied vaille que vaille une société digne de ce nom. Bien sûr, les menaces diverses et variées sont encore là, mais les survivants ont appris à les négocier. Mais lors d'une foire rassemblant les diverses communautés, un nouvel ennemi est apparu. Marchant parmi les rôdeurs, il ne présente pas d'intentions particulièrement belliqueuses. A condition de ne pas pénétrer sur son territoire...
Franchement, Kirkman fait très fort. Alors qu'on avait du mal à imaginer une menace plus grande encore que celle de Negan ou vouée à n'être qu'une pâle copie, il innove en présentant un nouvel ennemi totalement différent de ce qu'ila fait jusqu'à maintenant. Ce ne sont pas deux factions qui s'affrontent pour obtenir des lambeaux de ce que le monde est devenu, mais deux visions, ou plutôt deux types de société qui s'affrontent. L'une essayant de regagner l'éclat de son passé avant l'invasion zombie, l'autre s'adaptant à son environnement et acceptant pleinement l'état de destruction du monde quitte à en oublier son humanité. Dans ce choc des cultures, le lecteur prend conscience de la radicale différence de mode de vie et surtout, il se rend compte que les deux ébauches de civilisations ne peuvent coexister. Chaque culture devenant une menace pour l'autre. La fin du tome, éprouvante et saisissante, marque le début d'un nouveau conflit qui devient inévitable. Difficile d'imaginer un nouvel arc qui ira plus loin après ça. Mais qui sait? Kirkman prouve une fois de plus qu'il a plus d'un atout dans sa manche. Seule ombre au tableau, le scénario place automatiquement le groupe de Rick, bien que non exempt de défauts, du bon côté de la barrière et celui des chuchoteurs du côté du mauvais. Il aurait été peut-être plus intéressant de jouer jusqu'au bout sur le choc des cultures, chacune ayant ses qualités et ses défauts, sans tomber dans un manichéisme primaire finalement très américain. Mais c'est un détail. On se régale avec ce tome (surtout la fin!) et c'est tout ce qui compte. Vivement la suite!
Lu Batman: Amère Victoire de Jeph Loeb et Tim Sale.
Un an après l'affaire "Holiday", les internés de l'asile Arkham s'évadent en masse sous la direction de Double Face, anciennement procureur Harvey Dent. Un règlement de compte violent entre ce qui reste de la mafia de Gotham City et les "patients" de l'asile Arkham prend place. Pour couronner le tout, des meurtres de policier prennent place chaque jour de fête, à la manière du tueur Holiday, mais suivant un modus opérandi différent. Qui est ce nouveau tueur? Comment sécuriser à nouveau les rues de Gotham? Batman et le commissaire Gordon sont complètement dépassés et vont devoir faire de nouvelles alliances.
Si vous avez aimé Un long Halloween, alors il y a de grandes chances que Amère Victoire soit fait pour vous. Le même duo d'auteur récidive et pousse encore un peu plus le mythe Batman. Le récit reprend exactement les même codes que le volume précédent et plus qu'une suite, paraît comme un prolongement de l'histoire, plaçant ainsi les deux volumes dans une incroyable homogénéité. On pourrait croire, que ce volume ferait redite, il n'en est rien. On prend un plaisir évident, tout comme les auteurs, à replonger dans les rues de Gotham City pendant une nouvelle année de criminalité rythmée par ces meurtres de policiers qui prennent place les jours de fête. La blessure et le traumatisme causés par la perte d'Harvey Dent pour le Batman et le commissaire Gordon sont encore bien présents et peinent à cicatriser. Et le visage de Gotham continue de se transformer pour laisser place à une nouvelle forme de criminalité encore plus dangereuse.
Tout comme son grand frère Un long Halloween, Amère Victoire est un indispensable de l'univers Batman qui a fait date dans l'histoire du chevalier noir.
Lu La Maison qui grince de Karrie Fransman.
Barbara emménage au 141 Rottin Road dans le but d’intégrer une école d’esthétisme. Mais dans cette maison victorienne divisée en six appartements rigoureusement identique, chaque locataire est un cas psychiatrique. Janet, ex-obèse, organise des groupes de soutien pour des personnes en surcharge pondérale et se retrouve harcelée chaque nuit au téléphone par un mystérieux interlocuteur; Brian est obsédé par les femmes malades, anorexiques ou obèses; Matt retouche des photos de top model mais ne peut avoir aucun contact physique avec les femmes; Madame Durbach se fond discrètement avec l’environnement dans lequel elle évolue tel un caméléon et Marion voue ses soirées à des réceptions ressemblant à des orgies romaines. Dans cette maison presque insalubre, les voix, les gémissements et bien d’autres choses se mêlent aux craquements et aux grincements forçant ainsi les habitants de la maison à rentrer en contact avec l’intimité de l’autre.
La première chose qui frappe lorsqu’on tient La maison qui grince entre les mains, c’est sa couverture découpée. Les fenêtres de la maison laissent glisser l’oeil du lecteur à l’intérieur de l’ouvrage, qui souhaite en savoir plus, regarder ce qui se passe à l’intérieur des appartements. Et c’est ainsi, en tournant avec avidité la première page, que nous devenons d’emblée voyeur, cherchant à pénétrer l’intimité des personnages, à découvrir ce que la bâtisse cache sous sa robe. Karrie Fransman nous entraîne alors dans un huit-clos à l’atmosphère insolite, rempli de personnages atypiques, étranges et vaguement inquiétants. Elle réussit cependant le pari fou de les rendre attachants et parfois même poétiques. La maison, centrale dans le récit, est une entité propre par laquelle tout transite et que nous suivons jusqu’à sa destruction. L’auteure aborde ainsi par cette galerie de personnages une foule de thématiques de manière brillante: la solitude, la sexualité, l’obsession de l’image, le rapport avec autrui. Le visuel adopté par Karrie Frensman, quant à lui, déroute au premier abord. Cette artiste de la scène comics underground (également connue pour son autobiographie en bande dessinée My world aise mais aussi pour ses nombreuses expositions sur la scène internationale) nous dépeint son univers de façon cartoonesque, presque enfantine. Les personnages sont dessinés de façon caricaturale avec des grosses joues leur donnant une bonhomie rassurante. Une bichromie bleue et blanche, moins triste et agressive qu’un noir et blanc classique, donne à l’histoire une dimension chatoyante et onirique. Mais ne nous y trompons pas: c’est bien à un public adulte que cette bande dessinée s’adresse. Cette édulcoration permet au lecteur de prendre du recul, de mettre en lumière le côté grotesque et pathétique des personnages sans trop s’attacher à leurs côtés morbides et inquiétants. En jouant sans cesse avec l’ambivalence de nos sentiments, ce va-et-vient d’attirances et de répulsions, l’auteure réussit son pari: ne plus nous faire lâcher ce roman graphique avant la dernière page.
Lu Men of Wrath de Aaron et Garney.
Ira Rath est le descendant d'une famille ayant plongée malgré elle dans le meurtre depuis des générations. Un cycle de violence a alors secoué chaque héritier mâle de la famille. Loin de vouloir échapper à cette "tradition", Ira en a fait sa philosophie de vie et est devenu un tueur à gage impitoyable. Eliminer femmes, enfants, vieillards ne lui fait pas peur. Mais le petit monde rouge sang de Ira bascule le jour où il apprend qu'il n'a plus que quelques mois à vivre en raison d'un cancer. Et le nouveau contrat placé sur la tête de son propre fils qu'il n'a pas vu depuis des années et dont la femme est enceinte vient compliquer encore un peu plus le peu de temps qui lui reste. Le choix est simple: honorer son contrat et en finir une bonne fois pour toute avec cette malédiction familiale, ou chercher une rédemption qu'il sait perdue d'avance.
L'auteur de Scalped et Southern Bastard signe un album one-shot noir et violent. Le lien familial et l'héritage du sang sont abordés ici comme une fatalité difficile a enrayer. L'histoire est menée tambour battant et le dessin, s'il n'est pas transcendant pour du comics, est suffisamment réaliste et efficace pour entraîner le lecteur dans son sillon. Mais l'histoire est au final beaucoup trop convenue et l'attachement aux personnages proche du néant. On se sent malheureusement trop peu impliqué par les choix de l'anti-héros et l'histoire aurait mérité plus de développement. Ce manque d'ambition dans le récit l'enfonce malheureusement dans un classicisme trop prononcé rendant le tout un peu fade. A lire uniquement si vous n'avez rien d'autre à vous mettre sous la dent.
Lu Le tueur de la Green River de Jensen et Case.
Dans les années 1980, un tueur en série tuant des prostituées à Seattle est devenu l'ennemi numéro 1 de la police. Dix ans plus tard, faute de preuves et de nouveaux corps, seul un détective, Tom Jensen, continue la traque. Au début des années 2000, vingt ans après le début de l'enquête et grâce à des analyses ADN, le tueur est enfin appréhendé. Gary Ridgway est interrogé pendant 180 jours par quatre inspecteurs, dont Jensen, dans le but de compléter les blancs de l'enquête. 49 meurtres sont aujourd'hui officiellement attribués à Ridgway, mais il a avoué en avoir tu 71. La plupart des corps n'ont jamais été retrouvés.
Le tueur de la Green River présente la confrontation avec un des tueurs en série les plus troubles et les plus prolifiques des Etats-Unis. Bien avant d'être un document historique, Jeff Jensen rend surtout un hommage vibrant à son père, l'inspecteur Tom Jensen qui aura traqué le tueur pratiquement pendant toute sa carrière. Chaque nouveau corps découvert est une nouvelle souffrance pour l'inspecteur et le marquera durablement. La confrontation entre Jensen et Ridgway, incarnation moderne du Mal, est historique et troublante. Le tueur tergiverse, ne montre aucun remord et ne se souvient que difficilement des endroits où il a enterré les corps, comme on oublierait où on a rangé ses clefs, leur conférant ainsi une atroce banalité. Certains aveux, comme celui des pulsions sexuelles sur les cadavres, glacent le sang du lecteur. Le trait en noir et blanc de Jonathan Case, très réaliste et précis, est plutôt sobre et délicat et permet de faire passer l'atrocité des faits. Une bande dessinée effrayante, prouvant encore une fois que l'incarnation de l'horreur peut facilement prendre les traits d'un homme.
Et pour aller plus loin, un reportage sur le tueur de Green River:
Lu Saga tome 5 de Brian K.Vaughan et Fiona Staples.
Continent et Couronne sont deux planètes se livrant une bataille impliquant pratiquement tous les autres peuples de la galaxie depuis la nuit des temps. Mais lorsque Hazel, un bébé né de l'union entre deux soldats ennemis nait, la galaxie se retrouve sans dessus-dessous. Ce bébé, symbole de paix et de fraternité entre les peuples, ne peut exister pour les puissants. Va s'ensuivre une véritable course contre la mort pour les jeunes parents qui cherchent à vivre une vie ordinaire avec leur enfant. Dans ce tome, la rébellion, lasse de cette guerre, cherche à s'emparer de l'enfant. Mais leurs intentions ne sont peut-être pas aussi pures qu'il n'y paraît...
Saga est une grande série. Aucun doute là-dessus. K.Vaughan, auteur également de l'excellente série que je ne saurai trop vous conseiller Y, le dernier homme, réinvente les codes de la space fantasy. De nombreux peuples, de nombreuses créatures jalonnent les pages de Saga. On peut croiser des princes robots avec des têtes de téléviseur, des chats détecteurs de mensonges, des mercenaires arachnides, des vaisseaux végétaux, des baby-sitters fantômes... Bref, un univers riche et dense qui peut paraître être un galimatias et un empilement de créatures diverses et variées, mais qui est étonnamment d'une incroyable cohérence. Les héros sont attachants, les rebondissements nombreux et les dialogues sont plutôt savoureux. Car la série, si elle aborde des termes sérieux, peut être très drôle. Un mélange des genres parfaitement négocié par K.Vaughan qui démontre une nouvelle fois toute l'étendue de son talent de scénariste. La dessinatrice Fiona Staples n'est pas en reste et offre à l'épopée spatiale psychédélique un dessin audacieux d'une classe folle où elle retranscrit la palette d'expression des personnages, même non humanoïdes, à la perfection. A lire.
Lu Super Spy de Matt Kindt.
Derrière ce titre et cette couverture peu accrocheurs se cache un véritable petit bijou.
Super Spy raconte l'histoire de plusieurs espions venus de tout horizon pendant la seconde guerre mondiale. Certains vont être amenés à se croiser, à échanger des informations, voire s'entretuer.
Présenté sous la forme de dossiers numérotés pouvant aller de 4 pages à une vingtaine, ce long récit de 335 pages raconte les missions d'espionnage et de contre-espionnage d'agents plus ou moins qualifiés oeuvrant pour leur patrie, par idéal ou pour eux-même. Le fait de voir leurs histoires s'imbriquer les unes dans les autres, sans pour autant avoir un réel suivi chronologique démontrent un réel talent de l'auteur pour la narration qu'il maîtrise de bout en bout. Résumer l'ensemble de l'oeuvre est impossible, mais ces hommes et femmes qui ont été des acteurs sous-marins principaux de la guerre redoublent d'ingéniosité pour faire passer des messages, des codes secrets, des plans d'armements, les positions de l'ennemi ou encore pour démasquer les agents ennemis et les tuer. On retrouvera ainsi une mère de famille faisant passer des messages avec son linge à la fenêtre, un dessinateur transmettant des codes dans ses livres pour enfants, des tueurs à gages impitoyables, une danseuse transmettant des messages durant son show, ect...Le dessin est simple mais très efficace, allant à l'essentiel, et le choix des couleurs sépias ancre le récit dans ces années 40, leur donnant un caractère d'authenticité saisissant.
Un roman graphique ingénieux dont on ne décroche pas. Foncez!
Lu Paul dans le Nord de Michel Rabagliati.
Dans le milieu des années 1970, Paul a tout de l'adolescent typique québecois. Boutonneux aux cheveux longs, il rêve de s'offrir une mobylette pour échapper à des parents qu'il juge trop envahissant. En rencontrant à la polyvalente, un établissement d'enseignement secondaire au fonctionnement propre au Canada, Ti-Marc, Paul va découvrir les liens solides de l'amitié. Le jeune garçon se dévergonde et connaît ses premières fêtes, son premier joint, le rock, ses premières virées en auto-stop et surtout les premiers émois de l'amour. Qui a dit que l'adolescence était forcément une mauvaise chose?
Après plusieurs albums dont le titre peut faire sourire tant ils évoquent les albums de Martine, Michel Rabagliati offre encore une fois le devant de la scène à son jeune héros Paul. Chaque album s'attache à une période de la vie de Paul, personnage autobiographique et romancé de Rabagliati, et compte déjà presque dix albums. Après Paul à la campagne, Paul a un travail d'été, Paul dans le métro et surtout Paul à Québec dont une adaptation en film, réalisée par François Bouvier est sortie en Septembre 2015 au Canada, c'est sur la période de l'adolescence que l'auteur a décidé de s'attacher. Sous la toile de fond des Jeux Olympique de Montréal, avec un soin et une tendresse infinie, Rabagliati présente par tranches de vie le quotidien d'un adolescent tout ce qu'il y a de plus banal. Mais la prouesse de l'auteur est de transcender cette banalité pour offrir à son lecteur un portrait sans jugement, à la fois doux et sans concession sur l'adolescence, cette période de mal-être et de changements vécue par tous. Le petit monde intérieur de Paul bouge, se repositionne face à un monde qu'il perçoit comme agressif et connaît des émotions nouvelles. Le tout est véhiculé par un trait sobre, sensible et émouvant ainsi que par des dialogues québecois truculents et imagés admirablement bien écrits et empreints d'un certain exotisme pour nous autres, français. Bref, Paul dans le Nord est une réussite prouvant que le succès du personnage de Michel Rabagliati outre-atlantique n'est pas galvaudé.
Lu Batman Tome 7: Mascarade de Snyder, Tynion IV et Capullo.
Quatre ans après l'an zéro qui a profondément marqué les habitants de Gotham City, une nouvelle menace intervient sous les traits déformés du Joker. Le super-vilain a mis au point un virus mortel et compte bien le répandre sur la ville. Batman compte bien éradiquer encore une fois la menace, mais le Joker est méconnaissable. Il semble immortel, partout à la fois et réfléchit avec trois coups d'avance. Est-ce la fin pour Gotham?
L'album est composé de trois mini-séries, dont la première, prenant les deux tiers du volume est finalement très décevante. Dans un soucis de surenchère très hollywoodien, l'histoire se perd dans un conjoncture d'évènements et de coups de théâtre rocambolesques et invraisemblables. Résultat: on n'y croit pas, et la série, qui est pourtant marquée par le retour de l'un des méchants les plus charismatiques de la bande dessinée, se perd et ne dégage aucune finesse. Le fan service est de mise, l'auteur se permettant de faire intervenir une pléthore de personnages de l'univers DC venant prêter main-forte à Batman ou lui mettre des bâtons dans les roues. Seul le trait de Capullo sauve l'histoire du naufrage... Reste les deux autres mini-séries, centrées elles aussi sur le Joker, qui tirent leurs épingles du jeu. La dernière notamment, est particulièrement passionnante et glaçante. Dommage qu'elle ne prenne que quelques pages de l'album... Bref, un album très moyen dont les quelques qualités ne suffisent malheureusement pas à rattraper les défauts.
Lu Walking Dead tome 24: Opportunités de Kirkman et Adlard.
Les survivants de la terrible guerre contre Negan se sont réorganisés et ont remis sur pied vaille que vaille une société digne de ce nom. Bien sûr, les menaces diverses et variées sont encore là, mais les survivants ont appris à les négocier. Mais lors d'une foire rassemblant les diverses communautés, un nouvel ennemi est apparu. Marchant parmi les rôdeurs, il ne présente pas d'intentions particulièrement belliqueuses. A condition de ne pas pénétrer sur son territoire...
Franchement, Kirkman fait très fort. Alors qu'on avait du mal à imaginer une menace plus grande encore que celle de Negan ou vouée à n'être qu'une pâle copie, il innove en présentant un nouvel ennemi totalement différent de ce qu'ila fait jusqu'à maintenant. Ce ne sont pas deux factions qui s'affrontent pour obtenir des lambeaux de ce que le monde est devenu, mais deux visions, ou plutôt deux types de société qui s'affrontent. L'une essayant de regagner l'éclat de son passé avant l'invasion zombie, l'autre s'adaptant à son environnement et acceptant pleinement l'état de destruction du monde quitte à en oublier son humanité. Dans ce choc des cultures, le lecteur prend conscience de la radicale différence de mode de vie et surtout, il se rend compte que les deux ébauches de civilisations ne peuvent coexister. Chaque culture devenant une menace pour l'autre. La fin du tome, éprouvante et saisissante, marque le début d'un nouveau conflit qui devient inévitable. Difficile d'imaginer un nouvel arc qui ira plus loin après ça. Mais qui sait? Kirkman prouve une fois de plus qu'il a plus d'un atout dans sa manche. Seule ombre au tableau, le scénario place automatiquement le groupe de Rick, bien que non exempt de défauts, du bon côté de la barrière et celui des chuchoteurs du côté du mauvais. Il aurait été peut-être plus intéressant de jouer jusqu'au bout sur le choc des cultures, chacune ayant ses qualités et ses défauts, sans tomber dans un manichéisme primaire finalement très américain. Mais c'est un détail. On se régale avec ce tome (surtout la fin!) et c'est tout ce qui compte. Vivement la suite!
Dis Romano, juste par curiosité, tu achètes tout ce que tu lis ou tu empruntes souvent ? Ca doit revenir cher tout ça :p