[Le DUEL de la Semaine] Monster Hunter : Ancienne formule VS Nouvelle formule.

En gros, un élément qu'on trouve négatif ne devrait pas rendre l'élément critiqué (ici, Wise ou Follin) 100% négatif (je pense)...

Edit: ce que je veux dire, c'est que je comprends pas comment le simple style "8O's" de Follin l'a fait perdre ton vote :/

quenthi t'as souligné un point important je trouve, enfin qui m'amène à parler peut-être du seul défaut qu'à tim follin dans ses productions. Le problème, c'est qu'il a fait pas mal d'ost qui sont complètement décalées par rapport au jeu, en fait tu sens que le mec s'en fout légèrement du JV, et veut juste s'amuser à bidouiller une machine pour faire des trucs de malade. Tout cela à l'exception près de l'ost de ecco defender of the future, qui colle ultra bien au jeu. Mais bon voilà, follin dans sa période rétro a fait des trucs peut-être un peu trop épiques (loul), qui passent complètement au-dessus du jeu, ya pas de cohérence entre le jeu et la musique, mais ça n'empêche pas ces dernières d'être géniales.
Tandis que Wise, comme tu l'as très bien dit, fait des compo qui collent parfaitement aux jeux, et les deux sont presque indisociables, et jtrouve que c'était important de le préciser. Bien qu'on ne vote pas en fonction des jeux, ya aussi le fait de composer POUR un jeu qui est important !

David Wise est un grand compositeur de jeux vidéo. Il a eu la chance de travailler pour Rareware dès les commencements du studio, et il exprime avec beaucoup de facilités un style souvent très adapté à l’ambiance du jeu. Que l’on parle du truculent Battletoads aux moins célèbres Marble Madness ou High Speed, l’on apprécie sans peine les dispositions du bonhomme dans le domaine de la Chiptune, mais c’est bien sûr lors du passage à la 16-bits que Wise va montrer son plein potentiel par le biais de la série Donkey Kong Country. En exploitant certaines capacités de la machine, Wise essaie de reproduire les sons de la jungle et d’une nature dominante et s’inspire notamment des productions du courant New Age, allant jusqu’à plagier imiter le groupe Deep Forest pour certains morceaux. De la même manière que les graphismes sont « capturées » depuis des modélisations 3D, l’environnement sonore s’est construit à partir de samples de la nature : l’eau qui coule, le chant des oiseaux, etc. Si l’on y ajoute les talents de saxophoniste et claviériste du compositeur, l’on comprend le choix de direction jazzy electro que prend la trilogie Donkey Kong Country. Le compositeur a su s’adapter à l’univers du jeu et c’est bien sûr cet élément qui a fait sa renommée dans le monde musical du jeu vidéo. Sorti de ça, ce n’est pas la mega joie, l’OST de Diddy Kong Racing est très faible, niaise et répétitive, même si ça colle effectivement au trip gamin du titre on comprend bien que Wise n’a pas été sous le coup de l’inspiration.

Passé le mythe fantasmé de DKC, David Wise n’arrive pas au doigt de pied de Tim Follin musicalement parlant (on a tendance à tout exagérer quand l'on parle sur internet, cette phrase n'y fait pas exception), et ça peut être dur à lire pour certains, ineptie pour d’autres, mais c’est mon opinion profonde sur le sujet (mais je peux concevoir sans problèmes que l’on préfère Wise pour plein de raisons). Car à vrai dire, il y a peu de compositeurs qui tentent des choses aussi complexes et techniques pour le jeu vidéo : Tim Follin emprunte au rock progressif des années 70, à l’electro des années 80, au jazz, à la funk ou à la house, mais il arrive également à nous produire des ambiances sonores complètement folles dénuées de toute mélodie (l’univers horrifique de Ghouls’n Ghosts sur Amiga, les donjons incroyables d’Equinox sur SNES). Son approche du hardware est unique en son genre, il essaye de retirer la quintessence d’un soundchip pour se délivrer des contraintes d’époque ; il n’y a guère que Sunsoft qui peut rivaliser en technique du son sur la NES (et encore). Quand quelqu’un a dit plus tôt sur ce topic qu’il était incapable de varier son style, ça prouve d’une méconnaissance totale des frères Follin. Ou plutôt, c’est faire un amalgame de taille : la plupart des musiques de Tim Follin sont musicalement très poussées, avec une structure rythmique unique, des accords peu conventionnels et des longues tirades mélodiques (qui rappellent d’ailleurs la longueur des thèmes composés, on tape dans les 3 minutes pour le thème principal de Solstice, quasi 10 minutes pour celui de Defender of the Future). C’est cette complexité que j’admire, qui me fascine, que ce soit dans ses BO old-school ou les plus récentes.

En ce qui me concerne, je n’ai jamais joué à un seul jeu de Tim Follin dans mon enfance. Pour tout dire, j’ai découvert ce compositeur en 2013 par le plus grand des hasards, et ce bien après avoir connu David Wise et sa carrière musicale. Je n’éprouve à vrai dire aucune nostalgie à l’égard des compositions de Tim Follin, je ne verse aucune larmichette en écoutant du Plok ou du Solstice. Au contraire, j’ai joué à Diddy Kong Racing et j’ai effleuré le premier Donkey Kong Country chez un voisin à la fin des années 90, ce qui n’a tout de même pas été suffisant pour construire une quelconque nostalgie. Une fois débarrassé de toute emprise subjective de mon enfance (et c’est très difficile, on a tous nos racines culturelles), j’essaie de ressentir la musique d’une perception adulte et enrichie par toutes mes expériences vidéoludiques antérieures, ce qui m’a même conduit à la création du Blindtest sur ce site. En France, on ne peut pas dire qu’il y ait une grande reconnaissance accordée à la musique de jeu vidéo, et si l’on commence peu à peu à décrypter les raisons qui nous font apprécier cette culture, nous sommes encore loin d’en faire des études spécialisées et complexes, ce qui est bien dommage. Le thème de Super Mario Bros fait partie de la pop-culture, ouais mais pourquoi ne pas aller plus loin ?

Le véritable problème, c’est que la musique des jeux vidéo a été jugée pendant très longtemps par des journalistes gamers et non par des mélomanes. Un journaliste gamer peut bien sûr donner son avis sur une bande-son, mais comme disait Voltaire, « il n’appartient pas aux aveugles de juger des couleurs comme il n’appartient pas aux sourds de juger de la musique ». Cette image me paraît des plus parlantes dans le cas de la réception des musiques de jeux vidéo.
BREAKING NEWS : Tout ne se vaut pas en musique, votre subjectivité et vos émotions ne définissent pas ce qui est bon, mais ce qui vous plait, rien de plus. Et si je n’ai pas la prétention de dire que Follin est objectivement bon, je peux au moins vous certifier que sa musique est bien plus recherchée que celle du concurrent de la semaine.
Tim Follin souffre de son impopularité, et des mauvais jeux sur lesquels il a travaillé. Il a vraiment son style, inimitable, qui est pourtant très référencé (Pink Floyd, Genesis, Jethro Tull…), je donne à Tim Follin mon vote sans aucune hésitation, malgré ma forte sympathie pour les compositions de Wise de manière générale. (Aquatic Ambiance, Forrest Interlude <3)

A savoir pour conclure que David Wise a avoué en interview être admiratif du travail de Tim Follin qu’il cite comme une grande inspiration durant la période 16-bits, notamment dans l’optimisation des pistes et des samples. C’est une honnête attention, n’est-ce pas ?