Bon, comme il n'y a aucun post traitant de ce film, je me lance !
Je préviens, il se peut qu'il contienne des spoil, sûrement sous la forme de citations et/ou "d'analyse" , donc si vous ne l'avez pas vu, je vous conseil de passer votre chemin, et D'ALLER DE REGARDER. (j'ai mis les spoils dans la balise spoiler, vous pouvez lire le reste ;) )
Bon bon, alors Shame, c'est le deuxième film de Steve McQueen II, avec Micheal Fassbender et Carey Mulligan.
Il s'agit aussi de la deuxième collaboration entre MacQueen et Fassbender, puisqu'ils étaient déjà à l'affiche de Hunger.
Shame c'est l'histoire de Brandon, de Brandon et de son addiction sexuelle. Shame nous montre sa décadence, psychologique, lorsque sa soeur, Sissy, débarque chez lui.
Maintenant, mon avis sur le film.
Il fut pour moi une énorme claque, notamment la scène "finale" que j'ai évoqué au dessus, mais aussi la scène où Carey Mulligan interprète New York. J'ai trouvé ce film. J'ai tout simplement ADORE ce film (vous n'avez qu'à demander à Primo tien :P). Après, il faut avouer que je l'ai vu durant une période qui à fait que j'ai sûrement été plus réceptif à ce film, et que mon jugement y a peut être été altéré. Mais même en le revoyant aujourd'hui, je le trouve toujours aussi fort et poignant. Je trouve dommage qu'il est reçut si peu de succès, que ce soit au niveau de spectateur (mon cinéma l'a diffusé seulement 3 séances 1 mois et demi après sa sortie, et sans aucune affiche ni rien, j'ai bien failli louper l'information) ou même au niveau des festivals (Micheal Fassbender aurait du être nominé à l'Oscar des meilleurs acteurs). Pourtant, Hunger avait déjà été encensé par les critiques, je pensais que Shame aurait reçu plus d'attention de la part du monde du cinéma et ne serait pas resté dans l'ombre.
A vos clavier !
Ce film a été encensé par mes sources d'information cinématographique. Je crois qu'il n'y a rien de choquant dans le fait qu'il n'ait pas été récompensé (que ce soit par popularité ou par des prix). McQueen a fait le choix de ne s'adresser qu'à un petit groupe averti. Ce film se vendra probablement mieux en DVD et Blu-Ray à mesure du bouche à oreille.
En ce qui me concerne, je n'ai vu ce film que récemment. Je pense le revisionner de façon plus attentive car beaucoup d'éléments on dû m'échapper mais je dirais que ce type ne contrôle pas une seconde sa vie. Le sexe n'est qu'une source nocive de pure dépendance. Les rapports physiques, les rapports à l'autre sexe sont cantonnés à quelque chose de malsain. Il assouvit ce besoin qu'il ressent sans véritablement en tirer de la satisfaction.
Sa sœur n'est ensuite qu'un élément déclencheur. Face à elle, il se retrouve obligé de réprimer la seule façon qu'il connaît de vivre les rapports humains. L'amour, l'affection, les liens positifs qui devraient le rattacher à sa sœur sont entravés par une dépendance froide au sexe. Dépendance qui devient encore plus perverse quand il s'agit de sa sœur ! D'où la frustration, la décadence et la déchéance qui se retrouvent dans les dernières scènes.
Schéma similaire ou inverse pour sa sœur qui ressent un déchirant besoin d'affection. Cette même affection dont son frère est incapable et qu'elle recherche parmi ses aventures.
Ce film défie le parangon des rapports humains qui est représenté à travers notre société hyper-sexualisée. Dans un autre film, le protagoniste aurait été dépeint comme un simple Don Juan n'ayant rien à cacher d'un mode de vie pas si marginal. Ici, McQueen fait revenir le dégoût; le scepticisme face à la "propagation virale", pour citer le film. Le sexe cesse d'être représenté de façon absolument positive.
... A quel point je suis à côté de la plaque ? :p
Je ne l'ai pas vu, je vais le voir bientôt je pense.
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Ce film me fait penser un peu à Drive, la majorité des spectateurs disent qu'"il est énorme seulement il n'est pas récompensé à sa juste valeur" (tout comme des centaines de films me direz-vous :p)
Il faut absolument que je le regarde ><
J'ai la même vision du film que toi
Mais on peut ajouter à cela que Brandon n'a aucune honte à ça, il suffit de voir lorsque David décrit ce qu'ils ont trouvé sur son PC, il reste stoïque.
Et je pense aussi que que ce n'est pas seulement parce qu'"il se retrouve obligé de réprimer la seule façon qu'il connaît de vivre les rapports humains" qu'il pète un câble, mais aussi parce qu'il se rend compte que son mode de vie est en réalité qu'une illusion et malsain. Il suffit de voir son état, et sa provocation, dans le bar, ainsi que son visage (mention spécial a Micheal Fassbender) à la fin de la scène de sexe à trois ... On dirait une prise de conscience, qui est pour moi accentué par Unravelling, une fois de plus, puisqu’à après une musique un peu "sombre" elle devient plus "claire", plus aiguë, comme signe de rédemption et d'une prise de conscience qui est le chemin vers une "guérison" pour Brandon.
Drive est un très bon film aussi (avec Carey Mulligan). Et oui DoTT, fonce !
PS: Vous voyez l'image de mon post, chez moi ça bug ?
Non, je pense qu'il est conscient d'avoir un problème concernant les rapports humains. Il en est probablement conscient avant le début du film mais l'a plus ou moins accepté. Son attitude face à son patron n'est que de la surprise camouflée. De façon comique c'est son patron qui propose de lui-même une porte de sortie en accusant un pirate. Lui ne fait que contenir son embarras. On le discerne dans sa posture donnant l'impression qu'il s'interdit de respirer.
Les derniers moments du film ne représentent pas à mes yeux une prise de conscience mais la frustration de ne pas apporter à sa sœur ce qu'elle pourrait attendre de lui. Il est incapable de vivre sainement cette relation et s'en mutile presque par la dépravation. Sa dépendance se fait ressentir de façon de plus en plus violente dans les dernières scènes, comme pour tenter d'anesthésier la frustration mais ça ne marche plus du tout. Pour continuer dans la comparaison avec la drogue, il ne plane tout simplement plus. Il fait face, je dirais non pas à ce qu'il est, mais à ce qu'il devrait être. On le voit d'ailleurs dans les dernières scènes. Il surpasse son incapacité en restant au chevet de sa sœur, il ne poursuit plus la femme mariée. Un peut comme si la morale prenait le pas sur la nature. Il se force à être ce qu'il devrait être. L'opposé étant ce pervers seul au monde, vivant dans le vice de façon insatisfaite et autodestructrice (scène du bar).
PS : S'il s'agit de l'image de Shame, on la voit.
C'est bien ce que je dis, lors des dernières scènes, il commence à se rendre compte que ça va pas, que son mode de vie n'est en rien équilibré, mais auto-destructeur. Mais pourtant, il continue, puisqu'il
Quand à la scène du métro à la fin, j'ai l'impression d'un retour au début. Comme si Brandon allait tout recommencer. Mais à une différence prêt, il ne "poursuit" plus la femme mariée, mais il hésite. Je viens de re-regarder cette scène, et j'ai l'impression qu'il se demande si il doit y aller, ou se "calmer". J'ai toujours pris cette fin comme une sorte de "fin ouverte" ou les deux choix sont possible => Il reste assis, ou répond aux "avances" de la femme mariée.
Quand à son disque dur, j'ai quand même l'impression qu'il est en mode "j'm'en fou". Il est d'un calme plat lorsqu'il dit "On my Hard Drive ?". Même si il sait que ce n'est pas quelque chose de "bien".
Surtout que comme son boss parle directement d'un pirate, cela doit le conforter, et lui faire penser "c'est bon, je ne serais jamais pris, je peux continuer". Il faut avouer que ce qu'ils ont trouvé dans son Disque Dur est en total désaccord avec le personnage de Brandon au premier abord, trentenaire "beau gosse" avec une bonne situation etc ... C'est comme si il se disait "Personne ne peut se douter de rien".
Il n'y a qu'à voir sa réaction lorsque Sissy le "piège" il devient fou de rage, comme si le fait d'être découvert était pour lui impensable et hors de question.
Mais c'est justement l'embarras qui suscite cette colère. D'où le décalage entre la réaction de Sissy et la sienne. Il est au courant d'avoir un rapport déviant à la sexualité. Si il a une réaction disproportionnée c'est parce qu'il sait tout ce qu'il y a derrière la masturbation. Pour lui, c'est comme si sa sœur avait été exposée à TOUS ses vices d'un coup. Il cherche constamment à éloigner sa sœur de son unique rapport aux relations humaines. Il ne veut pas voir sa sœur comme il voit toutes les autres femmes.
C'est à mes yeux plus ça que le fait d'être pris en flagrant délit qui le préoccupe.
Pour la scène du bureau, c'est sa posture que je trouve équivoque. Il ne fait plus le moindre geste, on dirait qu'il ne respire plus. Il y a un net temps de latence avant sa réponse. Là encore, il y a un certain embarras qui se dégage de son comportement. Mais bon, tout ça n'est que de l'interprétation personnelle, c'est bon signe si on voit des choses différentes dans un film aussi riche. ^^
A mes yeux, c'est un personnage qui sait parfaitement ce qu'il est. On le note dans les scènes d'embarras précitées et mieux encore dans la scène où un de ses collègues fait un exposé. Quand il entend " Vous me dégoutez.", il réagit avec cette même pétrification. Comme si une telle remarque ne pouvait être adressée qu'à lui.
Je vois dans les dernières scènes, un type qui ne supporte tout simplement plus de vivre dans le déni. Son insatisfaction même dans un assouvissement orgiaque de sa dépendance va de paire avec la scène où il découvre sa sœur.
Il affronte son handicap émotionnel de façon brutale entre les deux scènes.
Autre chose qui m'a immédiatement marqué, c'est le plan dans la station de métro dans la dernière scène. L'image se coupe en deux avec le reflet du train sur une surface. On dirait à ce moment que le train se dirige dans deux sens opposés. Ce qui revient à ton interprétation de sa seconde rencontre avec la femme mariée. Il recommence les choses différemment. :)
A la fin on lui laisse le choix (même si je préfère penser qu'il décline ^^), mais comme tu l'as dit, il hésite. On marque un temps de latence pour signifier qu'il ne se dévoue plus à ses pulsions. Il prend en compte le Surmoi; l'idée morale de l'homme qu'il devrait être. Ou peut-être encore qu'il remet en question, de façon moins "chrétienne", son rapport à l'autre qui ne le mène à rien et ne le satisfait plus.
C'est l'embarras, mais aussi le fait d'être découvert. Je pense qu'il avait un certain plaisir à réussir à cacher cette facette de son existence au monde entier. Il en éprouvait une fierté, se sentait fort sûrement.
La découverte de son PC, bien qu'il fut "couvert", est sûrement la début de la chute de cette illusion, de cette fierté de leurrer tout le monde. Il sait que c'est "mal", il sait que si quelqu'un le découvrait il serait jugé, mis à l'écart et pointé du doigts, mais ce danger ajoute quelque chose à son addiction, l'adrénaline de l'interdit, et la fierté d'être plus malin.
Lorsque sa soeur le découvre, il pète un cable. Je pense que cette colère est due au fait de ne plus être caché, de ne plus être "celui qui cache au autre, le plus malin" mais celui "qui c'est fait choper".
J'ai repéré la même chose que toi pour la phrase "Vous me dégoûtez", d'ailleurs, puisqu'elle est prononcée avant l'apparition de l'image, j'ai moi même cru que quelqu'un s'adressait à Brandon.
Sûr le reste de ton message, j'suis assez d'accord.
Par contre, un aspect du film n'a pas été évoqué encore.
J'ai l'impression que Sissy cause un plus grand malaise à Brandon, autre chose que le fait de mettre à jour ses vices.
Lorsque Sissy à une aventure avec le boss de Brandon, il va courir. Il est mal.
J'ai eu l'impression que McQueen voulait nous dire que même pour un personnage comme ça, qui baise tout ce qui bouge, tout le temps et n'importe où, la soeur reste "sacrée". Il ne faut pas la toucher, c'est sa soeur, pas une femme avec qui on peut faire l'amour. Et comme Brandon ne connait que ça, l'aspect sexuel d'une relation, il ne peut pas être proche de sa soeur. Il ne sait pas comment faire, il ne peut pas gérer un style de relation qu'il lui est inconnu. Il ne connait que le sexe, mais sa soeur doit être au dessus de ça, le sexe ne doit en aucun cas
l'atteindre.
Quand aux scène du train, j'ai aussi repéré le jeux de miroir. Je l'ai prit comme un "ça avance, mais ça recule en même temps". Comme si il existait une boucle, et que même lorsqu'on avance dans nos vies, on revient au même endroit, rien ne change vraiment. Et c'est cet aspect là qui me fait penser qu'il y a de fortes chances que Brandon aille voir la femme mariée, car il est ce qu'il est, il est malade, et accro au sexe. Il en a besoin, et ne pas faire sans.
J'ai acheté le DVD, et il y a une interview très intéressante de McQueen dedans. Je te conseil vivement de la regarder, elle apporte de nombreux éclaircissements sur la maladie de Brandon. Bien qu'il sache que c'est malsain, c'est comme un junkie, il ne peut pas s'en passer. Alors il consomme, en se disant que c'est la dernière fois, jusqu’à l'état de manque. On peut vouloir changer, mais c'est parfois au dessus de nos force, et Brandon est extrêmement ancré dans cette routine de vie, extrêmement ancré dans son addiction sexuelle, et même en voulant arrêter, je pense pas qu'il puisse y arriver du jour au lendemain.
C'est exactement ce que je dis dès le départ. C'est l'incapacité dont je parlais. ^^
Pour le reste, je suis tout à fait d'accord. Mais j'aime à espérer qu'il refuse de la suivre, même quand l'addiction sexuelle est une chose sérieuse.
J'ai prêté le DVD du film à mon cousin. Je devrais le récupérer lundi je pense. J’essaierais de faire un rip de l'interview que j'évoque au dessus, elle m'a apporté quelques éclaircissement, et la poster sur le forum. En plus, elle nous apporte la vision de McQueen sur son film, ce qui est une autre approche intéressante à mon gout.
D'ailleurs, lors des dernières scène, j'ai remarqué que le réalisateur à fait un zoom sur la joue blessée de Brandon. Au début, je me suis dis "Mais, il avait rien avant ?!" et après, re-zoom sur cette joue, intacte cette fois, dans le bar. Entre ces deux scène, il c'est passé trois choses: son passage à tabac, sa relation gay et sa partie à trois.
En plus d'avoir été blessé physiquement, il a été blessé psychologiquement. J'ai donc pensé que cette blessure symbolisait cette blessure, cette cassure, intérieure qu'il a subit lors de cette soirée.