(bon ok après des heures de correction y'a encore plus de fautes)
Merci à tous pour vos encouragements et vos commentaires ! :)
Bonne lecture ! :p
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Hooper, après un moment de forte concentration sur un brin d’herbe jouant avec le vent qui soufflait en montant le long de la dune, releva la tête et regarda l’étendue bleue de la mer.
Il eut un grand sourire en banane. Pourquoi était-il ici ? Parce qu’il cherchait quelque chose qui lui aurait semblé « vrai ».
Il replongea ses pensées dans l’horizon devant lui. Depuis quelques temps, il aimait venir voir la mer.
« Y’a pas à chier, la perspective est meilleure ici que dans Pilotwing resort sur Nintendo 3DS » pensa-t-il.
Pour la cinquantième fois depuis qu’il s’était assis là, sur cette dune, il se reposait la même question : Qu’est ce qui n’allait pas ?
Pourtant, il avait tout pour être heureux. Une maison, un chaton adorable, une magnifique passion pour les jeux vidéo, représenté par une collection impressionnante dont il était fier. Il adorait ce qu’il faisait : Faire des vidéos sur ses jeux et les mettre en ligne. Une formidable communauté s’était formée autour de cette activité et il en était comblé. Dernièrement il a réalisé un de ses rêves de vidéo testeur : Monter un site, comme il l’avait imaginé! Pour lui et sa communauté, afin que tout puisse continuer dans les meilleures conditions possibles. Il avait également de nombreux projets en tête.
Quand les problèmes ont-ils commencé ? Aussi loin qu’il puisse s’en souvenir, dans la nuit (ou plutôt la journée) qui suivit l’épopée de Super Castlevania IV.
Vraiment très étrange cette sensation. Un sentiment de bonheur, de complaisance, mais en même temps un ressentit de déphasage par rapport à la réalité. Comme un état sous l’emprise d’une drogue, sans avoir pris de drogue.
Les jeux vidéo, une drogue avec des effets néfastes songea-t-il ? Pas pour lui, avec la vie de gamer qu’il a connu, les jeux vidéo il en avait l’habitude ! Et puis la cause de ses soucis restait au final une sensation positive, dans le sens où il se sentait dans un état de bonheur. Le problème était qu’il ne se sentait plus tout à fait lui-même, ou plutôt qu’il ne se sentait plus dans le même monde qu’avant.
Il balaya toutes ses pensées de sa tête et regarda sa montre, semblable à celle du personnage jouable dans Dead Rising.
Déjà six heures de l’après-midi, il était temps de rentrer donner le lait à chaton. Gruissant se trouve à plus de 140 kilomètres de Toulouse, où il vit dans une belle petite maison à la campagne.
Il profita une dernière fois du paysage qui s’offrait à lui. Embrassant du regard la Méditerranée, et observant l’activité dans le port industriel de Port-la-nouvelle, visible au bout de la plage malgré la longueur impressionnante de celle-ci.
Il fallait descendre. La voiture était garée dans le centre de la commune de Gruissant.
En redescendant vers la commune, il faillit perdre l’équilibre sur cette pente de sable.
- On a affaire à de la marmelade de citron, dit-il.
Dix minutes plus tard, il claqua la portière, mit sa ceinture, et démarra la voiture. Passa la marche arrière, sortit de sa place de parking, passa la première et s’engagea sur la route.
Soudain, la voiture s’immobilisa, il avait calé.
- Bordel mais c’est où R2 déjà ?
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Après trois heures de routes pénibles dans les coups de klaxon, il arriva en un seul morceau chez lui, alors qu’il constatait le brouillard de guerre s’installer vu l’heure tardive.
« Non vraiment, cette situation ne peut plus durer ! » Pensa-t-il en versant du lait dans un bol sur lequel il était écrit « chaton ».
- Meouw !
Pour demain, il avait décidé de prendre rendez-vous avec un médecin.
- La situation devient de moins en moins gérable, je perds les pédales, ou alors God a laissé des bugs lors du codage de mon IA !
Il s’assit.
Et pourtant, après une période de plusieurs mois de doutent en son fort intérieur, un certain équilibre était récemment revenu dans sa vie. Maintenant ce n’est plus lui qu’il sentait changé, mais le monde dans lequel il vivait.
- Mais dans quel monde vit-on ? Lança-t-il à chaton avec un sourire, en pensant à cette phrase que beaucoup de gens disent, mais qui n’avait pas eu de sens pour lui jusqu’à maintenant.
Il bu une grande gorgée.
- Ça fait du bien par ou ça passe !
- MEOUW !
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Dr Eggman, Médecin généraliste – quatrième étage.
« Encore un truc de gros oufo » pensa hooper, plutôt résigné maintenant face à ce genre de situations. Il venait de lire la plaque qui ornait le mur de l’entrée d’immeuble, dans le centre de Toulouse.
Il prit l’ascenseur et se fit introduire dans une salle d’attente, ou une personne attendait déjà.
Trente minutes plus tard, hooper semblait impatient.
« Ça rame toujours autant chez le toubib, incroyable ce temps d’attente ! » S’insurgeait-il.
La situation devenait d’autant plus intenable que l’autre personne qui attendait avec lui n’avait pas bougé, et ne semblait même pas l’avoir remarqué.
- Monsieur ?
Aucune réponse.
- Monsieur, ouhou ! Vous m’entendez ?
Toujours aucune réponse.
Hooper se leva de sa chaise et alla se poster devant l’individu, le regardant dans le blanc des yeux.
Il leva sa main et la passa, lentement, devant le visage de l’homme, puis répéta l’opération de plus en plus vite.
- C’EST ENORME !
Il bondit de sa place et se rua vers l’encadrement de la porte qui séparait la salle d’attente de l’accueil.
- M’DAME IL EST BUG ! OH C’EST ENORME !
Après plusieurs secondes de silence, la jeune femme présente à l’accueil retrouva ses esprits.
- Pardon monsieur, il y a un problème ?
- Et comment ! Cette personne qui attend là est complètement bugée ! Elle bloque tout le script.
- Je ne comprends pas, calmez vous.
- Écoutez, dit-il. Ceci est la preuve que ce n’est pas moi qui ai un problème, mais bien ce foutu monde qui nous entour ! Regardez vous-même, il ne réagit pas ! Complètement keblo le mec ! Et il agita vivement les bras devant l’individu, toujours impassible.
- Vous voyez, continua-t-il. Si ça ce n’est pas un bug, jm’y connaît pas !
- Monsieur ! dit la jeune femme en haussant le ton, cette personne est sourde et aveugle, c’est normal que vous ne puissiez pas communiquer avec elle de cette manière !
- Quoi ?
- Je vous prie d’arrêter de l’agresser de la sorte où je vous fais sortir immédiatement et j’annule votre rendez-vous.
- Mais je… enfin j’ai quelque chose qui…je … mais… je suis vraiment désolé, si j’avais su…
Et il se rassit en se laissant lourdement tomber sur la chaise.
Après un total d’une heure d’attente, ce fut enfin son tour.
Il entra dans un cabinet de médecin bien comme il faut. Dans un style décoratif avec 30 années de retard, des armoires remplies de livres de médecine et un bureau de travail qui débordait de paperasses et de lettres ouvertes, le tout dominé par un imposant dictionnaire de médecine.
Le docteur Eggman s’était levé de son fauteuil pour venir le saluer.
Un peu enrober, d’allure robuste avec un gros pull-over en laine bleu ciel et une moustache à la russe. Sa calvitie avancée et la rondeur de ses joues dessinait une tête en forme d’œuf, légèrement incliné sur le côté.
- Bonjour. Je suis le docteur Eggman. On m’a dit que c’est vous qui avez eu un problème tout à l’heure dans la salle d’attente, monsieur ?
- Hooper.
Après quelques explications quelques peu confuse pour le médecin concernant l’altercation avec sa secrétaire, celui-ci prit le rôle qui lui était dédié.
- Bien, alors hooper. Pouvez-vous m’expliquer ce qui vous arrive.
- Toute ma vie j’ai joué aux jeux vidéos mais depuis que j’ai fait l’épopée de Super CastleVania IV et jusqu'à aujourd’hui je me sens comme dans un autre monde.
Il était fier d’avoir sorti cette explication, claire et précise, qu’il avait eu le temps de préparer dans la salle d’attente.
- Hum je vois, fit le médecin sans plus de réaction. Je vais prendre votre tension si vous le voulez bien. Relevez votre manche, voilà. Vous êtes à 12, c’est le chiffre normal.
- Quoi 12 fps ? Attendez mais c’est gravissime là.
- Vous dites ?
- Je dis que 12 fps c’est un chiffre qui n’est pas du tout normal de nos jours, on tourne maintenant à du 60 fps constant, 30 dans le pire des cas. Mais vous ne me ferez pas avaler que je tourne à du 12 fps.
- Qu’est ce donc que l’unité fps que vous utilisez ?
- Le nombre d’images par seconde ! Vous ne jouez pas souvent aux jeux vidéo vous, je me trompe ?
Le médecin leva les sourcils à la limite du physiquement possible. Après quelques secondes de silence, il reprit la parole avec le sérieux de son métier.
- Si je comprends bien, vous pensez que votre tension artérielle est un flux d’images, un film ?
- On peut dire ça comme ça, oui.
- Et donc vous…vous dites être différent, comme dans un monde qui ne serait plus le monde réel que nous connaissons, mais un monde qui se rapproche… du monde des jeux vidéo ?
- Oui voilà ! Vous m’avez compris c’est formidable ! Vous êtes la première personne que je rencontre et qui comprend mon problème.
Hooper jubilait.
- Avez-vous des antécédents psychiatriques ?
- Hein ?
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Hooper était sorti. Et il était furieux.
Lui, fou ? Incroyable de ne serais-ce que penser cela ! Et pourtant… un frisson lui parcourra l’échine. Et si c’était vrai ? Si c’était lui et pas le monde qui était devenu fou ? Mais non, ici il n’est pas question de folie ! Le monde n’est pas fou, il est juste « différent ».
Une semaine et un direct Live plus tard, hooper jouait avec Chaton dans le jardin.
- Il n’aime pas le packaging lui non plus !
Dans la journée, le facteur apporta le courrier, avec le résultat de la prise de sang effectuée deux jours plus tôt.
« Toujours avec la même skin celui-là » pensa-t-il.
Il ouvrit la lettre contenant les résultats et la parcouru entièrement.
- J’ai toutes les stats dans la norme. Et je suis même au maximum pour le calcium !
Tout en disant cette phrase, il s’était tourné vers chaton.
- OOOOOOOWIIII il fait le petit museau et les grandes oreilles ! C’est du bon lait grâce à chaton ça !
- Meouw.
Le lendemain il traversait un passage piéton dans le centre de Toulouse, pour un rendez-vous avec un psychologue.
Cette idée était loin de le ravir. Mais il voulait tenter par tous les moyens de comprendre ce qui lui arrivait et d’être compris aussi.
« Les minous parmi nous », tel était le slogan d’une publicité placardée sur la vitrine d’une clinique vétérinaire qu’il venait de dépasser.
Et c’est la dernière chose dont il se souviendra à son réveil.
Car, sur le passage piéton de l’intersection, le bus qui arrivait avait vu hooper.
Mais Hooper, lui, n’avait pas vu le bus.
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- ET OUI C’EST MOI ! LE CHEVALIER D’OR DU TAUREAU, JE SUIS LA ! OUHOU !
Le patient de la chambre C n’avait pas eu besoin d’utiliser la sonnette pour appeler les médecins à son réveil.
Immédiatement, un homme et une femme en blouse blanche étaient entrés dans la pièce. Ils ne savaient pas vraiment comment réagir.
Le patient hooper était un cas que l’établissement n’avait encore jamais eu à traiter. Malgré un choc violent dû à l’accident, il ne souffrait d’aucune blessure significative. Aucune lésion visible sur les scanners de la boite crânienne. Et pourtant, il semblait être dans un état de choc plutôt avancé.
Son intonation avait subitement changé.
- Holala je meurs de faim, je pourrais dévorer un octorock !
Sur cette demande, on lui apporta un repas composé de frittes et d’un steak.
Brusquement, il s’empara du steak et le lança sur le mur situé en face de lui.
- ENFOIRE DE MEAT BOY MOISI !
Pendant ce temps, des médecins de toutes les spécialités passaient les uns après les autres, sous pouvoir avancer davantage d’explications.
On venait d’apporter un lecteur cassette. L’enregistrement contenait un rapport dicté par le docteur Eggman.
Celui-ci disait « Le patient Hooper semble atteint de troubles de la personnalité STOP Caractérisé par le sentiment d’être dans un monde qu’il dit différent STOP préconise un rendez-vous chez un psychologue STOP. Docteur Eggman, médecin généraliste STOP. »
- Voilà qui éclaircit un peu la situation, avança un des médecins présents dans la chambre.
- Meouw !
Aussi incroyable que cela puisse paraître, chaton grattait à la fenêtre.
- Comment il est arrivé là lui ?
On ouvrit. Chaton bondit dans la pièce.
Le médecin passa la tête par la fenêtre et regarda vers le bas. On était au 6ème étage, et la façade semblait impossible à escalader, même pour un chat.
Chaton, lui, était déjà blotti contre son maître. Son ronronnement faisait un boucan d’enfer.
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Il était maintenant deux heures de l’après-midi. Depuis que chaton avait rejoint son maître, celui-ci semblait miraculeusement guéris.
Hooper regardait maintenant l’endroit où il se trouvait. Une chambre plutôt vaste pour un hôpital selon lui. Avec des murs jaunes et une grande fenêtre en bois à double battant un peu abimée par le temps qui donnait sur les toits de la ville.
Du reste, le lit était confortable, mais il n’y avait pas de télévision.
Un médecin passa le voir, et il put ainsi recueillir quelques explications auprès de celui-ci.
Il était arrivé il y a exactement 24 heures en début d’après-midi, après avoir été renversé par un bus rue Alsace Lorraine.
Il fut ensuite transporté ici, à l’hôpital Purpan, au Nord-Ouest de Toulouse.
- Vous rappelez vous de votre état de ce matin ? demanda le médecin.
- Oui, j’ai tout compris ne vous inquiétez pas, répondit hooper.
- Bien, reprit le médecin. Deux jeunes gens voulaient vous voir tout à l’heure, mais vous n’étiez pas en état des les recevoir. Ils sont toujours en train d’attendre, dans le Hall. Acceptez vous qu’ils viennent vous rendre visite ?
- Je ne sais pas qui cela peut-être. Mais oui, faites les venir.
Quelques minutes plus tard, une première personne fut introduite dans la pièce. Chaton, à la vue de cette personne, se redressa.
- Bonjour Hooper.
Il ne connaissait pas cette jeune fille qui venait d’entrer et qu’il trouvait drôlement habillée. Avec une robe rose, de longs cheveux blonds tenus par un bandeau bleu océan dont la couleur s’harmonisait parfaitement avec celle de ses yeux. Le tout donnait une apparence proche d’un cosplay.
Immédiatement après, une autre personne entra dans la pièce avec un gobelet contenant une boisson chaude (probablement du café) à la main.
- Salut Hooper !
Encore un inconnu au bataillon. Cette fois-ci c’était un jeune homme d’une vingtaine d’années. De taille moyenne, un peu gras. Il avait prononcé ces mots avec un léger accent sudiste. Du reste il avait une apparence beaucoup plus banale que la jeune fille.
- Heu bonjour à tous, dit à son tour hooper. Il me semble que je ne vous connais pas, à moins que je ne sois touché d’amnésie.
- Nous ne nous connaissons pas encore, effectivement, répondit la jeune fille. Mais nous, nous vous connaissons déjà un peu.
- Ça fait bizarre de voir votre visage ! lança l’autre.
- Ah je crois que je comprends, dit hooper. Vous regardez sans doute mes vidéos sur internet ?
- Oui.
- C’est bien gentil tout ça, mais pourquoi venir me voir ? Et comment m’avez-vous trouvez !
Les deux inconnus se regardèrent, puis la jeune fille prit la parole.
- Au fait, nous ne nous sommes même pas présentés. Je m’appelle Maria.
- Enchanté, dit hooper.
- Et moi, Marcel.
- Enchanté.
Hooper semblait pour le moins dubitatif.
Maria reprit la parole.
- La situation est… très longue à expliquer. En fait non, elle est courte à résumer mais plutôt bizarre.
- Si vous saviez ce qui m’arrive depuis quelques mois, plus rien ne me semble bizarre maintenant.
- Oui nous savons.
Hooper paraissait surpris face à cette réponse. Il regardait successivement ces deux personnages, debout devant son lit.
- Et nous savons comment vous aider, dit le jeune homme.
- Comment ?
Sur un sourire, Marcel alla prendre deux chaises disposées le long du mur et les plaça devant le lit. Ils s’assirent et il se lança dans des explications.
- Et bien voilà ! Il y a de cela déjà pas mal de temps, j’ai commencé à faire des rêves étranges ou une voix me parlait. Je n’y ai pas prêté plus d’attention que cela, jusqu’au jour ou cette voix devint claire et où je pus enfin la comprendre. C’était tellement étrange que j’ai décidé d’en parler sur la conversation du profil Youtube à l’époque. C’était pour déconner et lire les réactions des gens face à cette drôle d’histoire. Mais quelques secondes à peine après avoir posté, quelqu’un a répondu « Moi aussi, je sais ».
- C’était moi, poursuivit Maria. À partir de là, nous sommes entrés en contact et avons discuté de tout ceci. C’était troublant et nous avons mis plusieurs semaines avant de nous décider. Enfin, nous nous sommes lancés. Et nous sommes venus.
- À ouai, dit hooper. Comment vous saviez que j’étais là ?
- Elle nous l’a dit.
- Qui ça ? Elle ?
- La voix.
- okaiiiiiiii, répondit-il avec son intonation caractéristique. Et cette voix vous à dit ce qui pouvait me soigner ?
- Oui, elle nous à dit comment vous sauver.
- Me sauver ?
- Oui, votre vie est en danger.
Hooper lança un petit ricanement.
- Et donc qu’est ce qui pourra me sauver ? dit-il avec un sourire.
- On doit aller au Japon.
- Au Japon ?
- Oui, pour rencontrer quelqu’un.
- Qui ?
Maria hésita, puis répondit.
- Segata sanshiro.
Chaton semblait captivé par cette conversation.
Hooper, lui, poussa un profond soupir.
- Oh non de dieu. Et moi qui croyais que c’était moi qui avais un problème.
- Pourtant, fit remarquer Marcel, vous êtes bien placé pour savoir qu’il y a quelque chose de pas normal qui se passe.
- Oh ça oui ! S’exclama hooper. Mais imaginons que nous ne soyons pas dans une de mes hallucinations résultant de mon accident et que nous devons donc aller voir ce bonhomme, comment est-ce qu’il pourrait me « sauver » ?
- Ça, on n’en sait rien, dit Maria. On sait seulement que c’est ce qu’il faut qu’on fasse.
- Mais pourquoi me sauver moi ?
- Parce que vous êtes hooper !
- Quoi, rien que pour ça ? Et arrêtez de me vouvoyer c’est perturbant !
- Okai, okai.
Maria paru un peu gênée.
-Au fait, dit-elle,… on peut savoir…comment tu t’appelles vraiment. Ton nom et ton prénom ?
- Juste hooper, répondit-il avec le sourire.
Marcel venait de prendre une inspiration et de se pencher en arrière sur sa chaise.
- C’est une blague moisi, ou… ?
Hooper se mit à rire, Marcel fit de même.
Maria, elle, semblait plus sérieuse sur la situation.
- Bon alors, qu’en penses-tu hooper de toute cette histoire ?
- Je vous suis !
- Quoi ? s’écrièrent Marcel et Maria ensemble.
- Pourquoi, quoi ? Rétorqua hooper.
- Sérieux, quoi ! Marcel en disant cela, lança un regard complice à hooper, qui répondit de même. On ne pensait pas que vous auriez…enfin que tu aurais accepté…aussi facilement.
- La situation est claire, dit hooper.
- Bien, dit la jeune fille. Il nous faudra aller à l’aéroport pour prendre un avion en direction du Japon. Mais avant, il faut te faire sortir d’ici !
- Et bien, vu que je vais beaucoup mieux, cela ne devrait pas poser de problème.
Maria sortit de la chambre pour aller parler au médecin qui, au même moment, traversait le couloir.
- Excusez-moi docteur. Le patient hooper peut-il sortir dés aujourd’hui ?
- Hélas je crains que non. Nous avons reçu un ordre de transfert dans une unité psychiatrique.
- Quoi ?
- Je sais que cela peut vous sembler inutile vu le comportement normal qu’il avait quand vous lui parliez il y a un instant. Mais son état de ce matin était vraiment…critique. Par conséquent, nous avons décidé de le transférer dans un de nos services de psychiatrie afin d’analyser son cas de manière approfondie.
- Il peut sortir prendre l’aire, dehors ?
- Non, car il pourrait partir, ce serait dangereux pour lui.
- A quelle heure aura lieu le transfert ?
- Il est prévu de le transférer à 13 heures, il vous reste donc une demi-heure si vous voulez lui parler. Une fois qu’il sera dans le nouveau service, les visites seront suspendues tant que nous le jugerons nécessaire.
Maria repartit vite à la chambre C, d’où l’on entendait des rires.
Quand elle arriva à la porte, elle vit hooper et Marcel se bidonner respectivement sur leur lit et leur chaise.
- Le patient hooper va être transféré en psychiatrie dans moins de 30 minutes ! dit-elle à moitié essoufflée.
Les rires cessèrent aussitôt.
- Oh les cons ! S’insurgea hooper.
- Il faut te faire sortir d’ici et vite ! lança Marcel.
Notre trio ne parlait plus. Chacun se creusait la cervelle pour trouver une solution, seul chaton miaulait en levant la tête.
Hooper, découragé par une idée qu’il élaborait depuis deux minutes mais qui venait de disparaître de son esprit peu commun, s’affala sur son lit. Les yeux rivés sur le plafond blanc.
- ‘Tendez là.
En prononçant ces mots, il leva le doigt vers le plafond en direction d’une grande grille métallique.
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- Les canalisations ! lança hooper d’un air triomphant
- Les canalisations ? fit remarquer Maria.
- Heu ! Les canalisations ! Non, je voulais dire les ventilations.
Non je ne vais pas passer par les chiottes ! Ajouta-t-il sur son ricanement habituel.
Hooper se leva sur son lit et tenta d’arracher la grille qui obstruait le passage.
- C’est bloqué, Marcel vient m’aider !
Avec l’aide de Marcel, ils réussirent à arracher la grille de métal, laissant place à un large passage.
- Bon, j’y go, dit hooper en s’agrippant. Je sors et on se retrouve devant l’établissement à la sortie du parking. Toi Chaton, tu restes avec eux.
- Meouw !
- Tu fais la bouboule !
Chaton se mit en boule immédiatement. Maria embarqua la boule de poile dans son sac et elle sortit.
Hooper, lui, était déjà engagé dans le conduit de ventilation. Marcel remit en place la grille et sortit à son tour en fermant la porte.
Il avait déjà fait une bonne vingtaine de mètres quand il arriva à un premier conduit latéral. Pour le moment l’endroit était large de presque un mètre de diamètre, il n’avait donc aucune difficulté à avancer.
Le conduit qui descendait devant lui offrait de bonnes prises et il n’eut là non plus aucune difficulté à descendre les quelques mètres pour atteindre l’étage inférieur.
« Putain ça me fait trop penser aux espèces d’égouts dans un passage de Another World » pensa-t-il.
- Ouai, poursuivit-il à voix basse. Il manque plus que les…
Il n’avait pas eu le temps de finir sa phrase qu’il poussa un cri, après avoir été touché par un jet de vapeur qui venait de sortir d’une petite conduite soudée à la paroi interne de la ventilation.
- Putain mais c’est quoi ça ! Hallucinant !
Un autre jet de vapeur venait d’apparaître à un mètre devant lui. Il semblait fonctionner par intermittence.
« Okai hooper, pas de panique ! »
- Bon, je vais essayer d’éviter ce jet de vapeur.
Après avoir mémorisé le timing, il se lança.
- Aller gogogo !
Il passa avec brio. Mais le conduit plongeait à nouveau latéralement juste après et hooper tomba de plusieurs mètres.
- AOUCH ! Putain je vais péter un câble là !
Soudain une voix se fit entendre, elle semblait venir d’une grille située au bout du conduit.
- Vous avez entendu ?
« Merde » pensa hooper, « on m’a repéré ! »
- Je ne capte aucun mouvement, dit une autre voix. Féminine cette fois.
Hooper recommença à avancer prudemment. « Je vais continuer à avancer sans faire de bruit ».
Tout en avançant, il passa par une intersection avec un autre conduit qui coupait le sien.
A chaque extrémité de celui-ci des ventilateurs tournaient. Ce qui offrait un étrange balai d’ombres avec la puissance lumière jaune qui semblait provenir de l’extérieur.
Dans tout l’espace, des particules de poussière scintillaient comme des étoiles dans un grand mouvement de tourbillonnement.
Tout ceci plongeait les lieux dans une atmosphère à la fois magnifique et oppressante.
Hooper reprit son avancée quand, à nouveau, les voix se firent entendre.
- Attention à l’acide moléculaire.
« Putain, mais ils foutent quoi dans cet hôpital ? Je vais bientôt être fixé, j’approche. Encore cinq mètres et je serai en mesure de voir ce qui se passe à travers cette grille»
- Je capte des mouvements à cinq mètres !
Hooper avança à nouveau.
- Il approche, 4 mètres !
Étonné et avec un sentiment de peur qui surgissait, il avança encore. Il lui semblait entendre un « bip » répétitif provenant d’un appareil électronique.
- Trois mètres j’vous jure !
Hooper pensa « ‘Tendez là, ce bruit… »
Soudain il s’immobilisa net et fut prit d’une sueur froide. Il venait de reconnaître ce bruit.
Celui du radar utilisé par les Marines du jeu Aliens versus predators.
Hooper ne bougeait plus. Il réfléchissait avec frénésie. Il ne savait pas quoi faire. À un moment il faillit appeler au secours, mais il se résigna.
« Oh puis merde c’est quoi ces conneries ! »
Sur cette dernière pensée, il se lança aussi vite que possible à quatre pattes jusqu’au bout de la conduite.
Mais une fois arrivé au bout de celle-ci, il fut encore confronté à un passage vertical.
Cette fois-ci celui-ci semblait beaucoup plus profond, car hooper n’en voyait pas le fond.
Mais sans réfléchir, il entama la descente à toute vitesse pour sortir au plus vite de cet enfer.
- God !
Son pied gauche venait de ripper sur le rebord et il perdit l’appuie.
- Ch’ui en mauvaise position là ! Putain !
Hooper s’était rattrapé de justesse avec ses mains à une corniche quelques mètres plus bas.
Il sentait la force de ses bras l’abandonner et il n’avait aucun appui pour ses pieds. Il regarda vers le fond, mais il ne le voyait toujours pas.
Il releva la tête brusquement, car un bruit effrayant lui parvint d’en face.
Il put ainsi se rendre compte qu’il était accroché à une ouverture entre son conduit de ventilation et un autre conduit verticale situé juste en parallèle.
Comme un cri, le bruit se rapprochait rapidement et devenait insupportable. On aurait dit du métal que l’on rayait.
Hooper était à bout. Son visage était perlé de gouttes de sueurs et il avait des yeux ronds comme des billes. Ce bruit incroyablement désagréable semblait lui transpercer le cerveau.
Soudain le bruit cessa et une petite forme apparu dans la conduite d’en face, comme une queue d’animal.
- Un Alien ! s’écria-t-il fou de peur.
L’insupportable bruit recommença et l’animal en question qui descendait apparu un court instant dans sa totalité.
La bête tourna alors la tête vers lui.
- Meouw !
Chaton était en train de descendre la paroi verticale en se laissant glisser, les griffes le long de celle-ci.
Mais hooper n’eut pas le temps d’analyser la situation, car il venait de lâcher prise.
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- Hooper !
- Hooper !
Hooper ouvrit les yeux, il ne voyait rien et sentait son corps emprisonner comme dans une camisole de force.
- Non je ne suis pas fou ! Laissez-moi ! criait-il tout en se débattant.
Il sentit une main l’agripper au col.
- Non laissez-moi ! God au secours !
- Chut ! Tu vas nous faire repérer !
- Marcel ?
Hooper fut soudain aveuglé par une puissante lumière, mais il put enfin respirer un air frais.
- Ou suis-je ?
- Dans un bac à ordures, répondit Marcel.
- Quoi ? hooper entrouvrit les yeux pour voir qu’il était empêtré dans une mélasse de tissus.
Il vit également Maria, accoudée au rebord du bac où il se trouvait.
- On t’as vu tomber tout de suite, dit-elle. Heureusement que c’est le bac des déchets vestimentaires de l’hôpital. On a eu bien peur sur le coup !
- Aller on sort de là ! reprit Marcel tout en tirant hooper de son enclave de tissus. On parlera de tout cela après dans un coin plus agréable.
Hooper remercia Marcel de son aide, puis il demanda :
- Où est Chaton ?
- Il s’est sauvé et on n’a pas pu le rattraper, avoua Maria avec une voie triste.
- Je l’ai vu tout de suite.
Maria fronça les sourcils en guise de réponse.
- Dans la ventilation, avec moi.
Au même moment, quelque chose tomba dans le bac de déchets.
- Meouw !
- Chaton !
- Bien, fit Marcel. Maintenant qu’on est tous réunis, je propose qu’on déguerpisse de là et qu’on aille casser la croute dans un resto’, on pourra discuter de tout ça.
L’idée plut à tout le monde et ils quittèrent l’arrière cour de l’hôpital par un petit portail donnant accès la rue.
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Hooper proposa un petit restaurant qu’il connaissait bien et notre trio accompagné de Chaton se mit en route.
Ils descendirent l’Avenue de Grande Bretagne pour prendre le métro à la station Patte d’Oie.
Quelques minutes et trois stations plus tard, ils étaient à celle de Jeanne d’Arc.
Ils sortirent et débouchèrent sur le boulevard de Strasbourg.
- Ce n’est pas trop loin, j’espère ? demanda Maria. Car moi je meurs de faim !
- Non, non. On y est presque. C’est au coin de la rue, là, lui répondit hooper.
Quelques minutes plus tard, ils entrèrent dans un restaurant aux peintures couleur chocolat et pistache dont le nom était pour le moins original :
« Quand les moules auront des dents ».
- C’est un restaurant de fruits de mer ? demanda Marcel.
- Oui, répondit hooper. Et ils font aussi d’excellents poissons. J’espère que vous n’êtes pas allergique aux produits de la mer ?
Sur un signe négatif de la tête, nos deux acolytes allèrent s’installer à une table sur la terrasse, tandis que hooper et Chaton étaient partis passer le bonjour au patron du restaurant qui était derrière le bar.
Après avoir échangé une poignée de mains amicale et quelques paroles, ils revinrent à la table ou c’était installé les autres.
Ils prirent chacun une carte et se mirent à la recherche de bons plats.
Au bout de cinq minutes, une serveuse vint prendre les commandes.
- Pour moi ce sera des moules en rillettes, annonça Marcel.
- Moi une salade de mâche et de betteraves aux moules, dit Maria
-Des moules en papillotes de chou et un thon préparé cuit et haché sans assaisonnement.
Sur cette dernière demande de hooper, la serveuse repartit. Elle revint dix minutes plus tard, apportant les plats.
Hooper disposa l’assiette contenant le thon à côté de lui. Puis il se pencha pour attraper une chaise à la table voisine et la plaça devant l’assiette. Chaton sauta sur la chaise et commença à dévorer son thon.
Après un échange de politesses de table et quelques moules englouties, c’est Maria qui prit la parole.
- Alors hooper, comment s’est passé cette petite évasion ?
- Tranquille. J’ai faillit être plombé par une bande de Marines tout droit sorti d’Aliens versus predators, et je me suis pris un jet de vapeur de la part de Eric chahi made in another world !
Marcel se mit à rire en lui faisant remarquer son imagination débordante. Mais il s’arrêta vite quand hooper montra sont bras droit, ou l’on pouvait observer une tâche rouge avec plusieurs cloques.
Maria se tourna vers Marcel d’un air inquiet.
- Ca arrive plus vite que prévu.
- Effectivement, répondit celui-ci.
- Quoi ? Qu’est ce qui arrive ? demanda hooper qui mangeait goulument ses moules en papillotes de chou.
- Elle… enfin, la voix, nous avait prévenu que plus le temps passe et plus ce que tu ressens comme étant du monde des jeux vidéos sera réel.
- Effectivement je l’ai bien sentit sur ce coup-là, répondit-il gaiement en entament sa deuxième papillote.
- Ça t’inquiète pas plus que ça ? demanda Marcel, étonné.
- Et bien depuis que tu m’as aidé à sortir de cette benne à ordure à l’hôpital je n’ai eu aucune hallucination de quelque sorte que ce soit.
- Oui mais ça met quand même ta vie en danger, t’en as eu la preuve.
- Boarf. Dans quelques heures on sera à l’aéroport et environ 12 heures plus tard on atterrira au Japon. L’affaire sera réglée en moins de temps qu’il ne faut pour le dire !
- Je ne pensais pas que tu étais aussi calme face à des situations aussi dramatiques. On a l’habitude dans tes vidéos de te voir gueuler pour pas grand-chose, fit remarquer Marcel.
- Heureusement que je ne suis pas comme ça dans la vraie vie, répondit-il en entamant sa troisième papillote.
- Bon, dit Maria. Concernant le coût financier de tout ça, nous avons…
Hooper l’interrompit en modifiant sa voix pour obtenir un accent mexicain.
- Je vais tout payer. Ce n’est pas cher ici, gratis pas cher tout est compris c’est la maison. Même les repas, tout est gratuit ici !
- Hooper un peu de sérieux !
- Mais je suis sérieux, répondit-il en reprenant sa voie normale. Je vais tout payer, même ces délicieuses moules que l’on mange actuellement. Alors, profitez-en !
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Après moult moules englouties et discours sur la moralité de la générosité du hooper, Marcel et Maria finirent par accepter la proposition.
- Il reste un dernier point à régler avant de partir, dit Maria. Que va-t-on faire de Chaton ?
- Nous trouverons bien un chenil ou le placer le temps de notre voyage, proposa Marcel.
Chaton venait de pousser un miaulement de plainte.
- Hors de question ! S’exclama hooper. Chaton part avec nous !
- Mais pour cela, répondit calmement Maria, il faudrait suivre la procédure d’examens médicaux afin d’obtenir les papiers de validité de voyage qui certifie l’absence de maladies. Mais ça prend des semaines et le temps nous est compté.
- On va le planquer dans un sac de voyage !
- Mais s’il fait du bruit ?
- Il n’en fera pas, car Chaton est bien éduqué.
- Un chat n’est pas un chien, fit remarquer Marcel. Un chat enfermé dans un sac se mettra à miaulé même si on le lui interdit.
- Mais ce n’est pas n’importe quel chat, c’est Chaton !
- Meouw !
Maria se tourna vers Marcel, puis vers hooper.
- Il faudrait au moins donner à chaton quelque chose pour l’endormir.
- Je connais un truc d’une marque appelée Biocanina, une sorte de somnifère pour animaux et ils en vendent sans prescription.
- Bien, répondit hooper. Je propose que toi, Marcel, tu ailles chercher ce dont tu parles, pendant que moi, Maria et Chaton on va acheter ce qu’il faut pour le transport.
Tout le monde était d’accord et ils se retrouvèrent au même carrefour devant le restaurant une demi-heure plus tard avec leurs achats.
Hooper avait appelé un taxi qui passa les prendre pour les conduire à l’aéroport de la ville.
Une fois dans le taxi, on administra une bonne dose de calmants à chaton.
- Allez Chaton, au dodo.
Hooper déposa la boule de poile endormie au fond d’un gros sac en toile épaisse de voyage dans lequel il avait fait plusieurs trous et placé plusieurs pulls en laine épaisse au fond.
Ils arrivèrent à l’aéroport Toulouse – Blagnac aux environs de cinq heures.
Après avoir acheté des billets pour un vol en partance à 18 heures pour le Japon, ils allèrent vers le quai d’embarquement numéro trois qui leur avait été indiqué.
Mais quand ils virent les scanners de sécurité, Marcel et hooper s’écrièrent ensemble :
- Comment on fait pour Chaton ?
Maria étouffa un cri en passant sa main devant sa bouche.
- Comment on a pu ne pas y penser !
Un agent de sécurité, curieux de cette scène d’excitation, venait vers eux.
- Merde on fait quoi ? demanda hooper hâtivement en chuchotant.
- On cour ? proposa Marcel.
- T’es fou ! lui dit Maria, faut lui dire quelque chose !
Mais ils n’eurent pas le temps de se concerter davantage, car l’agent était déjà assez proche pour les entendre.
- Puis-je vous aider ? s’enquit-il d’un ton aimable.
- Non merci beaucoup, répondit Maria avec son plus beau sourire.
- Excusez-moi, mais vous me sembliez troublé, insista l’agent en se tournant vers hooper.
- C’est que…on allait partir pour le Japon, heu… et on vient de se rappeler que nous avons oublié de donner à manger a mon chat !
Mais l’agent semblait moins convainque par le sourire de hooper que par celui de Maria.
- Pui-je voir vos bagages s’il-vous-plait ? Et il désigna de la main le sac que tenait hooper derrière lui.
- Pourquoi ? demanda vivement hooper.
- Un simple contrôle aléatoire de sécurité, répondit l’agent avec le sourire.
- Je refuse.
L’agent prit alors un ton solennel.
- Monsieur, vous êtes dans un aéroport, qui plus est dans la zone d’embarquement. Par conséquent et dans le respect du règlement en vigueur dans le cadre du plan antiterroriste valable dans tous les aéroports Français, nous avons le droit de fouiller n’importe quel bagage.
- Avons-nous l’air de terroristes ? s’exclama Marcel.
- Vous coopérez, ou nous userons de la force.
Tout en disant cela, l’agent avait fait signe de la tête à deux collègues présents plus loin qui observaient la scène depuis le début.
- C’est incroyable ! On s’en va !
Les deux agents rattrapèrent en une enjambée hooper en le saisissant par les bras.
- Mais arrêtez, vous êtes fou ? s’exclamèrent Maria et Marcel en tentant de s’interposer face à l’agent qui venait de prendre le sac de hooper.
- Donnez moi aussi votre sac, mademoiselle.
Ils furent tous les trois conduits dans un coin du hall derrière de grands panneaux d’affichage.
Hooper, Maria et Marcel ne disaient plus rien, ils s’étaient assis sur les chaises qu’on leur avait désignées et ils attendaient nerveusement que l’on découvre Chaton.
Après avoir fouillé le sac de Maria, les agents passèrent à celui de hooper.
Quand ils l’ouvrirent, ils semblèrent tous étonnés. L’un des agents se tourna vers hooper.
- Vous comptez aller au Japon ?
- Oui. Mais vous savez, j’y tiens beaucoup et je ne pouvais pas l’abandonner et…
L’agent sortit du sac un épais pull de laine.
- …Et c’est que je suis très frileux aussi, termina hooper dont le sang était monté aux joues.
- Tous les trois vous embarquez pour le Japon, et tout ce que vous emmenez c’est un sac troué contenant deux pulls de laine et un sac à mains ?
- Nous avons prit un forfait tout compris, vraiment tout compris, expliqua Maria toute souriante.
- Vous êtes certain qu’il n’y a rien d’autre dans le sac ? Je veux dire…
Hooper vit alors le regard foudroyant de ses deux compagnons.
- Je veux dire que j’avais également emporté mon plume préféré pour écrire, mais il a dû tomber par un des trous de ce vieux sac, c’est bête hin ? Et il ricana nerveusement.
Après quelques mots échangés à mi-voix, deux des agents quittèrent les lieux, le dernier dit :
- Venez avec moi, je vous raccompagne pour passer au scanner.
Une fois les bagages passez par la machine et les propriétaires par le portillon de sécurité, l’agent revint en leur apportant leurs affaires.
- Je suis désolé que cela ai pu vous déranger, dit-il. Comprenez que c’est pour la sécurité de tout le monde et que cela garantie la qualité du service dans notre aéroport. Je vous souhaite un agréable séjour.
- Nous comprenons tout à fait, répondit gaiement Marcel.
- Merci beaucoup de votre travail et au revoir, dit Maria sur le même ton.
Hooper, lui, remercia nerveusement.
Soudain, alors qu’il partait, l’agent l’attrapa par l’épaule.
Il sursauta.
- N’attrapez pas froid au pays du soleil levant ! Et sur cette phrase il s’en alla en riant.
Hooper le dévisageai.
Notre trio alla rapidement s’installer sur un banc caché derrière un décor de plantes artificielles.
- Je ne comprends rien, hooper vite ! Ouvre le sac !
Hooper ouvrit le sac et tout trois regardèrent à l’intérieur.
Sur les pulls de laine, Chaton dormait paisiblement.
- Je ne comprends rien ! s’exclama hooper.
- Moi pas davantage, dit à son tour Maria.
- Bon, reprit-il. L’essentiel c’est qu’il soit là et que nous, nous soyons passés. J’ai attrapé une de ces suées avec cette histoire !
Ils décidèrent de s’accorder quelques distractions pour se changer les idées, le temps que l’embarquement pour leur avion ne commence.
Hooper reprit le sac et se mit à la recherche d’une machine à café.
Maria et Marcel, eux, rentrèrent dans un petit bar à proximité.
- Je ne comprends toujours pas ce qui a bien pu se passer, confia à mi-voix Maria, pensive.
.
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- Un bon café !
Hooper était arrivé dans un coin ou plusieurs distributeurs s’offraient à lui.
Au moment de mettre la pièce dans la machine, son regard s’arrêta sur un autre distributeur à côté de lui, dans lequel il y avait du Mont Blanc au chocolat.
Il répondit à cet appel en se retournant avec des yeux pleins de gourmandise.
Plus tard, il regarda sa montre, puis se leva et prit le sac avec lui.
- Après un Mont Blanc au chocolat, tout repart !
Il pensait rejoindre les autres au quai prévu pour leur avion, mais il n’arrivait pas à se souvenir du numéro. Et Maria avait les billets dans son sac.
Heureusement pour eux, ils avaient échangé leurs numéros de téléphone portable au restaurant.
« J’ai pu qu’à les appeler avec mon portable » pensa-t-il en le sortant de sa poche.
De leur côté du hall d’embarquement, ne le voyant pas arriver, Maria eu l’idée d’appeler hooper, ce que Marcel fit.
Le bruit environnant rendait la conversation difficile.
- Allo ?
- Et bah alors hooper, t’es ou ?
- Ah Marcel ! J’allais justement vous appeler, vous êtes ou ?
- Allo, Hooper ? Tu es ou ? répéta Marcel en haussant la voie.
- Moi ? Dans le hall. Mais je ne vous vois pas.
- Non mais nous aussi on est dans le hall. Ou t’es exactement ?
- Attend heu… Y’a des plantes vertes à côté de moi, tu les vois ?
- Quoi ? Parle plus fort y’a un bruit pas possible ici.
- Je dis qu’il y a des plantes de décoration là où je suis, vous les voyez ?
- Hooper y’a des plantes tous les dix mètres ici ! Tu es perdu ?
Hooper poussa un ricanement.
- Non mais attendez, croyez pas que j’ai le même sens de l’orientation que dans mes vidéos, hin !
Après quelques secondes, il ajouta :
-Et puis si c’était vous qui étiez perdus ?
- Qu’est ce qu’il dit ? demanda Maria à la vue du visage expressif de la Marcel.
- Je ne sais pas, je n’entends pas grand-chose. J’ai l’impression qu’il se demande s’il est perdu.
-…
Devant le silence de son correspondant, hooper poursuivit son raisonnement.
- Et bien oui, au fond, qui c’est qui est perdu ? Attendez, pourquoi ce serait moi qui serait la personne de perdu alors que vous ne me voyez pas plus que je ne vous vois pas…Attendez c’est français ce que je viens de dire là ?
- Bon hooper ! coupa Marcel qui venait d’avoir une idée. Tu vois les panneaux avec les chiffres de chaque quai au plafond ?
- Oui, le mien c’est le sept.
- Bon ils font tout le tour du hall. Nous, on est au quai deux. Tu vas les suivre… Enfin non, on va les suivre pour te rejoindre, bouge pas.
- J’ai compris Marcel, j’arrive. Surtout vous ne bougez pas.
- Non attend nous on va les suivre, toi bouges pas !
Au même moment un avion décollait sur la piste située devant la partie vitrée Est du Hall ou hooper se trouvait.
- Tu dis quoi Marcel ? Je n’entends rien.
- Je dis ne bouge pas !
- Okai, okai, je me bouge !
- Non hooper. Attend. Allo ? Merde il a raccroché !
- Bon alors on fait quoi ? demanda Maria qui commençait à perdre patience.
- Et bien je ne suis pas certain qu’on se soit compris, peut-être qu’il vient vers nous.
- Vous n’êtes pas très dégourdis vous deux ! fit-elle remarquer sur un ton ironique.
- Ce n’est pas ma faute, y’a tellement de bruit ! grommela Marcel. Oh et puis merde, on y va ! On finira bien par le trouver.
Hooper s’était mit en route vers le quai de ses compagnons. Il décida de repasser devant l’entrée en coupant par le quai d’embarquement huit et revenir ainsi directement au premier quai, ce qui était plus court que de refaire tout le chemin en sens inverse jusqu’au numéro trois.
Maria et Marcel, eux, arrivaient sur place.
- Quai cinq, quai six, quai sept. On y est. Mais lui, ou il est ? demanda Maria.
- Ce n’est pas le moment de faire une blague moisie en se cachant, dit Marcel. On devrait déjà être en train d’embarquer dans notre avion.
- Repartons à notre point initial, il nous y attend peut-être.
- Je pense que c’est la meilleure solution, allons y Maria.
Hooper s’assit sur un banc devant le quai numéro 3, après avoir scruté pendant plusieurs minutes les alentours à leur recherche.
Il allait rappeler quand il aperçu Maria et Marcel arriver vers lui.
- Et bien, où vous étiez passé ?
- On était partis te chercher, répondit Marcel.
- Mais c’était à moi de venir, rétorqua hooper.
- Oui bon ! coupa Maria. On ne s’est pas compris, mais le principal c’est qu’on se soit retrouvé à temps. Il reste un quart d’heure pour embarquer dans notre avion alors on y va sans se perdre. On a dix mètres à faire, on devrait y arriver !
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Après avoir donné leurs billets et traversé la passerelle d’embarquement, nos amis allèrent s’installer en troisième classe sur une même rangée de trois sièges du côté des hublots.
Hooper plaça son sac ainsi que celui de Maria dans les compartiments situés au-dessus de leurs places.
L’avion décolla et les premières heures se passèrent bien, la nuit tomba rapidement avec le passage des fuseaux horaires.
Le ciel était complètement dégagé et le voyage s’annonçait très calme.
Maria contemplait la vue depuis sa place juste à côté du hublot.
- Quelle pleine lune magnifique, regardez !
Hooper, qui était situé sur le siège le plus éloigné d’elle, faisait une sieste. Marcel se pencha depuis sa place pour observer.
- Je trouve la lune incroyablement grosse.
- Beaucoup de gens ne regardent pas souvent le ciel la nuit. Du coup quand ils en prennent le temps ils ont l’impression de voir des choses étranges, incroyables, expliqua Maria.
Marcel ne donnait pas l’impression de l’écouter.
- Tu as vu comme l’océan scintille avec les reflets de la lune ? C’est splendide !
- L’océan ? Elle se pencha davantage au hublot. Mais l’itinéraire de notre avion ne passe que par les terres.
- Comment tu sais ça ?
- Je l’ai lu tout à l’heure sur une des brochures dans la pochette du siège.
Elle sortit l’ensemble des papiers, les tria et en tendit un à Marcel.
- Regarde.
- Ce n’est sans doute pas la bonne brochure.
-Il y avait la même carte de dessinée sur les panneaux d’affichage à l’entrée de la passerelle, au décollage.
Leur conversation fut interrompue par hooper qui s’était brusquement levé pour ouvrir un de leurs sacs rangés au-dessus de sa tête.
Il se rassit aussi vite qu’il s’était levé. Il semblait complètement paniqué.
- Mont Blanc Chocolat ! prononça-t-il en relevant la tête.
Après quelques secondes de silence, Marcel demanda :
- Pardon ?
- Ce n’est pas le bon, lança-t-il en regardant droit devant lui.
- De quoi ? demanda Maria.
- Ce n’est pas le bon sac !
- Quoi ?
- Comment ça ?
- J’n’ai pas pris le sac de Chaton, ajouta hooper d’un ton sec.
- Mais si c’est ce sac !
Hooper se releva, prit le sac, l’ouvrit et le plaça sur les genoux de Marcel.
- Oh putain ! Ce n’est pas le bon sac ! souffla Marcel.
- Mais comment c’est possible ? Et c’est quoi cette histoire de Mont Blanc au Chocolat ? demanda Maria.
- A l’aéroport quand j’ai voulu prendre un café j’ai finalement décidé de prendre un Mont Blanc, je me suis assis sur un banc et j’ai posé le sac contenant Chaton. À côté il y avait un sac très similaire au miens et le temps que j’aille jeter l’emballage à la poubelle il ne restait plus qu’un seul sac. Sur le coup je n’ai même pas pensé à vérifier…
- Je sais ou il est ! lança vivement Maria. Tout à l’heure quand nous étions en train de s’installer à nos places, j’ai vu un homme passer avec un sac semblable au nôtre.
- Oui il est ? demanda hooper prêt à se lever de son siège.
- Je l’ai vu continuer jusqu’au rideau du compartiment suivant, il a dû entrer dans la partie première classe de l’avion.
Il s’était levé, prêt à partir.
- Comment était-il ?
- Très étrange je dois l’avouer, c’est pour ça que je l’ai remarqué d’ailleurs. Il était bien habillé et portait un complet brun d’un vieux style. En plus du sac il portait un paquet, un paquet cadeau.
Hooper n’attendit pas une seconde de plus et se lança en direction de l’avant de l’appareil. Au moment où il ouvrit le rideau le séparant du compartiment passager suivant, il se sentit comme projeté, un grand voile noir lui recouvrit la vue, et il perdit connaissance.
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Hooper revenait lentement à lui. Il avait une violente douleur au crâne, qui ne s’arrangeait pas avec le bruit d’ascenseur environnant.
Il entrouvrit faiblement les yeux pour apercevoir deux silhouettes qui s’agitaient autour de lui.
Après un ultime effort, il réussit à redresser son buste.
- Oui je suis ? Qu’est ce qui m’est arrivé ?
Une des silhouettes se pencha.
-Il revient à lui.
Hooper retrouvait peu à peu sa présence d’esprit.
- Ah Maria c’est toi. Et Marcel. Bon dieu mais qu’est ce qui s’est passé ?
Mais il n’eut aucune réponse.
- Où est Chaton ?
- Pas ici.
Maria et Marcel ne semblaient pas disposés à répondre en détail à ses questions.
Hooper, lui, se sentait quelque peu hébété par l’atmosphère oppressante qui l’entourait.
- Et bien quoi ? Vous allez me dire ce qui se passe ou non ? C’est quoi cet endroit chelou ?
- Retourne-toi, lui dit Marcel.
- Comment ?
- Regarde derrière toi.
Hooper, encore sonné par ce qui lui était arrivé, fit l’effort de se tourner.
Au même moment, une voix semblant sortir d’un vieux poste radio se fit entendre.
« Cependant le phare est éclairé comme jamais, c'est peut-être un accident d'avion. »
Sa mâchoire était littéralement tombée et il mit un temps à retrouver la parole.
- Attendez là je dream totalement, je vais me réveiller.
Hooper suivait des yeux une méduse aux tentacules lumineuse qui dansait devant lui.
- Hélas non. Cela semble bien réel, dit Marcel tout en donnant un coup du bout de son pied dans la jambe de hooper.
- On fait quoi ? demanda-t-il.
Mais hooper ne l’écoutait pas.
- Comment c’est possible ?
- On pensait que tu allais nous le dire justement !
- Moi ?
- Oui. Comment tu expliques qu’on se retrouve Maria et moi dans tes hallucinations ?
- Comment je pourrais le savoir ! Et puis déjà, il s’est passé quoi ?
- L’avion c’est abimé en mer, lui répondit nerveusement Maria.
- Comment ça abimé ? Non, il s’est craché, il s’est fait démonter la gueule ouai ! Et aussi, qui s’est qui a eu l’idée à la mord moi l'n’œil de monter dans cette foutu bathysphère ?
- On c’est réveillé ici, expliqua Maria toujours avec autant de nervosité. On était déjà en plongée quand on a reprit conscience.
- Mais alors, où sont les autres passagers ? demanda hooper.
- Je ne sais pas, répondit-elle.
- Et Chaton ?
- On ne sait pas on te dit !
- C’est la merde, prononça hooper hypnotisé par le spectacle de Rapture qui s’offrait à eux.
En regardant un cachalot passer devant la pub pour une clinique vétérinaire « les minous parmi nous », il répéta.
- Oui, c’est la merde.
La bathysphère approchait de son point d’arrivée.
- On fait quoi ? répéta Marcel sur un ton qui laissait maintenant apparaître un sentiment de panique.
- Bon calmons nous, annonça Maria en monopolisant l’attention. Nous ne savons pas pourquoi ni comment, mais nous n’avons pas le temps d’y réfléchir.
La bathysphère engageait maintenant la remontée à l’intérieur d’une cage verticale.
- Ce qui importe, reprit-elle, c’est de trouver le moyen de sortir d’ici.
Elle se retourna vers hooper.
- comment as-tu fait les fois précédentes pour t’en tirer ?
- J’sais pas.
- Mais si, tu dois bien faire quelque chose !
- Mais non !
- Réfléchis hooper !
- Ah ne criez pas vous m’stressez !
Une brusque secousse les coupa net et les figea en pleine dispute tel des statues. La bathysphère était arrivée à destination et le sas s’ouvrit violemment.
Plus personne ne bougeait, tout le monde regardait dehors.
.
.
Une longue minute de silence pesant passa avant que Maria la première ne reprenne la parole, la gorge serrée :
- Si mes souvenirs sont bons, ya pas un chrosôme qui est censé arriver ?
- Beaucoup de choses sont différentes du jeu vidéo original, fit remarquer hooper.
- Et maintenant ? demanda Marcel.
- Maintenant… Maintenant il faut sortir d’ici.
- Bel esprit de déduction hooper, ironisa-t-il. Mais comment ?
- En remontant à la surface.
- A quoi cela va nous servir de remonter à la surface si on reste ici. Je veux dire ici, dans le jeu vidéo.
- Il faut qu’on bouge de là Marcel, lui répondit hooper. Si on ne veut pas que des chrosômes nous tombent dessus.
- S’il y en a.
- Je ne prendrais pas le risque de moisir ici pour le vérifier, tu vois.
- Hooper a raison, dit Maria.
- Bon, répondit Marcel. Et bien on y va. Hooper, vas-y en premier, on te suit.
Hooper voulu protester, mais il savait qu’il fallait à tout prix avancer. Il prit donc son courage a deux mains et franchit le sas le premier. Les autres le suivaient de prêt.
- Combien de gens en ont rêvé de pouvoir visiter Rapture en vrai ? C’est une chance.
Hooper prononça ces mots, émerveillé par l’immense salle recouverte d’une impressionnante verrière.
- Tu parles d’une chance !
Mais on sentait bien dans la voix de Marcel qu’il était tout aussi subjugué par les lieux.
- Bonjour !
- Ah ! Ils crièrent tous les trois en entendant cette voix.
Ils se penchèrent pour voir la petite fille qui venait de parler.
- Bonjour, répondit hooper en essayant d’avoir la voix la plus douce possible malgré sa panique.
- Vous êtes des gentilles personnes ? demanda la petite fille avec un immense sourire.
- Oui, oui ! Nous sommes très gentils ! Hooper fit un sourire forcé, Marcel et Maria en firent autant.
- Je peux avoir votre adan gentil monsieur ? demanda-t-elle toujours avec le sourire.
- Nous n’en avons pas sur nous à te donner, répondit hooper.
- C’n’est pas grave, je vais me servir !
Sur cette phrase, la petite fille sortit un appareil doté d’une aiguille qu’elle gardait caché derrière son dos et le planta dans la jambe de Maria.
Maria poussa un cri et se dégagea vivement en donnant un coup de pied à la fillette, qui s’affala sur le sol.
La petite fille se mit à sangloter.
- Je vais le dire à mon papa ! gémit-elle
- Je crois qu’y va pas falloir prendre racine ici ! s’exclama hooper qui entraînait ses amis dans sa course en leur saisissant le bras.
Ils entendaient déjà un grondement sourd se rapprocher derrière eux.
Au bout de leur course, ils arrivèrent devant une lourde porte.
Ils se jetèrent tous les trois sur la grosse valve d’ouverture
- Tirés bon sang, Tirés ! criait Maria.
Mais celle-ci ne bougeait pas, elle devait était trop rouillée.
Le sol se mit à trembler, ils se retournèrent pour apercevoir un « protecteur de ouf » comme le fit remarquer hooper dans une exclamation de terreur.
Au même moment, la porte qui leur barrait le passage s’ouvrit. Ils se retournèrent pour se retrouver face à un individu les braquant avec un fusil.
- L’homme au complet brun de l’avion ! s’écria Maria.
- Baissez vous ! cria à son tour, l’homme.
Hooper, Marcel et Maria se baissèrent et un coup de feu partit au-dessus de leur tête, suivi d’un long cri qui résonna comme un cuivre.
- Suivez-moi si vous voulez vivre ! Continua-t-il.
Sans plus réfléchir, ils se jetèrent derrière leur sauveur, qui referma la lourde porte. L’homme se retourna et tendit la main dans leur direction
- Enchanté, moi c’est jack ! Je suis content de voir qu’il y a d’autres survivants.
Il serra la main à Marcel, hooper et baisa celle de Maria.
- Vous vous appelez Jack ? demanda Marcel plein d’excitation suite à la poussée d’adrénaline qu’il venait d’avoir.
- All right !
- Vous êtes le personnage principal de ce jeu ?
L’autre ne su pas quoi répondre.
- Écoutez-moi jack, lui dit vivement hooper. C’est très important. Vous aviez un sac avec vous dans l’avion, il y avait un chat à l’intérieur, savez-vous où il est ?
- Oui, effectivement. Il se trouve dans cette pièce là – Il désigna du doigt l’encadrement d’une autre porte située à côté – Allez-vous y cacher ! Cette vieille porte rouillée ne tiendra pas éternellement.
Le lourd sas qui les séparait de leur ennemi ce mit à trembler et grincer sous les coups puissants qu’il recevait.
Sans poser davantage de questions, ils s’engouffrèrent dans la petite pièce qui leur avait été indiquée.
Mais après un rapide coup d’œil, aucune trace de Chaton.
- Il n’est pas ici ? demanda hooper.
Tout ce qu’il eu en guise de réponse, c’est le bruit du sas venant de se refermer derrière eux
- Que faites-vous ? cria Maria.
Jack venait de les enfermer, il retournait maintenant à la porte les séparant du protecteur et commença à tourner la valve.
- Stop ! Vous faites quoi ! Arrêtez ! s’écriaient-il tous ensemble.
Il ouvrit la porte et laissa entrer le protecteur.
- Mais qu’est-ce que… Marcel ne termina pas sa phrase devant le spectacle qui s’offrait à eux.
Le protecteur et jack se serrèrent la main, puis exécutèrent un petit jeu de coude.
- Qu’est-ce que cela signifie ? demanda Maria avec une forte voix pour tenter de se faire entendre derrière la lourde porte qui les enfermait.
- Ça signifie qu’on s’est fait roulé ! s’insurgea hooper.
- Comment ça ? poursuivi Maria.
- Il était de mèche avec eux, répondit-il avec colère.
- De mèche avec qui ?
- Avec les méchants d’après ce que je vois !
- Mais enfin, ce n’est pas comme ça que c’est censé ce passer !
- Comme je l’ai déjà dit, beaucoup de choses sont différentes.
- Tu veux dire, lui demanda Marcel avec des yeux écarquillés, que l’on est prisonnier.
- Quel esprit de déduction peu commun mon cher Marcel ! lança hooper en s’affalant sur ce qui ressemblait à de vieux sac à patate.
Marcel déchargea sa colère contre la porte, à coup de points, de pieds et de tous les jurons qui lui passaient par la tête, en regardant ses geôliers par le petit hublot.
Le protecteur le regardait, la petite fille qui les avait rejoints également, Jack faisait un grand sourire.
« Saleté de portrait de famille » pensait Marcel. Mais son attention fut subitement attirée par une petite forme embusquée derrière le coin d’un mur dans l’autre pièce.
Marcel se jeta à genoux vers hooper et se pencha à son oreille si vite qu’ils se cognèrent la tête.
- Aïe !
- Chaton est caché là dans la pièce en face, lui souffla-t-il à toute vitesse.
Hooper se releva si vite qu’il se heurta la tête contre une étagère au-dessus de lui.
- Fante-Aïe-stique !
Ils se précipitèrent tous vers le hublot.
Effectivement, Chaton était là. Sa petite frimousse apparaissait au bas du mur.
- Oh oui ! dit hooper à ses compagnons de cellule avec enthousiasme.
- Je ne vois pas ce qu’il y a d’encourageant, fit remarquer Maria sur un ton d’angoisse.
La petite fille, intriguée par ce trio qui regardait au hublot dans une seule direction fit de même.
- Oh un chat ! s’exclama-t-elle.
- Oh non ! cria hooper.
Chaton bondit de sa planque et se lança en direction de la porte, poursuivi par les autres.
- Mais qu’est ce qu’il fait ? s’exclama Maria horrifiée.
Arrivé prêt du sas qui le séparait de son maître, Chaton bondit juste avant que le protecteur ne lui tombe dessus pour disparaître du champ de vision étroit du hublot sur le côté.
Immédiatement après, l’obscurité totale. Dans l’autre pièce on ne voyait plus que les fécaux de lumière jaune sortir du casque scaphandre du protecteur, qui finirent eux aussi par s’estomper, puis disparaître.
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Nos compagnons eurent, par instinct, le réflexe de se jeter les uns contre les autres au milieu de cet environnement qui leur était totalement inconnu.
La lumière était revenue et le lieu tranchait avec le cachet de Rapture.
On aurait dit un petit chalet, ou une cabane de pêcheur. L’endroit était entièrement fait de bois et l’éclairage ne dépendait que d’une ampoule suspendue au plafond. La décoration se résumait à quelques dessins au crayon accrochés ici et là.
- On est au Japon ? demanda Marcel, troublé.
Maria allait lui répondre quand elle s’interrompit brusquement :
- Vous avez entendu ?
Marcel lui fit signe de la tête.
- Oui, j’ai cru entendre quelqu’un parler.
- Ecoutez ! On dirait que ça vient de la pièce d’à côté.
Cette fois la voix était plus distincte et tous comprirent la phrase :
« J’ai envie d’un bon ragout ! »
Hooper prit sa tête entre ses mains et dit en se lamentant :
- Et merde.
- Hooper tu sais où on est ? lui demanda Maria.
Une autre voix se fit à nouveau entendre :
« Ils ont abattu mon Spitfire au-dessus de la manche ! »
Maria et Marcel venaient à leur tour de comprendre et ils s’exclamèrent en chœur :
- Oh non pas ça !
- C’est la Grande évasion ! ajouta Marcel.
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« Quoi ? »
- Hooper pourquoi tu me poses cette question ? lui demanda-t-il.
- J’ai rien dit.
- Qui a dit quoi ?
- quoi ?
- Oui.
- Hein ?
- Vous avez entendu quoi ?
- Quoi.
- De quoi ? demanda Maria en exprimant son agacement par un froncement de sourcils.
Des pas venant de l’extérieur semblaient se rapprocher.
- Mais non ! C’est un garde qui nous a entendus ! expliqua précipitamment hooper en se jetant sous un lit à proximité.
Les deux autres l’imitèrent en se roulant sous les autres meubles de la pièce.
Juste après, la porte s’ouvrit. Et un garde allemand entra dans le baraquement.
Il fit quelques pas dans le couloir et commença l’inspection des chambres. Il s’arrêta en passant devant celle où ils se cachaient.
- Que faites-vous ici ?
Ils se regardèrent depuis leurs cachettes, stupéfaits. Comment les avait-il vus ?
- Je dois avoir des visions.
Sur cela, il tourna les talons et traversa à nouveau le couloir pour sortir. Une fois la porte refermée, ils sortirent de leur planque à leur tour.
Marcel alla surveiller par la serrure que le garde s’éloignait bien.
- Apparemment l’IA n’a pas changé, constata hooper.
- j’ai eu peur, avoua Maria.
- Maintenant, suivez-moi !
- On va ou ? lui demanda-t-elle.
- Trouver le grand X du camp.
- Attend un peu hooper ! Je te rappelle que tout à l’heure, Jack qui était censé être de notre côté nous a piégé. Comment savoir si ce ne sera pas encore le cas ici ?
- Il faut qu’on bouge, lui répondit-il.
Mais Maria ne semblait pas disposée à le suivre.
- Pourquoi ? Pourquoi ne pas attendre ici cachés qu’il ce passe quelque chose, que la lumière se coupe à nouveau par exemple.
- C’est vrai, insista Marcel qui revenait vers eux. On finira bien par sortir d’ici tout seul au bout d’un moment comme tu l’as déjà fait par le passé.
Hooper s’assit sur un des lits de la pièce et poussa un profond soupir.
- Non, pas tout seul.
- Explique-toi, lui demanda Maria.
- Il faut qu’on retrouve Chaton !
- Chaton est ici ?
- Oui.
- Comment tu le sais, ça ?
- Parce qu’il a toujours été là.
- Quoi ?
- C’est vrai, poursuivit hooper. À chaque fois que Chaton était à côté de moi, tout s’arrêtait. Quand j’étais sur mon lit d’hôpital, quand j’étais dans les canalisations…ou ventilations, de cet hôpital…
- …Quand on était dans Rapture de Bioshock tout à l’heure, poursuivi Maria avec enthousiasme sur cette explication qui semblait la convaincre.
Marcel, lui, était dubitatif.
- Mais comment Chaton pourrait faire ça ?
- Va savoir ! dit hooper. Toujours est-il que si on visite les lieux on aura plus de chance de retrouver Chaton.
- Et plus de chance de se faire coincer, lui répondit-il.
- Mais c’est notre seule chance de sortir vraiment de ce bordel.
- Faut-il qu’il soit là.
- Il est forcément là, lui répondit hooper, obstiné, en s’avançant vers la porte.
- Pas par là, lui dit Marcel. C’est trop dégagé et il y a un mirador.
Hooper venait de se pencher sur la serrure.
- En effet, essayons l’autre.
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Ils allèrent de l’autre côté du baraquement et hooper inspecta l’extérieur avec la même technique.
- Ici c’est safe. Allons y ensemble.
Maria lui prit le bras alors qu’il allait pousser la porte.
- N’oublions pas de refermer les portes, dit-elle.
Hooper se contenta de hocher la tête en guise de réponse. Il se pencha à nouveau pour surveiller le balayage d’un projecteur et choisir le moment propice.
- Go !
Sur cet ordre de hooper qui ouvrit la porte, ses deux compagnons s’élancèrent en direction de l’autre baraquement situé juste en face.
Il faisait très froid et il neigeait. Malgré l’absence de la lune cachée par les nuages, le camp était bien éclairé grâce à la réverbération des puissants projecteurs sur la neige.
- Mais c’est d’la bouse !
Maria et Marcel, qui étaient arrivés de l’autre côté, se retournèrent en entendant cette exclamation du hooper.
- Ne crie pas comme ça, on va se faire repérer ! dit-elle en lui chuchotant le plus fort possible.
- Qu’est-ce que tu fiches ? Viens vite ! lui dit à son tour Marcel.
- Cette porte ne veut pas se fermer ! leur répondit hooper, exacerbé.
Marcel laissa Maria pour retourner l’aider.
- C’n’est pas possible ! s’insurgea-t-il à son tour en tentant d’attraper la poignée de la porte.
- Mais…
Maria ne trouva pas les mots pour exprimer son désarroi face à la scène à laquelle elle assistait. Hooper et Marcel gesticulaient des bras dans tous les sens autour de la poignée de la porte, sans parvenir à la toucher.
Elle s’apprêtait à aller les aider quand une puissante lumière se braqua sur eux. Maria recula à l’intérieur du baraquement derrière elle pour s’y cacher.
Des voix et des pas se firent entendre et bientôt ses deux compagnons furent encerclés de gardes allemands.
La situation était grave. Cherchant en vain une solution, elle partit en courant à travers le baraquement où elle se trouvait à la recherche de quelqu’un pour l’aider. Elle se souvenait en effet d’un passage dans une des vidéos de la Grande évasion du hooper ou un personnage faisait une diversion.
Elle trouva enfin quelqu’un, évitant de justesse de le percuter en entrant dans le petit bureau ou il se trouvait.
- S’il vous plaît, aidez-moi, mes amis sont en danger !
- Vous avez essayé avec un cheval de bois ?
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L’allemand referma la porte sur eux.
- On quitte une prison pour entrer dans une autre, fit remarquer hooper d’un air embêté.
Ils venaient d’être enfermés dans un des cachots du château qui surplombait le camp où ils venaient de se faire prendre.
Marcel s’adossa contre l’un des murs humides en pierre.
- Décidément, quelle merde ! dit-il. On aurait dû rester dans le camp après s’être fait coincé. On n’a pas tenté de s’évader, on est juste sorti… dans le jeu ce n’était pas comme ça.
Hooper était parti inspecter les barreaux les séparant des cellules voisines.
- Doublement pas de bol, le mec censé donner une lime n’est pas là.
Et sur cette constatation il alla s’asseoir sur un petit banc de bois.
Après un long moment de silence, il ajouta :
- Peut-être que Maria pourra faire quelque chose.
- Elle doit se faire un sang d’encre, j’espère qu’elle va bien, lui répondit son compagnon de cellule.
Maria n’avait pas arrêté de tourner en rond dans le baraquement où elle avait trouvé refuge. Au bout d’un moment, elle finit par s’asseoir. Les deux coudes sur la table, la tête entre les deux mains, elle tentait de se souvenir du jeu selon les vidéos réalisées par hooper et d’échafauder un plan.
Soudain, un bruit vint de la porte.
Elle avait sauté de sa chaise pour aller se cacher quand elle entendit un miaulement.
Elle alla à toute vitesse ouvrir et Chaton, à moitié recouvert de neige, entra dans la pièce. Elle le prit dans ses bras et le serra très fort.
- Oh Chaton ! Je suis tellement contente de te voir !
- Meouw !
- Hooper et Marcel se sont fait prendre et ils ont été emmenés je ne sais pas ou. Et moi je ne sais pas quoi faire !
Le fait d’avoir retrouvé Chaton et de se confier à lui la soulagea beaucoup de son angoisse.
Après plusieurs minutes de câlins forcés, Chaton réussit à se dégager de l’emprise de la jeune fille.
Il partit dans une pièce voisine, Maria le suivit. Chaton s’arrêta devant une grosse caisse en bois et commença à gratter le sol au pied de celle-ci.
Maria se pencha et pu ainsi apercevoir un rayon de lumière sortir d’une cavité masquée par la caisse.
Pleine d’espoir, elle poussa la caisse de toutes ses forces, et réussit à dégager un passage.
- Un tunnel ! Chaton je t’aime !
Elle retourna chercher une couverture dans un des lits, s’enveloppa avec et descendit l’échelle en suivant Chaton.
- Et toi, tu fais quoi dans la vie ?
Après un long moment de silence, hooper et Marcel s’étaient mit à converser pour se remonter le morale dans cet endroit sinistre.
- Moi, lui dit Marcel, je suis chauffeur de camions, depuis un peu plus de deux ans. J’habite encore chez mes parents et j’espérais avoir mon appartement pour Noël.
- C’est bien chauffeur de camions ?
- On traverse la France en long, en large et en travers, ça fait voir du paysage. J’ai toujours voulu voyager donc ça me plait dans ce sens-là. Par contre les horaires…faut pas être difficile sur le sommeil.
- Je vois.
Quelques minutes de silence.
- Et donc, tu habites ou actuellement ?
- Sisteron.
- C’est où ça ?
- Tu vois ou c’est Marseille et Grenoble ? – Hooper fit un signe de la tête – Et bien c’est entre les deux, grosso modo à distance égale entre ces deux grandes villes.
- Je me disais bien que tu venais du Sud, avec ton petit accent.
Ils sourirent légèrement tous les deux et le silence retomba à nouveau un long moment.
- Dit donc, reprit Marcel. Tu crois qu’on va rester ici longtemps ? Je veux dire que si on est dans ce jeu qui se passe pendant la seconde guerre mondiale, comment ça va se passer pour nous dans cette situation ? Va-t-on croupir ici jusqu'à la fin de la guerre ? Qui sommes-nous pour les personnages de ce jeu ? Et puis le jeu est limité, qu’est-ce qui pourrait bien ce passé si on voulait partir loin, par exemple retourner en France ? À quelle époque ?...
- Tu te poses trop de questions, lui répondit hooper sur un ton neutre, allongé sur la paillasse.
- Trop de questions ? Ah ! Je viens juste de te dire ce qui me passait par la tête. Des questions j’en ai des tonnes depuis qu’on t’a rencontré.
- Et moi aussi, des camions entiers de 36 tonnes, lui dit-il avec un sourire.
- Ça n’a pas l’air de te déranger plus que ça tout ce bordel.
- Le truc qui me dérange le plus en ce moment c’est que je n’ai pas mon sac de voyage avec les gros pulls de laine, ce ne serait pas de refus.
- J’avoue, lui confessa Marcel en laissant échapper volontairement un grand nuage de condensation dans un soupir. Mais comparé à ce qui nous arrive depuis qu’on est monté dans cet avion, ces pulls ne me seraient même pas venus à l’esprit.
- Il faut savoir relativiser, lui dit simplement son compagnon.
- Comment tu veux relativiser tout ça.
Hooper prit un ton solennel.
- Nous ne sommes rien, nous les hommes. Nous ne sommes que des poussières dans un univers infini. Nous sommes nés des poussières et dans quelques dizaines d’années retournerons à la poussière. Il n’y a donc pas à se poser trop de questions. Vivons simplement.
Marcel ria de bon cœur.
- Le hooper ce fait philosophique !
- Eh oui qu’est-ce que tu veux. Avec un esprit si peu commun !
Un nouveau silence tomba dans la pièce. Silence qui paru interminable après cette conversation fort sympathique et que hooper décida de rompre à nouveau.
- Tu vois pour mes vidéos, ce que je fais avec mon site, toussa… Je le fais car beaucoup de gens sont contents de ce que je leur offre. Et moi-même je suis content à la fois de le faire en partageant tout ce que j’ai et que je connais, mais aussi parce que j’offre du bonheur à ces gens.
Marcel le regarda et se contenta d’acquiescer par un marmonnement dans un premier temps, avant d’ajouter.
- Pourquoi tu me dis ça ?
- Je ne sais pas, j’avais envie de le dire. C’est tout.
- D’accord, lui répondit-il en rigolant.
Et l’horrible silence, désespérant, exaspérant pour le hooper, reprit ses quartiers dans les cachots.
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Pour nos deux prisonniers, une éternité semblait avoir passé quand Marcel se redressa, toute ouïe.
- Tu entends ?
Hooper ne bougea pas. Toujours allongé, il se contenta d’ouvrir les yeux.
- Je n’entends rien d’autre que le vent du courant d’aire sous cette porte moisi et les rats qui font la fête dans la cellule d’à côté.
- J’ai cru entendre quelqu’un nous chuchoter.
- La fatigue te joue des tours, jeune homme.
- Ah ! Parce que t’es pas fatigué, toi ?
- Le hooper se fait vieux, c’est un dur à cuire !
Marcel ne répondit pas à cette réponse ironique, à la vue du hooper qui faisait à peine sa trentaine et qui grelottait des jambes en tentant de se réchauffer les mains comme il pouvait.
Marcel se recoucha sur la paillasse. Pour se redresser presque aussitôt et en même temps que hooper cette fois.
- Oui, j’ai entendu, répondit-il au regard interrogateur de Marcel.
- Hep ! Les deux zigotos ! lança une voix lointaine.
- Ça vient de dehors !
- Tu crois que c’est… demanda Marcel plein d’espoir.
- Je crois aussi. Mais ne parlons pas trop fort, on pourrait nous prendre.
La petite ouverture donnant sur l’extérieur était perchée au sommet du mur.
- C’est trop haut !
- Tiens, vas-y Marcel, je te fais la courte échelle.
Hooper se mit en position et Marcel grimpa sur ses épaules. Il poussa un volet en bois qui obstruait la fenêtre et passa la tête au dehors.
- C’est Maria ! dit-il.
- Magnifique ! lui répondit son porteur dans un souffle.
- Il y a Chaton aussi ! Attend… Super !
- Quoi ?
- Maria vient de lancer ton chat par-dessus la douve et il vient de s’agripper au mur. Il commence à monter ! Y’a une bonne vingtaine de mètres.
- Nous sommes sauvés ! dit hooper plein de joie.
Des bruits de portes qui claquent suivit de pas de course et d’exclamations se firent entendre à l’extérieur de leur cellule.
- Oh non ils arrivent ! lança Marcel.
Hooper ne dit rien. Son regard s’était arrêté sur quelque chose.
- Je te lâche ! dit-il soudain.
- Quoi ? Attend ! – Marcel resta suspendu en se tenant au rebord – Hooper, qu’est-ce que tu fous !
Hooper cassa le banc en bois déjà fêlé et courra le placer contre la porte pour la bloquer, puis il cria à Marcel.
- Il faut les retenir le plus longtemps possible, il faut que Chaton arrive jusqu'à moi !
Marcel usa de la force de ses bras pour remonter jusqu'au niveau de la fenêtre.
- Il est à la moitié du chemin !
Un tour de serrure suivi de violents coups de botte furent pratiqués sur la porte en bois.
- Marcel ! criait hooper adossé contre la porte.
- Il arrive ! cria Marcel à son tour.
« Oh non c’est pas vrai ! » cria une autre voix en contrebas du château.
Brusquement la porte explosa en morceau et hooper vola à plat ventre jusqu’au milieu de la pièce.
Le sang de Marcel ne fit qu’un tour et, usant de son gabarit, il sauta de sa position pour foncer tête baissée sur le premier garde, créant une bousculade générale dans l’encadrement de la porte.
Dans cette cohue monumentale, personne n’avait vu ni entendu Chaton, dont la silhouette se dessinait à peine dans l’encadrement de la petite fenêtre sur le fond gris de cette nuit d’hiver.
Et d’un bond il sauta de son appuie sur son maître.
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Toutes les personnes présentent sur les lieux sursautèrent, certaines crièrent même.
Le premier patient se mit à rouler pour tomber de son lit.
Le deuxième se retourna trois fois sur lui-même.
La troisième inspira violemment.
C’est le deuxième patient qui parla le premier.
- Oh putain c’est quoi ce bordel. Je ne savais même plus ou était l’endroit, ou étais l’envers, si j’étais encore sur le ventre ou sur le dos, confia hooper complètement déboussolé.
Le premier faisait de la résistance face à l’aide qu’on lui apportait pour se relever.
- Qui êtes-vous ? Ou sommes-nous tombé encore ? criait Marcel.
Chaton tentait de s’accrocher au rebord du lit de son maître alors que quelqu’un l’en tirait.
Mais tout le monde s’arrêta dans son élan quand la troisième patiente se mit à rigoler de plus belle.
- Maria ? lui demanda Marcel ahuri, enveloppé dans les bras de trois infirmières.
La jeune fille mit un temps à maitriser son émotion.
- Tout est écrit en japonais ! dit-elle toute secouée de rires.
Hooper ouvrit ses grands yeux en bille pour observer le faciès des personnes qui l’entouraient.
- ILS ONT TOUS LES YEUX BRIDÉS !
Marcel se mit lui aussi à rigoler dans des éclats de joie, tout en observant les infirmières qui le tenaient.
- Chaton à réussit ! s’exclama-t-il.
Hooper prit des mains le chat que tenait une des soignantes et le brandit devant lui dans une scène digne de la naissance de Simba dans le walt disney Le Roi Lion. Il hurla :
- God save the King !
- Meouw !
- Kare Wa Kawaii Desu ! (Qu’il est mignon !) s’exclamèrent les soignantes.
Une fois ce moment d’excitation passé, la situation revint peu à peu à la normale.
- C’est formidable ! Formidable ! jubilait Marcel. Chaton nous a vraiment sauvés. Mais comment...
Il croisa le regard du hooper.
- …Ne nous posons pas trop de questions, termina-t-il en échangeant un sourire avec lui.
Hooper s’était rallongé sur le lit tout en caressant chaton.
- Ce qui est aussi formidable, dit-il, c’est que je passe de prison en prison et d’hôpital en hôpital.
Et pour la première fois ils observèrent tous le nouveau lieu.
Ils étaient dans une grande tente blanche soutenue par une armature non visible de l’intérieur et composée de deux entrées sous forme de petits compartiments dotés de portes.
Le sol était en Asphalte et un immense chiffre neuf en partie visible seulement couvrait l’ensemble de cette surface.
- Haneda, kassooro ?
C’était Maria qui venait de parler
- Tu parles japonais, toi ? lui demanda hooper, surprit.
- Un peu, je fais des études en langues étrangères, lui répondit-elle.
- Ah, c’est bien notre chance ! Et tu demandes quoi ?
- J’ai demandé si nous étions sur l’aéroport de Tokyo et on vient de me le confirmer.
- Tiens donc. Et pourquoi est ce qu’on est ici et pas dans un vrai hôpital?
Après quelques échanges avec une des infirmières, Maria lui répondit :
- Ils pensaient que nous étions contaminés par quelque chose, parce qu’on est devenu « fou » dans l’avion selon eux. Ils ont donc monté un hôpital sur place pour nous mettre en confinement.
- L’avion est donc arrivé ici ?
- Apparemment oui.
- Il n’y a donc pas eu de crash d’avion, dit Marcel d’un air rassuré.
- Bien, reprit hooper. Tu peux leur demander si on va bientôt sortir d’ici ?
Maria joua à nouveau son rôle d’intermédiaire.
- …Elle dit qu’on ne peut pas.
- Pourquoi ?
- Parce que…Parce que quelqu’un veut nous voir.
- Mais voyons qui, au Japon, pourrait vouloir nous rendre visite ? Je ne connais personne moi au Japon.
Au moment même ou hooper finissait sa phrase, la toile de la porte de confinement se leva.
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Chaton poussa un grognement en se blottissant contre son maître. Hooper le prit autour du bras et regarda l’individu d’un air méfiant.
- Lui c’est un méchant, dit-il à voix basse sur sa tonalité espiègle si particulière.
L’homme, la soixantaine en apparence, bottes en cuire parfaitement cirées, uniforme vert kaki couvert d’étoiles et d’insignes, coiffé d’une casquette militaire d’une largeur impressionnante, représentait la caricature même de ce que hooper aurait désigné dans une de ses vidéos comme le « méchant pas beau général russe soviétique de l’histoire».
Ce qui n’était pas totalement faux.
- Bonsoir. Je suis le General Vaslov.
Même si hooper connaissait la réponse vu l’accent de celui-ci, il demanda :
- Vous êtes russes ?
- Da, je suis Général du service central de renseignements pour la Russie.
Devant le silence de ses interlocuteurs, il ajouta :
- Et je suis venu car j’ai quelques questions à vous poser.
Notre trio se doutait bien de quoi cet homme pouvait bien vouloir parler. Et d’un rapide échange de coups d’œil l’idée de tout nier en bloque fut rapidement partagée.
- Première question : Comment vous connaissez vous tous les trois ?
- Oh attendez, répliqua aussitôt Marcel. Qu’est-ce que vous venez faire ici ? De quels droits vous êtes autorisé à mener cet interrogatoire ?
- Je suis un militaire, répondit indifféremment l’autre.
- On refuse de vous parler.
- Alors nous iront dans un endroit plus approprié. Et sur cette phrase, il fit un petit signe de la main. Trois militaires russes entrèrent dans la tente, une arme à la ceinture.
- On est entouré de personnel infirmier, que comptez-vous faire ? dit à son tour hooper.
- Tout le monde ici est sous mon commandement direct. Maintenant, c’est moi qui pose les questions.
Hooper, Maria et Marcel se regardèrent. Ils ne voulaient pas retourner dans une prison, ou pire. Ils décidèrent de jouer leur rôle maintenant.
C’est Maria qui se lança dans les explications :
- On se connaît très bien depuis des années. On s’est rencontré sur internet.
- Seconde question : Pourquoi êtes-vous venu au Japon ?
- On voulait partir en voyage ensemble.
- Que c’est-il passé à l’aéroport de votre départ ?
- Comment vous savez ça ? demanda Maria qui ne put s’empêcher de cacher sa surprise.
- Qu’y avait-il dans ce sac ?
- Meouw !
L’homme posa son regard sur chaton, puis sur celui de hooper.
- Autre question : Que vous est-il arrivé dans l’avion ?
- Demandés donc aux médecins présents ici !
- Où est l’artéfact ?
- Quel artéfact ?
L’homme à la coiffe militaire sourit à cette réponse unanime qui semblait sincère.
- Écoutez, reprit-il toujours avec sa voix posée. Jouons carte sur table. Vous êtes ici avec une mission, n’est-ce pas ?
Nos trois amis jouaient admirablement bien la comédie. Mais le Général à l’œil vif et perçant semblait pouvoir lire en eux comme dans un livre ouvert.
- Et vous avez quelqu’un, ou quelque chose de particulier avec vous, pour ce voyage, n’est-ce pas ?
- Nous ne comprenons absolument pas de quoi vous parlez, répondit froidement Maria. Nous sommes ici pour des vacances et nous voilà contraint à un interrogatoire sous la menace, c’est un scandale et nous feront un scandale !
- Vous n’en ferez rien.
Le sourire avec lequel il avait prononcé ces mots la glaça de terreur.
Quelqu’un fit un signe de l’extérieur derrière un encart transparent de la toile de tente et le Général s’excusa pour sortir.
- Alors, qu’est-ce que donnent les analyses ? demanda-t-il au scientifique.
- Et bien, Général, tout semble correcte. Il n’y a absolument rien d’anormal.
- En êtes-vous sûre ?
- Certain mon Général. Ces gens-là sont tout à fait ordinaires selon ce test.
- Merci, vous pouvez disposer, lui ordonna Vaslov en se retournant à la fenêtre.
« Je suis certain que ces lascars me cachent quelque chose » pensa-t-il.
Il revint à nouveau sous la tente pour poursuivre son interrogatoire, quand au même moment à l’opposé, par la seconde ouverture qui donnait sur la piste extérieure, entra une personne habillée en civil.
- Général, il y a des journalistes dehors !
L’individu qui parlait au Général tenait le coin inférieur de la toile servant de porte levé, ce qui permit à nos amis de voir l’extérieur, et accessoirement d’être vus.
- C’est lui regardez ! Le voilà ! C’est hooper !
Sans chercher à comprendre qui l’appelait de dehors, hooper sauta de son lit, passa avec une brillante esquive sur le côté de l’homme habillé en civil et s’élança les jambes à son coup sur la piste dans la nuit accompagné de Chaton en direction des gens qui l’appelaient.
Il entendait devant lui quelqu’un rigoler en criant :
- Il est heureux ! Regardez comme il court !
Arrivé devant la foule amassée derrière une barrière et qui clamait son nom, une rafale de flashs photos l’aveugla complètement.
Hooper ne voyait plus rien et une main vint serrer la sienne
- Vous êtes hooper ? dit une voix sortant du flot de journalistes.
- Oui c’est bien moi ! Qui êtes-vous ?
- Je suis Mr.Baumont, le représentant français des jeux. Nous vous cherchons depuis plusieurs jours déjà, je vous invite à monter en voiture avec moi pour…
- Mais bien volontiers ! lui répondit chaleureusement hooper qui commençait à recouvrer la vue. J’ai des amis à l’intérieur qui vont venir avec nous.
- Formidable, allons les chercher !
L’homme qui lui avait tendu la main, habillé d’un costard-cravate, se lança aux côtés de hooper en direction de la tente, suivit de prêt par la vague de journalistes qui créait à elle seule un environnement sonore et lumineux indescriptible.
Hooper n’était pas en mesure d’analyser ce qui se passait, mais il avait saisi l’occasion et était avec un français lui proposant de monter en voiture pour quitter cet endroit. Cela lui suffisait.
Ses deux compagnons se levèrent de leurs lits pour sortir à leur tour.
Les trois gardes présents sous la tente ainsi que celui en civil s’avancèrent en questionnant du regard le Général, planté à l’autre bout de la tente.
- Niet !
- Mais Général nous…
- Pas d’incident diplomatique ! Ce ne sont pas ceux que nous recherchons.
- A vos ordres.
Ils s’effacèrent pour les laisser sortir.
Maria et Marcel marchèrent rapidement en direction de la horde dirigée par hooper qui se déplaçait sur le tarmac, avant d’être subitement absorbés par celle-ci.
- Vous êtes des amis du hooper à ce que j’ai appris ? lança l’homme en costume qui ressemblait à un présentateur de télévision. Nous sommes très heureux de vous avoir parmi nous.
- Et nous donc ! lui répondit Marcel en lui serrant la main avec force.
- Qu’est-ce que tout cela signifie ? demanda Maria en tentant d’ouvrir les yeux parmi les flashs pour voir son interlocuteur.
- Comment ? Vous n’êtes pas au courant ? – L’homme rigola à nouveau – Mais votre amis hooper à gagné le gros lot !
- Mais si nous le savons ! s’exclama hooper devant le mur de journalistes. Tant d’émotions, vous comprenez ! On nous a même prit pour des fous tellement nous étions heureux quand nous avons appris la nouvelle à bord de l’avion, au point de nous retenir ici sur l’aéroport.
- Il y a de quoi perdre la tête avec une telle somme ! lui confia l’autre avec un clignement de l’œil. Si nous y allions, maintenant ?
- Allons-y ! répondit hooper enjoué en prenant ses compagnons sous ses bras et Chaton sur son épaule.
Ils traversèrent avec peine la foule pour s’installer face à face sur les banquettes arrières d’une luxueuse berline bentley qui démarra aussitôt une fois les portières fermées.
L’environnement insonorisé de la voiture plongea nos aventuriers dans une atmosphère de soulagement presque irréaliste.
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Regardant la voiture partir, Vaslov restait planté dans l’encadrement de la tente. Les traits tirés de son visage trahissaient son mécontentement.
Il fut tiré de ses réflexions par le scientifique qui arriva de manière agitée.
- Mon Général, voilà les derniers résultats.
- Les résultats de quoi ?
- De l’animal qui les accompagnait.
- Inutile.
- Permettez-moi d’assister mon Général. Je pense que cela vous intéressera.
Vaslov prit les papiers, resta immobile plusieurs secondes avant de balancer violemment le dossier en jurant dans sa langue natale :
- Suka !
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La voiture roulait maintenant dans les quartiers de Tokyo
- Je ne sais comment vous remercier.
- Ne me remerciez pas hooper, lui répondit gaiement l’homme en costume.
- Hooper, tu peux nous expliquer ce qui se passe ? lui demanda Marcel.
- Ce monsieur vient de nous tirer de là !
- Oui je sais – Marcel regarda Mr.Baumont en inclinant la tête en signe de reconnaissance – Mais comment ?
- Eh bien il a monté un coup, en annonçant aux medias locaux que j’étais le grand gagnant du Loto en France et a ainsi rameuté tous les journalistes de Tokyo afin de nous offrir une opportunité de sortir sous les caméras en empêchant par la même le Général Vaslov et ses hommes de nous retenir.
- Une opportunité que tu as brillamment saisie ! fit Maria, épatée.
- J’m’impressionne à moi-même !
- À l’Euro Million.
C’était leur sauveur qui venait de parler.
- Vous dites ?
- Je dis que vous n’avez pas gagné au Loto, mais à l’Euro Million.
Hooper riait.
- Quel brillant comédien !
- Pas autant que vous ! Lui répondit l’autre en rigolant à son tour. Vos histoires me font bien rire, mais passons aux choses sérieuses.
Hooper, Marcel, Maria et Chaton se sentirent soudain menacé par la mine de l’homme qui s’était assombrie.
- Je suis sous les ordres du Général Vaslov.
Cette affirmation fit l’effet d’un coup de tonnerre à l’arrière de la berline.
L’homme éclata de rire.
- Vos visages ! Je suis tombé sur une troupe de comédiens ma parole !
Tous le dévisageaient.
Mr.Baumont essuya ses larmes.
- Halala ! Enfin bon. J’allais donc vous dire que nous allons au Peninsula Tokyo, les représentants de nombreuses banques vous attendent pour une réception en votre honneur. Ah ! Et avec votre cirque j’ai oublié de vous donner votre fameux ticket. J’ai coutume de le donner aux heureux gagnants, ça leur fait toujours plaisir de le garder en tant que souvenir.
Il tendit un petit bout de papier à hooper qui le prit machinalement, encore sous l’émotion de la plaisanterie de Baumont. Il le porta à son regard.
Sur l’avenue Hibiya Dori, tout le monde détournait le regard au passage de la luxueuse voiture de laquelle, malgré son isolation acoustique, on pouvait entendre une succession de hurlements de loup et de rires du Joker de Batman.
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Maria gémissait les mains sur la tête.
- Ah ! Mes oreilles !
- Boudiou ! jurait Marcel complètement sonné.
- MEOUWW !
Baumont, dont le visage était devenu rouge vif, s’était recroquevillé sur sa place, suffoquant de rire.
La voiture s’était arrêtée et de nombreuses personnes étaient venues former un cercle autour.
Le chauffeur quitta précipitamment sa place (partie conducteur, qui était isolée du reste de la voiture) et sortit pour faire le tour de la voiture et ouvrir une des portières arrières.
Les curieux qui encerclaient les lieux prirent peur quand un homme en costume se tira de l’intérieur, comme pour échapper à quelque chose, en rampant et gloussant tel un ventriloque sur le sol.
Ça piaillait du japonais de tous les côtés.
Hooper, lui, ne criait plus. Maintenant il soufflait comme une locomotive.
Ses deux compagnons et son chat tentaient de le ramener à lui.
- Hooper !
- Meouw !
- Hooper !
- Oh non de dieu, finit par dire celui-ci, comme vidé d’énergie.
- … Hooper ! répéta Marcel qui ne trouvait rien d’autre à dire face à ce qui venait de ce passé.
- J’ai gagné à l’Euro Million, leur confia-t-il enfin.
Ses amis ne dirent rien dans un premier temps.
- … Combien ? demanda enfin Maria après beaucoup d’hésitation.
Hooper ouvrit la bouche, mais il n’arriva pas à remuer ses lèvres pour répondre. Il leur tendit son bras avec le ticket au bout de la main.
- Treize Millions, prononça Maria soufflée.
Hooper dégagea un de ses gros doigts.
- Cent trente Millions, dit à son tour Marcel, zombifié.
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La voiture arrêtée au milieu de la route et la foule amassée autour créa vite une belle pagaille sur cette avenue fréquentée. Maria dû se charger de s’expliquer avec les policiers, avec l’aide de leur conducteur français qui avait aussi quelques notions de japonais
Leur accompagnateur Monsieur Baumont étant complètement K.O et la voiture réquisitionnée par les forces de l’ordre, notre trio accompagné du fidèle Chaton décida de finir le chemin à pied pour se rendre au Peninsula Tokyo, qui se trouvait au bout d’Hibiya Dori à moins d’un kilomètre de leur position.
Arrivés sur place, leur accueil fut triomphal.
Le Peninsula Tokyo était le fleuron 5 étoiles de l’hôtellerie japonaise. Inauguré à la fin de l’année 2007, l’édifice imposant bâtit à proximité du palais impérial dispose de tout ce qui est imaginable pour satisfaire les caprices des plus fortunés.
Le plus frappant était sa façade de compositions lumineuses bleues et jaunes. Ce qui lui conférait un aspect reposant, presque enchanteur au centre de cette mégalopole de 30 millions d’habitants.
Hooper et ses compagnons deux pattes et quatre pattes furent introduit pour la réception en son honneur dans une vaste salle d’aspect traditionnel japonais.
Les buffets et les cocktails étaient garnis et les discussions se poursuivirent jusque tard dans la nuit.
Ce n’est qu’aux premières heures de la matinée qu’ils prirent l’ascenseur les menant à leurs suites au dernier étage de l’hôtel.
Ils se souhaitèrent bonne nuit et se séparèrent dans le couloir.
Hooper ne regarda même pas l’habitat luxueux ou il se trouvait. Il chercha la chambre, posa Chaton sur le lit et tomba comme une bûche à côté de lui. Le hooper était autant assommé par cette journée frénétique que par les discussions qu’il venait d’avoir avec ses futurs banquiers.
Le lendemain, vers 11 heures, hooper était à pied d’œuvre devant l’immense dressing à essayer toutes les chemises. Il paraissait en pleine forme. Tout comme Chaton.
Alors qu’il se contemplait devant la glace, on frappa à sa porte.
- Salut Maria ! Bien dormis ?
Maria ne semblait pas très réveillée et ses cernes trahissaient une nuit agitée.
- Toi en tout cas on dirait que oui.
- J’étais complètement out. J’ai dormi comme un King dans ce matelas d’ouf.
Maria ne répondit pas.
- Délicieux le petit déjeuner, n’est-ce pas ?
- Hooper ! Grogna-t-elle. On a prit l’avion, on est allé dans Rapture, dans un camp de prisonnier allemand en plein hiver... Les Russes nous en veulent ! Ah oui et accessoirement tu as gagné l’un des plus gros lots de l’Euro Million ! Tout ça dans la seule journée d’hier. Et toi, tu dors comme un chat et tout ce que tu trouves comme sujet de conversation le lendemain… c’est le petit déjeuner ?
Hooper s’apprêtait à lui répondre quand la sonnette de l’ascenseur à proximité retentit. Marcel déboula tout guilleret en chantonnant dans le couloir, vêtu d’une robe de chambre.
- Ah vous voilà tous ! Bien dormis ? La piscine de cet Hôtel est exceptionnelle, dit-il de bon cœur.
- Et toi tu prends un bain, c’est ça ? fit Maria presque sur un ton de reproche.
- Il y a un problème ? Tu as l’air fatigué, lui demanda Marcel.
Et elle lui répéta ce qu’elle venait de faire remarquer à hooper concernant la journée d’hier.
- Tu te poses trop de questions, lui répondit-il doucement.
- Qu’est ce que tu me chantes là !
- La philosophie hooperienne !
- Rah qu’est ce que vous pouvez m’agacer vous par moment ! Et puis avec tous ces évènements il ne faudrait pas oublier pourquoi nous sommes venus.
- Justement, leur dit hooper. Nous allons nous y mettre tout de suite. Je vous laisse vous préparer et on se rejoint ici dans dix minutes.
Et comme convenu ils se retrouvèrent dans le couloir juste après. Hooper semblait ne pas en avoir bougé. Il dégustait un café apporté par une jeune serveuse Japonaise qui restait plantée à côté de lui, le plateau tendu.
Hooper avala son café d’une traite, puis prit la posture d’un ténor face à la foule pour clamer :
- Genki desu tachiyoru doko tooru !
Il reposa la tasse sur le plateau et la serveuse s’éloigna.
- Hooper ? demanda Maria interloquée.
- Ça fait du bien par ou ça passe, en jap’ !
- Ou as-tu appris ça ?
- Je me suis amusé avec la tablette tactile dans nos suites qui contient entre autre des dictionnaires, ce matin.
- Toi alors t’es pas croyable !
- Attend, t’as encore rien vu ! – Il se baissa pour prendre chaton et l’embarquer sur son épaule – Venez avec moi.
Hooper passa devant, ses deux amis lui emboitant le pas. Arrivé au bout du couloir il poussa une porte et ils entrèrent dans une cage d’escalier.
- Où on va ? demanda Maria.
- Sur le toit !
- Sur le toit ? répéta Marcel.
- Venez, vous verrez ! leur répondit-il, enthousiaste.
Ils montèrent les dernières marches pour arriver dans une minuscule pièce. Hooper sortit une clé de sa poche et ouvrit la seule porte qu’il y avait.
- Surprise !
Sur cette exclamation il poussa la porte et tendit les bras au dehors.
- Un hélicoptère ! s’exclamèrent Maria et Marcel ensemble.
- Comment as-tu… poursuivi la jeune fille.
Hooper s’avançait vers l’appareil.
- Ce matin, dit-il, je suis allé voir à accueil de l’hôtel ce qu’on pouvait nous donner comme moyens de transport. Quand j’ai appris qu’il y avait un héliport…
Il ne termina pas sa phrase et monta à la place du pilote dans le coquepite. On aurait dit un gosse avec son jouet.
- Tu comptes piloter, aussi ? demanda Marcel en rigolant, accoudé à la carlingue.
- N’faudrait pas abuser ! Les pilotes ne devraient pas tarder… Ah tiens ! Les voilà.
Deux personnes venaient de passer la petite porte menant au toit.
Ils se saluèrent tous, montèrent à bord de l’appareil, s’équipèrent. Le moteur démarra et les palmes commencèrent leur mouvement de rotation. Bientôt l’hélicoptère quitta le sol.
- Et tu sais où est celui que nous cherchons ? Demanda Maria en haussant la voix pour se faire entendre.
- OUI, SEGATA SANSHIRO EST TRES CONNU DANS LA REGION, LES PILOTES CONNAISSENT LE CHEMIN !
- Pas la peine de hurler comme ça, nos casques ont un micro !
- Désolé, l’habitude du micro trépied…
Et l’hélicoptère s’élança en direction des terres.
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Cela faisait maintenant vingt minutes qu’ils étaient partis depuis le toit du Peninsula Tokyo.
L’ambiance était au beau fixe. Un des pilotes prit une photo de leurs passagers avec un appareil photo à développement instantané et la donna à hooper. On admirait la vue depuis l’hélicoptère. On pouvait clairement distinguer des bâtiments détruits, vestiges rappelant le terrible tremblement de Terre qu’il y avait eu.
Les pilotes étaient des types forts sympas. L’un d’eux anima le trajet avec quelques répliques cultes des publicités de Segata Sanshiro, qui s’appelait en réalité Hiroshi Fujioka et commença avec son collègue à chanter les paroles de la musique entière.
Maria paraissait particulièrement satisfaite.
- Enfin nous y seront arrivés ! J’ai hâte d’être sur place pour le rencontrer. Il va nous sauver. J’espère qu’il pourra nous expliquer tout ce que nous avons vécu.
- Nous verrons bien, lui répondit hooper qui semblait en proie à de grandes réflexions.
- Je me demande si on pourra le reconnaître. Sa dernière apparition dans les publicités remonte à déjà pas mal de temps, ajouta Marcel plein d’entrain.
Un peu plus tard, un des pilotes les interpella et pointa son doigt dans une direction à travers la vitre avant de l’appareil.
- Juutaku Fujioka tanak san desu.
- On arrive ? demanda Marcel à Maria.
- Oui, il nous montre la maison, là-bas au loin. Celle avec le grand arbre à fleurs roses il me semble.
Chaton miaulait sur les genoux de son maître. Ils semblaient tout deux en pleine conversation.
- Owwwwi il fait le petit museau ! se précipita de dire hooper en regardant ses compagnons qui s’étaient tourné vers lui.
L’hélicoptère manœuvra pour se poser dans une vaste prairie d’herbe non loin de leur destination.
Le trio accompagné de l’animal descendit de l’hélicoptère. Maria donna comme consigne de les attendre et ils se mirent en route pour la maison de Segata Sanshiro.
Ils traversèrent le champ et passèrent par-dessus un fossé pour se retrouver sur une petite route qui passait devant la résidence.
La demeure était dans un style tout à fait traditionnel. L’entrée était marquée par un grand encadrement en bois, le petit chemin gravillonné qui sillonnait le jardin passait entre les bosquets de bambou et les ponts miniatures enjambaient les petits étangs et ruisseaux.
Au dernier détour du chemin, un imposant et magnifique cerisier japonais en fleur accueillait les visiteurs.
- On dirait l’arbre Shenmue, fit remarquer hooper.
Une fois arrivée devant la maison celle-ci paraissait encore plus vaste que vue du ciel. Elle était toute de plein pied et composée de trois grands ensembles. Le tout contenu sous un toit de tuiles noires à l’inclinaison très prononcée, l’élément qui donne tout son charme à l’architecture asiatique.
Une petite dame en costume très simple sortit de la maison pour les recevoir.
Après un échange de politesse, elle les fit entrer, fit coulisser un panneau et ils furent introduits dans un petit salon.
Maria tapait du pied sur le parquet.
- Je suis si impatiente !
- Moi aussi ! lui répondit hooper.
- Je me demande ce qu’il va se passer. ajouta Marcel.
La dame reparue à nouveau. Elle se glissa sur le côté de la porte en annonçant « Fusai Hiroshi Fujioka»
Tous se levèrent dans la pièce, compris Chaton. L’excitation était à son comble.
Sanshiro entra dans la pièce, reconnaissable entre tous. Il était exactement comme dans ses représentations dans les publicités, pas une ride de plus.
Soudain une formidable détonation retentit et tout le monde sursauta.
Segata Sanshiro resta immobile. Une auréole rouge envahit son kimono blanc comme neige. Il s’effondra sur le sol tel un colosse.
Tout le monde se retourna.
Hooper était resté figé, l’arme à feu dans la main.
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L’instant qui suivi paru comme suspendu dans le temps, la petite dame partit en hurlant de toute son âme. La victime gisait maintenant dans une grande marre de sang. Pour Marcel et Maria, c’était cauchemardesque.
Aucun des deux ne réagissait, ils étaient restés à regarder hooper droit dans les yeux. Celui-ci finit par baisser lentement son arme vers le sol.
- Mon dieu. dit enfin Marcel.
- Qu’est ce que tu as fait ! se mit à crier Maria à répétition.
- Je suis désolé que cela doivent se passer ainsi, leur répondit-il, imperturbable.
Il braqua son arme sur ses compagnons qui étouffèrent leurs cris.
- Chaton, va le chercher.
Chaton s’avança jusqu’au cadavre, dégagea un bord du kimono devenu rouge et arracha un petit objet au niveau du coup, qu’il rapporta jusqu'à son maître.
- Mais enfin c’est du délire ! explosa Marcel complètement fou.
- Du calme mes bons amis.
Ils restèrent ahuris.
- Lui c’est un méchant, reprit hooper en désignant le corps avec son arme.
Il se mit à sourire.
- Moi, je suis le gentil.
- Mais, notre mission était de te sauver grâce à lui ! gémit Maria.
- Mission accomplie ! Maintenant, c’est la mienne qui commence.
Ses deux amis étaient pantois.
- Je vais sauver le monde.
- Tu… prononça Marcel sans finir sa phrase.
- Sur ce je dois y aller, les hommes du Général Vaslov sont surement sur nos traces.
- Mais…
- Le devoir n’attend pas, je dois SAUVER LE MONDE !
Décidément il semblait prendre plaisir à le rappeler. Il se retourna pour partir et s’arrêta sur le pallié de la porte.
- Je vous enverrai une carte postale !... Non attendez ce n’est pas très classe comme réplique ça.
Après un silence, il ajouta :
- God save the king. King save the world !
Et sur cette phrase qu’il jugea anthologique, il quitta les lieux satisfait, Chaton à ses côtés.
Le hooper était partit et ils se retrouvèrent seul avec le cadavre.
- Qu’allons-nous faire ? finit par demander Maria en regardant le corps de Segata Sanshiro.
Des sirènes au loin se firent bientôt entendre.
- Si on reste ici, on va nous arrêter. Fuyons ! lui répondit Marcel en la prenant par la main.
- Où ?
- Loin d’ici !
Ils traversèrent le salon en courant pour regagner le hall d’entrer. Quand ils passèrent la porte, ils furent plaqués au sol par plusieurs individus.
- Lâchez-nous ! crièrent-ils.
Ils sentirent des anneaux froids passer autour de leurs poignets.
On les releva et ils s’aperçurent alors qu’ils étaient entourés de policiers japonais. Ils furent conduits jusqu'à la route où on les sépara pour monter dans plusieurs voitures.
- Marcel !
- Maria !
Les voitures démarrèrent sous une inattendue pluie battante.
Un peu plus loin au même moment, la voiture de l’automobiliste qui avait prit en stop hooper et Chaton se retrouva sous un orage.
Hooper eu peine à lire le panneau routier éclairé par les feux de la voiture qu’ils venaient de passer : Fukushima-Ken 59 (Préfecture de Fukushima, 59 km).
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Après deux longues heures de route, les voitures dans lesquelles étaient détenus Marcel et Maria étaient de retour dans Tokyo. Ils arrivèrent à un grand portail à côté duquel une inscription était traduite en trois langues. Japonais, Russe et Anglais. La traduction anglaise disait : Embassy of the Russian Federation in Japan.
Les voitures se garèrent dans des entrées opposées et chacun des deux prisonniers fut placé dans une pièce.
Ce n’est qu’après un moment interminable d’attente que l’on revint les chercher. Ils furent introduit tous les deux dans une même salle.
- Maria !
- Marcel !
Ils se prirent dans les bras, soulagés de se retrouver après toutes ces péripéties.
- C’est horrible ce qui nous arrive ! dit-elle
- Nous revoilà encore en Prison, lui répondit-il.
Mis à part un bureau et trois chaises au centre, la pièce était vide.
- Nous sommes à l’ambassade de Russie.
- Oui j’ai vu le panneau en entrant, dit Marcel.
- Mais ils n’ont aucun droit de détention dans une ambassade !
- Et ce sont des policiers japonais qui nous ont amené ici.
- Ce qui veut dire que le gouvernement du Japon collabore avec la Russie. Donc il n’y a personne pour nous aider.
- Et hooper ! Mais bon sang qu’est ce qui lui à prit ?
- Je ne sais quoi penser.
Ils se retournèrent subitement au bruit de la porte qui venait de s’ouvrir.
Un homme âgé entra. Ils surent aussitôt d’où il venait vu l’uniforme familier qu’il portait.
- Bonjour, dit-il.
- Que voulez-vous de nous ? fit Marcel sur la défensive.
- Permettez que je me présente : Ivane Khrouchtchev.
- Vous travaillez pour l’armée ?
- Pas directement. Je suis rattaché au Service fédéral de sécurité de la Fédération de Russie avec le grade de Général, mais mon vrai travail je le fais en tant qu’ingénieur à la ROSATOM, L’Agence fédérale russe de l’énergie atomique.
Il semblait plus sympathique que Vaslov et très âgé. Environ 80 ans. En enlevant sa casquette il laissa apparaître une calvitie avancée sur une grosse tête. Le vieux sac en cuire qu’il trimballait, ses binocles épaisses aux fines montures dorées et la forte odeur de tabac qu’il dégageait renforçaient l’impression qu’il donnait d’être un monument historique.
- Et qu’est-ce que vous voulez ? répéta Marcel.
- Je suis venu pour vous demander des explications, de me dire où je pourrais trouver votre amis dénommé hooper, ainsi que son animal de compagnie. Un chat si je ne me trompe pas.
- Désolé pour vous, mais nous ne le savons pas.
- Voyons, dites-le, c’est très important.
- Pourquoi c’est si important ? demanda Maria.
L’homme marqua volontairement une expression exagérée du visage.
- Vous avez une bien jolie voie, jeune fille.
Cette remarque la désarçonna totalement.
Satisfait du résultat, il poursuivit.
- Et si je vous expliquais tout, accepteriez vous de m’aider ?
Comme Maria s’était tu, Marcel poursuivi la conversation.
- Mais nous ne savons pas où il est.
- Mais passons ! Si je vous racontais tout ?
- Nous raconter quoi ?
- L’histoire, qui répondra à vos questions.
- Vous savez ?
- Oui.
Marcel hésita.
- C’est un mensonge !
- Je vous donne ma parole d’honneur que ce n’en est pas un.
Cette affirmation du vieux général accompagné d’un geste de la main sur le cœur paraissait très sincère.
- Et que devrions-nous faire en échange de cela ?
- M’écoutez, c’est tout.
- C’est tout ?
- Oui. Et signer ces quelques papiers.
Sur cela, il ouvrit son sac et sortit deux gros formulaires d’une trentaine de pages.
Marcel souleva les premières feuilles avant de ricaner.
- Une signature sur un pavé de trente pages en russe, vous nous prenez pour qui ?
- Ce document dit simplement que vous vous engagez à ne pas divulguer ce que je vais vous dire, car c’est top secret.
Marcel frissonna. Le personnage de Khrouchtchev l’intéressait de plus en plus. Un vieux Général russe qui divulgue les dossiers secrets de l’union soviétique, il n’y a que dans les films et les romans que l’on voit ça !
- Et il y a besoin d’un si gros document pour ça ?
- Vous savez, la paperasse et les formalités administratives. Rien que les quinze dernières pages sont une copie de la constitution russe et du préambule de certains codes de nos lois.
Marcel parcouru les pages en question.
- Vous nous jurez qu’il n’y a pas de piège ?
- Sur mon honneur !
Marcel se tourna vers Maria.
- T’en pense quoi ?
- Qu’avons-nous à perdre ?
- Encore beaucoup de choses Maria ! Je ne voudrais pas finir ma vie dans un goulag.
- Je puis vous dire, reprit le vieux Général, que nous n’aurons très probablement plus besoin de ces signatures dans peu de temps.
- Pourquoi ? Vous allez nous tuer. répondit Maria au quart de tour.
Khrouchtchev se mit à rire, d’un rire gras et très grave.
- Non ! Pourquoi je vous tuerai ? Je vous rappelle que je suis d’abord un scientifique et pas un militaire. Je vais vous dire pourquoi – Il fit un mouvement du menton vers les documents – Si vous signez ceci.
Maria prit le stylo qu’il avait mis à leur disposition et signa le bas de la première page.
- Maria ?
- Ça suffit. Je veux savoir. Et je lui fais confiance.
Marcel prit le stylo, hésita quelques secondes et apposa à son tour sa signature en disant :
- Si Maria à confiance, dans ce cas !
- Je vois que vous être très considérée par votre camarade, mademoiselle. dit le vieux Général en reprenant les documents pour les ranger soigneusement dans son sac usé.
Maria paru à nouveau gênée par cette remarque.
L’homme en se relevant tira de son sac un énorme dossier retenu dans une pochette qui partait en morceaux.
Il se baissa à nouveau, cette fois pour y prendre une petite boite métallique.
Enfin, il tira un gros briquet d’une de ses poches intérieures.
- Ce que je vais vous dire là, mes enfants, n’est encore jamais sortis des murs du Kremlin jusqu'à aujourd’hui.
Marcel semblait en fascination.
Tout en disant cela, le vieux Général avait ouvert son gros dossier en étalant tout un ensemble de documents, dont certains tâchés par le temps sentaient comme les livres d’une vieille bibliothèque.
Il ouvrit ensuite soigneusement sa petite boite métallique, qui contenait trois énormes cigares et en prit un.
Il l’observa, l’approcha de son visage pour le sentir brillamment, puis plongea à nouveau sa main dans son uniforme pour en sortir un coupe cigare de type guillotine arborant une faucille et un marteau.
Avec un vrai savoir-faire, il décapita le bout de son cigare.
Ce rituel finit définitivement de plonger Maria et Marcel en hypnose face à ce personnage.
Il prit son briquet, l’alluma dans un mouvement du poignet totalement exagéré et le porta à son cigare.
Après une bouffée digne d’une préparation à l’apnée en profondeur, il laissa dégager un épais nuage de fumée qui, en passant sous ses verres, masqua complètement son regard.
- Je vais bien prendre cette affaire à ses débuts afin que vous saisissiez le cadre dans laquelle elle s’est déroulée.
- C’est après la Seconde Guerre Mondiale, nous sommes en pleine guerre Froide avec les Américains. La puissance du feu nucléaire de chaque nation pouvant détruire plusieurs fois la planète, le combat à la supériorité devait être mené sur d’autres terrains. C’est ainsi que les deux bloques se sont lancés dans les années 50 dans une véritable course à l’innovation technologique.
Il prit une nouvelle bouffée de son cigare.
- Dans la course spatiale, notre programme Vostok démarra en 1957 et permit le 12 avril 1961 d’envoyer Youri Gagarine dans l’Espace. Mais cela coûta des milliards de roubles.
La même chose avec la course aux armements. À chaque fois que l’armée américaine testait une bombe, l’URSS en testait une autre plus puissante. Ce qui coûtait d’autres milliards.
Khrouchtchev…je parle du président de l’Union soviétique à l’époque, savait qu’ils ne pourraient pas continuer à ce rythme.
Il demanda alors au KGB, la plus puissante police secrète de l’histoire et forte de plus de 300 000 agents à l’époque, de trouver des moyens moins coûteux pour accéder à de nouvelles technologies.
Outre l’espionnage, le KGB disposait également de nombreux départements de recherche dont certains dans l’archéologie et le paranormal avec d’importants financements.
Ce qui donna des résultats à l’époque, mais pas suffisants.
Le KGB commença alors un nouveau projet de recherche, c’était en 1955, projet baptisé « Isis ».
A l’époque je fus muté du département archéologique et placé à la tête de ce programme. J’étais alors le plus jeune de toute l’équipe.
L’objectif était le suivant : Trouver les connaissances laissées par des races avancées.
Il dégagea un énorme volume de fumée, contemplant avec satisfaction ses auditeurs au regard ébahis.
Marcel profita de cette pause pour s’exprimer.
- Je me souviens, il y a déjà plusieurs années, avoir vu sur internet une vidéo qui montrait apparemment une équipe de militaires du KGB ouvrir un sarcophage qui contenait… un alien. Bien sûr j’ai cru au canular…je ne sais pas si cela a à voir avec ce que vous nous dites.
- Oui, je suis dans ce film d’ailleurs.
- Mais alors, c’est donc vrai…
- Non.
- Quoi ?
- Ce film est un faux. Il a été diffusé… dans les années 95, je ne sais plus exactement, ma mémoire me fait défaut. C’était dans une émission québécoise qui faisait des documentaires à partir de dossiers, de bobines, de filagrammes déclassifiés ou vendus par d’anciens agents après la chute de l’URSS.
Nous avions tourné ce film pour répondre au contexte de l’époque et aux précautions qu’il exigeait. Il y avait des espions partout, y compris au sein du KGB. Laisser s’écouler de faux documents permettait de complexifier la situation pour les services d’espionnage ennemis.
- Mais alors, ce projet Isis… ?
- …A bel et bien existé. Et je vais vous raconter ce qui c’est réellement passé.
Le projet ce basait sur une légende égyptienne qui raconte que, par le passé, en Egypte, une grande bibliothèque des connaissances fut laissée à disposition de l’humanité dans une chambre souterraine, appelée aussi « la chambre des dieux ».
En utilisant le travail que j’avais déjà effectué, moi et mon équipe avons étudié sur ce sujet. Et au bout de plusieurs mois, nous avons déterminé l’endroit ou cette chambre pouvait possiblement se trouver.
Le complexe de Gizeh.
Tout en parlant, Khrouchtchev ouvrait ses dossiers, feuilletant des documents parfois codés en chiffres ou en partie censurés.
- Sans rentrer dans les détails, certains éléments du site de Gizeh, notamment les grandes pyramides, nous mirent sur la voie.
Par exemple. Savez-vous que la grande pyramide a été bâtie selon les quatre directions d’une boussole, avec une précision inégalée ?
Elle se trouve exactement au centre de la masse de Terre de notre planète.
Ils ont calculé la latitude et la longitude alors que les premiers outils le permettant ont été inventés en l’an 1600.
Le rapport entre la hauteur de la pyramide et son périmètre est le même que le rapport entre le rayon de la Terre et sa circonférence.
Bref, je m’égare…
- En 1959, alors que nous allions enfin procéder aux recherches sur place, le KGB recruta un membre officiel du Gouvernement, Directeur du bureau d’information en Egypte pour le Kremlin. À ce poste, il avait accès aux informations hautement confidentielles.
Et cette personne, vous la connaissez.
- Le Général Vaslov ? demanda Maria sortie de son état spectateur.
- Tout juste jeune fille, lui répondit-il.
- Ça alors ! ... Nous le voyions beaucoup plus jeune que ça.
- C’est à ce moment-là que je l’ai connu et que nous avons commencé à travailler ensemble. Bien qu’à l’époque je ne le voyais que très rarement. C’est par lui que passait tous les rapports que je produisais pour le Kremlin.
La situation géopolitique permettait au projet Isis de se dérouler dans la plus grande discrétion. Et les archéologues étaient déguisés en soldats.
Nous avons donc commencé en cette fin d’année 1959 à procéder aux fouilles sur le plateau de Gizeh. Et nous avons obtenu des résultats, grâce à une machine merveilleuse.
Il était de plus en plus enthousiaste, comme plongé dans son propre récit.
- Cette machine, surnommée « machine à tremblement de Terre » avait la puissance d’un petit réacteur nucléaire et permettait de sonder le sol avec une précision encore aujourd’hui inégalée.
Son expression se changea soudain en dégout.
- Des militaires américains ont acheté la machine à l’issue de la Guerre Froide, quel gâchis ! Lâcha-t-il dans un grand volume de fumée.
- Enfin revenons à notre histoire. Pendant l’analyse radars des couches du sol, l’écran indiquait des strates de roches et, alors que la mission touchait à sa fin, le radar laissa soudain apparaître une anomalie. À environ vingt mètre sous le sphinx, une grande cavité de forme ovale.
Il sortit une image d’un de ses dossiers et la disposa sous le nez de Maria et Marcel.
- Les chefs ouvriers sur le site, qui visualisaient les résultats en même temps que nous, étaient dans tous leurs états. Certains priaient, d’autres hurlait « Magbarat Alzoar ! Magbarat Alzoar ! »
- Ce qui veut dire ? demanda Maria.
Khrouchtchev se pencha en avant, les verres de ses lunettes se mirent à briller comme des soleils sous le reflet des néons du plafond. Il répondit d’un ton prophétique.
- La tombe du visiteur.
L’aire de la pièce était de moins en moins respirable du fait de la fumée qui s’y accumulait comme du brouillard.
Devant sont auditoire resté muet, il poursuivit.
- Nous avons mis plusieurs semaines avant de dégager un conduit menant jusqu'à cette cavité. Quand nous sommes entrés à l’intérieur, il ne faisait plus aucun doute que c’était l’une des plus grandes découvertes de notre histoire.
Les murs étaient couverts d’inscriptions en très bon état, et un immense sarcophage occupait le centre de l’espace. Quand je vous parle d’un immense sarcophage, je n’exagère rien. Car il faisait prêt de deux mètres soixante-dix de long.
Il disposa une série d’anciens clichés grands formats sur la table.
- Le sarcophage, totalement en pierre, était recouvert d’une grande inscription gravée, un nom.
Nous étions très excités. C’était la tombe d’un dieu égyptien qui n’existe pas dans le panthéon égyptien. Il ne fait pas partie des dieux, il a un signe spécial qui le désigne comme un dieu en visite !
Khrouchtchev marqua volontairement un silence, avant de répondre aux regards assoiffés d’informations dans lesquels il lisait la question.
- Nous l’avons ouvert.
- … Et alors ? fit Marcel, suspendu aux lèvres du vieux Général.
- Nous avons découvert une créature de prêt de deux mètres trente de haut.
- Grand dieu, un alien !
- Non.
Sur cette réponse brève, il sortit une autre image de ses dossiers, en ajoutant :
- Nous avons effectué une reconstitution de ce qui était dans ce sarcophage à partir de l’imagerie IRM.
Maria prit d’une main tremblante l’image qu’il lui tendait, la regarda et releva la tête avec un regard plein de confusion sur le Général.
- Mais c’est… commença-t-elle les yeux écarquillés.
- Un dauphin.
Marcel prit l’image des mains de Maria.
- Attendez mais c’est n’importe quoi, dit-il. Vous avez trouvé un dauphin qui date de plusieurs milliers d’années dans le désert égyptien ?
- La datation Carbone 14 donne 10500 av. JC.
- Je ne voudrais pas dire de bêtise, ajouta Maria. Mais il me semble que la civilisation égyptienne n’est pas aussi ancienne.
- C’est exacte mademoiselle.
- Mais enfin, dit-elle en se secouant la tête pour reprendre ses esprits, quel est le rapport avec notre histoire ? Quand vous nous avez dit que vous alliez nous raconter tout, je pensais avoir des réponses… pas me poser encore plus de questions sur des sujets tout autre.
- Patience jeune fille, j’y viens, j’y viens. Nous étions nous aussi dans le flou total à l’époque, jusqu'à ce que l’on étudie les hiéroglyphes. Et c’est eux qui apportent la réponse dans le récit que voici :
Il sortit d’une grande enveloppe en piteux état une liasse de papiers qui une fois dépliés étaient grands comme la table.
Il les présenta au fur et à mesure de son histoire.
- Voici ce que nous avons interprété : Dans l’univers la vie fut faite et transmise par les dieux bienveillants sur certaines étoiles. Ces dieux accompagnèrent et veillèrent sur le développement de la vie au sein de celles-ci. Mais par opposition à la vie et à la création, il y a la mort et la destruction. Ainsi ce récit relate à travers différentes représentations le combat entre la vie et la mort, symbolisé par les deux entités, que pour simplifier nous dirons « du bien », et « du mal. »
Les dieux créateurs et protecteurs laissèrent sur chaque planète une protection, une arme. Celle-ci étant capable de préserver pour toujours l’environnement de l’annihilation.
Mais à l’époque des hommes, « le mal » engagea un nouveau combat pour semer la destruction sur notre monde.
Cette fois-ci, quelque chose se passa, il en résulta que notre planète n’était plus protégée.
Les dieux investirent alors, selon leurs règles, une de leurs créations, un être vivant sur l’étoile, pour lui confier la mission de préserver l’équilibre de son environnement et de le sauver de la destruction, en actionnant l’appareil laissé sur sa planète afin de permettre aux dieux de les sauver tous.
Pour ce faire, un dieu descendit sur Terre pour enseigner et accompagner l’être vivant, dans le cas présent un humain.
Celui-ci entama un long voyage au milieu d’un monde qui commençait a de disloquer et à sombrer dans le chaos.
Ces représentations illustrent la mise en scène d’animaux et d’hommes dans des actions incohérentes, en proie à la folie. Au milieu, sur une barque, l’homme élu navigue avec quelques-uns de ses semblables et le dieu venu les accompagner, représenté ici par un macaque.
Le vieux Général replia le document et en sortit un autre qu’il déroula.
- Regardez, voilà la représentation du voyage. Ici vous pouvez voir l’Europe. Là l’Afrique. Là ce sont les Amériques.
Au fur et à mesure qu’il déplaçait son doigt sur la carte, tout le monde était en proie à l’imagination de traversées accablantes de désert, de jungles englouties sous une canopée impénétrable et de tempêtes déchainées des océans chauds de l’équateur s’acharner sur ces trois égyptiens qui traversaient la Terre.
- Ils sont partis des bords du Nil, on quitté l’Egypte, traversé la Mer rouge puis les déserts d’Arabie. Ils ont embarqué dans le Golf persique, puis par la Mer d’Oman en contournant les Indes par la Mer des Laquedives. Après avoir parcouru le Golf du Bengale, ils ont reprit par les Terres en accostant dans l’actuelle Birmanie, pour traverser la Thaïlande, le Laos puis le Vietnam avant de reprendre la Mer de Chine méridionale. Ensuite, direction Nord avec la Mer de Chine orientale pour arriver à leur destination finale…
- …Le Japon. conclu Marcel en regardant le doigt révélateur qui s’était arrêté.
Ils commençaient à comprendre, cela leur paraissait complètement fantastique.
- Et ensuite ? demanda Maria tel une enfant qui attend la suite de son histoire.
Leur narrateur déplia un autre papier.
- Quelque part, au Japon, ils se sont rendus à l’endroit ou se situe l’arme protectrice. Voyez ici cette sorte d’immense « obélisque » comme sortit des eaux. On y voit l’homme qui c’est vu institué de la mission.
- Il est sur le dos d’un dauphin ! s’exclama Maria en montrant du doigt.
- Oui et il brandit un objet qu’il semble insérer dans l’obélisque.
- Et ensuite ?
- Et c’est tout. Les fresques s’arrêtent ici pour l’histoire, conclu le Général en se redressant sur sa chaise et en posant son cigare terminé sur le coin de la table.
Ils restèrent tous silencieux, se scrutant les uns les autres du regard.
- Je pense, reprit enfin Khrouchtchev en pesant ses mots, que vous avez compris que vous êtes les égyptiens de cette histoire.
- Tout ceci est bien vrai ? demanda Marcel.
- Vrai.
- Wouaou… se contenta-t-il d’ajouter.
- Nous sommes sur le point de se voir réaliser une fois de plus cette prophétie et c’est votre ami dénommé hooper qui en est l’acteur principal.
Maria se redressa.
- Vous voulez donc dire que Chaton, le chat qui l’accompagne…est comme le macaque dans ce récit. Il est donc…un… dieu ?
- Il était considéré comme tel pendant l’Egypte. Personnellement je préfère parler d’entité.
Elle se mit à rire.
- C’est fou !
- « God save the king » dit à voix basse Marcel, plongé dans ses pensées.
Khrouchtchev prit une nouvelle enveloppe, cette fois-ci en bon état, de laquelle il sortit un ensemble de graphiques.
- Ce sont les résultats d’examens que nous vous avons fait pendant que vous étiez dans l’hôpital militaire monté sur l’aéroport de la ville.
- Vous nous avez fait des examens ?
- Pas d’inquiétude, rien de bien méchant. Seulement des électrodes pour observer votre activité cérébrale. Voilà votre résultat. Et voilà le vôtre jeune homme.
- Et celui de hooper ?
- Le voici.
Après comparaison, Maria dit :
- Mais il n’y a pas de différence.
- En effet, maintenant regardez celui-ci.
- Sur ce nouveau graphique il y a deux courbes, alors que sur les nôtres il n’y en a qu’une seule. Mais a qui appartient celui-ci ?
- A celui que vous appelez « Chaton ».
Maria et Marcel allaient de révélation en révélation, néanmoins ils encaissaient jusqu’ici plutôt bien, sans doute à cause de ce qu’ils avaient vécu ces derniers jours.
- S’il y a deux courbes, expliqua le Général, c’est qu’il y a deux entités dans ce même animal.
- Donc, « il » est bien dedans ?
- Oui. Ou peut-être « elle ». Car le dieu est féminin selon le récit égyptien que je vous ai montré.
- La voix, dit Marcel en se retournant vers son amie.
- Je vous demande pardon ?
Mais Maria passa cette question du général pour en poser une autre.
- Et cet objet qu’il tient dans les mains, sur la dernière fresque, qu’est-ce que c’est ?
Le vieux Général sourit.
- Voilà l’élément le plus intéressant. Cet artéfact, qui semble actionner le mécanisme. Nous l’avions trouvé sur le dauphin présent dans le sarcophage. Mais un jour, il a disparu.
- Quand ? Comment ?
- Je ne le sais pas. Quand nous avons voulu le récupérer, alors qu’il était entreposé dans un lieu sûr, il n’y était plus.
- Pouvez-vous nous dire à quoi il ressemblait ?
- Mieux que cela, voici une photo.
Quand ils l’aperçurent, les visages de Marcel et de Maria s’illuminèrent.
- C’est le petit objet autour de son coup !
- Oui Marcel, je le reconnais aussi.
Le Général avait le regard vif et semblait bruler d’envie d’avoir des réponses, mais il se garda de demander pour le moment.
- Je me pose une autre question, poursuivit Maria. Pourquoi une espèce de prophétie établie il y a plus de 10 000 ans devraient se reproduire aujourd’hui ?
- Je pense avoir la réponse en tant que scientifique, dit-il d’un air digne. J’ai passé ma vie à travailler là-dessus et je pense en effet, oui, avoir la réponse.
En faisant des recherches je suis tombé sur les résultats d’études menées sur les niveaux de particules solaires dans les glaces de l’arctique. Dans ces résultats j’ai trouvé une correspondance avec ceci. En 10500 av JC une formidable éruption solaire s’est produite, balayant la surface de la terre de vents violents chargés de radiations.
- Je ne vois pas le rapport, avança Maria, prudente.
- Et bien les radiations solaires ont la capacité d’interféré avec beaucoup de choses, les ondes et l’électricité entre autres. Donc de perturber voir d’endommager cet obélisque géant dont nous parlons. Toutefois cela reste une hypothèse car son fonctionnement nous est totalement inconnu.
- Mais je n’ai pas entendu parler d’évènements de ce type récemment.
- Non, mais il s’est passé autre chose, une autre fusion qui a produit de telles radiations, mais ne venant pas du soleil.
- La catastrophe nucléaire de Fukushima !
- Admirable mademoiselle ! Et oui. Le processus de fusion étant similaire au cœur d’un réacteur et dans notre soleil. C’est le lien que j’ai établi.
- Le séisme aurait donc été déclenché par... heu…enfin…les méchants ?
- C’est possible, mais je ne peux l’affirmer.
Un nouveau silence s’installa. Il scrutait ses auditeurs. Maria et Marcel emmagasinaient toutes ces réponses pour reconstituer le puzzle.
Après un long moment, Maria redressa la tête. Une lueur scintilla dans les yeux du Général.
- Maintenant, je crois que c’est à nous de vous dire ce que nous savons.
Ils lui racontèrent toutes leurs aventures. La voix, leur rencontre avec hooper et Chaton, les hallucinations, le rapport avec les jeux-vidéos, la rencontre avec le Général Vaslov, le meurtre de Segata Sanshiro, l’artéfact autour du coup de celui-ci.
Khrouchtchev se délectait de toutes ces aventures, il était de plus en plus animé. Au bout d’un moment, ne tenant plus sur place, il se mit à arpenter la pièce de long en large. Il disait : « fascinant », « Admirable », « Incroyable », « Magnifique ».
- Fascinant ! dit-il à nouveau. Oui, c’est beaucoup plus clair maintenant. Toutefois il reste quelques zones d’ombre. Par exemple, si la destruction de notre monde passe par l’utilisation d’une de nos créations, à savoir les jeux-vidéos et que le procédé passe par notre pensée et notre psychisme, qu’en est-il de la folie qui a atteint notre monde il y a 10500 ans ? Je me le demande… En tout cas votre ami n’a pas été choisi au hasard, vous m’avez dit que les jeux vidéos, c’était son domaine… vraiment très intéressant. Et ils ont également volé l’artéfact, je ne vois toujours pas comment, permettant d’actionner l’obélisque, en prenant procession de ce Monsieur Fujioka, qui a travaillé pour des publicités, lui aussi dans le jeux-vidéos.
Marcel et Maria étaient à bout de souffle, la gorge séchée par l’aire imprégnée de l’aigreur du tabac russe.
- J’aurai bien aussi quelques questions à poser, fit Marcel.
Le vieux Général continuait de marcher dans la pièce, tournant autour d’eux.
- Je vous écoute, mais je vous prie de faire vite à présent, car je crains que le temps ne nous presse.
- Pourquoi ?
- Vous le comprendrez très vite. répondit-il souriant.
- Bien…heu…Pourquoi vous nous avez dit tout à l’heure que signer les documents de confidentialité n’auraient bientôt plus d’importance.
- Car selon mes théories l’obélisque permet de voyager dans le temps.
- Voyager dans le temps ? s’exclama Marcel avec incrédulité. En voilà encore une autre chose !
- Oui, je parle bien de pouvoir voyager dans le temps. C’est un peu comme si cet obélisque était l’horloge du temps Terrestre.
- Mais c’est impossible !
- C’est possible et j’aimerai pouvoir vous l’expliquer, mais cela prendrait beaucoup de temps et ce serait trop compliqué.
- Vous êtes en train de nous parler de voyage dans le temps, c’est extraordinaire ! S’il vous plait, expliquez nous !
- J’aurai tout le temps de vous l’expliquer si j’ai tort, bien que j’en doute. Mais en attendant si vous avez encore des questions, c’est maintenant… ou peut-être jamais.
- Bien, bien répondit nerveusement Marcel qui d’habitude n’aimait pas qu’on le presse dans son raisonnement. Je me demandais, pourquoi voulez vous tant accéder à cet « obélisque »? Après tout si c’est une prophétie, pourquoi ne pas la laisser se réaliser sans interférer ?
- Pour la science ! répondit-il fièrement en brandissant son poing. Vous imagez-vous un peu le potentiel, les découvertes que nous pourrions faire avec une telle capacité entre nos mains ? Cela dépasse tous nos acquis !
- Sans doute des projets militaires pour la Russie ? demanda Maria d’un air méfiant.
- Non, nous ferons en sorte que cela n’arrive pas.
- Mais alors… vous travaillez pour qui ?
- Nous travaillons pour le Kremlin, mais nous ferons en sorte que cela ne tombe pas entre leurs mains.
- Vous dites « nous » ?
- Oui, je parle de moi et du Général Vaslov.
- Vaslov ! Mais C’EST un militaire pur jus !
- Oui, mais il a d’autres projets. C’est parce que nous nourrissons tous les deux un projet personnel que nous nous sommes retrouvés, bien après avoir travaillé ensemble à l’époque.
- …Et que recherche Vaslov ?
Khrouchtchev hésita, avant de répondre :
- Je suis un expert en science, pas en sentiments. Il ne m’a jamais dit vraiment son motif, même si j’ai fini par le deviner.
Quelqu’un frappa à la porte. Une femme russe en uniforme, qui déversa un torrent de mots qui firent perler de sueur le front du vieux Général.
- Vite, Vite ! Je dois partir.
- Quoi ? Et nous ?
- Vous êtes libre !
- Vraiment… oh merci.
- Ne me remerciez pas, cette femme va vous raccompagner à l’extérieur.
Ils se séparèrent dans le couloir. Khrouchtchev partit dans la direction opposée en marchant aussi vite qu’il le pouvait et en marmonnant dans la langue natale.
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Maria et Marcel étaient maintenant devant l’entrée de l’ambassade, hébétés. La pluie s’était arrêtée.
- Eh bas.
- Eh bas, répondit l’autre.
- Me suis-je vraiment réveillé pour prendre ma voiture et venir te rejoindre à l’hôpital Purpan de Toulouse ? Si ça se trouve, je suis en train de rêver et le bipeur va me tirer de mon sommeil du fond de la cabine de mon camion.
- Tu aurais un sacré imagination !
- J’étais complètement asphyxié dans cette pièce, mais maintenant que je respire l’air extérieur, j’ai l’impression que tout ce qui c’est déroulé juste avant n’a jamais vraiment existé.
- Hé ! Remets les pieds sur Terre, je suis né dans ton imagination, moi aussi ?
Marcel la regarda de la tête aux pieds.
- Ça aurait pu.
- Oh !... Rentrons à l’Hôtel, j’ai besoin de quitter cet endroit.
- Je vous accompagne, mademoiselle.
Il la suivi en rigolant dans un taxi, amusé de jouer le Général Khrouchtchev avec ses nobles remarques qui embêtaient Maria.
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- Hé béh ! Qu’est-ce que je déteste ça !
On avait beau être en fin d’après-midi au milieu de la ville de Tokyo, jamais ils n’auraient pu imaginer des embouteillages pareils. Tout le centre-ville semblait paralysé.
Des gens commençaient à quitter leur voiture, le portable à l’oreille, comme guidés vers une seule et même destination.
Marcel, lui, commençait à se chauffer sérieusement, il ouvrit sa vitre pour gueuler :
- Vous ne pouvez pas rester tranquille ? Comment on va sortir de là, maintenant !... Et vous, qu’est-ce que vous faites ?
Le chauffeur, scotché à son mobile, s’excusa pour sortir de la voiture et gagner le flot de plus en plus grand de gens qui traversaient la route entre les voitures.
- Maria, c’est quoi ce cirque ? C’est une coutume locale, l’heure de manger, c’est ça ? ironisa-t-il.
- Non, ce n’est pas normal.
- Toi qui sais parler japonais, tu comprends ce qu’ils disent tous ?
- Certains semblent parler d’une fête, ou d’un évènement… mais je ne vois pas pourquoi cela pousserait tout le monde à agir ainsi.
- Ils sont fou ces japonais !
- Attend... regarde ces gens là-bas qui s’amassent devant la vitrine de ce magasin – Elle ouvrit sa portière – Allons voir.
Ils sortirent, se frayant un chemin entre les pares chocs. En un rien de temps, c’est toute une foule qui était venue se planter devant le bâtiment.
Marcel prit l’initiative de forcer le passage, parvenant avec Maria à prendre une bonne place pour observer ce qui attirait tant de monde.
Dans la vitrine, un grand panel de télévisions affichait les chaînes internationales. Plusieurs d’entres elles montraient en direct une vue aérienne du centre de la ville.
- Regarde tout ce monde ! Voilà ou les gens vont.
- Qu’est ce qu’ils font ?
- Ils regardent l’écran géant.
Marcel ce penchait en avant pour tenter de mieux distinguer la bouillie de pixel.
- Arf ! Mais on voit rien, on dirait des bateaux sur la mer...
L’image se mit à saccader et subitement autre chose s’afficha à l’écran. La foule autour d’eux s’anima, et tout le monde pointait du doigt en direction de la télévision, puis de deux télévisions, et bientôt de quatre…
Toute la mosaïque d’écrans basculait sur une seule et même réception.
- Oh ! Regarde Maria ! CNN, CITV, Fox News, ABC, des chaînes de tous les pays, y’a même TF1 !
Tous les postes montraient maintenant la même chose. Apparemment c’était en direct et prit du ciel par hélicoptère. Sur une mer qui rougeoyait sous le coucher de soleil, une formidable flotte navale militaire bâtant pavillon japonais naviguait en formation.
Marcel manifestait de plus en plus d’excitation.
- C’est quoi ? Un film ? De propagande ? Il y a une guerre ?
La caméra qui filmait la scène fit un dé-zoom :
- Regarde Marcel ! On dirait qu’ils poursuivent quelque chose.
La caméra engagea un zoom :
- Qu’est-ce que c’est ? Un Jet ski ? Non ! Un animal ? Il y a quelqu’un aussi !
L’objectif termina la mise au point.
Marcel et Maria se jetèrent en avant hors de la foule dans un même élan de stupeur.
- C’EST HOOPER ! crièrent-ils.
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Hooper regardait derrière lui, la mine triste.
- Bouhouhouhou y son méchant avec moi !
Puis il retourna la tête, le visage transformé, maintenant avec un air canaille, pour aussitôt se prendre une vague de plein fouet.
Il ricana comme il le fait si bien.
- Si là y’a pas de l’action ! J’m’y connais pas !
Il caressa l’animal qui le transportait.
- En avant Chaton !
Celui-ci répondit avec le sifflement si particulier du dauphin.
Dans la cabine de pilotage perché au sommet de la superstructure, à bord du Takanami, vaisseau amiral des forces navales japonaises navigant en tête de formation, un homme sur le pied de guerre contemplait la scène.
Il ajouta un sucre à son café, qu’il mélangea religieusement. Le son de la petite cuillère heurtant la fine porcelaine accompagnait les ordres de manœuvres sur la passerelle et le bruit sourd de l’océan fendu par le navire voguant à plus de 22 nœuds.
Un des mariniers présents dans la cabine, qui venait de raccrocher un combiné, s’avança vers lui.
Il était dans un costume d’un blanc immaculé. Une belle casquette arborant une ancre sur un blason, une veste richement brodé de gallons en file d’or et de boutons du même métal, des chaussures d’un noir abyssale.
L’autre bu une gorgée, puis déposa délicatement la tasse dans sa soucoupe avant de lui adresser la parole.
- Amiral Akahoshi.
- Les ordres au centre de commandement sont d’intervenir maintenant.
- Non, pas encore.
- Nous ne pouvons attendre plus longtemps.
- Vous n’en ferez rien. Nous avons passé un accord et c’est à moi de superviser l’opération. Je donnerai personnellement les ordres. En attendant, faites votre devoir en nous amenant à bon port.
- Vous connaissez aussi bien que moi ce qui a été convenu dans cet accord. Dois-je vous rappeler que l’empereur lui-même tient à la réussite de cette mission.
- Je vous dis d’attendre. Si l’on agissait maintenant, nous mettrions bien plus que notre mission en péril.
L’amiral tourna les talons :
- J’espère que vous savez ce que vous faites, Général Vaslov.
- Da.
Akahoshi prit des jumelles puis les pointa sur l’objectif qu’ils poursuivaient.
- Vous dites que c’est un français le type qui chevauche l’animal ?
- En effet.
- Si j’avais pu imaginer voir ça un jour…
- Attendez de voir ce qui va suivre alors, amiral.
Leur conversation fut interrompue par le cri d’un homme en poste devant un tableau de bord :
- Amiral ! Je capte quelque chose sur nos radars !
Hooper se cramponna pour traverser une nouvelle vague.
Soudain il sentit comme un coup de tambour provenant du fond de l’océan, ce qui fit clapoter l’eau tout autour de lui un bref instant.
- Je crois qu’on est proche, Chaton !... oh, t’endez là, le niveau de la mer monte ?
De l’hélicoptère qui visualisait la scène, on pouvait apercevoir un immense dôme d’eau se former dans toute la zone.
Au même moment, et dans un grand bruit puissant de jaillissement d’eau, une immense pyramide sortit de l’océan. Cette pyramide scintillante s’éleva bientôt de plus en plus haut, au fur et à mesure que ce dressait une immense colonne la supportant.
Hooper, sur le dos de son dauphin, passa cette gigantesque onde, qui une fois derrière eux se transformait peu à peu en une vague déferlante.
Il se retourna pour admirer le spectacle.
- J’espère que tu apprécies les montagnes russes, VASLOV ! lança-t-il en s’esclaffant.
A bord du Takanami, comme sur le reste de la flotte, c’était la panique générale. L’immense structure scintillante sortie des abysses se dressait de plus en plus haut. Tandis que le mur d’eau qui venait droit sur eux devenait gigantesque.
- Ce n’est pas un obélisque, proféra Vaslov en levant les yeux de plus en plus vers le ciel, émerveillé. C’est un cristal !
L’Amiral Akahoshi cessa de donner ses ordres aux hommes sur la passerelle pour se jeter sur un micro du tableau de bord et crier :
- Fermez toutes les issues ! Tout le monde à l’intérieur ! Accrochez vous !
La vague frappa le navire en pleine proue à la hauteur du pont. Tout en fendant la vague, celui-ci se mit à giter dangereusement.
Vu du ciel, l’armada tout entière dansait sur l’océan au passage de la déferlante comme le feraient de vulgaires bateaux de papiers sur l’onde d’un petit caillou lancé dans une marre.
Une fois l’obstacle passé, l’Amiral ne donna pas de temps à ses hommes pour se remettre de leurs émotions.
- Rapport d’avarie !
- La coque est intacte, les systèmes radars et communication sont toujours opérationnels, aucun rapport de pertes humaines.
- Amiral ! Nous perdons de la vitesse ! De la salle des machines ils ne voient pas le problème, ils cherchent d’où ça peut venir.
Le Général Vaslov s’avança vers Akahoshi.
- Amiral, transférez-moi immédiatement sur un autre navire capable de naviguer !
Celui-ci ne l’écoutait que d’une oreille, l’autre étant sur son combiné. Il finit par raccrocher et se contenta de fixer le Général, sans pouvoir lui répondre.
De l’hélicoptère qui assistait à la scène, on pouvait voir toute la flotte navale qui ralentissait, pour finir par s’arrêter totalement.
- Comment ? Aucun navire ne peut plus avancer ? s’exclamait le Général plein de rage.
- C’est impossible, rétorqua l’Amiral. Ce n’est pas la vague qui a endommagé toute la flotte – Il pointa du doigt en direction de l‘extérieur – mais c’est cette « chose » qui semble interférer avec nos systèmes.
Des hommes sortaient sur le pont avant du navire. Bientôt, tout le personnel sur la passerelle quitta son poste pour rejoindre les deux hauts gradés et contempler à leurs côtés.
L’immense cristal se dressait maintenant au milieu de l’océan. Le soleil rasant qui le percutait en sa base l’illuminait comme un phare dans son intégralité, reflétant les couleurs de l’arc-en-ciel à perte de vue.
Ce spectacle intemporel qui plongeait tout le monde dans un même état de fascination fut bientôt rompu par une brusque coupure des lumières remplacées par le balayage rouge des gyrophares et la mise en marche des sirènes d’alerte.
Tout le monde sauta à son poste.
- Amiral ! Le radar nous signale deux nouveaux objets non identifiés sous la surface de l’eau.
- Leur position ?
- La notre Amiral. Ils sont justes en dessous de nous…
Du ciel, on pouvait apercevoir deux énormes masses sombres passer sous la surface de l’eau, en direction du Cristal.
L’Amiral sortit sur un des balcons de la passerelle de pilotage pour voir de ses propres yeux les deux mastodontes. Leur déplacement était trahi par une ligne d’écume à la surface de l’eau, tracé dans le sillage… d’un périscope.
- Ce sont des sous-marins ! cria-t-il à ses hommes de retour dans la cabine de pilotage.
- Amiral ! lança un autre marinier qui feuilletait un répertoire. Les seuls sous-marins de cette taille sont ceux de Classe Akula, aussi dite Classe Typhoon – Croiseur lourd sous-marin lanceur d’engins – et c’est…
- Et c’est russe ! ajouta le Général en forçant sur son accent avec un brin de fierté.
L’Amiral était hystérique :
- Transmettez ces données au quartier d’État Major, établissez la liaison avec le centre national de commandement à Yokosuka, j’ai à en référer au plus vite. – Il dévisagea Vaslov – Des sous-marins d’attaque nucléaire de votre pays dans nos eaux territoriales japonaises, mais vous êtes devenus fou ? Jamais cela n’a été convenu ! C’est une guerre que vous voulez ? Votre gouvernement vient de commettre une catastrophe irréparable.
- Référez-en à qui vous voudrez, Amiral Akahoshi. Vous ne comprenez pas l’importance de ce que nous faisons actuellement.
- C’est vous qui ne comprenez pas, Général Vaslov !
Sur le dos de son fidèle Chaton, hooper se rapprochait de plus en plus de la base du cristal.
Quant il fut bientôt rattrapé par ce qui lui semblait être un étrange bras articulé, qui garda la même allure que lui pour se tenir à son niveau.
- Qu’est-ce que c’est que ce truc ?
Le périscope accéléra pour le dépasser, puis s’enfoncer paisiblement sous la surface de l’eau.
- Vraiment des trucs chelous par ici.
Son regard fut alors attiré par d’étranges couleurs tout autour de lui.
« Tiens, d’où ils sortent tous ces ballons ? » pensa-t-il.
Quand enfin il se mit de nouveau à regarder devant lui, deux énormes passerelles de sous-marins arborant une étoile rouge sortaient de l’océan face à eux.
- Putain c’est un piège ! On est pris dans un putain de filet ! Chaton, sors tes nageoires !
Il se pencha sur le dos de son animal, comme pour améliorer un aérodynamisme pourtant inexistant.
- TECHNIQUE DU GROS OURSIN.
Chaton accélérait au fur et à mesure qu’ils se rapprochaient des deux sous-marins. Alors qu’ils étaient sur le point d’entrer en collision, ils disparurent soudain sous la surface de l’eau, pour en sortir dans un saut majestueux, propulsé par la puissante nageoire caudale de Chaton qui poussa un cri retentissant qui, se propageant en ricochant à la surface de l’océan, fit Ecco jusqu’entre les parois des cuirassés pourtant situés à bonne distance.
- La y’a du KAMIKAZE ! ! !
A Tokyo, devant la façade du magasin de télévisions, tout le monde suivait l’action avec fascination et angoisse, particulièrement Maria et Marcel.
- Allez,… allez,… allez,… allez…martelait Marcel.
Le Dauphin atterri lourdement sur la coque du sous-marin et, usant cette fois-ci de quelques coups de nageoire pectorales, finit de passer de l’autre côté en se laissant glisser le long de l’épais blindage.
Mais l’autre submersible, situé en parallèle derrière le premier, leur bloquait toujours le passage.
Hooper prit donc l’initiative de sauter de son transport pour que celui-ci passe en dessous et lui au-dessus.
Des hommes armés de harpons sortaient sur la passerelle du sous-marin au même moment. Ceux-ci restèrent incapables d’agir, troublés à la vue de cet homme qui traversait la carlingue en glissant telle une otarie sur des algues qui s’étaient accumulées en restant accrochées à ses pieds, formant de véritables pantoufles.
Arrivé sur la paroi arrondie opposée du vaisseau, il se laissa glissé, puis d’une impulsion sur ses jambes sauta pour atterrir sur le dos du dauphin qui ressortit de l’eau dans une parfaite synchronisation.
- Regardez-moi ça ! J’suis sûr que vous êtes impressionnés ! jubila hooper.
Avec de la chance, ils esquivèrent une pluie de harpon équipés de puissantes ventouses et se retrouvèrent bientôt hors de portée.
- OUI ! Il a réussi ! criaient Maria et Marcel en se prenant dans les bras.
- Maintenant plus rien ne pourra nous arrêter ! ajouta hooper en serrant dans sa main l’artéfact suspendu à son coup.
Il arriva sur le dos de son fidèle compagnon au pied du cristal. Quand il leva la tête, il lui paraissait atteindre les cieux tellement que sa hauteur était vertigineuse.
Une main sur la paroi limpide et pure, l’autre sur la nageoire dorsale, il se laissa porter jusqu'à une petite anfractuosité.
D’un geste vigoureux, il s’arracha l’artéfact.
Il se tourna une dernière fois, pour observer au loin la flotte japonaises et les deux sous-marins en manœuvre encore visibles avec les derniers rayons du soleil. Il se remémora un court instant toutes les aventures qu’il avait traversé et tous les gens qu’il avait rencontré.
Il soupira.
Puis, avec un geste voulu symbolique, il porta l’artéfact à hauteur de l’emplacement qui lui était destiné et exerça une pression.
- Merde, ça ne veut pas rentrer.
Chaton poussa un sifflement.
- Ah oui, non. C’est dans le mauvais sens. Dit-il avec un sourire au coin.
Au poste de pilotage du vaisseau amiral Takanami, dans la cohue générale et les voies qui criaient dans les émetteurs-récepteurs, le Général Vaslov avait l’esprit totalement absent.
Il avait observé tout le déroulement de la scène avec une paire de jumelles, qu’il avait fini par jeter à l’autre bout de la cabine dans un cri de rage et de désespoir avant de s’affaler dans un coin.
Les yeux vides de sens, il ôta sa casquette et la posa dans un geste très lent à côté de lui.
Il déboutonna une des poches de sa veste pour en sortir un petit bijou chromé attaché par une petite chaine.
Il ouvrit le petit médaillon en deux. Celui-ci renfermait une photo en noire et blanc, c’était le portrait d’une femme.
Une larme tomba dessus, qu’il étala de son gros pouce, en disant d’une voix remplie d’amertume et de regrets :
- Domna ! Lubimaya, moa zhena ! (Domna ! Ma chérie, ma femme...)
.
.
- OH PUTAIN !
Hooper s’était redressé, les yeux écarquillés, scrutant les lieux.
Son regard s’arrêta sur la porte où il pouvait lire à l’envers la lettre C.
-… Oh putain ! ajouta-t-il au bout de quelques secondes.
- Monsieur ?
- Who ! Putain !
Hooper n’avait même pas vu l’infirmier qui était présent.
- Monsieur, calmez vous. Vous venez d’avoir un accident. Vous êtes à l’hôpital Purpan, à Toulouse.
- Que…Comment je me retrouve ici ?
- Vous avez été renversé par un bus, près du centre-ville. On vous a transporté ici il y a maintenant 24 heures. Mais vous n’avez rien de grave, vous avez eu beaucoup de chance, Monsieur… - Il regarda le registre qu’il tenait dans la main –
- Hooper. Mais… où sont Maria et Marcel.
- Ce sont vos proches ? Vous désirez que je les prévienne ?
- Non, non. Ceux qui viennent me voir…
- Personne ne vous à rendu visite depuis que vous êtes hospitalisé ici. Vous n’étiez pas en état de toute manière, vous étiez inconscient.
- Quoi ?
- Oui, vous avez dormi ces 24 dernières heures.
- Mais c’est… où est mon chat ?
- Hum, je vous demande pardon ?
- Le chat, qui était à la fenêtre.
L’infirmier le regarda avec étonnement, puis il se pencha sur lui, lui montrant sa main.
- Monsieur, combien voyez vous de doigts…
- Rha non je vais bien merci ! Grogna Hooper.
- Bien, bien. Vous êtes encore sous le choque et cela se comprend tout à fait. Vous avez dû rêver pendant que vous étiez inconscient, c’est ce à quoi vous devez faire allusion en ce moment.
- Un rêve…non, impossible.
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- Merci Monsieur et à la prochaine !
Hooper prit le sac qu’on lui tendait et se rendit à l’étalage suivant. Nous étions Samedi, c’était jour de marché dans la petite commune de Gruissant.
Depuis sa sortie de l’hôpital il y a plusieurs jours, il avait eu le temps de réfléchir à ce qui lui était arrivé et de revenir à la raison.
Maintenant, il se sentait mieux. Il se sentait même mieux qu’avant son hospitalisation.
Alors qu’il tâtait une tomate devant un stand, il fut bousculé par quelqu’un.
- Excusez…
Hooper fut surpris.
- Docteur Eggman ?
- Hooper ! – Celui-ci lui sera chaleureusement la main en riant avec sympathie – Ça alors quelle bonne surprise. J’ai été mis au courant de votre accident. Vous vous êtes bien remis à ce que je vois !
- Oui, je vais bien mieux !
- Et les problèmes dont vous m’aviez parlé…
-… Sont guéris, lui répondit hooper avec un grand sourire.
- Bah alors ! Faut croire que ce coup sur la tête vous a remis les idées en place, dit-il en rigolant.
- Je le crois aussi, ajouta hooper avec jovialité.
- Vous êtes venu de Toulouse jusqu’ici pour le marché ? lui demanda le docteur.
- E j’en profite pour venir voir le bord de mer. J’aime l’air marin.
- C’est bon pour votre santé jeune homme !
Il se pencha vers lui, comme pour lui faire une confidence.
- Quant à moi, je viens ici rien que pour le Charcutier de ce marché, ses produits sont… fabuleux ! dit-il en levant les bras vers son visage comme pour y ramener des voluptés d’odeurs.
Hooper répondit simplement d’un sourire.
- Bon et bien, je ne vais pas vous déranger plus longtemps, je vois que vous avez acheté du poisson, il ne faudrait pas qu’il perde !
- Oh ce n’est pas pour moi, c’est pour mon chat.
- Un gros gourmand alors ce matou. Bon allez, au revoir hooper.
- Et à la prochaine !
Une fois le marché fait, hooper traversa les faubourgs pour se rendre à la poste, où il y déposa une enveloppe.
Puis il repartit dans l’autre direction, pour quitter la commune et atteindre la dune de sable qui la surplombait.
Il déposa son sac de courses et s’installa en se trémoussant dans le sable pour ce faire un siège.
Par pur hasard, son regard s’arrêta sur la brindille d’herbe qu’il avait si longtemps observée la dernière fois qu’il était venu.
C’est à ce moment qu’il se rendit véritablement compte de l’état de bienêtre dans lequel il se trouvait maintenant. Toutes les questions, tous ces soucies qui l’avaient perturbé pendant si longtemps, s’étaient évanouis, et son esprit était maintenant serein.
Comme convenu, il allait pouvoir upload la nouvelle vidéo sur son site, ce soir. Et toutes ses péripéties seront passées totalement inaperçues.
Il regarda sa montre, semblable à celle du personnage jouable dans Dead Rising.
Déjà six heures de l’après-midi, il était temps d’aller nourrir Chaton. Gruissant ce trouve à plus de 140 kilomètres de Toulouse, et il ne fallait pas rentrer trop tard s’il voulait upload la vidéo ce soir, avec sa connexion « toute moisie » comme il le disait.
Il contempla une nouvelle fois le panorama qui s’offrait à lui. Embrassant du regard la Méditerranée et observant l’activité dans le port industriel de Port-la-nouvelle, toujours visible au bout de l’immense rivage.
En descendant en direction de la plage, il failli dégringoler sur cette pente de sable.
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Non t'arrêtes pas c'est bien! C'est assez bien écrit et drôle mais par contre, tu as une intrigue pour le roman?
Dur pour le roman ( 200pages) surtout si on sais pas l'intrigue...
Mais des petites histoires sa pourrait être fun!
Oui pourquoi des petites nouvelles?
Ou, j'ai une intrigue. Un peu tiré par les cheveux mais bon elle me permettrai de mettre en place la suite des évènements que j'ai imaginé.
Ces derniers jours j'ai continué sur ma lancée et j'ai donc rédigé quelques autres chapitres. Dites mois si vous aimez, que je sache si c'est la peine que j'aille plus loin :)
Les nouveaux chapitres sont intégrés au premier post
Anthropopithèque: Je te conseille d'écrire des chapitres quand tu regardes une vidéo du Hooper! En tout cas pour l'instant j'aime bien ton travail!
Le coup du PNJ immobile, jusque énorme! XD
Toujours aussi bien les autres chapitres!
très bon travail, continu !
1)Un ninja se doit d'être discret
2)Un ninja se doit d'être camouflé
3)Un ninja se doit d'être vainqueur de sa mission
4)Un ninja ne doit pas afk.
5)Un Ninja peut AFK. Mais il se doit d'être là lorsqu'on le demande.
6)Un ninja est un homme solitaire,
C'est excellent j'ai tout lu et franchement je n'ai qu'une chose à dire :
A QUAND LA SUITE ???? C'est génial car je suis vraiment en train d'imaginer le Hooper dans les scènes que tu nous as écrites , surtout le coup de l'aveugle, et ca doit faire peur:D
Bref, continues gars , t'as le bon fillon.
C'est chouette que ça vous fasse plaisir, parce que j'imaginais plus qu'un roman sur hooper comme celui-ci résultait d'un "trip" personnel qui ne pourrait pas être partagé :p
Je vais donc tenter de continuer. Si il y a une suite, elle sera posté dans pas mal de temps, car c'est plus intéressant je pense pour un lecteur de lire 5 ou 6 chapitre d'un coup que plein de petits chapitres.
Dans tout les cas je vous tiens au courant :)