Resident Evil 3

Et bien encore une fois, il faut se méfier des idées préconçues et surtout des flux d'idées qui convergent dans le même sens. Après DKC 3 et sa réputation, le délit de sale gueule a contaminé ce RE 3. Étonnamment, le constat est le même sur ces deux jeux que le Hoopy a, hasard du calendrier, proposé en live a quelques semaines d'intervalle : ils ne peuvent à aucun moment être qualifiés de mauvais jeux. La figure antérieure, certes monumentale, des anciens épisodes de ces sagas semblent ainsi parler de manière universelle. Mais quand on voit la qualité de ce RE 3, il y a de quoi douter quand à la pertinence de ces dires. Pire encore, ce jeu est l'aboutissement de ce que le second volet de la série horrifique a esquissé. Il aurait presque même pu être mieux. Des ajouts indispensables ont eu lieu et fonctionnent à vitesse maximale.
Tout d'abord, comment ne pas citer le génial Nemesis, figure du mal qui pourchasse les héros jusqu'au bout du monde. Non seulement il instaure une ambiance de malaise plus prononcée mais dote le jeu d'une authentique carte de stress. Ce monstre immonde fait bouger les lignes faiblardes des zombies bipèdes bien amorphes et finalement assez inoffensifs, impression cristallisée, de surcroît, par le pari de la caméra bloquée. Le Nemesis conduit à repenser son aventure du début, salle après salle, puisqu'il est difficile de lui échapper. Ce fourbe viendra même jusque dans des endroits où il semblait pour lui impossible de venir !
En outre, l'injonction des petits "choix" pour le joueur rend l'expérience plus interactive et a un impact pas si inutile que cela sur le cheminement des événements. D'autant qu'il est possible de laisser le Nemesis en paix, en le passant comme pour les autres mobs. La dynamique d'esquive ayant été revue à la hausse, le maniement en ressort légèrement amélioré. Si on prend en considération le nombre d'énigmes plus poussé et à l'inverse la légère diminution des items donnés, ce RE 3 a de quoi réjouir. Ses cinématiques plus riches et abondantes forcent également le respect.
Attention tout de même, les anciens RE ont toujours eu la mauvaise manie de procurer un équilibrage permissif des munitions et des objets de santé, par académisme ou par peur de froisser. Ce titre suit malheureusement ce sentier, un rien contrebalancé par la logique des poudres remplaçant un poil les munitions. D'ailleurs, il est assez drôle de s'apercevoir que l'on sniffe, en plus de l'herbe, de la poudre... Attention quand même (loul) !
La carte dynamitée dans l'espace (et dans le temps, le jeu se situant à cheval autour de RE 2) donne au joueur une très grande plage donnant lieu à un habile jeu de massacre. Lorgnant par instants vers l'exploration, ce troisième opus tranche avec la linéarité des autres histoires zombiesques. Plus fourbe et plus vaste, il y a donc un nombre d'ennemis qui augmente corrélativement et, par conséquent, il en va de même pour les munitions et les soins. Pas bête l'animal. Mais cette qualité emporte des temps d'attentes évidents. Perclus de micro temps de chargement dissimulés dans les portes, il est parfaitement légitime de comprendre ceux dont la taille de la map va hérisser tous les poils ! Niveau scénario, c'est toujours le calme plat, les développeurs préférant encore l'atmosphère globale à un script décent, ce qui n'est pas si saugrenu vu la stabilité de l'ensemble. Les environnements sont également plus variés qu'auparavant.
Le vétéran Gros Ours aura eu bien du courage (et a joué de façon tout à fait honorable) pour se replonger dans les archaïsmes de ces jeux ayant particulièrement vieilli (ce qui n'est pas, en soit, un défaut direct puisqu'il faut systématiquement juger une œuvre dans son contexte d'origine et certainement pas avec un éclairage actuel). Ce live de près de 10 heures démontre l'ampleur d'un RE pas si mineur, ouvrant la voie à RE 4. Nous gagnerons donc, pour le futur, à revoir nos avis en nous immergeant de nouveau dans des expériences qui nous avaient autrefois laissées de marbre (ou inversement avec des titres adulés) ; et à penser par soi-même plutôt que de se baser avec facilité sur un effet de masse préconçu gommant tout un monde de nuances. Sachant que, par ailleurs, cette maxime fondamentale ne vise pas uniquement à s'appliquer dans le domaine du jeu vidéo.