Pauvre Hoopi, c'est la torture là! Décidément ce king's field n'était pas pour toi... C'est curieux, mais bien que je sois mort bien plus que toi quand j'ai fait le jeu, je n'ai pas ressenti ton agacement pour ce gameplay paraplégique. Ça me donne l'occasion de philosopher...
Finalement, on s'aperçoit qu'au moins trois dimensions principales structurent notre appréciation d'un jeu vidéo : nos goûts esthétiques, nos attentes et notre hiérarchisation subjective des éléments d'un jeu vidéo. Je m'explique. Nos goûts esthétiques sont la partie la plus arbitraire, la plus subjective : il y en a qui aiment les univers médiéval-fantastique mais qui détestent les villes américaines et du coup GTA, d'autres le contraire, d'autres qui aiment les deux, etc. On peut aimer ou ne pas aimer une musique, c'est subjectif ; en revanche, le fait qu'une même musique tourne en boucle pendant trois heures, c'est là un fait objectif. Nos attentes ensuite : on a une certaines idée d'un jeu relativement à ce qu'on imagine de lui, ou bien relativement à un premier opus, ou bien tout simplement parce qu'on attend quelque chose qu'on s'est imaginé. Evidemment, le jeu s'éloigne de nos attentes, plus on à tendance à ne pas l'aimer. Le problème ici est que parfois, on se gâche l'expérience parce qu'on ne veut pas "en démordre", on voudrait que le jeu se conforme à nos attentes, alors que le jeu est simplement différent, selon une logique que par ailleurs on aurait pu apprécier si on avait construit d'autres attentes. Par exemple on pense jouer à un jeu d'exploration, et en fait c'est plutôt un jeu d'action ; on est déçu parce qu'on voulait de l'exploration, or par ailleurs on aime bien l'action, sauf que là, à ce moment, on voulait de l'explo! Du coup on passe à côté que quelque chose qu'on aurait pu aimer à un autre moment. Enfin il y a la hiérarchisation que nous faisons notre évaluation des éléments d'un jeu vidéo : le gameplay, la musique, l'atmosphère, la DA, la narration, etc. On peut considérer qu'un jeu est fait de l'ensemble de ces dimensions. Or selon les personnes évidemment, on sera plus ou moins sensible à certains de ces éléments, on va les "hiérarchiser". Pour une personne donné, le gameplay est la chose la plus importante, suivie mettons de la DA, puis la narration... Pour une autre, ce sera la mise en scène, puis la narration, puis les graphismes, puis seulement le gameplay, etc. Notre évaluation peut varier selon le type de jeu : on joue à Mario et on "attend" (nos attentes) avant tout un gameplay irréprochable, même si la narration est naze ou inexistante, on s'en fout pas mal. Au contraire, un jeu comme Heavy Rain, on aura tendance à attendre beaucoup plus de la narration, et au contraire peu du gameplay. Ce dernier aspect est je pense un des plus importants, finalement. Il explique en grande partie des désaccords d'évaluation des personnes sur un jeu vidéo donné. Le seul moyen de retrouver un peu d'objectivité et de consensus est donc d'examiner point par point un jeu, car finalement, peu de personnes sont en désaccord sur le détail de chaque point, c'est plutôt l'évaluation globale, la "pondération" des différents éléments, qui est différente d'une personne à l'autre.
Pour revenir à ce pauvre King's field, les gens comme moi qui on pris plaisir à ce jeu sont des gens pour qui les aspects positifs (la DA, le level-design, l'atmosphère "mystérieuse" et fantasy, les musiques, et puis le côté "archéologie de l'histoire du jeu vidéo") prennent le dessus sur l'énorme point noir: le gameplay et la maniabilité; on pourrait rajouter le côté énigmatique (difficile de finir le jeu sans soluce et tourner en rond des heures est assez chiant vu les déplacements horribles du perso). Les attentes aussi: je n'avais pas fait les king's field précédent, donc je n'ai pas eu cette déception provenant d'une régression du gameplay. Pour d'autres, au contraire, ce sera le gameplay, si horrible, qui viendra ternir toute l'expérience, parce que ils jouent à un jeu premièrement pour son gameplay par exemple, ou parce que ils ont moins appréciés les côtés positifs du jeu pour des raisons subjectives (la musique leur plaît pas, la DA pas trop leur truc, etc.). Finalement, tout est histoire de pondération : selon ce que chaque élément "pèse" de positif ou négatif pour une personne donnée, son ressenti global du jeu sera celui qu'il est...
Alors, évidemment, on ne peut pas modifier son ressenti personnel, ni ses goûts: on aime ou on aime pas, et quand on ne prend pas de plaisir, mieux vaut arrêter un jeu. En revanche, en bon "stoïciens", il nous est possible de "lâcher prise" sur les éléments que nous ne pouvons pas changer: le gameplay de king's field 4 est pourri, et nous n'y pouvons rien; aussi, prendre la décision d'y jouer demande, pour que l'expérience ne soit pas un calvaire, d'accepter ce fait et de le tenir pour acquis. "Ainsi soit-il", en quelque sorte ; il faut "segmenter" notre expérience de jeu: on fait une croix sur le gameplay, et on concentre son attention sur les autres aspects qu'il offre, son côté aventure, son atmosphère, etc. Il faut accepter de "perdre son temps" dans une exploration laborieuse, ou des combats interminables et inintéressants. De la même manière, si je voulais personnellement jouer à Megaman, il faudrait que je "surmonte" mon irritation envers sa DA que je trouve horrible, sur ses musiques, sur son "atmosphère" que je déteste, pour me concentrer sur le gameplay, sans nul doute excellent. Mais... je crois que je ne suis pas encore prêt à m'infliger ça! hahaha
Citation:La structure des mondes ouverts est ennuyeuse à parcourir, c'est intrinsèque à la structure des mondes ouverts. Cet ennui peut être compensé si le parcours ...
Citation:Je confirme pour la radio.
"Aïe", parce que ça fait mal aux oreilles et à la tête, et je ne m'attendais pas à ce que Hooper trouve cette radio "géniale" (à ...
Oui, tout à fait, c'est l'un des exemples qui me permettait de penser qu'il n'était pas complètement aveuglé.
C'est pour ça que finalement, alors que je pensais que ...
La structure des mondes ouverts est ennuyeuse à parcourir, c'est intrinsèque à la structure des mondes ouverts. Cet ennui peut être compensé si le parcours en tant ...
Pour le coup ce best-of résume très bien le jeu à lui tout seul : 3h à se faire chier à construire des conneries pour 5 secondes de fun au final.
Vivement la suite !
3 Commentaires
Bon anniversaire Hooper !
Pauvre Hoopi, c'est la torture là! Décidément ce king's field n'était pas pour toi... C'est curieux, mais bien que je sois mort bien plus que toi quand j'ai fait le jeu, je n'ai pas ressenti ton agacement pour ce gameplay paraplégique. Ça me donne l'occasion de philosopher...
Finalement, on s'aperçoit qu'au moins trois dimensions principales structurent notre appréciation d'un jeu vidéo : nos goûts esthétiques, nos attentes et notre hiérarchisation subjective des éléments d'un jeu vidéo. Je m'explique. Nos goûts esthétiques sont la partie la plus arbitraire, la plus subjective : il y en a qui aiment les univers médiéval-fantastique mais qui détestent les villes américaines et du coup GTA, d'autres le contraire, d'autres qui aiment les deux, etc. On peut aimer ou ne pas aimer une musique, c'est subjectif ; en revanche, le fait qu'une même musique tourne en boucle pendant trois heures, c'est là un fait objectif. Nos attentes ensuite : on a une certaines idée d'un jeu relativement à ce qu'on imagine de lui, ou bien relativement à un premier opus, ou bien tout simplement parce qu'on attend quelque chose qu'on s'est imaginé. Evidemment, le jeu s'éloigne de nos attentes, plus on à tendance à ne pas l'aimer. Le problème ici est que parfois, on se gâche l'expérience parce qu'on ne veut pas "en démordre", on voudrait que le jeu se conforme à nos attentes, alors que le jeu est simplement différent, selon une logique que par ailleurs on aurait pu apprécier si on avait construit d'autres attentes. Par exemple on pense jouer à un jeu d'exploration, et en fait c'est plutôt un jeu d'action ; on est déçu parce qu'on voulait de l'exploration, or par ailleurs on aime bien l'action, sauf que là, à ce moment, on voulait de l'explo! Du coup on passe à côté que quelque chose qu'on aurait pu aimer à un autre moment. Enfin il y a la hiérarchisation que nous faisons notre évaluation des éléments d'un jeu vidéo : le gameplay, la musique, l'atmosphère, la DA, la narration, etc. On peut considérer qu'un jeu est fait de l'ensemble de ces dimensions. Or selon les personnes évidemment, on sera plus ou moins sensible à certains de ces éléments, on va les "hiérarchiser". Pour une personne donné, le gameplay est la chose la plus importante, suivie mettons de la DA, puis la narration... Pour une autre, ce sera la mise en scène, puis la narration, puis les graphismes, puis seulement le gameplay, etc. Notre évaluation peut varier selon le type de jeu : on joue à Mario et on "attend" (nos attentes) avant tout un gameplay irréprochable, même si la narration est naze ou inexistante, on s'en fout pas mal. Au contraire, un jeu comme Heavy Rain, on aura tendance à attendre beaucoup plus de la narration, et au contraire peu du gameplay. Ce dernier aspect est je pense un des plus importants, finalement. Il explique en grande partie des désaccords d'évaluation des personnes sur un jeu vidéo donné. Le seul moyen de retrouver un peu d'objectivité et de consensus est donc d'examiner point par point un jeu, car finalement, peu de personnes sont en désaccord sur le détail de chaque point, c'est plutôt l'évaluation globale, la "pondération" des différents éléments, qui est différente d'une personne à l'autre.
Pour revenir à ce pauvre King's field, les gens comme moi qui on pris plaisir à ce jeu sont des gens pour qui les aspects positifs (la DA, le level-design, l'atmosphère "mystérieuse" et fantasy, les musiques, et puis le côté "archéologie de l'histoire du jeu vidéo") prennent le dessus sur l'énorme point noir: le gameplay et la maniabilité; on pourrait rajouter le côté énigmatique (difficile de finir le jeu sans soluce et tourner en rond des heures est assez chiant vu les déplacements horribles du perso). Les attentes aussi: je n'avais pas fait les king's field précédent, donc je n'ai pas eu cette déception provenant d'une régression du gameplay. Pour d'autres, au contraire, ce sera le gameplay, si horrible, qui viendra ternir toute l'expérience, parce que ils jouent à un jeu premièrement pour son gameplay par exemple, ou parce que ils ont moins appréciés les côtés positifs du jeu pour des raisons subjectives (la musique leur plaît pas, la DA pas trop leur truc, etc.). Finalement, tout est histoire de pondération : selon ce que chaque élément "pèse" de positif ou négatif pour une personne donnée, son ressenti global du jeu sera celui qu'il est...
Alors, évidemment, on ne peut pas modifier son ressenti personnel, ni ses goûts: on aime ou on aime pas, et quand on ne prend pas de plaisir, mieux vaut arrêter un jeu. En revanche, en bon "stoïciens", il nous est possible de "lâcher prise" sur les éléments que nous ne pouvons pas changer: le gameplay de king's field 4 est pourri, et nous n'y pouvons rien; aussi, prendre la décision d'y jouer demande, pour que l'expérience ne soit pas un calvaire, d'accepter ce fait et de le tenir pour acquis. "Ainsi soit-il", en quelque sorte ; il faut "segmenter" notre expérience de jeu: on fait une croix sur le gameplay, et on concentre son attention sur les autres aspects qu'il offre, son côté aventure, son atmosphère, etc. Il faut accepter de "perdre son temps" dans une exploration laborieuse, ou des combats interminables et inintéressants. De la même manière, si je voulais personnellement jouer à Megaman, il faudrait que je "surmonte" mon irritation envers sa DA que je trouve horrible, sur ses musiques, sur son "atmosphère" que je déteste, pour me concentrer sur le gameplay, sans nul doute excellent. Mais... je crois que je ne suis pas encore prêt à m'infliger ça! hahaha
Les avis des joueurs sur jeuxvideo.com valent le détour (19/20 etc...).
Bon courage Hooper.