Les extraits de films ou tv qui vous ont marqué

Eh bien restons dans le cadre musical.
Avec un extrait de King of Jazz tourné en utilisant le procédé Technicolor de l'époque qui nous permet d'apprécier les yeux bleus de Bing Crosby, l'élégant smoking d'Al Rinker et les blonds cheveux gominés du pianiste-compositeur Harry Barris. On a l'habitude de penser que la couleur, dans les années 1930, en était au stade de vulgaire coloriage. Ben cet extrait nous contraint à mettre un peu d'eau dans notre picrate. Santé !

Entre rêve et réalité. En lisant une nouvelle fois cette attente que tu as du cinéma, GreenSnake, il m’est encore venu des images de Hitchcock sans doute parce que tu évoquais déjà l’entre-deux rêve/réalité par rapport à l’un de ses films la dernière fois. Cocteau aurait pu servir également de belle illustration, mais comme nous parlons là de magie en « couleur ». Hitchcock donc. Et précisément la scène de Rope (1948), entre James Stewart et Farley Granger, avec en arrière-plan la sublime maquette de la ville et ses petites loupiotes, les petites fumées qui montent des cheminées, les nuages en fibre de verre. Quand on voit cette ville conçue de toutes pièces par des mains d’artistes, et qui a dû demander des jours et des jours de travail, de patience, il est évident que Hitchcock n’a pas choisi cette solution parce que c’est moins compliqué de tourner en studio que dans un vrai appart. Les inconvénients de la technique (lumières, son, l’énorme caméra Dolly de l’époque, etc) ne sont pas les raisons. Il voulait exactement ça. Il voulait que l’arrière-plan de cette ville ait cet entre-deux dont tu parles, GreenSnake, entre rêve et réalité, comme si la fausse ville était le troisième personnage de la scène, le plus menaçant, le plus vrai, celui qui écoute, celui qui regarde silencieux en souhaitant que l’un des deux autres fassent le faux pas dans leur faux dialogue grinçant.

À noter que le morceau de piano – très ambigu sous son air content ; entre-deux encore – est une pièce du compositeur français Francis Poulenc (Trois Mouvements Perpétuels) ; comme quoi, ce bon vieil Alfred n’aimait pas que notre boustifaille et nos bonnes bouteilles.