Hooper : ce n'est plus écoutable ???

Hooper, c'était mieux avant. Cette phrase résonnait entre mes oreilles tandis que je coupais mes ongles de pieds à l'aide d'un coupe-ongles acheté tantot en pharmacie. Ce coupe-ongles était donc assez haut de gamme, permettant non seulement de venir à bout de l'epaisseur du gros orteil, mais aussi d'avoir une précision telle qu'il rend toujours mes ongles de pieds nickels. Alors que ce constat évident me rongeait l'esprit, j'ai compris que je ne pouvais plus rester sans rien faire. Je décidai alors de faire ouvrir les yeux à l'animal malade... En vain. Je n'étais pourtant pas seul. Toute une communauté pouvait le supplier d'arrêter de grignotter pendant ses lives, cela ne ralentissait pas sa patte immonde qui s'engouffrait dans son armoire pour en ressortir sa pitance lorsqu'il faisait le trajet entre ses chiottes et son fauteuil maudit, dont l'horreur des grincements n'avait d'égal que dans la souffrance qu'enduraient ses cibles en écoutant sa petite cuillère chercher au fond, tout au fond du pot de yogourt, la substantifique petite goutte qui pensait pouvoir échapper à l'appétit de l'ogre.
Il nous avait fait croire qu'il était notre ami. Un ami, un vrai, ne se comporte pas ainsi : j'arrivai à ce constat en coupant le dernier ongle de mon pied droit. Il restait donc le pied gauche, plus sensible puisqu'une mycose dodue s'était logée, avec le temps, sous ce qu'il restait du gros ongle... Peut-être l'avais-je attrapée à la piscine ? Dans ces odieux bains de pieds qu'on ne peut pas esquiver avant d'aller nager, ou sur les rebords du petit bassin lorsque je sortais de l'eau pour chercher ma serviette ? Impossible de le savoir, c'est évident. En attendant, la doducité de ma mycose ne cessait d'augmenter. Elle se dodufiait à vue d'oeil. Imperturbable, je pris mon mal en patience et commençai par le petit ongle. L'ours, quand à lui, avait perdu sa passion des premiers jours. C'était l'eden, ces fameuses reviews, un plaisir inexplicable que je n'avais retrouvé depuis qu'à travers le BDSM. La déchéance l'avait poussé à faire des lives sans saveur ni passion.
Il ferait mieux d'arrêter les jeux vidéos, car il ne les aime plus comme avant, m'avait lancé un compagnon lors d'une réunion du groupe AOB, les Anciens Ours Bruns. Notre chef nous avait trahi. Il ne faisait ses vidéos que pour l'argent, au détriment de l'amour du jeu qui caractérisait ses débuts. Je me fais, encore aujourd'hui je l'avoue, sa première vidéo sur tetris en boucle entre 5 et 7h du matin. Je finis toujours le corps en nage, mes larmes d'émotions se mêlant à ma sueur devant la virtuosité de l'artiste. C'était clair, concis, aucun grignottage intempestif, son fauteuil ne couinait pas à chaque mouvement des fesses, et l'espoir... Oui, un jour peut être, de pouvoir lui faire des dons. Mais... Ce jour ne vint jamais. Il se croyait trop haut pour mendier, alors que ses collègues avaient tous passé le cap. Une larme salée glissa le long de ma joue dont le taux de doducité était bien plus élevée lorsque j'étais encore bébé.
Finalement, j'arrivai au gros ongle infesté de champignasse... Plaçant la lame, d'un coup sec, je coupai la moitié de l'ongle, puis l'autre moitié.