La série Castlevania.

On va commencer par une petite réflexion personnelle : dans beaucoup de saga de jeux, j'ai tendance à préférer les épisodes qui sortent des sentiers battus. Le meilleur exemple est sans doute Legend of Zelda, où pour moi les deux épisodes les plus géniaux sont sans conteste Majora's Mask et Link's Awakening, deux titres qui chacun à leur manière, cassent le schéma classique de sieur Miyamoto.

Dans Akumajo Dracula, c'est un peu la même rengaine, puisque je retiens tout particulièrement deux épisodes : Simon's Quest et Symphony of the Night, qui sont les deux titres ayant introduit l'exploration et le côté action RPG dans la série (très précocement concernant Simon's Quest, au passage).

Attention, j'aime bien la série dans son ensemble (épisodes GameBoy, PS2 et HD mis à part), mais pour moi les deux que j'ai cité ont apporté une tout autre dimension à une saga qui, au demeurant, est assez basique si on se contente d'aborder ses titres purement plate-forme. Je considère au passage que la série des Megaman/X, dans le genre plate-forme/action pure, lui est très supérieure en terme de gameplay et de level design.

Mais revenons à nos moutons.

Simon's Quest a, n'en déplaise aux gamers un peu conservateurs (mais qu'on est tous à notre manière ;), fait entré la série de plein pieds dans l'exploration et le RPG d'action ; on notera que c'était aussi l'époque des Zelda II, Battle of Olympus et autres Wonder Boy III, qui furent tous plus ou moins des action/RPG en scrolling.
Simon's Quest reste encore à ce jour le Castlevania le plus vaste, avec ses villes, ses forêts, ses marécages, et ses cinq donjons ! Bourré de trouvailles (cycle jour/nuit, inventaire, marchands, énigmes...), le jeu garde le côté abrupt du premier Castlevania de la NES côté jouabilité, mais préfigure nettement la seconde période de la série, symbolisée sur PlayStation en 1997 par Symphony of the Night. Il fut pendant longtemps mon épisode préféré, car le plus riche.
C'est aussi le jeu que je sors à titre personnel quand certains fans de la série me disent que Symphony of the Night a (plus ou moins) trahi l'esprit Castlevania : je leur rappelle alors que Simon's Quest date de 1987 au Japon ! On peut donc difficilement renier à Simon's Quest qu'il fasse partie des bases de Castlevania, tout comme Dracula's Curse après lui, dont les chemins à embranchement seront repris par le mythique Rondo of Blood sur PC-Engine en 1993 (très sympathique épopée à ce sujet, d'ailleurs). Tout ou presque était déjà là su NES, in fine.

Symphony of the Night, lui, est clairement l'épisode que je préfère désormais (surtout la version Saturn - Nocturn in the Moonlight).
Reprenant le concept de Simon's Quest (seule la map est vraiment métroïdienne, quand on y réfléchit deux minutes), et dans une moindre mesure de Dracula's Curse, mais avec une maîtrise et un moteur plus adaptés, on tient là l'opus qui est de loin le plus élaboré de toute la saga de Konami.
Après une intro en trompe l’œil, dont celle de Metal Gear Solid 2 (toujours Konami, tiens tiens) semble s'inspirer pour les raisons que certains comprendront facilement, on se retrouve avec le premier chambardement du jeu : on ne contrôle pas un Belmont ! Fini le côté un peu rébarbatif du fouet que quelques armes secondaires venaient agrémenter (seul Super Castlevania IV avait réussi à renouveler un peu la chose). Ici, le personnage aura accès via son inventaire à plusieurs dizaines de lames aux dimensions et aux caractéristiques variées, ainsi qu'à tout un tas d'armes "tertiares" (les armes "secondaires" demeurant les même que dans les anciens épisodes de la série), à des boucliers et armures, ainsi qu'à des sortilèges et métamorphoses inhérents à la nature vampirique du héros, le classieux Alucard. On aura même droit à des familiers, qui grimperont en niveaux tout comme leur maître, débloquant ainsi de nouvelles capacités.
Si l'on abandonne l'exploration en extérieur de Simon's Quest, le château de Dracula n'a jamais été aussi vaste que dans cet épisode, avec des sections variées et inspirées, où chaque note de musique est en parfaite osmose avec l'ambiance du moment. Des préludes de l'Enfer aux abords du Paradis déchu, ce Castlevania réussi à faire voyager le joueur sans pourtant le laisser s'échapper de ses murs. Si certains lieux visités sont un peu moins chatoyant que d'autres, on évite le gap artistique qui a fait tant de mal à Rondo of Blood ou à Vampire's Kiss, ce que notre Hooper national avait bien souligné lors de ses vidéos épopées. Aucun endroit visité n'est vraiment moche, Dieux Diable soit loué !
C'est aussi le Castlevania le plus sexué de la série, avec quantité de figures féminines dénudées, aussi bien concernant les statues que le bestiaire. Quel coquin cet Alucard ! On peut d'ailleurs parcourir le jeu avec Richter Blemont, mais aussi la belle Maria (sur Saturn et PSP, mais préférez la version Saturn : Maria est assez naze sur PSP).
On notera enfin (car je ne vais pas reprendre tous les points de ce jeu non plus - il a d'ailleurs aussi ses bémols), que Symphony of the Night est l'un des seuls jeux de la série à s'inscrire dans un arc scénaristique un peu plus complexe que "ze dois sauver la fifille" : il est la suite de Rondo of Blood, explique pas mal de choses concernant l'univers de Castlevania, et a lui-même une suite sous forme d'une "saga mp3" officielle intitulée Nocturn in Recollection, qui fait suite à la best ending du jeu.

Voilou, j'ai été un peu long - je m'en excuse - mais c'est à la hauteur de mon amour pour cette série, dont j'aurais pu parler encore pendant des plombes !