Le Joueur du Grenier

regarde a environ 2m20 dans les 2 vidéos, tu vas voir qu'il ont censuré certaine images dans la version censurée en ajoutant des tètes de clown

Ça fait un bail que je ne suis plus trop les aventures de Fred et Seb, ils essaient de faire évoluer leur ton et leur style mais bon, souvent je trouve que c'est assez forcé et que ça tombe un peu à plat...

Ceci-dit là n'est pas la question, je trouve ça triste (et légèrement inquiétant) qu'ils soient obligés de s'autocensurer... Deux fois de suite en plus, et on parle de contenu qui a pour simple but de divertir. Je suis complétement d'accord avec Fred pour le coup, on vit vraiment une époque qui pue bien la merde de lendemain de cuite au rhum bon marché... Et ce puritanisme ambiant ne représente malheureusement qu'une partie de ce fumet nauséabond !

je ne vois pas vraiment de problème, c'est le jdg lui même qui semble avoir décidé de faire une version censuré de sa propre vidéo. Youtube n'a rien a y voir. Le seul truc qui peut arriver, c'est que la vidéo choque certaine personne qui la reporte et que la vidéo soit démonétisé.

edit : ah je viens de voir le message sous la vidéo du JDG :

j'imagine que certaine personne ont reporté la vidéo parce que on peut tout de même trouver des trucs vraiment dégueulasse sur youtube mais qui ne doivent surement pas être monétisé.

Je réagis juste à cette phrase parce que je ne peux pas voir la vidéo du JDG pour le moment vu que c'est carrément youtube qui est censuré chez moi ^^

Personnellement, je pense que cette idée d'auto-censure est un faux problème. Attention, je ne défends pas les réseaux sociaux que je ne porte pas spécialement dans mon cœur d'ailleurs. Je vais m'expliquer.

Tout d'abord, je me demande si vraiment on dit toujours tout dans nos sociétés et si même il est bon de faire ça. Des exemples d'auto-censures dans la vie quotidienne, il y en a un paquet. Rien que dans mon travail, je passe mon temps à m'auto-censurer, et cela n'a rien à voir avec le pays dans lequel je vis. J'enseignerais en Belgique ou en France que je ferais juste pareil. Pensez-vous qu'on puisse dire exactement ce qu'on pense à tout le monde en toute circonstance ? Je ne crois pas. Imaginez ce qui se passerais si un professeur commençait à dire tout ce qu'il pense à ses étudiants, toutes ses émotions, ses états d'âmes, ses envies, ses fantasmes, ses humeurs... On ne doit même pas aller si loin. Imaginez ce qui pourrait se passer si un professeur disait à un étudiant ce qu'il peut penser de lui sans aucun filtre, sans aucune pédagogie. Je peux bien dire que je ne parle pas de la même façon quand je suis avec des collègues que quand je suis en face d'étudiants.

J'ai eu le cas, ce semestre, d'étudiants qui ont commencé à se plaindre à la faculté de mon cours. Il était vu comme "impossible", "trop difficile", sans aucun sens... Suite à ces plaintes, j'ai eu un rendez-vous avec un de mes supérieurs qui m'a fait part de tout ça. Je peux vous assurer que je n'étais pas content du tout, d'autant moins content que ce que j'entendais n'était absolument pas légitime — je vais pas expliquer en profondeur le manque de légitimité, je vous demande de me croire sur parole. J'ai eu des mots très durs envers les étudiants, je dois dire que je me suis même sentis trahis par certains que je n'ai plus vraiment envie de voir encore aujourd'hui. Les remarques formulées étaient d'autant plus injustes qu'elles n'étaient, pour la plupart, pas fondées. Les étudiants qui sont allés se plaindre étaient en général ceux qui n'avaient pas travaillé, qui ne s'impliquaient pas au cours, ceux qui ne faisaient pas ce pour quoi ils étaient à l'université. J'étais donc très fâché quand j'ai repris le cours. Pour autant, est-ce que j'ai dit exactement le fond de ma pensée ? Non, j'ai fait une sorte de discours pour rassembler les troupes et j'ai expliqué une fois encore les objectifs du cours et mes attentes. J'ai patiemment fait preuve de pédagogie et, en ce sens, je me suis censuré car il y a pas mal de points que je n'ai pas abordé pour me concentrer sur le positif. Vu les résultats obtenus par la plupart des étudiants, je pense encore que c'était le bon choix car je ne suis pas là pour les enfoncer mais pour les guider. Ce n'était pas un exercice plaisant ni facile. Mais je pense qu'il fallait le faire et ne pas tomber dans une confrontation bête et méchante quand bien même j'avais les arguments de mon côté.

Je comprends que cette question de la censure puisse effrayer en réalité. Je comprends aussi que les réseaux sociaux sont pas terribles en réalités. Les pratiques des gens qui les gèrent sont plus que discutables, on est d'accord, mais il faut dire aussi que c'est un déversoir à haine, à injure, à publicités intempestives, à manipulations, bref, à tout ce qui se fait de moins beaux et de moins intelligent. Il n'y a qu'a regarder les commentaires qui sont, la plupart du temps inintéressants : soit des manifestations narcissiques, soit du troll, soit des injures quand elles ne sont pas des menaces. Il n'y a, en réalité, que très peu d'échanges et de partages sur ces plateformes. Je ne dis pas qu'il n'y en a aucun, mais très peu. De plus, on peut se poser la question de la qualité de ses échanges. J'ai vu nombre de vidéos, sur des sujets que je maîtrise un peu plus, qui racontent n'importe quoi. Je ne parle même pas du ton employé, ni des "formules rhétoriques" utilisées mais ça peut être très souvent discutables.

Ce qui m'effraye perso, c'est la facilité qu'ont énormément de youtubeurs à s'exprimer sans vraiment réfléchir à la responsabilité qu'ils ont. Je ne dis pas qu'ils sont forcément insincère mais sincérité n'est pas gage de vérité. Beaucoup des youtubeurs d'importance ont un auditoire que je n'aurai jamais. On peut faire le calcul ensemble : si j'ai une centaine d'étudiants chaque année — ce qui est beaucoup — eh bien, en 40 ans de carrière, j'aurais touché 4000 personnes... en 40 ans. Et parmi c'est 4000 personnes, je ne suis pas certains que tous auront été sensibles à ce que j'aurais pu dire... La responsabilité des youtubeurs est énorme quand on y pense. Pour cette raison, je pense, qu'ils doivent encore plus que les autres, mesurer leur parole. Et malheureusement, c'est trop souvent l'inverse qui se passe. Beaucoup d'entre se présentent comme des "créateurs". Puisqu'ils "créent" un contenu, il devrait être normal qu'ils ne s'expriment pas de la même façon qu'en privé, que s'ils étaient dans un groupe d'amis. Je termine tout doucement un article de 15-20 pages que j'aimerais bien voir publier dans une revue scientifique prochainement. J'ai passé 5-6 mois sur ce fichu article. On parle de 15-20 pages les gars. Vous n'imaginez pas le soin que j'ai consacré à l'écriture, à la structure, à l'exposition de mes idées, à la formulations de ces mêmes idées... C'est un travail de dingue. Et, pour dire la vérité, je ne suis pas certain que l'article soit accepté directement. Il y aura un comité de lecture qui me donnera un avis et qui, sans doute, me dira que l'article sera accepté sous la condition de modifications mineures, en précisant quelles seront les modifications à faire pour améliorer l'article. Je peux donner un autre exemple concret : j'ai vu publier une notice à moi dans une grande encyclopédie scientifique en Belgique. La notice fait, tout compris, une page et demie. J'ai passé trois semaines à l'écrire. Et je ne compte pas vraiment la recherche car j'avais déjà travaillé la plupart des éléments à exploiter dans ma thèse. Trois semaines pour une page et demie. Avec, là aussi, un comité de relecture qui était pas mal exigeant je dois bien le dire.

Je vais pas faire plus long, si ça intéresse quelqu'un, on pourra en discuter. Dans le cas contraire, ce n'est pas bien grave non plus. C'est juste que je voulais profiter de l'exemple de Fred pour revenir sur ce point soulevé par Don Patch