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Laërte. — Noyée ? Où s’est-elle noyée ?
La Reine. — Tout auprès d’un ruisseau, un saule se penche qui mire dans les eaux son feuillage gris, c’est là qu’elle est allée tresser des guirlandes capricieuses, d’orties et de boutons-d’or, de marguerites et des longues fleurs pourpres que les hardis bergers nomment d’un mot plus libre, mais que nos chastes vierges appellent doigts des morts. Et Ophélie et ses trophées agrestes sont tombés où l’eau pleure. Sa robe s’étendit et d’abord la porta, telle une sirène, tandis qu’elle chantait des bribes de vieux airs, inconsciente peut-être de sa détresse ou faite de naissance pour vivre ainsi. (Hamlet, Acte IV, Scène VII)

(Elie Semoun relance sa carrière solo qui battait de l'aile.)

Drab Majesty — 39 By Design

Deb Demure, avec cette chanson, aborde le drame de la secte Heaven’s Gate dont les membres se suicidèrent ensemble, en 1997, dans la joie et la bonne humeur, lors du passage de la comète de Hale-Bopp. À l’origine de leur acte minutieusement préparé : une photo prise par un astronome amateur montrant un curieux objet, de forme oblongue, assez flou, qui suivait de près la comète. Pour le gourou Marshall Applewhite, fan de Star Trek, et ses fidèles, c’était le signe qu’ils attendaient depuis longtemps, cet « ovni » ne pouvait être que le vaisseau spatial de Dieu venant les sauver ; ils pensaient même que l’engin devait sans doute être piloté par l’âme sœur du gourou, Bonnie Nettles, morte 11 ans plus tôt. Et selon leur logique, le seul moyen de quitter leurs corps terrestres et de rejoindre le vaisseau, c’était se faire couic. Ces 39 personnes (d’où le titre de la chanson), 18 hommes et 21 femmes (gourou inclus), se sont alors réunies dans leur vaste maison de San Diego, ont enfilé leurs vêtements blancs de voyageurs du Ciel et ont ingéré du phénobarbital mélangé à de la vodka et de la compote de pommes. Les flics retrouvèrent 39 corps sous des linceuls de satin violet, soigneusement recouverts, avec à leurs pieds une cassette vidéo d’adieu que chacun avait enregistrée, face caméra, juste avant le « grand départ ». On voit un court extrait d’une de ces vidéos à la fin du clip. Et la joie solaire qui inonde le visage de cette femme fait froid dans le dos.