J'aime beaucoup la musique classique, mais paradoxalement je n'en écoute pas tant que ça. En revanche, celle-ci, ma préférée soit-dit-en-passant, je l'écoute régulièrement :
"[...] Tutu chapeau pointu !
C'était le petit Gavroche qui s'en allait en guerre."
Après avoir passé un mois loin de chez moi et donc d'une connexion internet normale, je reviens enfin à la maison (toujours à Pékin, rassurez-vous). Je réponds donc que maintenant ^^
Ne pas écouter de musique classique n'est pas quelque chose d'incurable. En art, tout se soigne ;-P
Blague à part, si tu aimes bien Saint-Saëns, tu peux essayer ça :
Spoiler ▼▲
Ses concertos pour violon sont aussi pas mal je dois dire. Je te donne comme exemple le troisième mouvement du concerto pour violon n°3. Je pense que tu aimeras.
Et puis, Saint-Saëns, c'est aussi un compositeur qui a énormément utilisé de matériaux étrangers pour nourrir sa musique. Certains musicologues parmi ses contemporains y auraient même vu une sorte de particularité de l'école française de musique. C'est sans doute à prendre avec des pincettes (ils ne sont pas les seuls à le faire : exemple le Groupe des 5) et les écoles nationales ne sont pas aussi naturelles qu'on voulait bien le prétendre à l'époque. Néanmoins, ça a donné des choses intéressantes ^^
Leoš Janáček (1854-1928) est un compositeur tchèque qui n'est pas assez connu par le grand public je trouve. C'est un artiste plein de poésie, qui aborde bien des genres au moyen de sa palette musicale bien à lui. Je vous propose quelques exemples dont vous me direz des nouvelles. Son œuvre pianistique est, par exemple, une véritable poésie musicale comprenant par exemple les suites Dans les brumes et Sur un sentier herbeux (je lis parfois "recouvert" mais je trouve le titre que je donne ici plus poétique et plus touchant car il s'agit pour le compositeur de revenir sur la mort de sa fille). Mention spéciale pour le morceau "La chevêche ne s'est pas envolée" (n°10 du premier cahier).
« Je n’éteins pas tant que je ne l’ai pas tué ! » Ce qu’on se dit quand un moustique tourne et vire autour de nous, la nuit, à l’heure de dormir. Une guerre stratégique qui peut durer. On scrute les murs. On scanne le plafond. Sous un meuble ? Sur la tranche d’un bouquin ? Ou bien kamikaze jusqu’au bout : nous défiant à quelques centimètres, depuis la table de chevet ou le bois du lit ? Comment finira cette lutte sans armistice ? Victoire écrasante ou nuit blanche ? Villa-Lobos ne manque pas de nous renseigner sur l’issue de la bataille.
Michael Nyman - No Time in Eternity
Michael Nyman a offert au contreténor Paulin Bündgen un petit bout d’éternité. Et la pièce lui va bien. C’est généralement ce qui arrive avec l’écriture sur mesure. Pas toujours.
HK Gruber - Rough Music : I. Toberac - (Colin Currie, percus)
Beethoven - Sonate à Thérèse
On a beau chercher à remonter l’origine d’une œuvre à la source d'inspiration, corréler une musique à un état affectif particulier d’après témoignages (s’il y en a) ou lecture de lettres (s’il en reste), on a conscience que c’est une démarche illusoire car l’inspiration est insaisissable. Elle esquive les parallèles tordus comme les liens simplistes. Comment savoir à qui ou à quoi songeait vraiment le compositeur ? Pour la Sonate à Thérèse, c’est différent. On connaît l’histoire. En effet, Beethoven, sourd mais pas aveugle, savait apprécier les femmes. Et sa préférence allait pour les femmes gainées de cuir. C’est donc tout naturellement, un soir, après avoir vu le live du Doc sur Phantasmagoria II, qu'il écrivit cette sonate pour piano. À ce propos je tiens à saluer Valentina Lisitsa, l’interprète. Quelques jours avant la captation de sa performance, je lui avais soumis, par mail, l’idée de mettre des bottes en cuir pour « être » un peu Thérèse. Elle m’avait dit « On verra ». J’avais pris ça pour un refus de sa part, pensant qu’elle n’avait que faire de notre petit groupe de fans (Chuck Chan et 100T en tête) que le Doc a su fédérer autour de Thérèse la dominatrice. Eh bien, je suis ravi de voir que je m’étais trompé. C’est ça la marque des grandes artistes. Avec elles on n’est jamais au bout de nos surprises. Merci, Valentina.
Richard Strauss est un compositeur que j'aime beaucoup. Je le vois comme un géant qui termine une époque. Il laisse une œuvre d'une incroyable sensibilité en même temps que d'une incomparable maîtrise technique en matière d'exemple. C'est pourquoi j'aimerais partager avec vous deux poèmes symphoniques.
Tout d'abord Mort et transfiguration (1889) censé décrire les derniers moments de la vie d'un artiste. On sent vraiment l'ambiance "fin de siècle". Mourir, c'est moche, autant le faire avec classe. Au fond, vivre ne serait-ce pas apprendre à mourir ? Je vous conseille la dernière partie (IV. Moderato) dans laquelle on peut sentir une acceptation et une sorte de transcendance de la personne face à sa mort.
Spoiler ▼▲
Voilà le poème qu'a demandé Strauss à un ami pour expliciter davantage son idée. Le poème a été écrit après que l'œuvre fut composée.
"[...] Dans la pauvre petite chambre
où la lampe met sa clarté,
le malade est couché sur son lit de douleur;
il lutte avec la mort dans la crainte et l'angoisse.
Puis vient le sommeil bienfaisant:
dans le logis silencieux,
la mort s'approche à pas légers,
rythmés par la pendule au tic-tac régulier.
Et pourtant, sur les lèvres blanches
du malade joue un sourire.
À l'heure où finit l'existence,
songe-t-il aux beaux jours dorés de sa jeunesse?
La mort n'accorde pas longtemps
sommeil et rêve à sa victime;
cruellement elle l'assaille
et recommence le combat.
Puissance de la vie et pouvoir de la mort:
quelle alternative effrayante!
Qui va remporter la victoire?
Le silence règne toujours!
Las du combat, il se renverse
dans un délire sans sommeil;
le malade revoit sa vie,
qui voltige devant ses yeux
en images nettes et claires;
de l'enfance, c'est l'aube rose
brillant dans sa pure innocence,
puis les jeux hardis du jeune homme
essayant sa force naissante,
jusqu'au jour de maturité
où les plus grands biens de la vie
l'embrasent de leurs voluptés.
Comme il comprend mieux à cette heure
le but défini de l'effort
de l'effort ininterrompu qui dirigeait toute sa vie!
Le monde railleur et méchant,
a semé sa course d'obstacles.
Était-il près du but, voilà
qu'il entendait clamer; «Arrête!
«Fais un échelon de l'obstacle!
«Monte plus haut, toujours plus haut!»
Alors, il redoublait d‘efforts,
il s'évertuait à grand‘peine.
Hélas! il avait tant cherché,
toujours, du profond de son coeur:
dans les sueurs de l'agonie,
il cherche encor sans rien trouver.
Quoiqu'il comprenne maintenant,
quoiqu'il pressente et qu'il devine,
jamais il ne l'accomplira:
son esprit n'achèvera rien
Alors le marteau de la mort,
frappant le dernier coup lugubre
brise le pauvre corps mortel.
L'éternelle nuit clôt ses veux.
Mais voici qu'aux célestes sphères
retentit l'hymne de clarté,
qu'il avait ici-bas sans comprendre entendue:
la Délivrance, c'est la paix et la Lumière! [...]"
Ensuite, Une vie de héros (1898) qui bien qu'étant une œuvre à programme n'est pas basée sur un texte littéraire. La composition est divisée en 6 partie : 1. Le héros ; 2. Les adversaires du héros ; 3. La femme du héros ; 4. Le champ de bataille du héros ; 5. L'œuvre de paix du héros ; 6. Le retrait du monde du héros et son accomplissement.
Spoiler ▼▲
Je vous conseille particulièrement Les deux dernières parties de l'œuvre.
En bonus, j'aimerais vous faire écouter un extrait de son opéra Le chevalier à la rose qui a poussé sa femme à dire lors des obsèques du compositeur : Pourquoi un homme qui avait écrit une si belle musique devait mourir un jour...
Petite anecdote, la semaine dernière j'ai assisté à un concert du Collegium 1704, orchestre tchèque, qui jouaient le temps d'un soir la Symphonie n°40 de Mozart ainsi que son Requiem. C'était assez génial, en particulier l'interprétation du Lacrimosa qui m'a juste terrassé (entendez par là "scotché au siège") de puissance dans le premier crescendo des choeurs, au début. Ce n'était que mon premier concert de ce type (enfin si, j'ai assisté à pareille représentation une seule fois mais j'étais trop jeune), et c'était une expérience vraiment top.
Quand on parle de musique tchèque, on pense bien sûr à Dvorak mais on oublie trop souvent un de ses meilleurs disciples : Josef Suk (1874-1935). Il compose beaucoup pour l'orchestre même s'il est à l'origine de plusieurs pièces pour le piano. C'était un violoniste virtuose et, comme beaucoup d'autres compositeurs à l'époque, il s'inspire des airs populaires pour composer. On retient principalement de lui, sa sérénade et sa symphonie Asrael dédiée à Dvorak et à sa femme.
Je vous propose d'écouter ces deux œuvres justement : la première plus légère avec un très beau thème dans le premier mouvement ; la seconde d'une grande tristesse et d'une grande résignation tout en gardant le côté tragique, démoniaque et injuste de l'ange de la mort...
J'aime beaucoup la musique classique, mais paradoxalement je n'en écoute pas tant que ça. En revanche, celle-ci, ma préférée soit-dit-en-passant, je l'écoute régulièrement :
"[...] Tutu chapeau pointu !
C'était le petit Gavroche qui s'en allait en guerre."
Après avoir passé un mois loin de chez moi et donc d'une connexion internet normale, je reviens enfin à la maison (toujours à Pékin, rassurez-vous). Je réponds donc que maintenant ^^
Ne pas écouter de musique classique n'est pas quelque chose d'incurable. En art, tout se soigne ;-P
Blague à part, si tu aimes bien Saint-Saëns, tu peux essayer ça :
Bonne écoute !
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
Je te remercie chaudement pour ces recommandations et ces découvertes ! J'écoute ça tranquillement ce soir et je t'en dirai des nouvelles.
"[...] Tutu chapeau pointu !
C'était le petit Gavroche qui s'en allait en guerre."
Leoš Janáček (1854-1928) est un compositeur tchèque qui n'est pas assez connu par le grand public je trouve. C'est un artiste plein de poésie, qui aborde bien des genres au moyen de sa palette musicale bien à lui. Je vous propose quelques exemples dont vous me direz des nouvelles. Son œuvre pianistique est, par exemple, une véritable poésie musicale comprenant par exemple les suites Dans les brumes et Sur un sentier herbeux (je lis parfois "recouvert" mais je trouve le titre que je donne ici plus poétique et plus touchant car il s'agit pour le compositeur de revenir sur la mort de sa fille). Mention spéciale pour le morceau "La chevêche ne s'est pas envolée" (n°10 du premier cahier).
Bonne écoute !
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
Richard Strauss est un compositeur que j'aime beaucoup. Je le vois comme un géant qui termine une époque. Il laisse une œuvre d'une incroyable sensibilité en même temps que d'une incomparable maîtrise technique en matière d'exemple. C'est pourquoi j'aimerais partager avec vous deux poèmes symphoniques.
Tout d'abord Mort et transfiguration (1889) censé décrire les derniers moments de la vie d'un artiste. On sent vraiment l'ambiance "fin de siècle". Mourir, c'est moche, autant le faire avec classe. Au fond, vivre ne serait-ce pas apprendre à mourir ? Je vous conseille la dernière partie (IV. Moderato) dans laquelle on peut sentir une acceptation et une sorte de transcendance de la personne face à sa mort.
Voilà le poème qu'a demandé Strauss à un ami pour expliciter davantage son idée. Le poème a été écrit après que l'œuvre fut composée.
"[...] Dans la pauvre petite chambre
où la lampe met sa clarté,
le malade est couché sur son lit de douleur;
il lutte avec la mort dans la crainte et l'angoisse.
Puis vient le sommeil bienfaisant:
dans le logis silencieux,
la mort s'approche à pas légers,
rythmés par la pendule au tic-tac régulier.
Et pourtant, sur les lèvres blanches
du malade joue un sourire.
À l'heure où finit l'existence,
songe-t-il aux beaux jours dorés de sa jeunesse?
La mort n'accorde pas longtemps
sommeil et rêve à sa victime;
cruellement elle l'assaille
et recommence le combat.
Puissance de la vie et pouvoir de la mort:
quelle alternative effrayante!
Qui va remporter la victoire?
Le silence règne toujours!
Las du combat, il se renverse
dans un délire sans sommeil;
le malade revoit sa vie,
qui voltige devant ses yeux
en images nettes et claires;
de l'enfance, c'est l'aube rose
brillant dans sa pure innocence,
puis les jeux hardis du jeune homme
essayant sa force naissante,
jusqu'au jour de maturité
où les plus grands biens de la vie
l'embrasent de leurs voluptés.
Comme il comprend mieux à cette heure
le but défini de l'effort
de l'effort ininterrompu qui dirigeait toute sa vie!
Le monde railleur et méchant,
a semé sa course d'obstacles.
Était-il près du but, voilà
qu'il entendait clamer; «Arrête!
«Fais un échelon de l'obstacle!
«Monte plus haut, toujours plus haut!»
Alors, il redoublait d‘efforts,
il s'évertuait à grand‘peine.
Hélas! il avait tant cherché,
toujours, du profond de son coeur:
dans les sueurs de l'agonie,
il cherche encor sans rien trouver.
Quoiqu'il comprenne maintenant,
quoiqu'il pressente et qu'il devine,
jamais il ne l'accomplira:
son esprit n'achèvera rien
Alors le marteau de la mort,
frappant le dernier coup lugubre
brise le pauvre corps mortel.
L'éternelle nuit clôt ses veux.
Mais voici qu'aux célestes sphères
retentit l'hymne de clarté,
qu'il avait ici-bas sans comprendre entendue:
la Délivrance, c'est la paix et la Lumière! [...]"
Ensuite, Une vie de héros (1898) qui bien qu'étant une œuvre à programme n'est pas basée sur un texte littéraire. La composition est divisée en 6 partie : 1. Le héros ; 2. Les adversaires du héros ; 3. La femme du héros ; 4. Le champ de bataille du héros ; 5. L'œuvre de paix du héros ; 6. Le retrait du monde du héros et son accomplissement.
Je vous conseille particulièrement Les deux dernières parties de l'œuvre.
En bonus, j'aimerais vous faire écouter un extrait de son opéra Le chevalier à la rose qui a poussé sa femme à dire lors des obsèques du compositeur : Pourquoi un homme qui avait écrit une si belle musique devait mourir un jour...
Bonne écoute !
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
Petite anecdote, la semaine dernière j'ai assisté à un concert du Collegium 1704, orchestre tchèque, qui jouaient le temps d'un soir la Symphonie n°40 de Mozart ainsi que son Requiem. C'était assez génial, en particulier l'interprétation du Lacrimosa qui m'a juste terrassé (entendez par là "scotché au siège") de puissance dans le premier crescendo des choeurs, au début. Ce n'était que mon premier concert de ce type (enfin si, j'ai assisté à pareille représentation une seule fois mais j'étais trop jeune), et c'était une expérience vraiment top.
"[...] Tutu chapeau pointu !
C'était le petit Gavroche qui s'en allait en guerre."
C'est chouette d'aller écouter la musique en concert. Ça change beaucoup de ce qu'on peut avoir sur youtube ou en numérique.
Le live donne beaucoup plus que la simple musique. On a aussi l'ambiance électrique et la force des émotions qu'on perçoit nettement.
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)
Quand on parle de musique tchèque, on pense bien sûr à Dvorak mais on oublie trop souvent un de ses meilleurs disciples : Josef Suk (1874-1935). Il compose beaucoup pour l'orchestre même s'il est à l'origine de plusieurs pièces pour le piano. C'était un violoniste virtuose et, comme beaucoup d'autres compositeurs à l'époque, il s'inspire des airs populaires pour composer. On retient principalement de lui, sa sérénade et sa symphonie Asrael dédiée à Dvorak et à sa femme.
Je vous propose d'écouter ces deux œuvres justement : la première plus légère avec un très beau thème dans le premier mouvement ; la seconde d'une grande tristesse et d'une grande résignation tout en gardant le côté tragique, démoniaque et injuste de l'ange de la mort...
Bonne écoute !
"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)