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Akira reste pour moi un manga culte.
Les nombreux thèmes abordés, la richesse qu'on y trouve en font toujours, 30 ans après, une série d'une incroyable modernité. Le futur proche envisagé par Otomo reste encore aujourd'hui complètement crédible. Si tu regardes la SF des années 80 aujourd'hui, bien souvent,le futur envisagé par les auteurs fait sourire tant il peut paraître kitsh et complètement fantasmé. Pas dans Akira.
Dans les années 90, au moment où les mangas ont débarqué en France, y avait pas 36 séries. Y avait Dragon Ball et Akira. Beaucoup de gens (dont moi) ont appris à découvrir et à aimer le manga avec ces deux séries. Faut se remettre dans le contexte de ces années: c'était un truc de gros oufo, on n'avait jamais lu ça. Rien d'étonnant que ces séries gardent leur statut de série culte encore aujourd'hui. L'aspect nostalgie et l'affect joue certainement beaucoup c'est vrai, mais pas que. Mais je reconnais que ces deux séries ne sont pas exemptes de défauts (surtout Dragon Ball :p).

Maintenant, ce que j'ai apprécié avant toute chose dans Akira, c'est que l'auteur sait parfaitement où il va. Même si certains points sont volontairement laissés obscurs comme la nature et l'origine des pouvoirs des mutants ou encore cette fin ouverte, Otomo a toujours su garder une certaine maîtrise et cohérence dans son oeuvre. L'exemple le plus parlant est les apparitions fantomatiques et immatérielles de Kanéda au début du Manga et dont on ne comprend la nature qu'à la toute fin: une projection à travers le temps au moment du contact de Kanéda avec le champ d'énergie de Tetsuo et Akira. Tout était déjà prévu et mûrement réfléchi.
Les personnages ont tous leur importance et sont nombreux. Certains sont fatalement moins exploité que d'autres, mais ils ont tous un rôle à jouer dans l'échiquier. Un exemple parlant encore une fois: Akira lui-même. Un gamin au comportement autiste qui ne décroche pas un mot. Une enveloppe vide de toute personnalité, réceptacle d'un pouvoir monstrueux qu'il ne maîtrise pas lui-même et qui est baladé à droite et à gauche au gré du vent et des personnes. Il est un enjeu que lui-même est incapable de comprendre. Ce serait risible si cette manipulation n'était pas si monstrueuse. C'est un catalyseur, le personnage central clé dont découle tous les évènements. Pour reprendre aussi ton exemple du personnage de Ryu, c'est effectivement un caractère fort plein d'idéaux. Pourtant, il n'a pas sa place dans le fil des évènements. Totalement dépassé, son rôle de chef de la rébellion s'arrête après le premier cataclysme. Il n'est plus que l'ombre de lui-même et a pris la mesure de son impuissance. Il n'est plus un personnage important. Un acteur des évènements. La tragédie se joue sans lui et il n'y a absolument aucun intérêt à développer sa déchéance. On l'entre-aperçoit et c'est suffisant pour comprendre qu'il n'a plus sa place ou presque. Des personnages clé de la première partie disparaissent tandis que d'autres, secondaires, prennent leur essor ou font leur apparition. Le monde a changé et les gens le composant aussi. Une petite merde sans importance devient le bras droit de Tetsuo tandis qu'un général craint et respecté ayant des milliers de militaire à son service se retrouve à agir seul. Les états d'âmes de tous ces nombreux personnages secondaires sont superflus et alourdiraient d'avantage le récit qu'ils ne le serviraient. Déjà que le récit est complexe et trouve de multiples ramifications, autant ne pas en rajouter. Les gamins des expériences ont grandi et vécu dans un laboratoire. Ils on créé des liens de solidarité, exacerbés par leurs pouvoirs à ce moment là. Rien à rajouter là-dessus. Ils restent des gamins avec des pouvoirs extra-sensoriels. Pas besoin de savoir qu'ils ont joué à la marelle ensemble ou s'ils se piquaient des frites à la cantine. Eux aussi ont un rôle à jouer, mais il n'est pas majeur. Le peu d'éléments qu'on a sur eux suffit à comprendre que ce ne sont que de pauvres gosses sujets d'expérience et enfermés dans une base militaire.
Concernant les explosions et les destructions en tout sens, c'est vrai qu'on sent que Otomo s'est fait plaisir et possède un certain goût pour ça. Mais si tu regardes bien, tu verras un réel impact après chaque grosse catastrophe. Les dégâts sont surtout basés autour des épicentres des explosions et des côtes. Les batiments tombent de plus en plus en ruine. Un ville comme Tokyo, c'est 13 millions d'habitants. Si tu fais crever à chaque fois la moitié, au final, il te reste quand même plusieurs centaines de milliers de survivants. Dérisoire par rapport au nombre de départ, mais suffisamment important pour faire illusion du nombre. Lors de l'explosion d'Hiroshma, il y a eu "seulement" 140 000 morts sur une population de 340 000 habitants. 200 000 survivants donc. Bien sûr, la famine, la maladie, la radioactivité a alourdi le bilan ensuite. Mais si le souffle d'Akira, comme tu le soulignes justement, est comparable à celui de l'explosion de la bombe A, rien d'étonnant à ce qu'il y ait "autant" de survivants. Et l'empilement de catastrophes sur Néo-Tokyo complètement abusé souligne un choc dont le peuple japonais ne pourra jamais se relever. Quand il pense pouvoir se relever, de nouveau le nez dans la merde. Et pourtant, cette fin laisse entrevoir un certain espoir...

Bref, je vais m'arrêter là. J'ai déjà pas mal écrit. Le but n'est pas de savoir qui a tort ou raison. Tu exprimes ton ressenti et moi le mien, mais suivant comment on voit les choses, on peut les interpréter de différentes façons.
Akira est une série qui me hantera encore longtemps, je pense ;)