Le Manga Français

La France est le second pays consommateur de manga au monde, juste derrière le Japon, et cela à bien entendu eu une énorme influence sur les générations les plus jeunes de dessinateurs de Bande Dessinée de chez nous. Inévitablement, de nombreux bambins se sont jurés de devenir des mangakas, même si ils ont pas des yeux bridés et qu'ils mangent des baguette de pain, ça allait pas les arrêter! Alors pourquoi le mouvement est il encore si timide? Pourquoi y a-t-il si peu de mangaka français (Et non pas FRANGAKA ou dessinateur de MANFRA, ces mots sont hautement cancérigènes, donc a BANNIR ;p) Et surtout, que vaut-il en l'état actuel?

A l'heure actuelle, quand on parle "manga français" on a le plus souvent en tête les mangas amateur sur des sites tel que Manga Sans Frontières, Mangadraft, ou cette daube de Amilova. La qualité est plus souvent bien médiocre, et facile à moquer, même si on trouve quelques perles, malheureusement méconnue pour quiconque ne s’y intéresse pas.

Mais comme vous vous en doutez ou le savez surement, certains auteurs français ont été édités, chez différentes maisons d'éditions. Certains auteurs ont commencé direct par le manga, d'autres viennent de la bande dessinée, et certains appliquent un graphisme manga au format BD (j'en parlerais pas car c'est pas très relevant ici) de ce fait, qu'en est-il de ces derniers?
Alors, à mon avis, c'est plutôt mitigé. Gardons en tête que la France, c'est pas le Japon, du coup les dessinateurs n'ont pas d'assistants. Conclusion -> Le temps de publication est beaucoup moins rapide, et la qualité graphique est souvent Biiiiien en deça de ce qu'on trouve au japon. Ajoutez à ça des éditeurs pas foutu de faire leur travail car ils savent juste acheter des mangas au japon, et sont incapable de palier aux manques scénaristiques des auteurs... et parfois vont même jusque à éditer des trucs scandaleusement pas au niveau.

La première vague notable de manga français est venue à l'époque de Dreamland, sorti en Janvier 2006 chez Pika Edition, né de la plume de Reno Lemaire. Ce manga est un Shonen qui s'est fait une fan base assez conséquente chez nous, bien que le scénario est plutôt bancal et juste prétexte aux délires de l'auteur (comme OP mais en moins bien). Ça reste sympathique, et le dessin s'est nettement amélioré avec le temps (les premiers tomes ont même été entièrement retouchés par l'auteur), faut juste poser son cerveau au placard et chercher du fun (comme fairy daube quoi, ça doit expliquer son succès). Le manga s'est même fait connaitre en Scantrad dans d'autres pays, au point d'avoir été édité en Allemagne.

Ce qui est intéressant est de trouver les codes du shonen nekketsu (Combats, aventure, exploration) mais avec un perso principal plus proche de l'anti héros mollasson (surnommé MouMou) et un univers et des dialogues biens plus ancrés dans notre culture.

Un autre manga Shonen qui a lui fait un bide total est Magical JankenPon de Phillipe Cardonna qui avait sorti Sentai School juste avant (très bonne série humoristique en format hybride manga-bd , qui parodie beaucoup de mangas des années 80 avec intelligence et de nombreuses références très bien pensées, et qui va être réédité grace a un Kickstarter), suite au manque de Com et de public à l'époque.

Côté Shojo, on a eu Pink Diary à la même époque, de Jenny, qui s'est ensuite remise à la BD française avec Mathilde, puis La Rose Ecarlatte. Je ne m'y connais pas trop pour en parler, mais de même, c'était pas foufou graphiquement la ou ses BD sont bien plus travaillées.

Mais après cette vagounette de Manga Français, que s'est-il passé?
Et bien pas grand chose jusque à l'an dernier, ou les éditeurs ont semble-t-il décidé de passer à l'initiative.
On peut déjà noter que certains mangas sortis en ligne gratuitement ont été édité en format papier, comme par exemple Head Trick, à cause de sa popularité plus que pour sa qualité plus que discutable à mon avis (allez voir en boutique, ils sont assez mis en avant quand même...). De même, je soupçonne pas mal certains éditeurs de publier par copinage, et faire la com selon ce qui les arrange, parce que quand on voit une horreur comme Save Me Pitie avoir une com de malade sur tout les réseaux sociaux et EN BOUTIQUE, ça peut faire peur. (après Kana sont vraiment pas clean sur le sujet, j'y reviendrais également.

Côté bons trucs on a eu City Hall, 1er manga au graphisme plus que correct à sortir de chez nous, je n'ai pas vraiment accroché, mais il est nécessaire de souligner que le travail derrière est conséquent. Ya aussi eu Debazer, avec un dessin très dynamique et une histoire qui se laisse suivre (et ya de jolies filles pulpeuses *nosebled*).

De même, Radiant, de Tony Valente (auteur de BD qui a pas mal de travail à son actif) publié chez Ankama, à un graphisme très bon, respecte à fond les codes du shonen, le scénario on peut y penser ce qu'on veut (on dirait que les français se sentent obligé de foutre leurs opinions politique avec une subtilité pachydermique dans tout ce qu'ils font) ça reste bien construit, et, grand honneur, c'est le PREMIER MANGA FRANCAIS A ETRE PUBLIE AU JAPON! ET OUI! Et pas n'importe comment, c'est fait avec le soutien de MOTHER FUCKING YUSUKE MURATA!!! PUTAIN! QUAND MEME!

Et tout récemment, Ankama a également publié Shoshu on the Rock, petit manga sympa au graphisme qui rappellera Kill La Kill sans souci, et tout bientôt LOST SAHARA de Allan Heller, un gars du site Manga Sans Frontière, qui je le sens bien va déchirer sa maman en quarante douze.

Maintenant, interrogeons nous sur le rôle des éditeurs. La ou Ankama déconne pas (même si j'aime pas trop les manga Dofus ou Wakfu ou tout ces trucs, sorti ya un moment déjà) les autres ont des politiques plus discutables. Pika édite peu de trucs et c'est pas toujours bon, mais semblent avoir quand même une certaine exigence, ce n'est pas le cas de Kana (je reviendrais jamais assez sur Save me Pithie...) qui en plus à lancé une initiative très nauséabonde : Shared Manga.
Cette initiative est une réponse au concours Ki-oon lancé en été 2014 (j'ai participé mais je suis encore trop mauvais :p), en coopération avec un jury de Mangaka japonais pour trouver un nouveau talent français. Kana s'est dit qu'ils allaient surfer sur la vague, mais d'une façon discutable. En effet, leur plate forme propose ceci : Vous postez votre manga aux gérants de la plate forme, si ils vous acceptent, vous signez un contrat d'exclusivité (interdiction de montrer votre travail à un autre éditeur), votre manga est publié sur la plate forme, vous êtes pas payés, vous devez fournir 11 pages par mois (autant dire faire un travail bâclé) et SI JAMAIS ça marche, peut être que votre manga sera publié et que vous toucherez votre thune.
Autant dire que c'était inévitable : ce projet arriviste a pas duré 3 mois que maintenant, il est en état de mort cérébrale, et c'est TANT MIEUX. Pour allez voir le légume en salle de réanimation c'est ici que ça se passe
Les dessinateurs de bande dessinée en France vivent dans des conditions précaires, et il est révoltant de voir de tels abus se faire chez nos éditeurs. Certains semblent n'avoir aucune exigence au niveau de la qualité, faut juste faire de la vente et vendre du rêve, mais c'est pas comme ça que ca marche. A l'avenir, on va bien voir qui d'éditeurs peu scrupuleux comme Kana, ou d'éditeurs ambitieux et exigeants comme Ankama vont donner la donne, j'ai une préférence personnelle mais on ne peut jamais prévoir les lois du marché. Ce qui deviendra nécessaire à long terme, sera un système d’assistants comme au japon, mais également un système de prépublication (ce que on peut reconnaitre a Shared Manga c'était d'avoir compris ça, aucun autre éditeur ne s'y est attelé et ça va devenir inévitable).
Ankama reste l'éditeur le plus sérieux à ce niveau pour le moment, reste à voir quelle va être la réaction des autres dans le futur, même si des fois j'ai quand même peur vu le niveau de ce qui se fait éditer chez les autres (Delcourt avec Les Legendaires, Kana avec Save me Pithie et Shared... des trucs qui sentent quand même l'édition arriviste et pressée sans regard sur la qualité, je remet pas les auteurs en cause mais les éditeurs).

Nota Benne : Je n'ai pas cité les formats hybrides, mais je pense que vous avez tous entendu parler de Last Man, manga fait par une team de 3 auteurs (dont le très connu Bastien Vives), car bien qu'on en parle comme des mangas, ce ne sont pour moi pas vraiment des mangas (même si c'est juste le terme japonais pour Bande Dessinée, c'est paradoxal mais je pense que vous comprendrez? ^^").