[Jeu/Découverte] - TriMovies le Renouveau

A la poursuite d'Octobre rouge de John McTiernan (1990)
On peut penser qu'une course poursuite en sous marin n' est pas la meilleure des idées pour le cadre d' un film d'action, c'est le contraire pour le maître du genre McTiernan qui sait en exploiter tout le potentiel. Et on se rend compte à quel point le réalisateur à crée et influencé les codes du genre par des éléments de mise en scène, plans ... qui servent à la fois la tension du récit tout en nous immergeant dans l’atmosphère d'un sous marin. Je pense aux nombreux comptes à rebours répétés à voix haute accompagnés d'un gros plan sur les chiffres rouges qui défilent, à l'énumération de détails techniques incompréhensibles lors des manœuvres périlleuses.
Il a parfaitement compris que la tension reposait moins sur le mouvement de l'action que le moment qui le précède, que le moment le plus fort de la course c'est de voir les coureurs figés sur la ligne de départ. D'où le temps important accordé aux scènes qui préparent le passage à l'acte, avec ses gros pans sur les visages crispés, les débats agités jusqu’à la dernière seconde ou la décision se concrétise par le moment orgasmique quand le commandant appui sur un simple bouton. La seule scène d'action (au sens propre du corps en action) en extérieur que McTiernan s'autorise (très bien filmée), montre d'ailleurs la maladresse du héros à descendre d’hélicoptère pour monter a bord du sous marin, l’héroïsme est ailleurs et il consiste a faire les bons choix. Le film est de plus bien servi par un scénario de Tom Clancy, des sous intrigues qui viennent apporter du rythme (le sabotage du sous marin russe notamment). Les acteurs sont bons, Sean Connery excellent.
Nous sommes dans le contexte de la fin de la guerre froide. Le commandant d'un sous marin russe désobéi à sa mission d'entrainement et fait route vers les Etats unis, on ignore ses intentions et il s'agit donc de l'intercepter. Malgré le semblant de rivalité que nous montre le film on voit bien que les Etats Unis ont déjà gagné idéologiquement et que c'est bien. Il y a un coté caricatural un peu ridicule là dedans, quand l'officier russe se lamente avant de mourir de n'avoir pu rejoindre le pays de la liberté. Le seul méchant américain est le politicien lui aussi parfaitement caricatural et détestable. C'est pour moi le petit point faible d'un très bon film par ailleurs.

De l'or pour les braves de Brian G. Hutton (1970)
Le film se déroule dans une zone de guerre (près de Nancy) ou se trouvent des soldats américains pendant la seconde guerre mondiale, et pourtant il ne traite pas de la seconde guerre mondiale. Il s'agit plutôt d'utiliser la guerre comme contexte à un western. On nous le rappelle tout au long du film avec l'harmonica, le duel final, Clint Eastwood qui incarne rigoureusement son personnage de solitaire taciturne au sang froid. Et le scénario qui consiste à dévaliser une banque où les nazis stockent une réserve d'or.
Le film ne traite pas non plus de la violence de la guerre , on est plus dans le registre de la farce que du western classique et on aurait aussi bien pu imaginer un Terence Hill à la place de Clint Eastwood. Les scènes de fusillades sont totalement dédramatisées (les ennemis qui s'écroulent à la chaîne sans une goutte de sang).
Ainsi le personnage de Eastwood se trouve dans une sorte de no man's land peuplé de soldats américains farfelus et anachroniques qui semblent tous se désintéresser du conflit en cours. Il constitue une équipe autour de lui afin de dévaliser la banque, constituée entre autres d'un capitaine (joué par Telly Savalas) et ses hommes qui auraient pu être joué par les charlots, ainsi qu' une bande de soldats hippies qui vivent en communauté et trafiquent des chars Sherman, un autre qui fait de la contrebande d'alcool, d'armes et de drapeaux nazis...
Le propos du film tourne en dérision la vision des gentils américains et des méchants allemands, les soldats assument leur individualisme, ils ne comptent que sur eux même et ne servent qu'eux même (le capitaine américain dit à l'officier allemand : "On est que des soldats pas vrai, la guerre on ne sait même pas qui l'a commencée, on marche on se bat et on se fait tuer dis moi pourquoi, ça nous rapporte rien"). J'ai trouvé la fin extrêmement osée pour un film sur ce sujet. La fin de la guerre est célébrée par le groupe des américains alliés aux soldats allemands ayant survécu autour du butin de guerre. Les grands vainqueurs de la guerre semble nous dire le film sont l'enrichissement égoïste et l'individualisme alors que les français qui fêtent la victoire et rendent hommage aux américains au son de la marseillaise sont ridiculisés et paraissent complètement ahuris.
Au final, ce film est plutôt une farce potache qui se moque du héros de guerre et de la vision idéaliste d'une guerre juste. Il faut accrocher au type d'humour un peu lourd, moi j'adore. Le film serait toutefois bien en dessous sans le talent de Lalo Schifrin à la musique, et du travail des décorateurs et accessoiristes des 70's qui savent créer une atmosphère avec peu de moyens.
Une très belle découverte pour ma part

Le Sixième Sens de Mickael Mann (1986)
Thriller assez classique où un agent du FBI traque un serial killer. Le talent du héros profiler réside en sa capacité à se mettre dans la peau du tueur et de ses fantasmes pervers. Le film s'articule autour de la question du bien, du mal et de la fascination ou répulsion qu'il engendre.
Et cela se présente comme toujours avec Mann à travers l'architecture. Le film oppose constamment la nature saine et apaisante face à la ville froide, angoissante mais ayant aussi sa part fascinante avec ses immenses baies vitrées et buildings vertigineux. L'opposition dans le décors se reflète dans les personnages, la perversité du tueur fascine et horrifie en même temps le héros mais il a aussi une part de bonté tout comme dans les décors blancs et aseptisée, une plante verte vient souvent apparaître pour nous sortir d'une vision manichéenne.
le film porte également un propos sur la perversité et le voyeurisme à travers l'image. Tout ce qui circule autour de l'image à trait au voyeurisme, le héros et le tueur fantasment sur des films (des vidéos de famille), comme le réalisateur derrière sa caméra et le spectateur derrière son écran.
Ce film s'inscrit parfaitement dans l'obsession de Mann pour la grande ville, entre fascination pour son éclat mais expression de froideur et solitude. Etant amateur de ce réalisateur j'ai beaucoup aimé.