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[Jeu/Découverte] - TriMovies le Renouveau

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Portrait de el tourteau
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Re: [Jeu/Découverte] - TriMovies

Proposé par Yoco

Rwanda, 1994, hutus vs tutsis, tout le monde en a entendu parlé, mais souvent de loin, enfin c'était mon cas.

En retraçant l'histoire politique de ce pays dès l'introduction ce téléfilm nous fait vite comprendre que le problème n'était pas que rwando rwandais, en effet on nous explique que la colonisation des belges lors du début 20 ièm siècle a semé les graines de ce futur génocide, notamment en favorisant et frustrant chacune de ces deux ethnies.

L'histoire prendra place en avril 2004 soit 10 ans après les faits et nous fera vivre le calvaire qu'a subi une famille mi hutu mi tutsi via de longs flashbacks. A savoir que lors des évènements les hutus les plus radicaux ratissaient bien plus large que la simple communauté tutsi, les traitres, les hutus modérés voir les hutus mariés avec des tutsis, ce qui était le cas de notre personnage principal, qui bénéficiera toutefois d'une certaine clémence parce qu'ancien gradé de l'armée "régulière".

On suivra donc la descente aux enfers de ce pays de manière chronologique, jusqu'à atteindre le 100 ième jour, et le million de morts, 10 000 par jour en moyenne.

Vous vous doutez que le film est assez dur mais il ne sombre pas pour autant dans le gore, quelques tués par balles certes mais pas de démembrements à la machette, pratique tristement liée à cet évènement, cependant elle sera tout de même sous entendue dans le film. Certains apprécieront cette retenue, personnellement j'aurais préféré que le film aille plus loin, je ne suis pas fan de la demi mesure.

La famille étant assez vite éparpillée on suivra les péripéties de chacun en parallèle, avec des fortunes diverses, pour se terminer sur les retrouvailles de deux frères, un hutu modéré et un autre engagé politiquement dans le massacre, lors du procès de ce dernier.

Comme dans toutes guerres civiles, tout n'est pas blanc ou noir et le film n'est pa si manichéen, certains hutus aideront des tutsis, mais la nature humaine n'en restera pas moins entachée par cet épisode, n'épargnant ni femme ni enfant, et laissant des tonnes de cadavres sur son chemin.

Un autre procès se déroulera pendant le film mais de manière sous jacente, celui des nations unies et surtout de sa passivité. Trois mois à ce questionner sur le fait de savoir si le terme génocide était approprié, trois mois à compter les morts, trois mois d'un silence assourdissant.

Quelques jours en avril est un téléfilm que j'ai bien apprécié de part ses personnages plutôt attachants (en passant on retrouve hubert de La haine) et son contexte historique, cependant je trouve que le fond prime un peu trop sur la forme, il aurait mérité une mise en scène et un ost un peu plus pêchues. En tout cas je le conseille à quiconque aurait envie de s'intéresser au sujet.

Portrait de GreenSnake
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Re: [Jeu/Découverte] - TriMovies

Romano a écrit:
Ah ben de rien GreenSnake! Je n'aurais jamais pensé qu'il y avait autant à dire sur ce film! :)

Je suis bavard aussi^^ Mais j'aime me plonger dans l'histoire d'un film après l'avoir vu. Sinon j'ai aussi appris que la vie décrite des Boshimans dans le film est complètement anachronique en 1980.

Sinon, voilà ma seconde critique de la liste de Romano :

Aaltra de Benoît Delépine et Gustave Kervern

Aaltra est un film franco-belge de 2003 réalisé par Benoît Delépine et Gustave Kervern dont c'est leur première réalisation. Un duo à qui l'on doit ensuite, entre autres, Louise-Michel, Mammuth ou Saint-Amour. Ils sont aussi connu pour leur participation à Groland, le programme de Canal + à l'humour gras et corrosif. Ce premier est film est en fait un hommage au cinéma du réalisateur finlandais Aki Kaurismäki que je ne connais absolument pas et qui est apparemment connu pour son humour noir et ses ambiances particulières, peu aseptisées. Je ne pourrai pas pousser l'analyse dans la comparaison vu que je n'ai vu aucun film du finlandais. Pour ce qui est de la carrière de Delépine et de Kervern, j'aime beaucoup Groland et j'avais pas mal apprécié Louise-Michel (que j'avais d'ailleurs proposé pour le jeu). Bref, voici ma critique du second film de la sélection « comédie » de Romano.

Le film raconte l'historie de deux voisins qui se détestent et qui ont une vie difficilement enviable. Le premier vit dans un mariage à la dérive après la mort, que l'on devine plus qu'on nous le dit, d'un bébé. Il travaille loin de chez lui et ne survit que grâce à sa passion pour la moto. Le second est un agriculteur endetté à la vie solitaire et pathétique. Les deux vont en venir aux mains à côté du tracteur de l'agriculteur dont la remorque va finir par leur écraser la colonne vertébrale. Cette remorque finalement défectueuse est l'œuvre de l'entreprise finlandaise Aaltra. Les deux personnages principaux vont donc traverser l'Europe (ils habitent à 30 minutes en train de Paris) pour demander des comptes à la société, selon eux, responsable de leur handicap.

Aaltra est donc un road-movie en fauteuil roulant sur deux handicapés de la vie (sans mauvais jeu de mot) qui n'ont plus rien à perdre et qui se donne ainsi une nouvelle raison de vivre. Ce que je commence à aimer dans le cinéma de Delépine et de Kervern c'est l'aspect inclassable de leurs œuvres. On est constamment pris entre deux sentiments et leurs films ne cherchent jamais un juste milieu ni une complaisance sans pour autant partir dans le trash et l'humour noir le plus absurde juste pour choquer. Cela se traduit à l'écran par les deux personnages principaux, joués par les réalisateurs, qui sont finalement plus libres que jamais pendant leur voyage mais qui restent cloués à leur fauteuil. On trouve vivifiant leur nouvelle aventure mais on aimerait pas être à leur place, on sympathise parfois avec leur souffrance mais pas longtemps car se sont quand même deux vrais cons. On ne sait pas si c'est une comédie ou un drame, on hésite tout au long du film ce qui en fait finalement autant sa force que sa faiblesse. Au final, le scénario joue plus sur la suite de situations avec un fil conducteur en faisant souvent intervenir des personnages se confrontant à la personnalité complexe de nos héros quand ce ne sont pas eux qui découvrent des personnalités plus fêlées. On apprécie au rayon des caméos les participations de Benoît Poelvoorde, Bouli Lanners ou Aki Kaurismäki.

Aaltra est à la fois une comédie simpliste dans son scénario et une œuvre étrange inclassable qui fonctionne sur nous sans pour autant être percutant. Le travail sur la mise en scène des deux réalisateurs est intéressante dans le sens où elle contredit l'idée d'un road-movie et son mouvement censé être permanent. Ici on a surtout dans plans fixes et seulement une seule caméra par scène la plupart du temps. Des plans souvent longs qui traduisent la monotonie de la vie même quand les héros vivent des choses assez incroyables. Le choix du noir et blanc joue aussi dans l'idée de lenteur de la mise en scène et semble toujours être parfait quand il s'agit de manier l'humour noir. C'est arrivé près de chez vous en est le parfait exemple. Un humour noir qui joue beaucoup sur un ressort comique assez particulier : le malaise. Si l'humour se veut parfois absurde (le testeur de réflexe de l’hôpital, les discours abscons de personnages rencontrés et surtout la performance hallucinante de Lanners) ou grinçant (le personnage de Poelvoorde, les attitudes des deux héros et leurs relations...) on rit car on est aussi souvent gêné. Cela donne des moments où on ressent vraiment l'embarras et le malaise ambiant des deux héros face à ceux qu'ils rencontrent. C'est sur que c'est un humour spécial, mais il fonctionne ici.

Au final j'ai apprécié ce film mais à petite dose. C'est clairement le prototype de film que je sais pertinemment que je ne reverrai pas. Il est quand même lent et il repose finalement sur le jeu de Delépine et de Kervern qui sont assez monolithiques... Mais on peut vraiment voir la naissance de deux cinéastes qui font du vrai cinéma en gardant la volonté de faire des comédies. Fait assez rare en France.

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Encore une fois, merci pour la découverte Romano.

Sell kids for food

Tout Flamme
Portrait de Teufeu
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Re: [Jeu/Découverte] - TriMovies

Le Roi et l'Oiseau

Déjà vu, c'est pas très lointain.
Un film d'animation magnifique de Paul Grimault, qui a influencé énormément d'animateurs dans le monde.
Je retiens surtout son animation ultra détaillée, mais aussi sa musique de ouf.
Son scénario de Jacques Prévert, son ambiance assez marquante.
Et puis l'aspect surréaliste et fourre-tout du château complètement dépeuplé et très mélancolique.

9/10

Dersou Ouzala

Film déjà vu aussi, c'est pas très lointain.
C'est l'un des meilleurs Kurosawa. Un film inoubliable sur la nature, la survie, l’amitié, la solitude... etc.
Le plus beau film sur la Sibérie et ses terres hostiles qui me fait beaucoup penser à Siberia. (narmol)
Dersou est très attachants, les décors naturels et organiques sont magnifiques. On s'y croirait.
Je me souviens surtout de la scène de la tempête qui est hallucinante, et qui symbolise tout.
Un film qui fait beaucoup penser à Jeremiah Johnson au passage.

9/10 <3

Memories est un film d'animation Japonais divisé en trois courts métrages différents et qui ne se suivent pas.
Cependant ils ont tous un thème en commun qui est la mémoire avec un grand M.

On retrouve quelques grands noms comme Katsuhiro Ōtomo (Akira) et Satoshi Kon (Paprika) sur ce même projet.

Magnetic Rose est le plus impressionnant techniquement et le plus profond.
On retrouve un thème récurent de Satoshi Kon : il joue avec la limite entre le réel et l’irréel (jusqu'à la dernière image).
C'est un métrage de science fiction sur fond d'opéra italien qui parle des traumatismes et du deuil.
Certaines scène sont assez fortes, indescriptibles et même très émouvantes si l'on est dans de bonnes conditions.
(Moi je sortais du topic des complots donc c'est foiré. loul)

Stink Bomb fait référence aux armes bactériologiques de masse avec humour et ironie.
Plus la peur est forte, plus le phénomène devient dévastateur.
On peut facilement imaginer à quel sujet ce film fait référence et la course à l'armement qu'elle critique.

Cannon Fodder est le plus original techniquement car tout est en plan séquence, les coupures de montage sont remplacée par des "transitions de caméra". Ce film fait directement référence à l'histoire Japonaise et l'endoctrinement fasciste qui, par la terreur, pousse tout un peuple à donner des coups de canon quotidien sur un ennemi inconnu. L'empereur est décrit comme un sale gosse immature et égoïste qui aime jouer à la guerre.

Bref, c'était sympa.

7/10

L'Été en pente douce est un espèce d'hybride que l'on pourrait ranger aux côtés des Valseuses, Coup de tête et Un air de famille. En clair, c'est le genre de film provocateur qui ne verrait jamais le jour aujourd'hui.

Des dialogues au top et des acteurs qui détruisent l'écran par leur simple présence.
Un Jean-Pierre Bacri toujours aussi ultime dans l'aigreur que l'est Jacques Villeret dans son rôle de simplet.

Un film qui est capable de donner des coups de soleil en hiver et des migraines de fin d'après midi d'été.
Il se boit comme un pastis sans glaçon en pleine canicule orange.
C'est un voyage au pays des machos et des têtes de nœuds qui supportent mal la chaleur et l'ennui.

L'affiche du film est un piège à beaufs libidineux, dont le réalisateur s'amuse à dépeindre les traits glauques.
La jalousie, La méchanceté, la connerie, la rancune et la convoitise qui les animent.
Tout tourne autour d'une paire de seins, une seule femme, incarnée par la défunte Pauline Lafont qui pulvérise Miou-Miou dans le même registre.

La bonne, le raté, et l'idiot du village.

C'est un western crépusculaire où l'on peut voir des péquenauds se battre comme des animaux sous un air d'harmonica bluesy qui transpire du front et qui donne le cafard dans le bide.
Une atmosphère aussi lourde qu'un cagnard de plomb.

8/10 <3

DISCORD DE LA COMMU >>> https://discord.gg/k3s4sJFT6w <<<

Portrait de Anonyme 01
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Re: [Jeu/Découverte] - TriMovies

Bonsoir tout le monde !

Il ne reste plus que 3 jours avant la fin de la session de février 2017, la session de mars démarrera le 08 Mars au plus tôt, aussi vous pouvez d'ores et déjà vous inscrire d'ici là en proposant ici-même votre prochaine sélection de 3 films "méconnus"

Voici déjà la mienne,

Spoiler

Edité par Anonyme 01 le 08/03/2017 - 00:15
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Portrait de antibiok
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A rejoint: 15 janvier 2017
Contributions: 648
Re: [Jeu/Découverte] - TriMovies

Ok, voici la liste que je propose.

Spoiler

blablabla

Tout Flamme
Portrait de Teufeu
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A rejoint: 9 juin 2015
Contributions: 1477
Re: [Jeu/Découverte] - TriMovies

Très mauvais timing pour antibiok. loul

DISCORD DE LA COMMU >>> https://discord.gg/k3s4sJFT6w <<<

Portrait de el tourteau
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A rejoint: 11 janvier 2015
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Re: [Jeu/Découverte] - TriMovies

Il a eu droit au ban de bienvenue Antibiok ou comment ça se passe?

Je pense qu'il va falloir un petit délai pour les critiques de Yoco, je crois qu'il est parti en vacances.

Kaz si t'es en galère de juré tu sais à quelle porte sonner.

Ma liste pour Mars.



Film de sf culte qui n'a rien perdu de son charme.

******


Un film qui détourne habilement les codes des films de maisons hantées.

******


Un thriller de haute volée avec un mickey Rourke au top.

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Portrait de benibiok
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Re: [Jeu/Découverte] - TriMovies

J'ose espérer qu'il s'agisse d'un ban temporaire, el tourteau. Dans la négative, je me plierai à la décision de la modération et continuerai à vous lire en fantôme comme je l'ai toujours fait depuis la création de Hooper.fr et avant mon inscription. Bref, dans le doute, pour ne pas interférer avec la session de mars, oubliez ma liste ; d'autant qu'en la relisant, elle ne me semble pas vraiment très attractive. Bonne continuation au TriMovies. Je prendrai connaissance de vos critiques filmiques quoiqu'il advienne. Bonsoir à vous.

Portrait de Romano
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Re: [Jeu/Découverte] - TriMovies

Bon! Etant donné qu'on arrive à la fin du temps réglementaire, il serait peut-être temps de se retrousser les manches!

Romanzo Criminale de Michele Placido.

J'ai toujours eu un goût prononcé pour les films de gangsters. Vous me direz que c'est comme un film de zombie, le procédé est toujours le même, l'ascension puis la chute, la même rengaine depuis McBeath qui était finalement la première version de Scarface, blablabla... Je crois que j'ai une réelle fascination pour le mécanisme du mal et pour la manière dont les personnages peuvent glisser petit à petit dans la paranoïa et l'horreur pour finir par tout perdre. C'est quand la flamme de l'humanité vacille qu'on en perçoit le plus l'intensité et la lumière. Cette course folle vers l'auto-destruction c'est presque romantique.
Et je dois dire que Romanzo Criminale m'a plutôt bien comblé sur ce point et porte bien son titre de romance.

J'ai eu très peur au début du film. Il commence à pleine vitesse et raconte l'ascension irrésistible de trois copains d'enfance (le Libanais, Il freddo -le froid- et le Dandy) dans le milieu criminel de Rome des années 70. Mais ça va beaucoup trop vite. On ne perçoit pas qui est qui et on se retrouve déjà catapulté de bandits de bas étage à stars de la criminalité en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. On ne sait pas comment le réseau est monté, qui sont les ennemis, qui sont les alliés...
Des ponts retraçants les liens entre mafia et politique pendant les "années de plomb" italiennes durant lesquelles le gang va officier (entre 1970 et 1990) sont intéressants mais assez mal exploités et fumeux. On a du mal à saisir la part du vrai et du faux et d'estimer le temps qui passe tant les ellipses sont nombreuses et anarchiques. Pour la partie se voulant historique dans le film, on repassera...
Heureusement très vite, on comprend que l'enjeu n'est pas là (du moins pour moi).

En effet rapidement un personnage va sortir du lot et se démarquer des autres. Il s'agit de Freddo qui se retrouve très vite tiraillé entre amitié et amour, sens du devoir et cupidité, trahisons et meurtres, etc...
Il incarne tout à fait l'idée du personnage incarnant au mieux ce glissement inexorable malgré lui dont je parlais en préambule. L'art de rendre un salaud attachant ou de transformer un gentil en machine à tuer. Et de façon crédible, bien entendue.
Les autres personnages, pourtant bénéficiant tous d'une interprétation assez magistrale, n'ont pas la même densité ou le même poids. Il y a tout de même cette lourdeur dans le jeu qui permet de détecter la dangerosité des types et de se dire qu'on peut se faire buter dans ce milieu là pour un oui ou pour un non. Une tension vient souligner ainsi chaque dialogue. Le commissaire traquant la petite bande, quant à lui,tient la dragée haute à Freddo avec quelques beaux moments de bravoures.

Une fois la première partie du film passée et l'attachement à Freddo bien ancré, le film prend un tour tout à fait plaisant et prend enfin le temps de poser ses personnages et leurs relations.Et si le réalisateur ne s'est pas attaché à montrer l'ascension irrésistible des sales gamins, il ne perd pas une miette de leur lente et inexorable chute. Et quelque part, c'est ce qu'on veut: une bonne grosse tragédie!

D'ailleurs, j'ai vu qu'il existe aujourd'hui une série Romanzo Criminale, adaptée du film. Je ne sais pas ce qu'elle vaut, mais j'y jetterai sûrement un oeil ;)


Edité par Romano le 01/03/2017 - 01:42
Portrait de Rudolf
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Re: [Jeu/Découverte] - TriMovies

Bon moi je voulais voir The Frame, mais impossible de mettre la main dessus. Du coup, je m'étais rabattu sur The Best Offer.

L'histoire tourne autour d'un riche et vieillissant commissaire priseur qui collectionne les tableaux de femmes. C'est un expert en "évaluation" de tableaux et pour repérer immédiatement les copies, mais en même temps il reste fasciné par ces faussaires qui ne peuvent s'empêcher de laisser une part d'eux-mêmes dans leur copies, car il y a toujours quelque chose d'authentique dans le "faux". Mine de rien, tout le film va tourner autour de cette thématique.

Alors qu'il fait ses ventes aux enchères habituelles, avec une combine consistant à racheter à bas prix des tableaux raflés par un de ses complices et amis (un peintre raté) dans la salle, il finit par faire la connaissance d'une cliente très particulière : totalement agoraphobe, au point que personne n'a vu la jeune femme depuis quinze ans, jamais sortie de sa villa depuis tout ce temps. Bien qu'elle désire vendre tous les biens de ses parents morts récemments (essentiellement des oeuvres d'art), une relation troublante va s'installer entre cette jeune femme agoraphobe que personne ne voit, et ce vieil homme misogyne qui n'a jamais eu de relation avec une femme autre que celles des tableaux qu'il collectionne. On a d'un côté une femme qui a peur d'aller là où vont les autres, et un homme qui garde constamment ses gants comme pour ne pas toucher à ce que touchent les autres. Malgré un jeu de chat et de la souris qui agace d'abord cet homme qui a envie de lâcher l'affaire et est frustré de ne pas voir sa cliente qui lui fait faux bond à chaque rendez-vous et a ses crises d'hystérie, une relation de plus en plus intime va se nouer entre les deux.

J'ai trouvé le film dans son ensemble très élégant et raffiné. La distribution des acteurs est impeccable, les décors très travaillés, plongeant le spectateur au coeur du monde des arts. J'ai particulièrement bien apprécié les musiques du film très élégantes, signées Ennio Morricone. Quelque chose finit par fasciner le spectateur, tout comme cet homme finit par être fasciné par cette femme qui se cache aux yeux de tout le monde.

Cependant, la fin du film m'a quand même laissé sur ma faim. Autant j'ai trouvé toute la première moitié magnifique, autant j'ai trouvé la seconde moitié moins intéressante, jusqu'à une fin en queue de poisson que j'avais déjà devinée à l'avance (le rebondissement est d'ailleurs totalement sabordé par un dialogue prématuré vers les deux-tiers du film), sachant que le film ne se termine même pas véritablement. On a l'impression que le cinéaste n'a pas su trouver comment conclure son film et certaines relations entre les personnages donnent un goût amer d'inachevé (malgré un joli plan final). Dommage.

Bref, un film intéressant à découvrir, je ne me suis pas ennuyé, mais il y a un potentiel gâché. Quelque part, le film m'a un peu fait penser au film Le Prestige, avec cette même fascination sur les tours de passe-passe, les faux-semblants et le détournement du réel, mais contrairement au film de Nolan il lui manque quelque chose pour vraiment surprendre et marquer durablement le spectateur, et surtout une vraie conclusion percutante. Je serais curieux tout de même de savoir ce que le réalisateur (Giuseppe Tornatore) a réalisé d'autre.

Edité par Rudolf le 01/03/2017 - 02:37