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Derniers films vus ou revus

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Portrait de Rudolf
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Re: Derniers films vus ou revus

@KyloR : J'ai vu tous ces films, sauf Le Prince des ténèbres (c'est prévu un jour). Ils sont tous aussi différents que réussis les uns les autres.

Pour M le Maudit, par contre, c'est le moins accessible de tous, mais sois conscient que c'est vraiment un film "post cinéma muet" : ça se sent à plusieurs reprises avec ses "plages de silence". Tu ressens aussi le côté "cinéma expressionniste" des films germaniques de l'époque. En tout cas, le final m'a vraiment surpris parce que ça fait vraiment écho aux mêmes problèmes qui ont toujours cours dans notre monde.

Pour The Thing, je te conseille presque de faire une soirée en enchaînant d'abord La Chose d'un autre monde, puis d'enchaîner avec son remake The Thing. Je trouve ces deux films très complémentaires dans leurs points forts et leurs points faibles.

Les 7 samouraïs, un chef-d'oeuvre du cinéma japonais. Quant à Ghost in the Shell, disons que c'est le "Blade Runner japonais" : remarquable.

Bon visionnage !

Edité par Rudolf le 06/08/2019 - 23:48

Portrait de KyloR
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A rejoint: 9 janvier 2018
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Re: Derniers films vus ou revus

Merci Rudolf !

Oui, cela faisait longtemps que je voulais enfin me mettre aux mastodontes du cinéma japonais et des années 20/30 européens. Je m'attaquerai à la Nouvelle Vague française également si j'ai le temps.

Portrait de Alexis88
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Re: Derniers films vus ou revus

Le prince des ténèbres est génial !

S’il y a quelqu’un qui doit tout à Bach, c’est bien Dieu.

Portrait de luca
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A rejoint: 13 avril 2012
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Re: Derniers films vus ou revus

Bonjour,

Je découvre ce topic qui me paraît très intéressant.

Retour sur : There Will Be Blood, de Paul Thomas Anderson.

Le film, situé au début du XIXème siècle, décrit les fondements de l'Amérique à travers le parcours de Daniel Plainview, pétrolier cruel et misanthrope, tour à tour confronté à la matière, à sa nature, et au monde qui l'entoure.

L'ouverture, que je ne décrirai pas ici outre mesure, est d'emblée magistrale. 20 minutes d'un cinéma primitif, d'un retour au fond des choses, à l'origine-même de la matière, du cinéma (muet, corps, ombres, lumières), et de la nature humaine. Tout le propos du film s'y trouve condensé, et admirablement évoqué par la musique - primitive elle aussi - de Jonny Greenwood.


La majestuosité de la mise en scène se base avant tout sur l'étendue du cadre, comme si tout l'objet du film était d'arriver à contenir l'immensité du territoire, alors même que l'horizon est par nature fuyant. Ce sens du grandiose rappelle les westerns classiques, eux-mêmes fondements du cinéma hollywoodien et de l'imaginaire américain. Une scène, en particulier, marque par son aspect grandiose et vaut à elle seule le visionnage du film : l'explosion du puits de pétrole. Tout, jusqu'à la musique presque incantatoire, donne ici l'impression d'une transe enflammée autour d'un totem géant.

Ce qui marque également dans cette mise en scène, c'est qu'elle s'appuie sur le temps long. Les plans durent, privilégiant le mouvement, le cadrage, à la coupe. Je vous renvoie vers une vidéo particulièrement intéressante à ce sujet : https://www.youtube.com/watch?v=7KlopLcNC1Y

J'aimerais plus encore développer sur ce que l'on pourrait appeler un film-matière. Le pétrole joue évidemment un rôle prééminent dans le film et suggère la chose profonde, le fond de la terre, et par extension le fond de l'homme, cet aspect bestial, animal. Daniel Day Lewis, qui donne ici ce qui est simplement l'une des plus grandes prestations de l'histoire, incarne pleinement cet animal, par son regard, sa voix, sa démarche. La bestialité, la nature profonde de l'homme, voilà ce qui est parfaitement évoqué par Paul Thomas Anderson, et ce qu'il évoquera par la suite avec un autre chef d'œuvre : The Master.

Point commun d'ailleurs avec The Master, la réflexion sur la croyance. Ce qui marque dans le film, c'est ce duel titanesque avec Eli Sunday (joué par Paul Dano, également génial), pasteur illuminé et intéressé. Ici, la croyance, qui pourrait être une échappatoire à la misanthropie, est souvent dévoyée : Eli s'intéresse surtout aux subventions ainsi qu'aux forages, tandis que Daniel allie à sa misanthropie un cynisme qui le détache de toute forme de croyance.

Je pourrais également évoquer la naissance du capitalisme décrite par le film. L'autre pilier de l'Amérique, avec la religion, est en effet l'argent. Le cynisme de Plainview lui permet de donner cours à des tractations versatiles, qui semblent alors la seule raison d'être du personnage.

Ainsi, There Will Be Blood est à la fois un film-matière et un film-somme. En bref, un retour flamboyant aux récits fondateurs de l'Amérique, et du cinéma.

Edité par luca le 11/08/2019 - 14:05

« Les hommes n'ayant pu guérir la mort, la misère, l'ignorance, ils se sont avisés, pour se rendre heureux, de n'y point penser. » Pensées, Pascal.

Portrait de GreenSnake
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A rejoint: 19 février 2012
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Re: Derniers films vus ou revus

@ Chuck Chan : Je suis vraiment content d'avoir donné envie à quelqu'un de voir ce film et encore plus heureux que tu ais aimé. Merci de ton retour !

@ luca : Excellente critique de ce monument signé PTA que j'avais adoré au cinéma avant de le posséder en DVD. Ton texte soigné et bien illustré fut un plaisir à lire. Une entrée en matière parfaite dans ce topic^^

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Pixel Boy
Portrait de Chuck Chan
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Re: Derniers films vus ou revus

Citation:
Les plans durent, privilégiant le mouvement, le cadrage, à la coupe. Je vous renvoie vers une vidéo particulièrement intéressante à ce sujet : https://www.youtube.com/watch?v=7KlopLcNC1Y
Très intéressant, en effet.

Portrait de KyloR
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A rejoint: 9 janvier 2018
Contributions: 3632
Re: Derniers films vus ou revus

There Will Be Blood... intéressant dans le fond et très bien réalisé, je l'avais pourtant trouvé épouvantablement chiant à regarder et très prétentieux dans sa mise en scène. Tout comme The Master. Et pourtant, je suis très client de ce temps qui s'étire dans la mise en scène, des plans longs, etc. (spécialité d'un Leone et d'un Kubrick qui font partis de mes réal' préférés), mais là, ça n'est pas passé.
On est très loin d'un Magnolia du même réal', qui lui, pour le coup, m'avait bouleversé.

Une des œuvres cinématographiques les plus surestimées de ces dernières années, à mon humble avis. ^^

Edité par KyloR le 15/08/2019 - 13:46

Portrait de luca
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A rejoint: 13 avril 2012
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Re: Derniers films vus ou revus

@GreenSnake @Chuck Chan : Merci pour vos retours !

@KyloR : Je peux comprendre qu'on reste hermétique. As-tu vu son denier, Phantom Thread ?

« Les hommes n'ayant pu guérir la mort, la misère, l'ignorance, ils se sont avisés, pour se rendre heureux, de n'y point penser. » Pensées, Pascal.

Portrait de KyloR
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A rejoint: 9 janvier 2018
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Re: Derniers films vus ou revus

Non, pas encore. Mais j'y compte bien car malgré les "reproches" que je lui fais, je lui reconnais un grand talent (cf. mon avis sur Magnolia, pour lequel Tom Cruise aurait dû avoir son Oscar cette année-là ^^), et je le regarderai.

Mais ça raconte quoi en gros ? C'est du fantastique ?

Edité par KyloR le 16/08/2019 - 00:05

Portrait de luca
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A rejoint: 13 avril 2012
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Re: Derniers films vus ou revus

Non, c'est une histoire d'amour entre un couturier et une jeune femme dans les années 50. Et évidemment, comme dans tous les Paul Thomas Anderson, tout ne se passe pas exactement comme prévu. Probablement mon préféré de ce cinéaste, ou bien The Master (les deux films sont très différents dans leur traitement, Phantom Thread étant plus directement élégant).

« Les hommes n'ayant pu guérir la mort, la misère, l'ignorance, ils se sont avisés, pour se rendre heureux, de n'y point penser. » Pensées, Pascal.