@ Kylor : Excellente ta critique de Barry Lyndon. Très plaisant à lire.
Bon, faudrait que je revois le film car je l'ai vu il y aune dizaine d'année sur l'écran de mon ancien PC Portable alors que le travail de Kubrick mérite un meilleur écrin. J'avais plutôt apprécié le film même si je lui avais trouvé des longueurs (Le duel final...).
Pour revenir à PTA, moi j'ai bien aimé Phantom Thread même si, de mémoire, la mise en scène est quand même bien plus rigide collant au personnage de Day-Lewis mais il y a une sorte de tension excellente tout au long du film.
La Grande Aventure Lego de Phil Lord et Chris Miller
Je me souviens comment j'étais dubitatif en ayant entendu parler du projet à l'époque et quelle claque ça avait été ensuite. Excellent film d'animation visuellement bluffant avec une inventivité de tous les instants, un rythme trépidant et une histoire délicieusement absurde embrassant pleinement son côté méta. Tout en ayant des choses à dire sur la créativité liée à nos âmes d'enfants. Un plaisir de le revoir.
Bon, la saison de mon super cinéma d'art et d'essai recommence. Je me suis mis en tête de proposer ici des reviews très courtes des films que je vais voir là bas histoire de faire connaître des films récents mais un peu obscurs (surtout étrangers) à la communauté!
Ce soir c'est Parasite, je crois que pas mal de gens l'ont déjà vu en cinéma classique, grâce à sa palme d'or...
Un film qui nous emmène où on ne s'attend pas et ce jusqu'à la fin. Je ne m'attendais à rien, et pourtant, lorsque les lumières se sont rallumées, j'ai dit "je ne m'attendais pas à ça". J'ai aimé certains plans de caméra très esthétiques. La descente vers les bas fonds, au sens propre, il pleut, on dévale des volées d'escaliers, encore et encore, jusqu'au taudis en sous sol inondé... Très beau et triste. La critique sociale qu'on se prend en pleine poire et pourtant amenée avec humour... Jusqu'au craquage. La première partie du film super drôle (j'ai lutté à certains moments pour ne pas rire trop fort)... Et la seconde moitié dure, triste. Certains acteurs (le père "Kim" et la mère riche en particulier). Le fait de plonger dans un univers ultra libéral où les pauvres n'ont pas d'aides, où ils n'ont pas de "chance" de réussite, ce qui entretient une sorte de débrouille, un parasitage assumé par le mensonge et le flirt permanent avec la ligne des interdits. Etrange pour des français qui ont du mal à se mettre des coups de pied au cul parce qu'on sait qu'on est pris en charge, ici le sujet de l'ingéniosité pour se sortir d'une misère acceptée au départ, est vraiment traité en connaissance de cause, je pense. Les clichés des riches barbants et des braves pauvres pleins de ressources sont là, peut-être un peu trop présents, malgré tout on sort du manichéisme lors de la scène clé de la garden party où tout le monde en prend pour son grade et où la violence qui prend sa source des différences de modes de vie (comment accepter de faire l'indien pour un gosse pourri gâté alors que t'as tout perdu et qu'une personne pourrit dans un bunker secret) éclate.
Vraiment un bon film, un vrai film d'ailleurs, un scénario intelligent et fait pour le cinéma. En ce moment avec toutes les adaptations séries films livres BD les scénarios me semblent tous rincés, mal adaptés, trop longs ou courts, chiants, sans intérêt. Là tu as un vrai film de réalisateur de cinéma, à l'ancienne, comme un Hitchcock : une intrigue, des rebondissements, un début, une fin, des scènes bien tournées, des plans de cinéma, ça paraît con à dire mais un bon film dans lequel tu ne sens pas qu'il faudrait une bonne heure de plus ou de moins, ça commence à manquer. On ressent toutes sortes d'émotions, un vrai mille feuille de scènes et de réflexions à étoffer ensuite, la séance terminée. On parle inégalités, système social, modernité, corée du nord, idée de la réussite, ambition, différences culturelles, les pistes que donne le film sont nombreuses. Un vrai bon moment qui dure au-delà du visionnage.
Très bonne critique. Parasite, il faut voir ce film !
1 500 000 spectateurs en France, quand même : pas mal, pour un film sud-coréen (le record chez nous pour un film sud-coréen) ! Il le mérite.
Sinon, il me semble que personne n'en a parlé, mais j'ai beaucoup aimé le dernier film Spiderman far from home (alors que les derniers films Marvel comme Captain Marvel et Avengers End Game m'avaient laissé une impression mi-figue, mi-raisin). Le film tient d'ailleurs compte des événements qui se sont produits à la fin de End Game, tout en reprenant les personnages du premier film Spiderman Homecoming. Le film est à la fois fidèle à ce qu'était le personnage de Spiderman/Peter Parker dans les premiers comics de Stan Lee/Ditko, tout en abordant des thématiques dans l'air du temps comme les "canulars" (le film se permet d'ailleurs la petite remarque "les hommes ont besoin de croire, ils sont prêts à croire n'importe quoi, surtout de nos jours").
Mais le film nous livre également une vision pas conne de l'adolescence (et ses premiers émois amoureux). Ici, les adolescents ne sont pas du tout insupportables (au contraire, ils sont crédibles et attachants), le thème est très bien traité, lui aussi actualisé et dans l'air du temps (à l'image de Flash, éternel fan de Spiderman - et ennemi de Peter Parker - qui utilise maintenant les réseaux sociaux pour promouvoir son idole). Le dernier blockbuster récent qui avait aussi bien traité le thème de l'adolescence, c'était le Jumanji de 2017. Ah, et le couple Ned-Betty est mignon comme tout, leurs répliques un peu "existentielles" sont tordantes (du genre "Oui, Peter, mais celui qui t'avait dit ça était encore un enfant, mais maintenant, cet enfant est devenu un homme" ^^).
Enfin, le personnage de Mystério a été brillamment réinventé ! Il n'a plus grand chose à voir avec ce personnage assez ringard que je n'avais jamais apprécié dans les comics. Le scénario nous donne un bon petit rebondissement qui relance bien le film à mi-parcours :
Spoiler ▼▲
mort de rire, le pétage de plomb de Mystério qui nous livre son vrai visage et fait une sorte de "one-man-show" avec toute sa bande de collaborateurs bras cassés, tous des gens "virés" par Tony Stark ! XD
Et c'est vrai que, avec le recul, non seulement ça explique des trucs un peu abusés qui choquaient le spectateur (quand, par exemple, Mystério nous fait croire qu'il va se sacrifier pour vaincre le dernier titan de feu... et finalement, non, il a survécu quand même, c'est vrai que ça faisait bizarre), on ne peut pas s'empêcher de rire quand il nous sort un truc du genre "Je viens de la Terre 241 alors que vous appartenez à la Terre 150", surtout quand il nous dit en gros "Le scénario que tu m'as inventé était complètement absurde : c'était parfait, car c'est tellement n'importe quoi que tout le monde y a cru ! ". Bien vu, franchement, il y a une bonne auto-dérision de la part des scénaristes. XD
Le film met également à l'honneur Nick Fury, plus odieux et manipulateur que jamais, et en même temps un peu tourné en dérision, voire "zappé" (pour reprendre les propos du film). ^^
C'est rigolo aussi de revoir Jon Favreau (réalisateur des deux premiers films Iron Man) comme acteur, en tant que ex-bras droit de Tony Stark et "parrainant" plus ou moins Spiderman pour prendre la succession de son ancien patron : le clin-d'oeil est sympa.
Franchement, c'est agréable, bien rythmé (alors que le début à Venise nous fait craindre le pire, mais finalement tout ce petit voyage en Europe est très sympa), l'humour des films Marvel beaucoup moins lourdaud et hors-sujet qu'avant (ça cadre bien d'ailleurs avec ce qu'était le personnage de Spiderman à l'origine dans les comics)
Et la scène post-générique : mort de rire, quoi ! Elle est bien percutante, cette conclusion qui boucle bien la boucle sur cette thématique des fausses informations et des canulars. ^^
Non, vraiment, j'ai vu ce film deux fois avec grand plaisir (une fois seul en VO, et une seconde en VF en compagnie de mon père et de mes neveux). Après, attention, on n'atteint pas non plus le niveau de Spider-Man : Into the Spider-Verse (qui reste à ce jour le meilleur film Spiderman jamais sorti), mais quand même, ce film ne démérite pas et fait honneur à notre célèbre et attachant "monte-en-l'air". :-)
1 500 000 spectateurs en France, quand même : pas mal, pour un film sud-coréen (le record chez nous pour un film sud-coréen) ! Il le mérite.
C'est l'effet palme d'or, qui a retiré un peu l'ambiance "film étranger d'une obscure salle d'art et d'essai" et qui l'a mis au devant de la scène. C'est très bien! J'ai espéré une telle visibilité pour certains films étrangers que j'ai vus, c'est agréable quand ça arrive. Ne pas laisser toute la gloire au cinéma américain...
Sinon, histoire de contredire ce même vœu pieux, vu hier soir Apocalypse Now Final Cut, EXCELLENT (bon déjà voir le bouzin en salle, la scène des hélicoptères, entre autres, prend aux tripes)... D'autant que cette version dure trois heures et qu'il y a des scènes que je n'avais pour ma part jamais vues, notamment le point de vue des français lors d'une longue scène dans une plantation de colons. Point de vue rigide, torturé, comme toujours avec les français, mais au moins il y avait quelque chose (si étrange soit-il, finalement, en l'objet du colonialisme) "to fight for" comme on dit, ce qui manquait totalement aux américains et qui est un peu la marque de fabrique de leurs guerres récentes : les soldats ont oublié pourquoi ils tuent, les raisons sont trop floues, trop lointaines, trop éparpillées, trop peu convaincantes. La propagande (il en faut une pour que les gens se battent, même pour qu'ils restent en groupe hors conditions de survie) convainc de moins en moins, l'image du soldat d'élite s'effrite et le Vietnam en est pour grande partie responsable aux Etats Unis. Cette vacuité a probablement échappé à la plupart des français en Indochine, et les a sauvés de la folie, même s'ils poursuivaient un rêve de puissance coloniale déjà éteint. Très intéressant en tous cas.
La Palme d'Or n'explique pas tout non plus (en partie seulement). D'autres Palmes d'Or récentes comme le film turc Winter Sleep ou le film japonais de l'an dernier Une affaire de famille avaient à peine fait 200 000 ou 300 000 entrées en France. Ce film coréen avait aussi un autre avantage, c'est que son réalisateur était quand même un peu mieux connu que les autres, notamment avec ses films Memories of Murder et Le Transperceneige.
Bon, et puis on ne va pas se mentir : peut-être aussi que la qualité du film et sa relative accessibilité dans sa thématique et son format par rapport aux deux autres films sus-cités (il faut quand même se farcir un film turc de trois heures, ou encore un film social japonais, lent et sérieux, de deux heures) ont joué sur son succès en France. ^^
Sinon, je compte bientôt aller voir le dernier film d'Arnaud Desplechin : Roubaix (j'aime beaucoup ce réalisateur, notamment son film Rois et Reine qui m'avait bouleversé).
@ Mnemosyme : Pour Apocalypse Now c'est la dernière version "Final Cut" qui avait été annoncé il y a peu que tu as vu ? Parce que la version "final cut" que j'ai vu il y a quelques années comportait déjà la rencontre avec les Français qui est un passage intéressant pour ce que tu évoques et qui a aussi quelque chose d'éthéré dans la mise en scène que j'avais bien aimé.
Sinon :
Tempête sur l'Asie de Vsevolod Poudovkine
Bon il est clair que ce métrage muet N&B a pris un vrai coup de vieux pour deux principales raisons : son rythme et sa propagande soviétique. Si la seconde n'est pas totalement rédhibitoire (le capitalisme, les Anglais colonialiste et la religion en prennent pour leur grade), la première rend la vision parfois un peu pénible car le réalisateur insiste trop sur les idées qu'il veut mettre en avant (multiplication de plans ayant la même fonction). Sans ça, le film reste intéressant pour son côté documentaire sur la vie des Mongols dans les années 1920, son léger souffle épique, son histoire sur l'instrumentalisation politique et surtout son montage vraiment en avance sur son temps.
Aguirre, la colère de Dieu de Werner Herzog (Aguirre, der Zorn Gottes)
Avis :
Une ouverture sur fond de Popol Vuh, dans la brume... l'expédition descendant de la montagne, ce cadrage 4/3 qui emprisonne ces Hommes dans les méandres de la jungle : plus qu'une histoire de conquistadors avides d'or, Aguirre, la colère de Dieu, rediffusé sur Arte ce soir, narre avant toute chose la folie de l'Homme devenant son propre Dieu. Partis dans une aventure qu'on devine sans issue, tous ces Hommes subiront le triste sort réservé aux cupides aveuglés par l'illusion d'un monde nouveau, un monde de richesses et d'avenir... en vain. Happés par l'insolence du devoir et reniant leurs repères initiaux, ces Hommes embarqueront sur le fleuve du non retour ; un fleuve symbolisant le long parcours qui mènera à leur perte : le fleuve qui révélera cette "colère de Dieu", campée par l'hypnotique et halluciné Klaus Kinski.
Aguirre, la colère de Dieu inaugure ainsi l'allégorie "Herzogienne" de la quête initiatique et métaphysique incarnée par cette traversée du fleuve de la perdition : un schéma qu'on retrouvera quelques années plus tard dans l'excellent Apocalypse Now. Narrée par le prêtre de l'expédition, la quête vers l'Eldorado se changera petit à petit en une mutinerie visant à instaurer un semblant de société, loin des valeurs de leur Espagne natale. Il faut également voir dans ce film l'illustration parfaite d'un tournage tumultueux avec un rapport Kinski/Herzog torturé par des différends qui iront jusqu'à des menaces de mort de la part de Kinski. Parallèlement, on notera cette exceptionnelle mise en scène tantôt rationnelle, tantôt irréelle avec une déification de l'individu et l'apparition de mirages visant à instaurer un climat surréaliste à l'oeuvre.
Ecrit avec bravoure et avec une photographie qui mérite tous les plus beaux superlatifs, Aguirre, la colère de Dieu est un chef-d'oeuvre poignant dans l'histoire du cinéma allemand qui emmène le spectateur vers un lent et pénible voyage où l'ennemi est invisible et frappe sans prévenir. Un véritable krautrock filmique d'une exceptionnelle beauté à voir et à revoir, partageant d'innombrables points communs — musique, acteur principal et lieu de tournage — avec le sublime Fitzcarraldo , toujours réalisé par un Werner Herzog domptant la caméra comme nul autre avant lui. Enfin, rajoutons au tableau ces délicieuses images de ces radeaux emportés par le courant, comme le symbole de ce détraquement progressif qu'est Aguirre, la colère de Dieu.
@ Kylor : Excellente ta critique de Barry Lyndon. Très plaisant à lire.
Bon, faudrait que je revois le film car je l'ai vu il y aune dizaine d'année sur l'écran de mon ancien PC Portable alors que le travail de Kubrick mérite un meilleur écrin. J'avais plutôt apprécié le film même si je lui avais trouvé des longueurs (Le duel final...).
Pour revenir à PTA, moi j'ai bien aimé Phantom Thread même si, de mémoire, la mise en scène est quand même bien plus rigide collant au personnage de Day-Lewis mais il y a une sorte de tension excellente tout au long du film.
Sell kids for food
@GreenSnake :
Merci la gueuse ! Tu es un laideron mais tu es bien bonne ! ^^
D'accord....
La Grande Aventure Lego de Phil Lord et Chris Miller
Je me souviens comment j'étais dubitatif en ayant entendu parler du projet à l'époque et quelle claque ça avait été ensuite. Excellent film d'animation visuellement bluffant avec une inventivité de tous les instants, un rythme trépidant et une histoire délicieusement absurde embrassant pleinement son côté méta. Tout en ayant des choses à dire sur la créativité liée à nos âmes d'enfants. Un plaisir de le revoir.
Sell kids for food
Bon, la saison de mon super cinéma d'art et d'essai recommence. Je me suis mis en tête de proposer ici des reviews très courtes des films que je vais voir là bas histoire de faire connaître des films récents mais un peu obscurs (surtout étrangers) à la communauté!
Ce soir c'est Parasite, je crois que pas mal de gens l'ont déjà vu en cinéma classique, grâce à sa palme d'or...
Donc, Parasite de Bong Joon-Ho.
Je recommande CHAUDEMENT.
Très bonne critique. Parasite, il faut voir ce film !
1 500 000 spectateurs en France, quand même : pas mal, pour un film sud-coréen (le record chez nous pour un film sud-coréen) ! Il le mérite.
Sinon, il me semble que personne n'en a parlé, mais j'ai beaucoup aimé le dernier film Spiderman far from home (alors que les derniers films Marvel comme Captain Marvel et Avengers End Game m'avaient laissé une impression mi-figue, mi-raisin). Le film tient d'ailleurs compte des événements qui se sont produits à la fin de End Game, tout en reprenant les personnages du premier film Spiderman Homecoming. Le film est à la fois fidèle à ce qu'était le personnage de Spiderman/Peter Parker dans les premiers comics de Stan Lee/Ditko, tout en abordant des thématiques dans l'air du temps comme les "canulars" (le film se permet d'ailleurs la petite remarque "les hommes ont besoin de croire, ils sont prêts à croire n'importe quoi, surtout de nos jours").
Mais le film nous livre également une vision pas conne de l'adolescence (et ses premiers émois amoureux). Ici, les adolescents ne sont pas du tout insupportables (au contraire, ils sont crédibles et attachants), le thème est très bien traité, lui aussi actualisé et dans l'air du temps (à l'image de Flash, éternel fan de Spiderman - et ennemi de Peter Parker - qui utilise maintenant les réseaux sociaux pour promouvoir son idole). Le dernier blockbuster récent qui avait aussi bien traité le thème de l'adolescence, c'était le Jumanji de 2017. Ah, et le couple Ned-Betty est mignon comme tout, leurs répliques un peu "existentielles" sont tordantes (du genre "Oui, Peter, mais celui qui t'avait dit ça était encore un enfant, mais maintenant, cet enfant est devenu un homme" ^^).
Enfin, le personnage de Mystério a été brillamment réinventé ! Il n'a plus grand chose à voir avec ce personnage assez ringard que je n'avais jamais apprécié dans les comics. Le scénario nous donne un bon petit rebondissement qui relance bien le film à mi-parcours :
Le film met également à l'honneur Nick Fury, plus odieux et manipulateur que jamais, et en même temps un peu tourné en dérision, voire "zappé" (pour reprendre les propos du film). ^^
C'est rigolo aussi de revoir Jon Favreau (réalisateur des deux premiers films Iron Man) comme acteur, en tant que ex-bras droit de Tony Stark et "parrainant" plus ou moins Spiderman pour prendre la succession de son ancien patron : le clin-d'oeil est sympa.
Franchement, c'est agréable, bien rythmé (alors que le début à Venise nous fait craindre le pire, mais finalement tout ce petit voyage en Europe est très sympa), l'humour des films Marvel beaucoup moins lourdaud et hors-sujet qu'avant (ça cadre bien d'ailleurs avec ce qu'était le personnage de Spiderman à l'origine dans les comics)
Et la scène post-générique : mort de rire, quoi ! Elle est bien percutante, cette conclusion qui boucle bien la boucle sur cette thématique des fausses informations et des canulars. ^^
Non, vraiment, j'ai vu ce film deux fois avec grand plaisir (une fois seul en VO, et une seconde en VF en compagnie de mon père et de mes neveux). Après, attention, on n'atteint pas non plus le niveau de Spider-Man : Into the Spider-Verse (qui reste à ce jour le meilleur film Spiderman jamais sorti), mais quand même, ce film ne démérite pas et fait honneur à notre célèbre et attachant "monte-en-l'air". :-)
C'est l'effet palme d'or, qui a retiré un peu l'ambiance "film étranger d'une obscure salle d'art et d'essai" et qui l'a mis au devant de la scène. C'est très bien! J'ai espéré une telle visibilité pour certains films étrangers que j'ai vus, c'est agréable quand ça arrive. Ne pas laisser toute la gloire au cinéma américain...
Sinon, histoire de contredire ce même vœu pieux, vu hier soir Apocalypse Now Final Cut, EXCELLENT (bon déjà voir le bouzin en salle, la scène des hélicoptères, entre autres, prend aux tripes)... D'autant que cette version dure trois heures et qu'il y a des scènes que je n'avais pour ma part jamais vues, notamment le point de vue des français lors d'une longue scène dans une plantation de colons. Point de vue rigide, torturé, comme toujours avec les français, mais au moins il y avait quelque chose (si étrange soit-il, finalement, en l'objet du colonialisme) "to fight for" comme on dit, ce qui manquait totalement aux américains et qui est un peu la marque de fabrique de leurs guerres récentes : les soldats ont oublié pourquoi ils tuent, les raisons sont trop floues, trop lointaines, trop éparpillées, trop peu convaincantes. La propagande (il en faut une pour que les gens se battent, même pour qu'ils restent en groupe hors conditions de survie) convainc de moins en moins, l'image du soldat d'élite s'effrite et le Vietnam en est pour grande partie responsable aux Etats Unis. Cette vacuité a probablement échappé à la plupart des français en Indochine, et les a sauvés de la folie, même s'ils poursuivaient un rêve de puissance coloniale déjà éteint. Très intéressant en tous cas.
Courez-y si votre cinéma le propose!
La Palme d'Or n'explique pas tout non plus (en partie seulement). D'autres Palmes d'Or récentes comme le film turc Winter Sleep ou le film japonais de l'an dernier Une affaire de famille avaient à peine fait 200 000 ou 300 000 entrées en France. Ce film coréen avait aussi un autre avantage, c'est que son réalisateur était quand même un peu mieux connu que les autres, notamment avec ses films Memories of Murder et Le Transperceneige.
Bon, et puis on ne va pas se mentir : peut-être aussi que la qualité du film et sa relative accessibilité dans sa thématique et son format par rapport aux deux autres films sus-cités (il faut quand même se farcir un film turc de trois heures, ou encore un film social japonais, lent et sérieux, de deux heures) ont joué sur son succès en France. ^^
Sinon, je compte bientôt aller voir le dernier film d'Arnaud Desplechin : Roubaix (j'aime beaucoup ce réalisateur, notamment son film Rois et Reine qui m'avait bouleversé).
@ Mnemosyme : Pour Apocalypse Now c'est la dernière version "Final Cut" qui avait été annoncé il y a peu que tu as vu ? Parce que la version "final cut" que j'ai vu il y a quelques années comportait déjà la rencontre avec les Français qui est un passage intéressant pour ce que tu évoques et qui a aussi quelque chose d'éthéré dans la mise en scène que j'avais bien aimé.
Sinon :
Tempête sur l'Asie de Vsevolod Poudovkine
Bon il est clair que ce métrage muet N&B a pris un vrai coup de vieux pour deux principales raisons : son rythme et sa propagande soviétique. Si la seconde n'est pas totalement rédhibitoire (le capitalisme, les Anglais colonialiste et la religion en prennent pour leur grade), la première rend la vision parfois un peu pénible car le réalisateur insiste trop sur les idées qu'il veut mettre en avant (multiplication de plans ayant la même fonction). Sans ça, le film reste intéressant pour son côté documentaire sur la vie des Mongols dans les années 1920, son léger souffle épique, son histoire sur l'instrumentalisation politique et surtout son montage vraiment en avance sur son temps.
Sell kids for food
Dernier film revu :
Aguirre, la colère de Dieu de Werner Herzog (Aguirre, der Zorn Gottes)
Avis :
Une ouverture sur fond de Popol Vuh, dans la brume... l'expédition descendant de la montagne, ce cadrage 4/3 qui emprisonne ces Hommes dans les méandres de la jungle : plus qu'une histoire de conquistadors avides d'or, Aguirre, la colère de Dieu, rediffusé sur Arte ce soir, narre avant toute chose la folie de l'Homme devenant son propre Dieu. Partis dans une aventure qu'on devine sans issue, tous ces Hommes subiront le triste sort réservé aux cupides aveuglés par l'illusion d'un monde nouveau, un monde de richesses et d'avenir... en vain. Happés par l'insolence du devoir et reniant leurs repères initiaux, ces Hommes embarqueront sur le fleuve du non retour ; un fleuve symbolisant le long parcours qui mènera à leur perte : le fleuve qui révélera cette "colère de Dieu", campée par l'hypnotique et halluciné Klaus Kinski.
Aguirre, la colère de Dieu inaugure ainsi l'allégorie "Herzogienne" de la quête initiatique et métaphysique incarnée par cette traversée du fleuve de la perdition : un schéma qu'on retrouvera quelques années plus tard dans l'excellent Apocalypse Now. Narrée par le prêtre de l'expédition, la quête vers l'Eldorado se changera petit à petit en une mutinerie visant à instaurer un semblant de société, loin des valeurs de leur Espagne natale. Il faut également voir dans ce film l'illustration parfaite d'un tournage tumultueux avec un rapport Kinski/Herzog torturé par des différends qui iront jusqu'à des menaces de mort de la part de Kinski. Parallèlement, on notera cette exceptionnelle mise en scène tantôt rationnelle, tantôt irréelle avec une déification de l'individu et l'apparition de mirages visant à instaurer un climat surréaliste à l'oeuvre.
Ecrit avec bravoure et avec une photographie qui mérite tous les plus beaux superlatifs, Aguirre, la colère de Dieu est un chef-d'oeuvre poignant dans l'histoire du cinéma allemand qui emmène le spectateur vers un lent et pénible voyage où l'ennemi est invisible et frappe sans prévenir. Un véritable krautrock filmique d'une exceptionnelle beauté à voir et à revoir, partageant d'innombrables points communs — musique, acteur principal et lieu de tournage — avec le sublime Fitzcarraldo , toujours réalisé par un Werner Herzog domptant la caméra comme nul autre avant lui. Enfin, rajoutons au tableau ces délicieuses images de ces radeaux emportés par le courant, comme le symbole de ce détraquement progressif qu'est Aguirre, la colère de Dieu.
En bref, brillant de bout en bout !
★★★★★