Toutes les covers (reprises de musiques) que vous aimez !

...Nina Simone. À la différence de Janis Ian, on ne sait plus ici ce qui tient de l’acting et du sérieux : l’absence de Bowie qui avait promis de passer, le collier serti il y a deux cents ans pour une reine grecque lointaine, la façon dont elle reprend de volée la fille dans le public à 2:00... Nina la facétieuse funambule sur son fil, se balançant de droite et de gauche, entre le sentimentalisme et le show à l’américaine sans jamais tomber dans l’un des deux versants. Elle regarde d’ailleurs très rarement en bas, fixer le piano serait se laisser happer par le vide.

À partir de 8:42, en quelques secondes la transformation est saisissante ; pudeur impudique de la beauté, la voilà entièrement à nu. Ce n’est plus la même à partir de 8:42. Elle chantonne. Nina la femme s’efface devant Nina l’enfant. La môme de Tryon – Caroline du Nord – qui se voyait la première pianiste concertiste noire américaine, rêve brisé, ambition piétinée par la société caucasienne des adultes et leur froide arrogance. Océan arctique de l’épouvante. C’est peut-être pour ça qu’elle rechigne à regarder le clavier, cette prédominance blanche, en-dessous, doit l’aveugler comme la réverbération des ultraviolets sur la neige. On peut douter de l’anecdote du collier de la reine. Mais comment douter que Nina soit de sang royal ? Sa noblesse nous saute aux yeux. Elle nous happe et nous aveugle. Belle revanche ! Le docu aurait dû se terminer à 9:45, l’uploader a cuté trop large... C’pas du boulot ça, m’sieur, c’pas du boulot...