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Que lisez vous en ce moment ?

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Re: Que lisez vous en ce moment ?

Citation:
J'ai eu droit a une préface d'anthologie avec le premier qui m'a donné qu'une envie, lire le dernier ! Donc a priori, je devrais lire tous les tomes. Et l'hyperloop n'étant pas prévu pour bientôt, il me reste de nombreuses heures de RER pour lire cette œuvre ;)

Super Kilarn, j'en suis heureux alors.

Les 3 et 4 ne s'attardent que sur une relation, celle du narrateur avec une femme en particulier pour le 3 et avec un homme pour le 4. Je dis ça de mémoire mais Guermantes et Sodome, c'est là où il faut vraiment s'accrocher :P

Edité par Alexis88 le 16/09/2018 - 08:40

S’il y a quelqu’un qui doit tout à Bach, c’est bien Dieu.

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Re: Que lisez vous en ce moment ?

Je suis en train de finir La montagne magique de Thomas Mann.

Avant toute chose, je voudrais vous raconter l'histoire que j'ai avec cette œuvre. Ce livre faisait partie de mes "échecs" en littérature. Vous savez de quoi je veux parler ; ce sont tous les livres qu'on a commencé et, pour x raison, on n'a pas pu terminer. tout a commencé il y a plus ou moins 14-15 ans, j'étais en rhéto — la terminale pour vous — lorsqu'on mon prof' de français nous demanda de choisir une série d'œuvres tout au long de l'année. Le système était assez bien pensé avec une liste assez conséquente de bouquins classés selon leur volume, leur difficulté, etc. Chaque œuvre avait un certain nombre de points et le but était d'arriver à 20 pts pour la fin de l'année. J'étais bête à l'époque et n'ai pas choisi sérieusement. Vous devinez sans doute que j'ai foncé tête baissée et pris les livres ayant le plus de points — les livres les plus durs en quelque sorte.

La montagne magique était le livre le plus dur de toute la liste ; un camarade à moi la choisi, je n'ai pu faire autrement que de le prendre. Très vite, j'ai déchanté ; j'ai abandonné après 307 pages... J'ai gardé le livre dans ma bibliothèque et n'ai plus osé l'ouvrir jusqu'il y a quelques semaines. Je le gardais près de moi pour me rappeler mon échec et surtout pour ne pas me décourager lors de lectures ardues. Enfin, je le gardais près de moi car je savais que c'était un bon livre ; il fallait simplement que je m'améliore et que je murisse un peu.

Il y a quelques semaines donc j'ai débuté le livre ; je l'ai presque fini — il me reste quand même 150 pages — et je peux honnêtement dire que ça a été un des livres les plus difficiles qui m'ait été donné de lire... Pendant longtemps c'est Moby-Dick qui occupait cette place... Mais une chose est sûre, c'est un des livres les plus denses que j'ai jamais lu.

Est-ce que je le recommande ? Non, sauf si vous êtes assez aguerri et que vous lancer à la conquête de l'Everest ne vous fait pas peur...

Je raconterai plus tard le roman en quelques lignes ; je dois d'abord le finir et le digérer.

P.S. : détail amusant, toutes les images, les sensations, etc. que je m'étais forgées durant ma première lecture, je les ai retrouvées en recommençant le roman. Ben oui, vous vous doutez bien que je n'ai pas repris là où je m'étais arrêté ;-P

EDIT :

J'ai fini le livre hier.

Le livre raconte l'histoire d'un jeune homme banal, Hans Castorp, qui, souhaitant rendre visite à son cousin Joachim Ziemssen, se retrouve dans un sanatorium suisse au début du siècle dernier. Arrivé dans un premier temps pour trois semaines, il y restera 7 ans...

Durant toute la durée de son séjour, il rencontrera des personnages parmi lesquels : Mr Settembrini, Madame Chauchat, le docteur Krokovski, le docteur Behrens, etc.

Tous auront, d'une manière ou d'une autre, une influence non négligeable sur notre jeune héros. Mais, ceci n'est pas le plus important puisque par ce roman, Thomas Mann joue avec la notion de temps. Par le livre, il tente de reproduire l'écoulement du temps, et c'est ce qui rend le roman si difficile à lire pour moi. À titre d'exemple, les trois premières semaines se déroulent sur 200 pages alors que les 4 semaines suivantes sont expédiées en quelques pages. Un autre exemple peut-être trouvé dans l'attente de la prise de température que tente de nous faire sentir l'auteur — 7 minutes, c'est très long, faites-moi confiance.

Voici, en quelques lignes, ce que Thomas Mann nous dit sur le temps et sur sa gestion en terme de narration :

Citation:
Peut-on raconter le temps en lui-même, comme tel et en soi ? Non, en vérité, ce serait une folle entreprise. Un récit, où il serait dit : "Le temps passait, il s'écoulait, le temps suivait son cours" et ainsi de suite, jamais un homme sain d'esprit ne le tiendrait pour une narration. Ce serait à peu près comme si l'on avait l'idée stupide de tenir pendant une heure une seule et même note, ou un seul accord, et si l'on voulait faire passer cela pour de la musique. Car la narration ressemble à la musique en ce qu'elle "accomplit" le temps, qu'elle "l'emplit convenablement", qu'elle le "divise", qu'elle fait en sorte qu'"il s'y passe quelque chose" (...) et nous ne sommes pas certains que le lecteur se rende clairement compte depuis combien de temps. Le temps est l'élément de la narration comme il est l'élément de la vie : il y est indissolublement lié, comme aux corps dans l'espace. Le temps est aussi l'élément de la musique, laquelle mesure et divise le temps, le rend à la fois précieux et divertissant, en quoi, comme il a été dit, elle s'apparente à la narration, qui, elle aussi (et d'une tout autre façon que la présence immédiate et éclatante de l'œuvre plastique, qui n'est liée au temps qu'en tant que corps), n'est qu'une succession, est incapable de se présenter autrement que comme un déroulement, et a besoin de recourir au temps, même si elle essayait d'être tout entière présente en un instant donné.
Ce sont là des choses évidentes. Mais il n'est pas moins clair qu'il y a une différence entre la narration et la musique. La durée musicale n'est qu'un fragment du temps humain et terrestre où elle déverse pour l'anoblir et l'exalter indiciblement. Au contraire, la narration comporte deux espèces de temps : en premier lieu son temps propre, la durée musicale et effective qui détermine son écoulement et son existence ; en second lieu le temps de son contenu, qui se présente en une perspective d'aspect si différent que le temps imaginaire du récit peut ou bien coïncider presque complètement avec sa durée musicale, ou bien en être infiniment éloigné. (...) Un récit dont l'action durerait cinq minutes pourrait (...) s'étendre sur une période mille fois plus longue, pourvu que ces cinq minutes fussent remplies avec une conscience exceptionnelle ; et il pourrait néanmoins sembler très court, quoique, par rapport à sa durée imaginaire, il fût très long.

Autre élément, tout peut être prétexte à explications, descriptions, philosophages, etc. ce qui, vous le comprenez, densifie considérablement le récit. Vous l'aurez compris, l'histoire n'est qu'un prétexte à tout ce que je viens de dire. Au fond, Hans Castorp n'est pas important et c'est plus les courants d'air qui circulent autour de lui qui importent.

Une fois n'est pas coutume, je vous livre en bonus les deux derniers paragraphes — pas d'inquiétude, il n'y a aucun spoil ;-)

Citation:
Adieu Hans Castorp, brave enfant gâté de la vie ! Ton histoire est finie. Nous avons achevé de la conter. Elle n'a été ni brève ni longue, c'est une histoire hermétique. Nous l'avons narrée pour elle-même, non pour l'amour de toi, car tu étais simple. Mais en somme, c'était ton histoire, à toi. Puisque tu l'as vécue, tu devais sans doute avoir l'étoffe nécessaire, et nous ne renions pas la sympathie de pédagogue qu'au cours de cette histoire nous avons conçue pour toi et qui pourrait nous porter à toucher délicatement de la pointe du doigt le coin de l'œil, à la pensée que nous ne te verrons ni ne t'entendrons plus désormais.
Adieu ! Que tu vives ou que tu tombes ! Tes chances sont faibles. Cette vilaine danse où tu as été entraîné durera encore quelques petites années criminelles et nous ne voudrions pas parier trop haut que tu en réchapperas. A l'avouer franchement, nous laissons assez insoucieusement cette question sans simplicité t'ont permis de surmonter dans l'esprit ce à quoi tu ne survivras sans doute pas dans la chair. Des instants sont venus où dans les rêves que tu gouvernais un songe d'amour a surgi pour toi, de la mort, elle aussi, de cette mauvaise fièvre qui incendie à l'entour le ciel de ce soir pluvieux, l'amour s'élèvera-t-il un jour ?

Edité par Pang Tong le 04/08/2020 - 23:37

"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)

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Re: Que lisez vous en ce moment ?

J'aimerais vous présenter aujourd'hui Hommes, bêtes et démons de l'écrivain chinois Qian Zhongshu.

C'est un recueil de quatre nouvelles : Le rêve de Dieu, La chatte, Inspiration et Pensée fidèle.

L'auteur y mêle humour, dérision, érudition, finesse, psychologie, etc. Un must !

Son style est entièrement dirigé pour mettre au jour la médiocrité de ses contemporains, qu'ils soient intellectuels ou simple quidam, et souligner leur acculture.

Ces nouvelles sont à la fois facile et compliquée à lire pour un Européen ; facile car elles sont imprégnées d'éléments psychologiques ressemblant à ce qu'on peut trouver chez Proust ou Flaubert ; difficile car emplis de nombreuses références chinoises difficiles à appréhender pour une personne non initiée.

Un petit extrait tiré de La chatte, à propos du nom qu'il faut lui trouver, qui montre tant l'espièglerie de l'auteur que sa subtilité :

Citation:
Taoqi était la chatte noire responsable de la catastrophe. Elle s'appelait jadis Xiaohei ("Noiraude") chez son ancien maître logé modestement à l'est, au pied de la Cité impériale. Trouvant ce nom trop vulgaire, Mme Li plaisanta :"“Noiraude”ne formera-t-elle pas un beau couple avec “le vieux M. Blanc”, le concierge ? Celui-ci sera sûrement vexé !"
Les amis de Mme Li, réunis à l'heure de thé, s'évertuaient à trouver un nom plus saisissant. Un poète admirateur de la maîtresse de maison déclara : “À l'époque de la Renaissance en Occident, le canon de beauté était d'avoir le teint foncé. Il suffit de lire les sonnets de Shakespeare et les poètes de la Pléiade pour se convaincre qu'ils étaient tous bouleversés par des belles à la peau brune ! Moi-même je trouve le noir plus mystérieux que le blanc, plein de suggestions et de tentations. Au contraire, de tout temps les Chinois ont préféré la femme au teint clair. Esthétique bien naïve, digne des enfants qui n'aiment que le lait, n'ayant pas le droit de prendre du café. Ne pourrait-on pas, paraphrasant Shakespeare, appeler cette si jolie et si noire minette “Dark Lady”?"
À ces mots, deux autres invités échangèrent des signes de connivence, car la proposition du poète faisait ostensiblement allusion à Mme Li qui, bien entendu, était flattée, quoi qu'elle trouvât ce "Dark Lady"un peu long. Éduquée à l'américaine, elle avait pris goût à interpeller les gens par leur petit nom, pour marquer sa familiarité. Même s'il se fût agi de Shakespeare, elle l'eût appelé "Bill" ! Raison de plus lorsqu'il s'agissait d'un chat. Elle adopta donc la proposition du poète en abrégeant le nom en "Darkie". Unanimement tous les invités s'extasièrent : "Miao ! Merveilleux !" Entendant tout le monde imiter son miaulement, le chat, sans rien y comprendre, s'empressa aussi de pousser des miao, miao... Toutefois, personne n'avait remarqué que ce nom ainsi abrégé ne signifiait plus "Dame Noire", mais précisément "Noiraude" (Xiaohei), que Mme Li trouvait si vulgaire !

Bonne lecture !

"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)

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Re: Que lisez vous en ce moment ?

Bon, ça fait longtemps que j'ai plus rien posté à propos de littérature.

Je vous propose aujourd'hui de découvrir Le sabre des Takeda de Yasushi Inoue.

Histoire se déroulant dans le Japon du XVIe siècle, l'auteur nous compte le destin de Yamamoto Kansuke, devenu stratège par un concours de circonstances, du seigneur du clan des Takeda. Son rêve, est de parvenir à réunir le Japon sous la coupelle de son suzerain et pour se faire, il disputera maintes et maintes batailles qu'il remportera toutes jusqu'au moment de l'affrontement final entre Takeda Shingen — son maître — et son célèbre rival Uesugi Kenshin.

Détail, qui a son importance, c'est bien le stratège Kansuke qui est le héros de cette histoire ; lui, décrit comme "nain, borgne, boiteux, de teint noir et marqué de petite vérole."

Le roman, contrairement à ce qu'on pourrait croire, n'est pas qu'une succession de batailles qui sont, en général, assez vite traitées. Cependant, l'ambiance du livre est toute particulière car on y sent une constante tension de danger et de menace. Ainsi, si on évite au lecteur beaucoup de bains de sang, ce dernier peut pourtant ressentir les enjeux et les conséquences de ces différentes batailles. Perdre ne signifie pas simplement mourir, mais voir l'annihilation de son clan.

Une exception à cela pourtant est à chercher dans la concubine Yubu, femme d'une grande beauté et au tempérament indomptable de Suwa, qui, malgré la décimation de son clan, voit une chance de le perpétrer par sa liaison avec Takeda Shingen et l'enfant qu'ils auront en commun ; enfant qui prendra la succession de son père comme chef de clan à la mort de ce dernier grâce aux manigances de Kansuke...

Citation:
Cependant, pour la première fois de son existence, Aoki Taizen éprouvait quelque chose qui ressemblait à la frayeur. La pointe de la lame adverse était immobile à une hauteur étonnamment faible. Le nain tenait sa garde si bas que la pointe de son sabre frôlait presque le sol. Et puis il y avait ce regard bigle ; à l'imaginer indéfectiblement rivé sur lui, Aoki Taizen se trouvait aussi incapable de s'esquiver que de prendre les devants.
Pouce après pouce, l'écart entre eux se réduisait. Anki Taizen se sentait absolument privé de ressources. A peine le sabre de l'autre lui parut-il étinceler qu'il eut l'épaule tranchée. Ce fut ensuite le poignet droit, et en terce, la jambe qu'il eut de tailladés.
— Attends ! Attends je t'en prie ! s'écria-t-il désespérément. Mais c'était comme s'il s'époumonait à l'intention d'un mur. Quoi qu'il hurlât, la pointe de la lame de l'autre ne montrait pas la moindre rémission.
Il eut l'impression que le corps de Yamamoto Kansuke grandissait progressivement tandis que sa haute taille à lui rapetissait peu à peu et allait s'enlaidissant. De fait, un seul de ses yeux désormais remplissait sa fonction. Il traînait la jambe.
— Ordure !
Ce fut le cri de l'agonie. Il fut taillé de part en part depuis l'épaule.

Bonne lecture !

Edité par Pang Tong le 04/08/2020 - 23:42

"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)

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A rejoint: 12 novembre 2016
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Re: Que lisez vous en ce moment ?

L'auteur, tout le monde le connaît, c'est Balzac, l'œuvre, moins connue sans doute, c'est Albert Savarus.

Je pense ne pas pouvoir vous présenter ce court roman sans en dévoiler de trop. C'est pourquoi, je vous livre ici le résumé du quatrième de couverture qui n'en dit ni trop, ni trop peu :

"Albert Savarus est une histoire d'amour et de fureur, mais comme toujours chez Balzac, la passion s'inscrit dans le réel : le mariage bute sur la différence de classe et de fortune, les belles promesses ne résistent pas à l'épreuve du temps, le romantisme se fracasse sur la politique. Cruelle désillusion pour qui voulait posséder l'absolu ! N'est-ce pas ce que Balzac pressent pour lui-même en 1842, un des moments les plus amers de sa vie ? En créant l'émouvant personnage d'Albert, son double, miné par l'attente et l'usure du désir, il espère exorciser un destin redouté."

Pour être tout à fait franc, Balzac est un auteur que je trouve assez inégal au niveau de l'écriture. Capable du pire comme du meilleur, il me laisse une impression particulière. Si l'on excepte ses grands chefs-d'œuvre, plusieurs de ses romans sont complètement sortis de ma mémoire. Pourtant, il est génial pour trois raisons :

- la première est son œuvre dans son entièreté. Qui fut assez fou pour lier tous ses romans afin de proposer une œuvre unique ? Ce projet réussi est assez grandiose pour célébrer Balzac.

- la deuxième est l'ambiance qui est inimitable puisque lorsqu'on lit du Balzac, on reconnaît tout de suite que c'est du Balzac. Cette atmosphère a ceci de particulier que tout, même le petit, semble grand sous ses mots. Ce qui pour moi est d'ailleurs intraduisible à l'écran.

- la troisième a trait à certains passages qui sont tout simplement géniaux. Vous lisez tranquillement votre roman quand tout à coup, vous tombez sur un paragraphe de ce genre :

Citation:
— Ah ! J'aurai jeté mon père dans un procès ! ah ! J'aurai tant fait pour l'introduire ici ! se disait Rosalie du haut du kiosque en regardant l'avocat dans son cabinet le lendemain de la conférence entre Albert et l'abbé de Grancey dont le résultat lui fut dit par son père, ah ! j'aurai commis des péchés mortels, et tu ne viendrais pas dans le salon de l'hôtel de Rupt, et je n'entendrais pas ta voix si riche ? Tu mets des conditions à ton concours quand les Wattevilles et les Rupt le demandent !... Eh bien ! Dieu le sait, je me contentais de ces petits bonheurs : te voir, t'entendre, aller au Rouxey avec toi pour me les faire consacrer par ta présence. Je ne voulais pas davantage... Mais maintenant je serai ta femme !... Oui, oui, regardes ses portraits, examine ses salons, sa chambre, les quatre faces de sa villa, les points de vue de ses jardins. Tu attends sa statue ! je la rendrai de marbre elle-même pour toi !... Cette femme n'aime pas d'ailleurs. Les arts, les sciences, les lettres, le chant, la musique, lui ont pris la moitié de ses sens et de son intelligence. Elle est vieille d'ailleurs, elle a plus de trente ans, et mon Albert serait malheureux !

Mesdames, vous pouvez être monstrueuses quand vous le désirez...

Bonne lecture !

Edité par Pang Tong le 07/11/2018 - 16:44

"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)

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Re: Que lisez vous en ce moment ?

Ma lecture en cours : La guerre du Péloponnèse de Thucydide (il s'agit d'une seconde lecture)

résumé : Dans la Grèce antique, Athènes est considérée comme La grande puissance maritime, Sparte quant à elle, possède une armée de terre du premier ordre. Ces deux cités entretiennent des relations, qui se veulent cordiales et courtoises, mais qui hélas ne sont pas facilles. Malheureusement, le jeu des alliers aidant, tout ça mène jusqu'à la guerre. Thucydide d'Athènes, témoins et même acteur au début, se propose de nous relater les deux conflits qui en résulterons (d'ailleurs il considère qu'il ne s'agit que d'un conflit espacé d'une pause de plus de 10 ans). Il promet un récit objectif, rigoureux et sans éléments de faëries… Hélas il mourra avant d'avoir pu complètement achever son récit...

Thucydide tient-il ses promesses ?

Absence de merveilleux : Oui, promesse tenue ! Certes, on voit par exemple les Cyclopses apparaître, mais tout ça est fugasse et marginal et n'entre pas en compte dans le récit principal. Dans Histoire de Hérodote, j'avais lu un passage où le roi Perse faisait fouetter un fleuve, un autre passage où une mère qui disait à son fils : oui ton père est ton père, mais sache que le jour de ta conception j'ai aussi couché avec Appolon… Avec Thucydide, peut être qu'il a des erreurs, des mensonges, mais on a jamais l'impression de lire récit fantaisiste.

Rigueur : Je n'ai pas lu d'autres auteurs contemporains qui parlaient de cette période. Il y a bien Plutarque qui donne des faits qui n'apparaissent pas dans l'oeuvre de Thucydide, mais c'est des choses anecdotiques. Les divers notes qui parsèment mon livre confirment en générale Thucydides, donc je n'ai rien à le reprocher. Les faits des deux camps sont rapportés autant que possible et de façon chronologique (même si Thucydie jouent quelques fois à Hérode).

Objectivité : Non, Thucydide fait un discours partisan, en faveur d'Athènes et aussi de ses opinions politiques. Ce n'est pas un écrivaillon quelconque partisan d'un régime dictoriel, donc on a affaire à un récit de grande qualité. Néanmoins, les commentaires mettent très souvent en faveur les athéniens ou bien abondent dans un certains sens. Il se dégage de cette œuvre une légère impression de récit écrit par un athéniens pour la postérité d'Athènes (objectif atteint selon moi).

Je vais juste ajouter trois points m'ont marqués :

1- La cruauté des athéniens (et des grècques en générale aussi), malheurs aux vaincus : mort pour les hommes et esclavage pour le reste.
2 une guerre n'oppose jamais un cité contre une autre cité, il y a toujours des alliés qui sont invités,
3- deux armés face à face ne vont pas forcément s'affronter tout de suite...

Ce récit fut aussi pour moi une démystification des spartiates, un peu comme le Silmarillon avec les elfes. Les Spartiates ne forments pas un peuple uniforme qui parlent peu : il y a des corrompus et des gens exceptionnelles (parfois les deux aussi). Etant donnée que Thucydide passe son temps à glorifier Athènes (la peste de la Grèce pourtant) après ses victoires et même ses défaites, il faudra un certain recul au lecteur Lambda pour se rendre compte de la véritable grandeur des spartiates.

J'ai lu la suite de ce récit, mais cette fois-ci écrit par Xenophon, j'ai parlerai sûrement après une seconde lecture.

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Re: Que lisez vous en ce moment ?

Wow Le capitaine Fracasse de Théophile Gautier !

Sur une très belle édition du début ou milieu du vingtième qui appartenait à ma grand-mère apparemment... Qu'est-ce que c'est bien écrit en tout cas... J'espace parfois les chapitres mais dans l'ensemble ça va je tiens bien, j'aime bien l'histoire

Portrait de GreenSnake
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Re: Que lisez vous en ce moment ?

J'aime le cinéma...
Bon j'ai lu que 30 pages pour l'instant donc je ne peux pas vraiment en dire plus

Sell kids for food

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Re: Que lisez vous en ce moment ?

Cela fait longtemps que je n'avais plus posté ici ; la raison est toute simple, j'ai eu un peu de mal avec deux-trois romans dernièrement.

Je vous propose aujour'hui Un amour insensé de Junichirô Tanizaki.

Tout est dans le titre. L'histoire raconte, dans le Japon des années 20, la liaison qu'entretiennent Jôji Kawai, ingénieur dans la trentaine, et Naomi, une jeune serveuse de 15 ans. Le plan de Jôji est tout simple. Voulant trouver une femme "parfaite", il façonne la petite Naomi selon son idéal. Vous vous imaginez bien que les choses vont se retourner contre lui et que Naomi deviendra un être cynique, corrompu, pourri, égoïste, vulgaire, inconstant... mais également terriblement érotique et fascinant.

L'ingénieur, amoureux de la belle, l'épouse et tombe littéralement sous son charme ; elle, de son côté, se plaît à le berner et fréquente le plus grand nombre de garçons, qu'ils soient japonais ou occidentaux — c'est important dans le roman —, pour faire des cochoncetés. En gros, c'est une fieffé salope quoi !

Je dois dire avoir eu beaucoup de mal avec le roman, non pas à cause de sa difficulté ni de sa longueur, mais parce que le thème m'a spécialement touché. Si l'histoire racontée dans le roman n'est pas la mienne évidemment, certaines parties ont comme fait écho à un épisode de ma vie qui m'a été bien douloureux. Si aujourd'hui j'ai passé le cap, c'est un thème que j'ai tout de même du mal à accepter. L'absence d'amour-propre de beaucoup de gens dans une liaison amoureuse ou quand on parle de parties de jambes en l'air est une chose que je ne peux plus tolérer. Pour faire simple, j'ai fait preuve de faiblesse une fois et me suis juré de ne plus retomber dans ce genre de logique si une femme ne m'aimait plus ^^

Le roman est très juste au niveau de la psychologie des personnages à un point tel que j'ai pu deviner l'enchaînement des événements jusqu'à la fin de l'histoire. Mention spéciale aux interrogations de Jôji qui compare la Naomi du début avec celle qu'elle est devenue. C'est du bien joué en somme ; le problème vient bien de moi.

Voici un petit extrait dans lequel Jôji tente d'expliquer son ressenti à l'égard de Naomi qui "revient" vers lui mais transformée et jouant toujours avec ses sentiments :

Citation:
Imaginez par exemple un provincial débarquant à Tokyo et croisant un jour par hasard dans la rue sa fille qui a fui la maison paternelle alors qu'elle était toute jeune. Elle, devenue une élégante citadine, ne reconnaît pas son père dans ce pays miteux, mais lui la reconnaît et pourtant l'écart survenu entre leurs conditions respectives lui interdit de l'aborder ; éberlué, n'en croyant pas ses yeux, il prend la fuite comme un coupable, en proie à un mélange de désolation et de gratitude. Une autre exemple ? Un garçon s'est vu rebuter par sa fiancée ; cinq ans, dix ans passent ; un jour, sur un quai de Yokohama, il assiste au débarquement du flot de passagers d'un paquebot qui vient d'accoster. Dans ce flot il découvre inopinément son ancienne fiancée ; elle rentre apparemment d'un voyage en Occident ; il n'a plus le courage de l'approcher : lui est resté ce qu'il était autrefois — un étudiant pauvre, alors qu'elle n'y a plus trace en elle de la jeune fille rustaude qu'elle était ; c'est maintenant une dame chic, habituée à la vie parisienne, au luxe new-yorkais — un abîme les sépare... A cet instant, l'âme de l'étudiant se partage entre le mépris qu'il porte en lui-même à celui qui s'est vu rejeter, et la joie qu'il ne peut s'empêcher d'éprouver devant une réussite à laquelle il ne s'attendait pas...

Les hommes peuvent être tellement faibles et les femmes tellement cruelles...

Bonne lecture !

Edité par Pang Tong le 04/08/2020 - 23:45

"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)

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Re: Que lisez vous en ce moment ?

Naomi était un prénom que l'on pouvait trouver au Japon à cette époque? De fils en aiguilles, j'étais déjà tombé sur cet auteur, mais j'ai jamais rien lu de lui.

Enfin! J'ai lu Blade Runner de Philip K. Dick!!!

Résumé: Nous somme en 1992 (version de 1968), après une terrible guerre la Terre ne se trouve pas dans un bien bel état, et l'émmigration vers Mars est fortement encouragée. Rick Deckard se languit de ne pas posséder un mouton un vrai, à la place du mouton robot qu'il possède. C'est que ça coûte cher, et Deckard n'est qu'un simple fonctionnaire (une chasseur de prime). Voilà alors que la chance frappe à la porte: 6 androides sont entrés de façon irrégulière sur Terre, et on propose à Deckard de les abattre. Sachant qu'il recevra une prime par androïde, Deckard ne se fait pas prier...

Tout d'abord j'ai été surpris de voir apparaître des mots du film dans ce roman: des mots comme "Blade Runner" ou "test de Voigt-Kampff". Il a fallut que je lise le Wikipedia anglais pour avoir la confirmation que ce sont bien des inventions du film. Personnellement,les référence aux film me laisse de marbre, car oui, je n'aime pas particulièrement le film.

Bref mon avis sur le roman? Génial!!! Cela fait toujours plaisir de voir qu'une oeuv re que l'on vous disais géniale s'avère finalement génial!
J'ai eu très peur au début car lors d'une précédentes tentative de lecture, j'avais trouvé Deckard pitoyable et trop avide. Néanmoins, l'histoire, le contexte et les autres ppersonnages font que tout s'équilibre. Philip K. Dick a de brillantes idées autours desquelles il articule l'intrigue, comme par exemple le test d'ampathie permettant de déceler les androïdes. Wow, j'ai bien peur que beaucoup d'humains d'aujourd'hui échouerais à ce test, car il m'a l'air plus adapté au hommes du roman (Non, Dick ne triche, pas, c'est le contexte du roman qui le veut et l'impose). En fait la grande différence, que j'ai vu avec les androïdes, c'est qu'il ne semble pas être des personnages dans l'ère du temps: ils sont plus proche de nous que des hommes de leurs époque...

Pour finir juste un mot sur le film, le roman "corrige" un problème du film: Rachel. Quelques une des incohérence que j'avais trouvé au film venait de Rachel, et on ne les retrouve pas dans le roman, en fait c'est même un personnage Dickien donc intéressant.

Rebref, c'est un roman que je conseille à ceux qui veulent découvrir Philip K. Dick. Etant donné que l'on n'y retrouve pas des personnages doués de capacité non-naturelle (si il y en a en fait...), j'ai même trouvé qu'il se dégageait du roman une ambiance ... CybertPunk. Bonne lecture à vous!