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Je parle en profane mais perso ça me parait logique de ne pas claquer un moteur à antimatière ou nucléaire surpuissant entre la Terre et la Lune ou entre la Lune et Mars qui sont des endroits habités dans le film et plutôt "proches" les uns des autres. On n'utilise pas un avion qui va à 900 km/h pour aller faire les courses au supermarché du coin sous prétexte que ça va plus vite mais une voiture qui roule à 50 pépère. Là c'est pareil : entre la Terre et la Lune, on utilise des vaisseaux permettant de voyager plus lentement, sans risque de pollution, de radiation et sans risque de se taper un autre vaisseau ou autre... mais dès qu'on est sur de plus grosses distances comme Mars - Neptune alors là on sort le gros engin parce que la voie est dégagée. D'ailleurs, c'est pareil pour la fin :

Et pour ce qui est des propulsions théoriques, j'y connais strictement rien mais j'ai quand même vu dans des magazines que des moteurs pouvant aller à 600 km/s voire davantage c'est du domaine du possible... Pour les moteurs à antimatière, je crois même qu'on peut espérer atteindre quelque chose comme 10% de la vitesse de la lumière mais avec une accélération très lente. Donc un truc qui permet de traverser Mars - Neptune en 80 jours, pourquoi pas après tout.

Du coup, je ne trouve pas qu'Ad Astra se contredit dans son postulat de vitesse faramineuse. Je ne vais pas faire de jugement de valeur parce que j'en ai déjà parlé précédemment mais, d'un point de vue factuel, Ad Astra est simplement plus tacite qu'Interstellar quant à la technologie utilisée. Comment, quand, pourquoi... Ad Astra s'affranchit de tout ça mais ne reste pas non plus un film incohérent : je pense que James Gray s'est lui aussi entouré de quelques spécialistes pour concevoir une oeuvre probable d'un point de vue scientifique sans toutefois rentrer dans les détails.

Pour sauver le monde, dans une situation de course contre la montre où tout peut se jouer à l'heure près, je pense qu'on peut se passer de ce genre de considération, à mon avis. D'ailleurs, à ce compte-là, le fait de faire escale sur la Lune, puis sur Mars, n'a aucun sens : ils auraient pu faire "Terre-Neptune" directement (quitte à enclencher la puissance max après avoir dépassé Mars, mais tout ça, le film ne nous dit pas grand chose, il nous laisse dans le flou et nous incite à faire des pseudo-hypothèses et à inventer des "rustines" pour tenter d'apporter une crédibilité à la faisabilité de la chose, ça ne me convient pas), sans chercher à contacter d'abord l'autre vieux père sur son vaisseau abandonné près de Neptune (c'est un trop gros risque, une grosse perte de temps alors que c'est une course contre la montre, il fallait plutôt agir sans "pré-avis" pour le mettre hors d'état de nuire).

Et puis, si le problème se résumait à ça : le film passe totalement à côté d'un sujet passionnant, juste pour une histoire banale de relation père-fils, alors qu'il y avait tellement d'éléments prometteurs dans l'histoire :

Et les dix dernières minutes, c'est limite digne d'une série Z, franchement.

Tout a été fait pour que le background spatial serve à la mise en place d'une relation père/fils à l'instar de ce que James Gray avait déjà fait dans The Lost City of Z (enfin, je parle du rapport à la famille). Partant de là, le film ne veut volontairement pas s'attarder sur les diverses questions annexes que l'on peut se poser (car je me pose les mêmes que toi, mais je préfère m'en affranchir dans mon rapport à l'oeuvre : que cela reste un pur folklore de mon imagination). Encore une fois, c'est une réflexion sur le temps qui passe (le côté Coppola) et une réflexion sur la solitude façon Herzog. D'ailleurs, c'était déjà le cas avec The Lost City of Z : ça empruntait beaucoup à Herzog. Donc partant de là, ça ne m'a pas étonné que le film soit centré sur une réflexion métaphysique autour de deux protagonistes. C'est une fable en gros : une fable avec deux personnages. Tout le reste n'est là que pour donner un cadre au récit. Je vois les choses comme ça en tout cas.

Sinon, peut-être que comme la gravité ou je sais pas quoi est différente entre la Terre, la Lune et Mars, les gros vaisseaux nucléaires ne peuvent décoller que de Mars... j'en sais rien, moi. Encore une fois, c'est comme l'image de l'aéroport : s'il y a un pépin sur Terre qu'on veut résoudre assez vite, on va d'abord prendre la voiture pour aller à l'aéroport et prendre l'avion ensuite. La voiture c'est pour le trajet jusqu'à la Lune et jusqu'à Mars et l'avion c'est Mars - Neptune.

Mais maintenant que tu développes un peu mieux ton idée, je pense cerner ce qui a pu te déplaire dans Ad Astra.

Ah et pour ta dernière question :

Oh mais je te rassure, je préfère Herzog et Coppola à Gray. Après pour The Lost City of Z j'ai moyennement aimé mais je le citais juste pour exprimer le rapport à la famille qu'il développait déjà. Je n'ai vu que ces deux-là mais il parait que la filmo du bonhomme est loin d'être dégueulasse : à voir, donc.

Ouais, c'est bien ce que j'ai cru comprendre. Par-contre, la réflexion sur notre place dans l'univers est présente avec comme fameuse conclusion

Pour la réflexion sur les autres formes de vie, ça vaut mieux laisser ça à des réalisateurs comme De Palma dans Mission to Mars : même si la conclusion de ce dernier peut prêter à sourire, il développe énormément de choses sur notre place dans l'immensité du cosmos et sur ce que la vie extraterrestre peut signifier pour nous. Mais attention, il fait ça très métaphoriquement donc ne t'attends pas à une réflexion d'astrophysicien. C'est d'ailleurs pour ça qu'il a du mal à plaire ce film alors qu'il est très intéressant : y a juste la fin qui fait un peu nanar, encore une fois. Attention, c'est un film plutôt mal aimé par le grand public mais pour l'avoir vu, je peux garantir que c'est un film plutôt intéressant et très sous-estimé. Intéressant mais naïf... mais qui développe énormément sur les rapports de grandeur.